En cet hiver pluvieux, l'Orphelinat Pétale Rouge attristait.
« Glauque », « tristounet », « fascinant » ou « à détruire », tels étaient les qualificatifs les plus fréquents qu'employaient les passants : les femmes bâillonnées dans leur corset, les hommes en redingotes effilochées, en souliers inconfortables, impeccablement cirés.
Ce n'était pas une demeure au charme vieillot, avec ses membres légers comme poussière sur poussière ; mais plutôt lourdaude, comme caillou sur caillou. Sa devanture s'affaissait par les années, comme un pain s'émiettait, jusqu'à ne plus être mangeable. Dès qu'il coulait un pas sur ses planchers, cela grinçait, craquait et rouspétait aussitôt. Là-bas, le silence n'existait pas ; ni ceux de velours râpés, ni ceux de coton usés, ni encore ceux de plomb. Rien de doux, rien de tranchant. En continuité, ses radiateurs fuyaient, sa chaudière sifflait, ses cheminées soufflaient, ses volets claquaient, sa gouttière s'encrassait, ses tuiles s'envolaient sans un au revoir. Car comprenant sa malchance et sa laideur, enchaînant catastrophes et fuites de gaz, l'Orphelinat avait développé un épouvantable caractère.
Les demeures s'écartaient prudemment de son ombre gloutonne et écrasante, de peur d'être aspirées au cœur de cette bouche sombre, de ce sourire long et effilé comme une lame de couteau. L'Orphelinat faisait peur. Le vent, écœuré par ce déshonneur, le fouettait perpétuellement. L'Orphelinat faisait tâche. L'orage, pour alimenter ses plaintes, grondait très souvent. L’Orphelinat faisait rire. La pluie aimait s'abattre contre ses parois montagneuses, et ses larmes glissaient le long des toitures.
L'Orphelinat faisait pitié.
Aujourd'hui tout particulièrement d'ailleurs, l'Orphelinat subissait de sa singularité, son mécontentement sur le point de déborder. La pluie, ayant oublié son écharpe, s'avérait d'une froideur telle que peu à peu, elle se transformait en minuscules étoiles de gel. Les flocons tombaient et tombaient dans sa cour aussi grise que sinistre, sans relâche, sans repos. Les pavés se voilaient d'un épais manteau immaculé. Les corps frissonnaient sous leurs épaisseurs. Le vent hurlait à se briser les cordes vocales. Les cheminées vapotaient. Et l'orage ne tarderait pas à se joindre à cette amusante cérémonie.
C'était une véritable tempête de neige.
L'Orphelinat grinça, crissa, craqua autant qu'il put, cela n'empêcha pas les jeunes orphelins de s'agglutiner vers ses fenêtres sans ouverture pour profiter de ce funeste spectacle. Mais tandis que les dortoirs s'emplissaient d'enfants surexcités – aux nez rougis de s'être trop mouché – une porte, deux étages plus haut, claqua sèchement.
Un claquement autoritaire.
Une silhouette encapuchonnée progressait silencieusement dans les sombres couloirs. Couverte de noir et très élancée, elle se fondait complètement dans le décor. C'était son objectif : ne pas se faire repérer.
Souplement, elle franchit de nouvelles sorties, courut dans de nouvelles allées obscures. Rien ne produisait la moindre luminosité hormis une minuscule porte entrebâillée, d'où s'évadait un puissant arôme de café. De café, d'humidité, de cendres froides et de papiers tout juste sortis de la photocopieuse. La silhouette prit une grande inspiration. C'était l'odeur dans laquelle toute son enfance fut baignée, dans laquelle toute son existence s'étriquait comme dans des souliers trop serrés. Elle se mouvait dans l'adolescence, à présent ; un mot bizarre et savant qui ne correspondait aucunement à sa signification.
Sans plus attendre, elle actionna la poignée.
Aussitôt, le parfum de café s'accentua. La silhouette plongea plus profondément encore le nez dans son capuchon, ses mains dans ses poches, ses orteils dans ses bottines. L'heure était venue, inévitable
On voyait bien que ce lieu dans lequel cette heure s'écoulerait faisait parti de l'Orphelinat. Il était épouvantablement lugubre. Quatre murs jaunis par le temps, trois fauteuils en mousseline ortie, deux commodes au contenu mystérieux et un immense bureau en bois de cèdre. Adossé à l'unique fenêtre, un parapluie s'égouttait. Fixé au dessus de celle-ci, un cadran égrenait doucement les minutes. En dangereux équilibre sur les débris d'une commode, un gramophone grésillait. Mais soudain, un doigt boudiné arrêta son flot de paroles désespérées.
Enraciné dans l'un des fauteuils, un homme refermait sa gazette avec un froissement songeur. Un homme grassouillet au visage bienveillant, qui souriait d'un air paternel.
- Annie Cynthia Blouney, salua-il en baissant ses lunettes en demi-lune.
Bien qu'il soit confortablement installé dans son siège, chacun de ses membres étaient en mouvement. Sa bouche mâchait bruyamment ce qui devait être un carré de chocolat. Ses doigts pianotaient contre ses accoudoirs. Ses pieds martelaient un rythme qui existait seulement dans sa tête. Ses cheveux curieusement verdâtres ondulaient. Sa moustache sursautait. Ses narines se dilataient frénétiquement tandis que son ventre proéminent s'animait d'une lente et profonde respiration.
- Annie Cynthia Blouney, quand comprendras-tu enfin que je ne veux point t'apercevoir avec un couvre-chef à l'intérieur du bâtiment ? Ta capuche comme ton béret, d'ailleurs.
Son sourire dévoilait une rangée de dents jaunâtres. Grimaçante, la dénommée Annie convint enfin d'obtempérer.
Son capuchon retomba dans un bruissement imperceptible, laissant paraître le germe de la fadeur. D'une finesse surnaturelle, ces traits, ce nez et cette courbe de bouche soufflaient la délicatesse. Étirés jusqu'aux oreilles, de ses yeux n'émanait que mélancolie. Néanmoins, en dépit de cette pâleur, le cheveu d'Annie s'attirait les exclamations extasiées. Sombre comme le plumage d'un corbeau, fin comme des fils de satin, il s'évadait, tumultueux, de sa nuque puis ruisselait jusqu'à ses genoux noueux.
L'homme corpulent cambra un sourcil réprobateur en visualisant son extrême maigreur.
