Les violentes tempêtes de sable sont habituellement l’une des premières excuses des départs précipités de journalistes et de touristes d’Ahma. Ce climat difficile, aride et s’accompagnant de montagnes de sables à l’infini, ne leur donne pas une motivation supplémentaire de continuer à visiter les rares recoins de notre lune. Éloigné des Empires connus, surtout depuis la chute de l’Église Romens des Pollackiens, nous ne sommes plus des cibles prioritaires pour les diverses puissances dans la Galaxie depuis. Parfois, ils ont un regard assez curieux sur notre culture et sur nos ancêtres, car on retrouve des montures et des bâtiments complexes, datant de cinquante milles ans.
Malgré que nous puissions pratiquer une certaine fermeture sur plusieurs produits, Ahma est obligé de faire par le commerce extérieur, essentiellement pour l’eau. Contrairement à plusieurs planètes où les êtres vivent en abondance, cette lune aride n’a que très peu d’océans, donc des ressources très limitées. Le climat rigoureux, le mysticisme et ainsi que les trous historiques créent un mélange entre peurs et curiosité pour notre Région. Délaissée par l’actualité intergalactique, de nombreux décideurs externes nous voient souvent comme des inconnus et même des indésirables à leur culture dominante.
Par des rares moments dus aux alliances politiques, j’ai pu voir les perceptions négatives autour de notre culture. Cette vision négative de notre société vient surtout d’une construction laborieuse de notre logique historique. Devant cette idée d’interprétation divisée, chaque séparation mythologique de la religion Ishma et les nombreuses définitions par rapport à notre confession de chacune des planètes rends toujours le résultat plus complexe de ce que la réalité peut être.
Dans ces critiques externes, la marginalisation peut être une réponse adéquate, mais elle ne doit pas être uniquement la seule réponse à ces craintes. Parce que malgré toutes ces revendications politiques et religieuses, la curiosité fait partie de l’âme de n’importe quel être. Cet envie de casser les préjugés a motivé un journaliste de venir nous voir pour interroger sur notre perception de la réalité.
Durant le Conseil des Anciens, on m’a critiqué pour avoir accepté ce rendez-vous médiatique, surtout à cause du statu quo signée depuis 775 avec nos nombreux voisins de notre système solaire. Si nous sommes oubliés de plusieurs sphères politiques importantes, l’influence de la République Citoyenne d’Egoria nous touche énormément. Dans notre système solaire, où sept habitats ont une population considérable, la planète Ottamaik a créé un lien diplomatique avec le Régime Militaire pour la défense de nos frontières. Anciennement de la religion d’Ishma, j’ai cru comprendre que les dernières réformes des Jeunes-Otark sur la planète suivent exactement les visions militaristes d’Egoria.
Le Conseil des Anciens n’apprécie guère que j’affiche clairement une différence idéologique avec le partenaire le plus puissant de notre système solaire. Pour eux, le conflit est autrement qu’idéologique. Vu que les systèmes solaires voisins sont sur la pente du chaos et de la violence, nombreux sont ceux qui promettent de rétablir l’ordre dans cette partie de la Galaxie. Ottamaik ou Otãrk, a fait cette promesse à Egoria. Ils ont promis de régler le problème de cette anarchie pour peut-être les intégrer dans un partenariat plus complet lorsque nous serions plusieurs systèmes solaires à avoir un seul drapeau.
Malheureusement, j’ai l’impression que cette promesse est défaillante, parce que bien avant la chute de l’Église Romen, ce territoire voisin est uniquement lié symboliquement à une population autant plurielle dans leur idéologie que dans leurs vices. Régnant dans douze systèmes solaires, les brigands, les mercenaires et les sectes se réunissent souvent dans cette Région. Selon même les derniers documents intergalactiques de la Sécurité des Frontières, elle est considérée comme l’un des secteurs le plus dangereux des Galaxies connues. Voisin de ce secteur, je peux ainsi comprendre le malaise s’affichant chez nos alliés par cette proximité. En plus, les dérives autoritaires ou violentes de quelques fidèles Ishimiistes extrémistes, trouvant refuge dans ces douze systèmes solaires, n’aident pas établir un lien de confiance.
Devant le différend du Conseil des Anciens, je leur ai demandé de me laisser une chance d’afficher au moins un mouvement pacifiste et conciliateur devant une partie de la population voisine. Ils ont accepté ma requête, malgré une certaine frustration de ceux-ci devant mes choix. Guide de Khemp, j’ai été élue par mes sœurs et par mes frères pour changer légèrement des discours de la génération précédente. Je suis l’une des Guides les plus jeunes de notre Histoire. Je crains malgré toute l’ambition de notre jeunesse, une forme d’abandon des anciens par un conservatisme social et légal. Les Traités et les Signatures, faits durant leur période, nous obligent de suivre complètement la vision militariste d’Otark.
