ACTE III
Scène première
Jean-Michel Gueulegrant, Lady Gisèle, Mordicus le jeune, Pierre-Alexandre, Théophile, Virginie, Clémentine autour du feu de camp.
JEAN-MICHEL GUEULEGRANT (se levant)
Et bien, petite fille, tu es bien mystérieuse…
Je te signale quand même une chose ou deux :
Tout le monde ici est on ne peut plus sérieux.
Allez, mes chers amis, il est temps de dormir !
Car demain vous savez…
(D’étranges bruits venant de la forêt l’interrompent)
PIERRE-ALEXANDRE (sautant sur ses pieds, levant les bras)
Mes amis verts arrivent !
(Le vent se lève, les autres sont effrayés, commencent à se lever et veulent s’éloigner)
MORDICUS LE JEUNE (commençant à reculer vers les baraquements)
Bon, et bien, j’ai très faim, je crois que j’vais partir…
THÉOPHILE (le suivant)
Moi je me fais bien chier, j’suis ton initiative !
VIRGINIE (attrapant la main de Clémentine, qui ne bouge pas)
Allez, viens ma chérie, il est temps de rentrer,
Avec ces bruits étranges, je voudrais bien qu’on parte !
(Clémentine ne bouge toujours pas.)
Clémentine on y va…
(Dans un grand bruit mouillé, la tête de Jean-Michel explose.)
LADY GISÈLE (criant, paniquée)
Mais que s’est-il passé ?
(Les aiguilles à tricoter de Lady Gisèle s’élèvent de son panier et lui transpercent le coeur.)
THÉOPHILE (tirant Mordicus éberlué)
Oh merde ! C’est quoi ce plan ? Allez, faut qu’on s’écarte !
(Mordicus et Théophile partent en courant vers les baraquements)
PIERRE-ALEXANDRE (s’éloignant, paniqué, suivi par Virginie tirant Clémentine)
Sauvons-nous, Virginie ! Loin de ces morts atroces !
VIRGINIE (essoufflée, essayant de le suivre)
Je fais ce que je peux, je ne suis pas véloce !
Scène 2
Théophile, Mordicus près des baraquements
THÉOPHILE
Bordel c’est quoi c’plan ? J’suis pas v’nu m’faire trucider !
MORDICUS
Je vous ai prév’nu pourtant, fallait m’écouter !
THÉOPHILE (ouvrant une porte)
Oh la ferme ! Vite, on rentre dans le baraq’ement !
Attention, fais gaffe à mon pied, Mordi ! T’es chiant !
MORDICUS (hystérique)
On va crever !!
THÉOPHILE
Ta gueule, faut pas s’faire repérer.
(Un clac retentit)
THÉOPHILE
Attends mec, c’est quoi ce bruit ? C’est quoi cette odeur ?
MORDICUS (en reniflant)
C’est quoi cette chaleur ?
THÉOPHILE (essayant d’ouvrir la porte en vain)
C’est fermé de l’extérieur !
MORDICUS
On va mourir ici Théophile, c’est notre heure
THÉOPHILE
Non ! On va pas se laisser crever comme des rats !
Essaie tout’ les issues, les fenêtres, le toit !
MORDICUS (toussant à cause de la fumée de plus en plus épaisse)
Tout est bloqué, on peut pas sortir d’la maison !
Déjà, il devient difficile de respirer…
THÉOPHILE (toussant à son tour)
Putain bordel ça craint, j’veux pas mourir cramé !
Il doit y avoir une solution… Attention !
(Le toit s’effondre, ensevelissant les deux amis)
Scène 3
Pierre-Alexandre, Virginie, Clémentine dans le bus.
(Pierre-Alexandre ferme la porte du bus dans lequel ils ont trouvé refuge.)
PIERRE-ALEXANDRE
Que de flippance en cette nuit si intense !
J'en reviens pas de ce revirement d'ambiance !
VIRGINIE (en tenant la main de Clémentine et en fixant son ventre)
Par pitié, mon très cher ami, protégez-nous
Quoi qu'il arrive, moi et mes petits bouts de choux.
PIERRE-ALEXANDRE
N'ayez crainte, Virginie, n'ayez crainte, je vous dis…
Nous avons la protection de mes verts amis.
(Virginie hyperventile et perd les eaux.)
VIRGINIE
Mon bébé va venir en ce monde, on dirait...
(Clémentine s'éloigne au fond du bus, calmement.)
PIERRE-ALEXANDRE
Du secours, de toute urgence, il me faut trouver.
Je vais voir s'il n'y a pas possibilité
De trouver un peu d’aide dans cette forêt.
Je parle de tous mes amis verts potelés.
(Pierre-Alexandre sort pendant que Virginie a une contraction.)
VIRGINIE
Mon bébé, de me rencontrer, est tant pressé...
Je ne sais pas si je vais pouvoir accoucher.
Clémentine, ma belle chérie, où es-tu passée ?
(Un silence règne dans le bus quand celui-ci démarre seul et fonce droit sur Pierre-Alexandre avant de s'arrêter de nouveau.)
VIRGINIE
Clémentine, ma chérie, où es-tu donc passée ?
Oh ! Réponds-moi, je commence à m'inquiéter
Avec Pierre-Alexandre réduit en bouillie.
Clémentine, ma chérie, réponds-moi, je t'en prie.
(Clémentine sort de l'ombre.)
CLÉMENTINE (avec un regard de possédée)
Ce bébé est à moi, Virginie. C'est fini…
Lutter contre moi n'est point permis, ma jolie.
Clémentine est partie, sa vile jalousie
M'a permis de m'installer dans son jeune esprit.
Tu n'as point vu à quel point elle n'avait envie
De voir un second bébé venir dans ta vie.
Ceci a décidément bien fait mes affaires.
J'ai pu m'échapper de la prison des Enfers
Et ainsi, faire mon retour, auprès de vous.
Là, il ne me manque plus que ton bout de chou.
Pour enfin me retrouver avec ma moitié.
Un enfant et un bébé, deux corps entiers
Qui vont nous convenir jusqu'à l'éternité.
Je te prie de bien vite accoucher, s'il te plaît.
On ne va pas non plus y passer la soirée...
(Clémentine se concentre sur Virginie. Une fumée noire apparaît et se dirige sur le ventre de la femme enceinte qui pousse des cris de douleurs très intenses.)
CLÉMENTINE
Ton bébé à l'instant, devenu possédé.
Tu n'as nul choix que d'invoquer ma pitié.
(Virginie met au monde son enfant et meurt sur le coup, le nouveau-né ayant dévoré ses entrailles depuis l'intérieur de son ventre. Clémentine coupe le cordon ombilical par télépathie.)
CLÉMENTINE (au bébé qu'elle prend dans ses bras)
Viens par ici, mon bébé bien-aimé chéri…
Je vais te raconter comment deux amoureux
Se réunissent, possédant pas un corps mais deux.
Pour vivre une longue vie harmonieuse sans soucis
En laissant derrière eux un tas de corps sans vie.
(Clémentine sort du bus, s’enfonce dans l’obscurité de la nuit avec le bébé dans les bras.)
Et cette fin, euh... j'en connais qui ont trop vu de films d'horreur, hein. C'était inattendu !
La fin est très bien. Très saine. Un happy end comme on les aime. La fin est pleine de poésie et de beauté. Voyons…
Je ne sais pas si je vais faire une révélation mais… le côté inattendu, c'était voulu. :D
Merci Riri !
Ravi de t'avoir fait froid dans le dos, Mayo ! :D