- Je sais que ce temps de chien ne s'entend guère avec la bonne santé mais là, tu m'as l'air complètement exténuée. Avec cette blancheur et ce manque de chair, tu me couves sans doute une maladie. La meilleure solution, ce serait de te remplumer de ce pas...
Il plongea la chaleur de son regard dans l'impénétrabilité d'Annie.
- Ça te dit, jatte de café et chocolat ?
La jeune fille étouffa un soupir. Et dire que Mr. Limitrof était le directeur de l'orphelinat... Pourtant, elle opina de la tête.
- Parfait. La cafetière est sur mon bureau... les dosettes aussi normalement....
En deux-trois enjambées, Annie fut à destination. Elle déballa la dosette et fourra son contenu dans la cafetière. De même, elle tentait de maîtriser l'imperceptible tremblement qui parcourait ses mains trop longues. Croyait-il pouvoir l'apaiser avec quelques confiseries et une boisson chaude ? D'un instant à l'autre, il s’emploierait à la sermonner. D'un instant à l'autre, les masques entreprendront de s'écrouler.
Une fois de plus, elle était allée trop loin. Si Mr. Limitrof l'avait convoqué dans son bureau, ce n'était pas pour discuter tricot en remuant son café à la petite cuillère.
- Pendant que tu y es, poursuivit le directeur tandis que la cafetière commençait à ronfler de tout son souffle aux sonorités de trompettes. Apporte-moi ma pipe. Tu la trouveras sur l'étagère de gauche.
Sans mot dire – Annie n'avait pas l'habitude de parler – elle s'exécuta. Les doigts gonflés et rougeauds de Mr. Limitrof croisèrent les siens effilés comme des lames lors de l'échange. Annie frissonna. Elle détestait les contacts. Les gestes que ses prochains voulaient tendres n'avaient don que de l'agacer. Et sa propre répulsion lui refilait la nausée.
Glaciale, elle fusilla son adversaire des yeux, le décortiqua du regard comme on décortique un poulet avant la cuisson. Parfaitement à son aise pourtant, Mr. Limitrof dépoussiérait son veston en tweed matelassé, nullement inquiété par le feu de ses yeux.
Puis, fin prêt pour l'entretien, il mordit dans sa pipe, au niveau de la corne.
- Qu'est-ce qui te tracasse, Annie ? Le fait que tu te sois encore fait remarquée ?
Annie se retint de lever les yeux au ciel. Les bouffées recrachées par sa pipe valsaient dans la pièce, comme une paire d'aimables fantômes. Ils auraient pu en faire rêver, des enfants, en raison de leur forme nuageuse, et au cœur d'un autre contexte, la jeune fille se serait sûrement surprise à sourire. Un sourire minuscule, maladroit ou même biscornu, mais désormais, elle possédait les mâchoires les plus courbaturées qu'il fût. Impossible donc de se laisser attendrir.
- Tu ne te sens pas à ta place ici ? s'impatienta Mr. Limitrof, mielleux.
Sa voix paraissait lointaine. Lentement, très lentement, Annie décolla ses lèvres dans un bruissement à peine audible. Ceci accompli, elle cracha de sa voix la plus rageuse, où tombait, roulait, mourrait chacune de ses misères :
- Parce que vous croyez que quelqu'un peut se sentir chez lui dans cet horrible orphelinat ?
Ses dires orageux se répercutèrent lourdement contre les parois humides du bureau, caressèrent les murs comme une larme caresserait une joue. Au dehors, le vent déracina fougueusement un sapin, approbateur. Le manteau neigeux des pavés s'épaissit ; en raison du froid, un rouge-gorge rendit l'âme.
Toutefois, sa provocation tarauda également l'indignation du bâtiment. Un terrible sifflement émana des radiateurs, de la cheminée et de la chaudière : jamais un des plus brefs silences ne sera au rendez-vous, ici. Au loin, si l'on tendait l'oreille, on entendrait les glapissements enthousiasmes des enfants. La tempête engloutissait tout. Tout, même l'espoir.
- Si tu y mettais du tien, tu pourrais l'apprécier, soupira enfin le directeur.
Annie ne répondit rien, étouffant contre le col trop serré, trop grattant de son pull. Également fascinée par le soudain déracinement de l'arbre, elle passa un doigt songeur dans son interminable chevelure. Le regard tristement fixé au loin, elle s'imaginait enfouir son visage dans la mollesse de l'oreiller l'attendant dans le dortoir.
Elle avait soif de sommeil, soif de douceur et soif d'affection. Or on avait pointé des boutons sur son nez, creusé des tombeaux sous ses yeux, privé son corps d'étreintes. Quelle plaie de rester debout dans ce bureau infesté par le tabac et les paroles en sucre, alors qu'on pourrait à notre guise, de tout notre crû, noyer nos douleurs dans un sommeil de plomb !
Le ronflement de la cafetière, la tempête de neige qui faisait trembler tout le bâtiment, le chuchotis méprisant de l'horloge sous les sifflements ulcérés de radiateurs l'accusaient tous. Partout où elle posait le pied, elle était considérée comme une intruse. Une erreur.
- Au lieu de rester plantée là comme un végétal sans caractère, prends donc place en face de moi. Il faut qu'on cause, Annie. Et quelque chose me dit que tu en as parfaitement conscience.
Avec un soupir à fendre l'âme, la jeune fille regagna la réalité et Mr. Limitrof sur les fauteuils en mousseline. Le directeur recrachait sa bouffée par les narines. Une impressionnante inspiration tortura son énorme bedaine avant qu'il ne se lançât :
- Ta méfiance t'en a avertie, cette convocation ne sera pas qu'une simple discussion. Tu n'es pas très causante, je suis une jacasserie sur pattes, nous sommes quittes. Mais en revanche, aucun de nous n'est dupe. Le deviendrai-je en affirmant que tu as participé à l'incident d'hier soir ?
Le directeur avait une façon bien à lui d'engager la conversation. Caressant son menton aiguisé, Annie eut un sourire vaguement insolent.
- Je ne vois pas de quoi vous parlez. De quel incident s'agit-il ?
Mr. Limitrof retira ses lunettes d'un air théâtralement navré.
- Hier soir, les miroirs du troisième couloir en partant vers la droite ont mystérieusement été barbouillés de sauce tomate. En les examinant, j'ai constaté que les tracées rougeâtres formaient ces mots-ci : « Vive la Liberté ! »
- L'humour de son auteur est sacré, en déduisit Annie.