Avant d’accepter le rendez-vous du journaliste, mes quelques recherches autour du correspondant m’ont suffit à agréer la demande de celui-ci. Oscar Hemingway est un imminent correspondant de guerre et un journaliste réputé du média appelé Belgrum National. Si on ne compte pas Egoria, Belgrum est la puissance majeure la plus proche de notre système solaire. S’intéressant énormément à nous, ceux-ci ont aussi une très mauvaise image de croyants Ishimiistes par notre code vestimentaire ou encore par nos interprétations spirituelles. Ayant cherché récemment à installer des lois de laïcité dans leurs institutions, je crains, que l’abus externe des décideurs de Belgrum de nous voir comme des ennemis et de quelques Ishimiistes plus fondamentalistes à s’insurger contre la modération de certains croyants, écopent sur l’ensemble, créant ainsi une vision négative de tous êtres vivants selon cette spiritualité par une partie de leur population.
Avant qu’Oscar arrive, on a discuté quelques fois par Holophone, me promettant de ne pas jouer aux polémistes, en posant des questions désobligeantes pour aller vers le sujet de nos interprétations et de notre écriture.
Sa navette est arrivée quelques heures avant notre première rencontre prévue, nous donnant l’image de la ponctualité et de la politesse. Oscar m’envoie un petit message à son arrivé, il me demande de ne pas empresser la rencontre. Il voudrait filmer quelques décors atypiques de notre culture avant de me rejoindre au Temple du Guide pour notre première entrevue. L’inquiétude n’accompagne pas uniquement les Anciens de voir ce journaliste apparaître, plusieurs jeunes m’ont aussi indiqué cette préoccupation, par la peur d’une transformation d’une image négative pour nous décrier de nouveau. Cependant aux dires de mon mari Brose et ainsi que l’observation de d’autres conseillers qui l’ont surveillé pendant qu’il filmait quelques images de notre Cité, ses questions semblaient réellement sincères pour découvrir nos modes de vie et notre culture.
Je crois aussi qu’Oscar teste notre perception autour de sa curiosité. Dans ces précédentes enquêtes, il a largement critiqué la culture d’Otark, lorsque ceux-ci se sont rendu compte qu’il filmait des lieux non-permis par les décideurs militaires. Oscar ne semble pas un être, jugeant automatiquement les cultures, malgré qu’il peut avoir des opinions sur notre mode de vie. Difficilement, j’ai des craintes de ne pas pouvoir comprendre l’ensemble de l’idée de la neutralité du journalisme qu’Oscar m’a décrit durant notre premier contact.
Autrefois, avant que je devienne Guide de Khemp, des chercheurs extérieurs sont étudiés notre monde. Ils ont souvent regardé un seul trait de notre culture, par exemple, un chercheur enquêtait sur notre alimentation, un autre était plutôt curieux sur nos écritures religieuses. Anthropologique était souvent le mot utilisé que certains chercheurs prétendaient étudier en regardant notre vie quotidienne. Pour Oscar, je crois qu’il veut surtout voir l’ensemble de notre culture pour décrire les problèmes et les avantages de notre mode de vie et de notre société.
Je me prépare comme à mon premier rendez-vous amoureux à cette rencontre. Je veux lui montrer les traces de notre passé, l’adaptation de notre culture et ainsi que la richesse de notre population. Nous ne sommes pas destinés à vivre dans les grandes puissances de l’univers, nous sommes plutôt une civilisation qui sait aidée dans des conflits régionaux ou encore dans l’assistance charitable en cas de difficulté par une population voisine. Vu nos similarités avec d’autres cultures, j’ai l’impression que nos voisins oublient volontairement notre passé.
On a été les premiers à évacuer une colonie lunaire, partenaire de Belgrum, lors de son mystérieux changement d’orbite, ou nous étions les premiers à combattre des mercenaires venant du chaos régional voisin en 768. Cette Histoire militaire se veut assez unique et pour des tendances souveraines, la lune d’Ahma cherche souvent à créer une entité indépendante avec les deux autres lunes qui voyagent dans les orbites de la géante gazeuse du système solaire. Cependant depuis les derniers revers politiques, nous avons surtout envisagé l’idée d’une autonomie pour la suite de notre aventure.
Selon mon mari, je dois éviter ce sujet devant Oscar, parce que discuter d’idéologie politique peut créer automatiquement une zone de toxicité pour le grand public que le journalisme d’Oscar ambitionne à attirer. J’ai quelques craintes de voir Oscar, rentré dans ce domaine, mais j’ai confiance en celui-ci pour rester dans une mentalité propre et intègre de son devoir moral de journaliste.