Étonnée par son propre flot de paroles, la jeune fille se hâta de refermer sa maudite bouche. Malgré toutes ses années passées dans un continuel confinement, rien n'arrêtait son phénoménal toupet. Elle détestait parler, exprimer ouvertement son opinion mais en domaine d'insolence, les mots sortaient de leur gré.
Ce auxquels répondait Mr. Limitrof, jour après jour, le visage boursouflé de rage ou d'autre chose :
- Ne t'avoue pas gagnante, Annie. Mon cerveau est comme une soupière sur le feu. Son contenu bout, bout et finalement... la soupe déborde.
Une fois de plus, il haussa une épaule afin d'évaporer son indignation. Menaçante, sa moustache bondissait furieusement. Il se pencha vers l'avant pour mieux la dévisager de tout son crû, de tout son intérêt le plus profond. A l'accoutumée, sa voix était bourrue, mais lorsqu'il s'adressa à elle cette nouvelle fois, elle n'était plus qu'un murmure :
- Que me répondras-tu si j'affirme qu'on a déniché une bouteille de ketchup dans le tiroir de ton chevet ? Ce serait une étrange coïncidence, n'est-ce pas ?
- En... en effet.
Son ironie était maintenant anéantie. Annie se mordit la lèvre, décolla une mèche en sueur de son front. Mr. Limitrof pouvait-il encore concéder de nouvelles plaisanteries venues de sa part ? De ses sept ans passés à l'Orphelinat, elle ne s'était jamais montrée exemplaire, et elle en avait reçu, des coups de règle en bois de noisetier... Éternellement, elle n'écoutait rien, emmitouflée dans sa trop confortable bulle de rêves. Quiconque un jour eût essayé de la percer passa un mauvais quart d'heure. Pourtant, malgré son comportement effiloché, Limitrof ne l'avait jamais passé à la casserole. Annie finirait par croire qu'il s'était pris d'affection pour la « grande friponne dégingandée », pour la « gamine effarouchée » qu'elle était.
Mais à cet instant, Annie voyait surtout combien elle l'avait froissé.
Il eut beau farfouiller dans ses moustaches en quête de sérénité, le piteux « en effet » de la jeune fille demeura comme l'ultime déclenchement du désastre.
Le visage du directeur rougit, ses joues s'arrondirent davantage, ses boutons de chemise éclatèrent et son énorme figure se mit entièrement à enfler. Il expirait encore de la fumée par son nez, cette fois-ci comme un bœuf s'apprêtant à charger. Lorsque Mr. Limitrof se mettait en colère, ce n'était pas un euphémisme. Les sourcils froncés, le teint cramoisi, les yeux exorbités, l'haleine bestiale et la bedaine tressautant, il pointa un doigt hérissé de poils blancs sur l'Annie qui ne menait pas large.
- ANNIE CYNTHIA BLOUNEY !
L'interpellée se renfrogna. La moustache du directeur semblait si excitée qu'elle ne serait qu'à peine étonnée si elle la voyait décoller. Mais son heureux propriétaire enfouit son visage dans ses mains.
- Nom d'une pipe en plastique, quand vas-tu enfin te prendre en charge ? Quand vas-tu cesser d'être cette gamine butée que tu m'imposes, là ? Quand vas-tu comprendre que nous sommes tous de ton côté ? Quand vas-tu éduquer ton insolente langue fourchue ? Et, bonté divine, quand vas-tu enfin te fondre dans la masse sans hurler des phrases comme quoi la mode ne serait qu'une horrible invention ?
Annie arqua un sourcil inquisiteur en s'appliquant à essuyer la boue de ses chaussures contre la mousseline de l'inconfortable siège. Ses bottines détestaient l'eau, les lacets défaits et les semelles boueuses. Mais plus encore que tout ça, elles haïssaient la mode.
Annie passait de nombreuses après-midis dans des friperies, s'évertuant à dégoter le déshonneur du moment. Ses bottines provoquaient, sa tunique de laine longue ceinturée en questionnaient et l'extrême largeur de son pantalon sombre arrachait les exclamations indignées.
En vérité, la jeune fille s'amusait à aiguillonner l'humeur de ses prochains. Elle prenait un malin plaisir à écouter leurs soupirs insatisfaits. Elle enflammait le personnel pour oublier qu'elle, elle était déjà un brasier vivant.
L'orpheline rejeta puissamment sa toison sombre derrière son épaule. En réfléchissant, elle avait bien passé les deux tiers de sa vie à expirer sa rage, derrière ses allures de timide. Pour s'occuper, elle musardait à inventer des goûts merveilleux, des doux parfums qui n'existaient nul part d'autre que dans les rêves. Ces senteurs reflétaient les différentes émotions, sensations qu'Annie apprenait au fil de son existence. Elles lui paraissaient comme un soutien, un plaid réconfortant.
Par exemple, la joie était un sentiment sucré, formidablement croustillant dehors, incroyablement fondant dedans. Son jus contribuait à une saveur fruitée et exquise, qui amadouait la langue à la plus infime gouttelette. Tout le monde adorait sans exception cette potion – en réclamait. Cette adoration se devait sûrement à son mystérieux contenu, une épice aussi goûteuse que les étoiles.
En revanche, c'était de l'angoisse que les sens d'Annie concoctaient actuellement. L'arôme de l'angoisse semblait fade. Froid, fétide. Et pourtant, les humains s'en gavaient comme s'il s'agissait de chips.
Annie s'apprêtait à soupirer, puis suspendit sa respiration en réalisant l'étrange silence dans lequel la pièce baignait. Face à elle, M. Limitrof la scrutait avec un intérêt dérangeant, râpeux, si bien que la jeune fille finit par s'en mordre la lèvre d'anxiété.
- Tu ne m'écoutais plus.
C'était un constat plus qu'une question, c'est pourquoi Annie ne se donnait pas la peine de lui répondre.
Mr. Limitrof expira un profond soupir puis se mit à triturer péniblement ses mèches mal gominées. De la transpiration emperlait son front plissé. Ses lunettes glissaient lamentablement sur son nez, souillées par cette sueur. Il semblait étrangement très atteint par ce manque d'attention. Même si sa moustache demeurait immobile, il paraissait diablement vexé.
Ce qui eut le don de titiller la curiosité d'Annie.
- Excusez-moi... Vous disiez ?
Cette fois-ci, le renâclement du directeur éventa carrément la figure incrédule de son interlocutrice. Déboussolée, celle-ci se leva d'un bond et, après trois grandes enjambées, atteignit la cafetière.
Tout en éteignant la machine bourdonnante, elle sentait l’œillade obstinée de Mr. Limitrof dans son dos trempé. De là, il ne pouvait toutefois pas visualiser son visage et rien que pour cette raison, Annie éprouvait un merveilleux soulagement. Arrachant plusieurs carrés chocolatés de leur plaquette d'origine, elle savourait sa paix éphémère. Le directeur était parfois sympathique, parfois exaspérant, parfois amusant, parfois collant et continuellement intéressé. En effet, il lui arriver d'alimenter une attention formelle pour un simple grain de poussière.
Et là, qu'est-ce qu'il avait pu lui dire de si important ? Son expression était l'incarnation du découragement. Les doigts rétractés autour de la anse de la porcelaine brûlante, Annie réfléchissait. Ce qu'il venait de lui intimer – tandis que son indomptable esprit voguait dans les nuages – c'était un aveu d'une extrême importance. Désormais, il était de son devoir de lui refaire cracher le morceau. Ça n'allait pas être une mince affaire. Mr. Limitrof détestait répéter des propos à peine achevés. Au mieux, il allait lui fournir une réponse appropriée, mais pas exactement semblable à la première.
Fin prête, Annie souleva les deux tasses fumantes et en proposa une à son énigmatique directeur. Il la saisit en jurant, tandis que la jeune fille s'affalait en face de lui.
- Je vous demande pardon... Mais par pitié, pourriez-vous répéter ?
Mr. Limitrof but une longue et bruyante gorgée, sans se soucier d'étouffer son impressionnant soupir. Son regard vagabonda dans son sinistre espace de travail. Il passa négligemment sur le parapluie presque sec, sur son immense bureau où siégeait la cafetière ; il s'aventura sur les étagères, sur les nombreux livres, les différents fourrages à pipes... Il s'attarda sur le gramophone, sur les immondes fleurs amoncelant la laine de son tapis, sur les fauteuils et enfin, son regard mourut dans la silhouette fantomatique se tenant nerveusement en face de lui, les lèvres formant un cœur.
Pouvait-on mourir d'impatience ? Annie n'en doutait pas.
Se sentant à nouveau ensevelie par ses pensées, la jeune fille se tut. La bedaine de Mr. Limitrof venait de tressauter, sa bouche anguleuse de s'ouvrir.
- Annie...
L'interpellée en sursauta presque. Il avait susurré son prénom d'une voix en velours, une voix où coulait le lait et le miel. Une voix... qui ne lui ressemblait pas. Mr. Limitrof était un être bourru au rire tonitruant. La carrure semblable au buffet, il ne possédait sans plus la musculature d'un oreiller.
Annie blêmit.. si cela était encore possible. Elle blêmissait en fait d'impatience.
- Annie... radota suavement le directeur. Malgré la dureté de mes aboiements, je sais à quel point ton enfance fut difficile... Et malheureusement, je sais aussi à quel point, ajouta-t-il après un silence, ces souvenirs atroces ont marqué, griffé, maltraité ta mémoire afin de s'y installer un large nid.
Peut-être savait-t-il mais Annie, elle, ne savait où il voulait en venir. En fait, elle le redoutait. Ses oreilles lui picotaient douloureusement. Car c'était sur elles que son père éclatait sa colère, jadis. Ainsi, la jeune fille n'avait jamais put se les faire percer.
- On m'a beaucoup décrit une joyeuse et magnifique gosse asiatique qui habitait au 7 de Bric Banc's, rue des Fleurs Jaunes, poursuivit nonchalamment le directeur. Il semblerait que ce rayon de soleil soit toi, Annie... ou du moins, à une autre époque.
Cette dernière eut un rire moqueur :
- J'étais la naïveté incarnée.
- Mais d'après ta cervelle si remplie, mieux être trop naïf ou trop méfiant ?
Cette réplique la fit aussitôt ravaler son rire.
- J'en sais rien, grommela-t-elle.
- Pour un enfant, rien de mieux qu'une bonne louche de naïveté. Pour un adulte, la question est plus complexe mais contente-toi de cette réponse. Lorsque l'on est enfant, notre environnement est notre normalité. Pour toi, il te semblait donc normal que tu te fasses gifler si tu ne faisais pas entièrement et correctement la vaisselle, même à trois ans. Et que tes parents te manifestent si peu d'affection également. Lorsque tu es enfant, rien ne te paraît réellement cruel.
Vouée à un éternel écœurement pour la naïveté, Annie fronça le nez. Pourquoi avait-elle réclamé ces paroles non reçues ? Diable, pourquoi lui faisait-il revivre cet affreux passé ? Pourquoi lui rappelait, avec tant de subtilité, que jamais plus personne ne viendra la chercher, ici ? Quoique encline aux fantasmes, Annie ne nourrissait aucune illusion à ce sujet. Même toute petite elle avait compris qu'il n'y aurait pas d'heureux dénouement.
Personne ne viendrait jamais la chercher.
Elle devra à jamais se débrouiller seule.
- Mes parents ne m'ont jamais manifesté de l'affection, répliqua-elle. Ils me détestaient. J'étais leur douleur. Par ma simple existence.
Troquant son café à sa pipe, Mr. Limitrof sourcilla.
- Je ne pense pas.
Il avait revêtu son air d'expert, ce qui signifiait qu'on ne devait surtout pas lui couper la parole. Annie le fixa obliquement, aussi droite et rigide qu'un réverbère. Dans l'absolu, elle n'avait qu'une envie : déguerpir. Mais si elle avisait de se lever, elle savait que la « soupe » de Mr. Limitrof déborderait. Il avait les interruptions en allergie.
- C'est une question délicate mais d'après moi, ils haïssaient surtout l'incommensurable imagination que tu possédais. Ainsi donc ont-t-ils étaient puissamment affectés lorsque tu leurs à avouer que tu voulais devenir écrivain.
- TAISEZ-VOUS !!!
Elle n'avait pu s'en empêcher de vociférer, de se lever brutalement de son siège.