Devant cette éventuelle rencontre, tous mes vêtements traditionnels vont être au rendez-vous. Tous en verts foncés, comme les habits de nos milices, cette couleur se camoufle bien avec le sable de la planète lorsque nous chassons. Portant tous des vêtements assez similaires, nos pantalons sont souvent protégés par des jambières pour se renforcer contre des tempêtes de sable. Malgré que la première entrevue se passe dans un Temple calme, je mets les jambières vertes foncées pour illustrer une partie de notre culture vestimentaire. Les longues manches vertes ne donnent pratiquement aucune image de ma peau, hormis pour mes mains et pour mon visage.
Sur ma tête, je porte un diadème de petites perles, différents des Couronnes des Rois du Feu-Rouge ou encore du Roi d’Origorn. Elle est très dense et ne tient pas sur la tête comme un œuvre désignant le haut, le diadème se concentre sur le visage, où le Bijou de la Réunification pendule sur mon front. Ce bijou rouge, à l’effigie du sang, illustre un savoir important de toute culture : L’évitement du conflit pour épargner le sang de nos rivaux et de nos alliés. Ce Diadème est simplement porté par la Guide de la Cité, donc moi. Je garde tout du code vestimentaire en règle du Guide pour cette rencontre.
Je joue cependant avec une exception, en portant le collier de ma Famille pour honorer le chemin que je porte vers le rôle de Cheffe. Cette éducation m’a permise de tout donner pour la survie de notre culture, à travers des influences périlleuses et par plusieurs conflits qui se terminent uniquement par le sang. Sur mon collier autour de mon cou, on retrouve sept bijoux différents.
Ces sept représentant tous êtres qui m’ont permis d’améliorer et de changer mon point de vue. La pièce en Altarium argent représente la vision guerrière, mais tendre de mon père. Le Dérium rose représente l’amour de ma mère. Le Ferium violet représente la spiritualité de mon ami pollackien. La Granium blanc représente la fidélité de mon ancien biclarel domestique. L’or représente le cœur aimant de mon grand-père. Le Crystal rouge représente l’expérience militaire de ma grand-mère. Finalement le Husium Bleu représente la vitalité et l’essence de mon mari, Ahma Flam Brose.
Par cet héritage, j’espère pouvoir représenter Khemp de son mieux, vu tout ce qu’ils m’ont offert. Devant l’une des seules possibilités d’être représenter, il faut le faire par une fierté polie et philanthropique, comme Dieu le désire.
Je m’installe au local central du Temple, où la grande carte de notre système solaire est derrière moi, éclairée par quelques chandelles. M’agenouillant au sol, j’attends l’heure fatidique où qu’Oscar va se présenter. Je l’ai déjà vu s’approché dans les quinze dernières minutes avant notre entrevue. Déposant mes deux mains sur mes genoux, j’attends doucement son arrivé. Fermant les yeux pour garder mon calme, je prends une grande respiration possible pour retrouver mon calme. Entendant ses pas résonnés dans l’escalier, j’ouvre les yeux en attendant. Vêtu par des vêtements noirs, dont un manteau pour soutenir le vent et le sable, je penche ma tête vers lui par signe de politesse et de salutation. Par ses rides au visage et son âge avancé, je vois en lui une certaine expérience de son travail. S’agenouillant à mes cotés, Oscar commence à me parler.
« Merci à vous pour me permettre de visiter Khemp. Je tiens à être complètement transparent envers mon travail et votre culture. Je ne viens pas pour seulement approfondir des préjugés, mais bien donner une autre vision de votre culture aux citoyens de mon peuple qui vont regarder ce documentaire. Vous voyez mon petit drone silencieux à mes cotés? Lorsque la lumière est rouge, cela veut dire qu’il n’enregistre pas, comme dans ce cas. Si dans le cas contraire, la lumière est verte, cela veut dire qu’il filme. » Je réponds avec le sourire de ce soucis de transparence. « Ne vous en faites pas. Je comprends votre précision autour cette démarche et je suis prête à faire face à la musique. Est-ce que vous voulez commencer par un sujet en particulier? »
Penchant la tête vers le bas en réponse pour le respect, il fait un petit signe à son drone pour commencer l’enregistrement. Tout d’abord, les questions sont assez simples. Il veut une présentation de ma personne et le rôle que j’occupe à Khemp. « Alors mon nom est Ahma Khemp Flam Medria. Mais pour la facilité, appelez-moi juste Medria. Les noms autour de ma culture sont assez particuliers, contrairement à votre culture. Si trois noms précèdent le mien, c’est surtout pour savoir d’où je viens. Ahma est ma lune d’origine, Khemp est ma Cité et Flam peut être considérée comme mon nom de famille pour vous. Dans l’ensemble, nous commençons toujours par le plus important pour finir le moins important, qui est notre prénom. » Pendant un petit moment, Oscar me fait signe de regarder la caméra au lieu de le fixer. Répétant ce mouvement maladroit à chaque fois que je dérivais mon regard, je suis légèrement gênée par ces oublis.