Ledit fauteuil tomba vers l'arrière avec un fracas assourdissant. La tasse remplie s'écrasa à terre sinistrement. L’œillade rougeoyante de tous les sentiments possibles et inimaginables, le cœur battant à tout rompre, Annie bouillonnait. Qu'est-ce que ce tas de graisse moustachue voulait-t-il donc ? Qu'elle avale ses paroles comme un cactus boit la pluie ? Ses souvenirs lui valaient déjà des cauchemars la nuit. Pourquoi détruire également ses journées avec la violence de son père et la cruauté de sa mère ?
- Tisanes et gommes mie de pain, mâchonna le directeur, et sa stupéfaction soit silencieuse faisait frémir sa superbe moustache. N'allonge pas ce minois rageur, Annie. Assieds-toi et apprends plutôt à te maîtriser.
Justement, elle était indomptable et ce fut bien l'habituel ton grincheux de Mr. Limitrof quila convainc à s'enfoncer de nouveau dans la mousseline râpeuse du fauteuil dès qu'elle l'eût remis sur pieds.
Rouge de honte et de colère, elle entreprit d'entortiller une mèche obscure autour de son index. Ainsi, elle attendit que le calme la submergeât enfin.
Mr. Limitrof, de son côté, recracha un dernier nuage, puis souleva son énorme corps hors de la mollesse du siège. A l'aide d'une balayette, il amassa les restes cristallins de la tasse baignée dans un liquide brunâtre et encore fumant. Ce fut avec une désinvolture irréelle qu'il jeta le tout dans la poubelle la plus proche.
Annie observa la lourdeur de ses manières lorsqu'il revint s'avachir en face d'elle. Rien que sous ses pas, le plancher craquait dangereusement. A côté de lui, elle se déplaçait avec la légèreté d'une plume emportée par le vent.
- Gobe-moi ça, marmonna-il dans ses moustaches. Ça devrait suffire pour apaiser cette inadmissible maigreur...
Absurdement, il lui tendait quatre carrés de chocolat. Abandonnant le trifouillage de ses cheveux, Annie les accepta. Sa texture, devenue mousseuse, émeut sa gencive, circula entre ses dents. Sa douceur s'attarda sur ses lèvres. L'amer de la confiserie traça un passage direct vers sa gorge tandis que le sucre se frottait affectueusement contre son palais. Un goût chocolaté envahit la bouche d'Annie qui émit un claquement de langue satisfait. Comme si une magie opérait, la jeune fille se calmait.
- Ah, le chocolat... soupira Mr. Limitrof en contemplant le réconfort qu'il offrait à la gamine. Si seulement il effaçait tous nos soucis...
Annie hocha vigoureusement la tête, approbatrice et la bouche pleine.
- Mais c'est malheureusement notre conscience qui produit, rumine et efface nos difficultés... Y a-t-il quelque chose à faire, Annie, pour que tu redeviennes cette jolie fillette souriante, bavarde, créative et brûlante de naïveté ? Hormis une plus forte dose de chocolat ? Rajouta-t-il avec un sourire.
Déglutissant, Annie ne put soupirer : il ne lâcherait pas le morceau. Autant lui mettre son incapacité dans le crâne dès à présent.
- Que dalle, je ne serai jamais pareille.
A son expression pâlissante, la jeune fille se dit qu'il allait la bombarder de postillons, la traiter de pot de chambre et d'incapable mais au lieu de cela, il se fendit lourdement, lentement du sourire de l'homme résigné à être déçu. A ce sourire, même misérable, la lugubre pièce parut s'illuminer d'une nouvelle jeunesse. A ce sourire, la tempête de neige cessa. Une dernière tuile se volatilisa dans les cieux avant que le calme s'ameuta fatalement aux lieux.
- Alors c'est bien dommage, ma petite. Parce que tu es une gamine très attachante.
Essuyant son incompréhension dans sa manche, Annie oscilla le menton en signe de continuité.
- Que tu étais une gamine très attachante...
Cette fois-ci, la peur germa en l'adolescente. Un filet de sueur glacée visita son échine tandis que sa respiration se faisait sifflante, hachée. Qu'entendait-t-il par là ?
Mais ce qui l'abasourdissait davantage, c'était le visage du directeur. Son sourire bienveillant ridait toujours ses traits. Sa moustache bondit, sa bedaine grossit, sa tignasse ondula lorsqu'il déclara :
- Annie... On voudrait t'adopter...
Me voilà enfin, prête à suivre les aventures d'Annie à travers ta plume si délicate et inspirée ;)
Ce chapitre est déjà bien prometteur, je suis émerveillée chaque fois que je lis tes écrits, l'adresse avec laquelle tu manies et joues avec les mots est surprenante !
Je me suis déjà beaucoup attachée à Annie (oui je sais c'est pas très original d'adorer le perso principal dès les premières lignes, mais après c'est là souvent ce que recherche l'auteur.e) et je sens que tous tes persos seront une friandise aux saveurs colorées et exotiques ;P
Je suis un peu confuse face au directeur de l'orphelinat et à ses drôles d'humeurs changeantes, mais mes sentiments face à ce drôle de bonhomme se clarifieront au fil de ma lecture ^^
Sur ce, je file lire la suite, je sais que je ne serai pas déçue, crois en ta plume !
Amitiés,
Fy
Si tu savais combien je suis ravie de te retrouver par ici ! Et si Annie te plaît déjà, c'est parfait ! <3 Comme tu le sais déjà, j'ai (un peu) abandonné le projet de réécriture de cette histoire mais si tu as/auras de nouvelles remarques à me proposer, n'hésites pas, c'est fait pour ! Gardes juste en tête que *Le Miroir des Univers* n'est plus vraiment à l'image de ce que je suis aujourd'hui et qu'il (le récit) est avant tout issu d'un rêve d'enfant. J'ai hâte de connaître ton avis quant aux prochains chapitres <3
Merci du fond du cœur,
Pluma.
Ton histoire est dans ma PAL depuis trop longtemps, j'aurais dû m'y mettre avant vu sa qualité.
Ce début d'histoire est super, tu sais manier les mots. Tu as un vrai talent pour les descriptions et la personnification.
En parallèle je vais aller jeter un oeil à Dominos ;)
Bonne continuation !
- "tu me couves sans doute une maladie" à la place de "tu me couvres"
- "fin prêt pour l'entretien" plutôt que "fin prêt à l’entretien"
- l'expression "rendre l'âme" dans la phrase "le froid rendit l’âme d’un rouge-gorge" me parait mal employée : ce serait plutôt "le rouge-gorge rendit l'âme à cause du froid" par exemple, mais c'est moins poétique.
- "le directeur avait une formule bien à lui d’engager la conversation" : plutôt utiliser "pour" à la place de "à" ou bien "façon" à la place de "formule".
J'ai hâte de lire la suite !
La description est prenante,
Ta plume est exactement ce que je recherche dans les écrits. Elle possède ce soupçon de poésie qui séduit, attire, capture facilement notre regard. Je viens tout juste de m'inscrire sur la plateforme, tu es donc la première que je découvre et je ne le regrette absolument pas ! Ton style d'écriture est percutant, riche en descriptions, en sentiments, en émotions. J'ai vraiment eu l'impression de me trouver dans ce bureau, aux côtés de Annie et de Mr Moustache (oui, je vais l'appeler Mr Moustache, ça lui va bien ;p ). Ton début est intriguant. Habituellement, je suis très difficile à convaincre mais toi, tu m'as eu dès les premières lignes. Bravo ! J'adore !
Merci pour ce moment partagé avec Annie.
J'ai hâte de lire la suite !
Que d'imagination et de créativité ! On lit ton texte comme on regarderait un film : ton style est très visuel, on voit, on entend, on ressent.
Si j'avais ce talent, je pourrais dessiner la pièce, les personnages et leurs costumes et les expressions de leurs visages.
Bravo, j'ai hâte de lire la suite !
En espérant que la suite te plaira tout autant...
A bientôt !
J’arrive tout juste aussi et c’est sur ton texte que je clique en premier. Ton titre est bien accrocheur.
Belle plume, je ne me permettrais qu’une observation (toute personnelle soit-elle) : à un moment, tu passes sur le point de vue de Mr. Limitrof. Je trouve que ton texte gagnerait à rester exclusivement sur celui d’Annie. Ça a l’avantage d’emporter le lecteur dans la vision abimée qu’elle pose sur le personnage et laisse les faits, l’attitude et la moustache du directeur révéler ce qu’il pense vraiment d’elle. Je trouve ça percutant et touchant à la fois. Bien joué !
J'espère de tout cœur que tu seras là pour la suite !
En espérant que la suite te plaise ^^
Pluma.
Bon...c'est difficile des fois de faire des commentaires... Il me semble que tu en fais trop... Je veux dire par là que pour moi tu as une vision trop tranchée de tes personnages, et que ceux-ci gagneraient à être plus nuancés. mais ce n'est qu'un avis personnel.
J’aime beaucoup comment tu t’es approprié les lieux et les personnages, à quel point Mr Limitrof est sur le point d’éclater, on le voit bien comme une casserole qui va exploser. C’est vrai que c’est un début un peu long mais ça en vaut la peine je trouve.
La chute est magistrale ! Comme une claque dans le récit.
J’aime beaucoup ton univers en tous cas et j’ai hâte de voir la suite :)
Tout d'abord ... Ouah ! Tu as un style magnifique, très poétique. Le travail sur la description des décors et les protagonistes est très pointu, et j'adore l'idée que tu ais personnifié l'orphelinat et les éléments qui s'abattent dessus. C'est très organique, et on est immédiatement accroché par ton univers.
Le seul truc qui m'a chafouiné c'est l'utilisation de la marque Doc Martens... qui dans ce monde fantastique apporte une grosse piqûre de réalité.
Mais le reste est extrêmement plaisant, la fin de ce chapitre est saisissante, je vais lire la suite !
Hum... Tu n'es pas le seul à avoir été interpellé par les Docs Martens, je pense enlever cette mention, du coup ;)
Merci, et au plaisir de te revoir par ici ! <3
Juste une petite remarque concernant les tirets, normalement il faut que ce soit des tirets cadratins. Le raccourci clavier c'est : alt + 0151. Ça donne ça : —
C'est une broutille, mais ça à son importance :)
Et tout cas, merci <3 (et n'hésite pas à ajouter le livre dans ta PàL)
Quand tu décris l'orphelinat au début, on a l'impression d'une entité quasiment vivante et hantée. Les couloirs eux-mêmes semblent lugubres. Pourtant, cet effet ne semble pas se répercuter sur ses occupants. Le bureau du directeur semble chaleureux et confortable, bien loin de l'aspect sordide et misérable que l'on a au début. Monsieur Limitrof lui même semble une personne affable qui colle bien peu avec l’ambiance du début. Je me demandais si cette dichotomie refletait une réalité des lieux ou si c'était ainsi que le ressentait l'héroïne. Tout en elle semble indiquer que le bureau en question ne lui est pas inconnu, la façon dont elle prépare le café par exemple, dénote une grande habitude de sa part. Mon impression qui découle de ce chapitre est qu'Annie deteste cet orphelinat mais que le bureau du directeur serait un havre qu'elle accueil avec joie même si c'est souvent pour s'y faire punir.
Oui, j'ai découvert cette vérité alors que j'étais à la moitié de l'écriture de mon livre, donc je n'ai pas vraiment corrigé le début. Mais merci de me le faire remarquer, et désolée si cela a gêné ta lecture !
Merci pour tes remarques. En effet, j'imagine l'orphelinat presque comme "vivant", lugubre, mais un peu magique, aussi. J'aime beaucoup les vieilleries, cette passion a dû déteindre sur M. Limitrof. C'est un directeur chaleureux, cela va sans dire, mais je tiens à préciser que l'orphelinat n'est pas vraiment "chez lui", donc je ne pense pas qu'il y a d'incohérence...
- "Je me demandais si cette dichotomie reflétait une réalité des lieux ou si c'était ainsi que le ressentait l'héroïne." Un peu des deux ! :)
- Par contre, Annie n'aime pas du tout se faire convoquer, signale-moi si cela porte à confusion !
A bientôt !
Pluma.
C'est un début intéressant, bien que cela ressemble beaucoup selon moi à la Passe-Miroir (la façon dont tu décris l'orphelinat au début, les divers éléments qui agissent, toutes ces personnifications…). Il y a de belles trouvailles (j'ai adoré par exemple le paragraphe sur les émotions, la joie et l'angoisse) mais aussi un style qui se cherche je crois. Tu fais de belles phrases, ton vocabulaire est riche mais je trouve qu'il y a un peu trop d'adjectifs et d'adverbes (dans certaines phrases il y en a quatre à la suite), ce qui rend ton propos parfois confus et redondant - je prends l'exemple de la bedaine du directeur, on a compris dès la première fois qu'il en a une ;). Malgré tout j'ai aimé te lire, ton personnage est intéressant, j'aime bien ce côté frondeur même si je ne m'attendais pas à ce trait de caractère en lisant le début, j'avais l'impression qu'elle essayait plutôt de passer inaperçue et qu'elle était assez timide (tu dis même qu'elle ne parle presque jamais).
J'espère que je ne t'ai pas choquée ou blessée avec mon commentaire, si je l'ai fait c'est justement parce que je trouve que ton texte a beaucoup de potentiel, de bonnes idées et un style prometteur ;)
A ta dispo pour en parler et te faire un résumé de ce que j'ai remarqué !
A bientôt
Gab
Vois-tu, je suis une grande fan de descriptions, mais quand je relis celles de ce chapitre, ça pique un peu...
Annie est timide et ne parle presque jamais, oui, et son côté frondeur est un masque, une sorte de protection, si tu vois se que je veux dire ;) J'espère que c'est vite compréhensible en vue de la suite...
En tout cas, merci infiniment pour ta lecture attentive, tes remarques, compliments et encouragements : j'ai de quoi faire ! ;)
Je suis tout ouïe si tu as d'autres remarques ^^
Pluma.
Après il y a beaucoup d'adjectifs et je trouve que le chapitre étais très long...
En espérant que je ne t'ai pas blessée...
Je sens que je vais continuer à lire!
Merci beaucoup pour ton commentaire, ravie de te voir par ici !
L'écriture est vraiment spéciale, le style me plaît énormément, pareil avec la façon dont sont montrés les personnages !
Super contente d'être passée par ici, du coup j'irai lire la suite... quand j'aurai du temps pour ça ^^
A toute !
Reviens vite ;)
Juste une pitite coquillette: " je ne veux t'apercevoir " -> Pas, non? Et il y a d'autres petits mots qui manquent à droite à gauche :) Rien de grave, juste des étourderies
Ce n'est pas exactement explicite dans la narration, mais on pourrait peut-être penser que c'est l'imagination débordante d'Annie qui lui prête une âme aussi humaine ? La narration du début n'est pas vraiment interne, mais on ne sait jamais. Après tout, elle semble un peu synesthète.
Pour ta question, c'est plutôt ma propre imagination mais je me suis déjà posée la question. On ne sait jamais ^^
Au plaisir de te retrouver dans les commentaires,
Pluma.
J'aime beaucoup ce début : l'ambiance est bien décrite, tes descriptions sont agréables et pleines de détails qui nous font entrer dans ton univers. Annie est attachante, je l'aime déjà :3
Des remarques, cependant :
Tu devrais alléger ton style en remplaçant ou supprimant les adverbes en -ment. Certaines phrases sont un peu lourdes. (Par exemple : "Étrangement, il semblait énormément atteint par ce manque d'attention".) Bien sûr, ce n'est qu'une proposition ;)
Et, quand on introduit un verbe de parole, c'est une minuscule et non une majuscule ;)
Mais sinon, c'est une belle entrée dans ton histoire et j'ai hâte de découvrir la suite !
A bientôt !
En revanche, si tu cherches à te démarquer, je te conseillerai de miser sur ton personnage d’Annie. J’aime beaucoup son fort caractère, sa tenue vestimentaire, mais surtout cette description gustative des émotions. Je pense que c’est ton point fort, et qu’il faudrait le marquer dès le début. Pourquoi ne pas décrire l’orphelinat à travers ses yeux à elle ?
Sur la forme, quelques corrections :
« Je ne vois pas de quoi vous parler »=> parlez
« les mots sortaient de leur gré. » => j’ai l’impression qu’il manque un mot, j’aurais mis « de leur plein gré » ou « de leur propre gré »
« Ne t'avoues pas gagnante, Annie » => pas de s au verbe à l’impératif
« Et pourtant, il ne l'avait jamais passé à la casserole. » => passée, car il parle d’Annie
« Et, bonté divine, quand vas-tu enfin te fondre dans la masse sans hurler phrases comme quoi la mode ne serait qu'une horrible invention ? » => j’ai été surprise par « hurler phrases », ne faudrait-il pas un déterminant ?
« c'est pourquoi Annie ne se donnait pas la peine de lui répondre ». => j’aurais mis le verbe au passé simple plutôt
« Des gouttelettes de transpiration baignait son front plissé. » => baignaient
« Je sais à quel point tes parents, les coups que tu as reçu, ta mise dehors furent effrayants. » => un s à « reçu ».
« J'étais leur douleur. Par mon existence. » j’ai du mal à saisir cette phrase. Elle veut dire soufre-douleur ? Ou elle les faisait souffrir ?
« L’œillade rougeoyante de tout les sentiments possibles et inimaginables » => tous, pas tout
« Que dalles, je ne serais jamais pareille. » => dalle sans s / serai sans s (sinon c’est du conditionnel)
Sur le fond, je comprends que les phrases du directeur sur les violences qu’elle a subies sont indispensables pour révéler le passé d’Annie, mais je trouve ça maladroit de la part d’un professionnel. Il peut évoquer un « passé douloureux, difficile » sans rappeler précisément les faits.
J’espère que tu ne me trouves pas trop dure dans mes remarques, ce ne sont que des suggestions, et ton texte a beaucoup de qualités ! Je lirai la suite avec grand plaisir !
J'ai un peu tardé à venir te lire après ton commentaire et j'en suis désolé, mais alors là je ne suis pas déçu du tout !
J'ai plongé dans ton histoire ! Ton écriture est fluide et très très imagé ce que j'apprécie beaucoup :)
J'ai adoré le personnage de Mr Limitrophe ainsi que le caractère indomptable de Annie !
J'ai hâte de lire la suite :)
-> "vers ses fenêtres sans ouvertures" c'est un peu un non sens... Vers ses fenêtres aux ouvertures scellées ?
"salua-il en baissant ses lunettes en demi-lune." Salua-t-il
"ne menait pas large." n'en menait pas large
"voix en velours," voix de velours
Voilà cela me semble mieux ainsi mais je peux me tromper :)
Je n'aurai jamais imaginé (sauf dans mes rêves les plus fous) que l'on pouvait tellement accrocher à mes histoires ! N'hésite pas à commenter les prochains chapitres, ça me ferai énormément plaisir et si tes remarques peuvent m'aider à progresser... ;)
Truc qui n'a aucun rapport à proprement parlé : Je n'ai pas encore commencé ton histoire car j'ai encore trop de livres inachevés dans ma PAL. En revanche, le résumé m'a donné super envie et mon apparition ne devrait malgré tout plus tarder. ;)
Pluma.
Je serai moi aussi heureuse de récolter les avis d'une aussi jolie plume dés que tu en aura le temps :)
On accroche super vite à ton histoire ! J’adore la description au début, un petit air de Lemony Snicket, une écriture fluide et très prenante. Les personnages ont des personnalités très marquées sans tomber dans la caricature, et on sent qu’Annie est pleine de nuances. J’ai hâte de lire la suite !
Au début de ton texte, tu fais trop de petites phrases pour décrire l'orphelinat. ça alourdis un peu ta description.
A ta place, je remplacerais le "beaucoup" et le "énormément" par : Fortement. Ardemment. Vigoureusement. Énergiquement.
"Excités, les flocons tombaient et tombaient sans relâche dans sa cour aussi grise que sinistre" Je remplacerais par : grise sinistre.
"Sans plus attendre, elle déverrouilla la porte." Elle est déjà déverrouillée puisque qu'elle est entre-ouverte ;)
A part ça, j'adore ton chapitre. Tu ne mentais pas, tes descriptions sont incroyables. Tu as eu une petite influence de la Passe Miroir pour l'orphelinat non ? ;) En tout cas, j'adore. Je me réjouis de lire ton prochaine chapitre. Tu as vraiment une plume digne d'une grande auteure.
Trisanna.
Je suis démasquée, j'adore la Passe-Miroir mais j'espère que tout cela n'est pas trop flagrant. (il a d'autres livres géniaux. Je ne vais pas citer sinon tu vas perdre la tête en voyant le nombre et je ne m'inspire pas que de la Passe-Miroir)
En vérité, le doute m'a poussé à rouvrir "les Fiancés de l'Hiver" et effectivement....
Rassure-moi. J'aimerais qu'un jour ce livre soit publié (malgré mon âge bas, j'ai le droit de rêver, non?) et j'espère que la ressemblance n'est pas trop importante.
Si j'ai une Plume d'une grande auteure, toi t'as une Plume en diamant !
Tu seras publiée j'en suis certaine ton livre est très bien écris. Et oui ça y ressemble mais sans plus. Tu y as rajouté ta marque.
Merci ;)
Annie, en revanche, est plus difficile à cerner. Elle gagnerait à être davantage caractérisée surtout si elle doit être le personnage principal de l'histoire. En tous cas, cela donne envie de lire la suite...
En vérité, Annie est sans doute le personne que j'ai le plus travaillé et si elle est si énigmatique, c'est voulu. Derrière ses airs indifférents, elle fait preuve d'une grande sensibilité. Comme on va la suivre dans tout le livre, je préfère la développer peu à peu.
Pour Mr Limitrof et l'orphelinat, tout les commentaires les trouve réussis et je suis sur ce point plutôt fière de moi.
J'espère que la suite de mon récit te plaira !
Pluma.
1. chacun de [ses] membres
2. un rythme qui [n']existait seulement dans sa tête
3. ça te di[t]
4. Mr = mister et M. = Monsieur
5. d'un instant à l'autre, les masques entreprendraient de s'écrouler
(un masque s'écroule-t-il?)
6. Une façon bien à lui d'engager la conversation OU une formule POUR engager la conversation
7. Ce serai[t] une coincidence, n'est ce pas
8. Gobes moi ça -> Pas de s à gobe comme à tous les verbes du premier groupe à
l'impératif
9. Tout nos soucis -> TouS nos soucis
Je veux dire que ton chapitre est écrit d'une main de maître. Des fautes, tu en trouveras toujours, quel que soit le livre. Si on met de côté les rares coquilles de ton texte, on peut dire que ton vocabulaire est riche. Il y a nombre de détails et de figures de style : Tes énumérations et gradations ascendantes au début passent très bien. Globalement, les mots que tu as choisis donnent un rythme presque mélodieux au chapitre. Lyrique. Je ne sais pas à quel point c'est volontaire, mais l'orphelinat était quasi vivant pour moi à un moment.
Tu utilises des mots, des adjectifs précis pour décrire tes personnages et environnements. Pour ça je te tire mon chapeau mais je t'avertie aussi : La difficulté à laquelle tu feras face ensuite est l'ennemie suprême de l'écrivain. J'ai nommé la cohérence.
Bravo et bon courage !
Mais ne t'inquiètes pour moi, j'ai encore plein d'idées toutes formées !
Un deuxième (ou troisième?) merci ! que le soleil éclaire ton imaginaire !
Pluma.
Seule la phrase "Il serait extrêmement compliqué de décrire entièrement cet infect lieu mais si cette histoire se veut d'être racontée avec minutie, il le faut bien.", est selon moi un peu lourde - mais la suite du paragraphe génial.
La description du directeur est très vivante et intrigante. Si c'était ce qui était voulu c'est bien ressorti.
Au départ j'ai pensé qu'Annie était une adulte - et je ne sais d'ailleurs toujours pas l'age qu'elle a. C'est du qu'au départ tu oppose les enfants, et la silhouette. et au fait qu'elle ne veuille pas se faire repérer. Peut-être peux-tu décrire un peu la silhouette, pour que l'on comprenne qu'il s'agit d'une enfant.
Je ne vois pas l’intérêt de citer les DocMarteen. Alors que toute ta description rend l'atmosphère un peu fantastique, d'un coup cela se rapport au réel sans que cela n'apporte (selon moi) quelque chose au récit. (et cela perd le lecteur qui ne connait pas).
En tout cas j'accroche bien avec ton style, ton histoire, et tes personnages. J'ai hâte de lire la suite.
Quelques petites fautes (ou pas)
"elle était considérée comme une intrus.", comme une intruse, non ?
"L'ouïe de Mr. Limitrof et d'Annie contempla", n'est-ce pas contemplèrent ?
et une phrase où il doit manquer quelque chose : "et sa stupéfaction soit silencieuse faisait frémir sa superbe moustache."
En écrivant mes histoires, je n'ai jamais vraiment fait attention à l'âge de mes héros mais saches qu'Annie a 14 ans.