Reprenant un peu ma salive, je recommence à parler peu après. « Donc, je viens de Khemp, de la lune d’Ahma. Mon rôle à moi dans ma société est d’être le Guide de la Cité. Le Guide a un rôle de décideur politique et spirituel important pour savoir où nous voulons nous diriger pour l’avenir. Contrairement à vos systèmes, nous changeons de décideur lorsque des nouveaux évènements arrivent et qu’une grande partie de la population veut une relecture de notre position sur plusieurs sujets. À ce moment-là, par un vote secret, nous votons tous pour changer de Guide ou non. Après délibération, tous peuvent se proposer si le changement est voté, hormis pour les enfants de moins de quinze ans. On vote encore secrètement pour le candidat de notre choix, la semaine d’après. L’année dernière, en 785, je me suis proposée pour réaliser certaines réformes autour de notre Cité et j’ai été élue. » Je me tais silencieusement pour éviter de rentrer vivement dans le sujet du politique le plus concret.
Cependant, j’ai confirmation de la curiosité d’Oscar autour de quelles réformes je parlais. « Au début, c’était surtout sur le sujet du commerce et de l’agriculture. Des réformes alimentaires étaient obligatoires pour parfaire les changements du climat en vigueur depuis 750. Après, la plupart de mes frères et de mes sœurs ont surtout voté pour moi dans le but de peut-être revisiter la Signature du Consortium des Kéral en 775. » Encore une fois, je tente de rester limpide et peu précise sur le sujet, mais je veux paraître le plus sincère possible sur ma démarche tout en restant loin du concret. Je peux compter encore sur la curiosité du journaliste pour poser encore plus de questions à ce sujet.
Silencieuse, je cherche mes mots lorsque le fameux journaliste me demande plus de précisions sur cette Signature. Je lève les yeux au ciel afin de trouver les bons mots autour de ce sujet. « La Signature du Consortium des Kéral en 775 n’est nullement un problème pour nous. Il est cependant peut-être important d’apporter des ratifications autour de cette signature. Nous sommes Six Cités majeurs sur Ahma et chacun l’a signé dans un aspect autonomique des trois lunes de la Géante Gazeuse Kuristan. Cependant, entre 775 à 785, le changement de leaders sur Ottamaik… sur Otark… excusez-moi de l’abus du langage. » Je me sens nerveuse tout d’un coup, parce que même si on est assez éloigné du nouveau Régime militaire, on se retrouve de paralysie politique par une signature du passé. Ottamaik était un régime ressemblant beaucoup à notre planète avant que les militaires décident de prendre place pour transformer la planète par Otark. Ce changement de nom est aussi une évolution des paradigmes.
Je vois la petite lumière s’éteindre, visiblement à cause de mon stress devant cette question. Je crois sincèrement qu’Oscar Hemingway est courant des nouvelles complications autour de la politique, et surtout de l’affiliation directe entre Otark et Egoria dans l’expansion d’une idéologie militaire. Coupant à ce moment, il commence à s’excuser par ces questions, comprenant la position indélicate d’Ahma avec Otark. « Ne vous en faites pas, mais depuis le temps, nous sommes coincés dans des enjeux assez partagés. Je comprends votre curiosité, mais depuis la révolution militaire sur Ottamaik, rien ne nous donne de réel compromis dans leurs dernières actions. Ils sont les plus puissants du secteur et on sait très qu’ils supportent très mal notre présence. » C’est ma réponse en face de cette difficulté. J’évite de parler aussi du problème du Conseil des Anciens, où le Précèdent Guide, toujours en place, avait signé ce Traité et le défends encore. Ce conflit générationnel nous lance surtout dans des clivages extrêmement difficiles à gérer.
Je lui fais comprendre avant de continuer qu’il est peut-être mieux d’éviter le sujet de la voile, qui sert surtout à nous protéger du sable, mais qui fait aussi parti d’une large diversification selon les écritures Ishimiistes. Sujet polémique dans plusieurs régimes dit laïque, Otark semble toujours en proie de nous viser pour cette question, nous plaçant facilement dans le préjugé de la radicalité de notre spiritualité. Je peux comprendre les disputes à ce sujet, mais comme Belgrum, Otark fait souvent un amalgame que toutes les lunes de Kuristan sont de la spiritualité Ishimiiste, alors que c’est faux. On retrouve d’autres interprétations soit de l’Ishimiiste ou même soit de l’Église Romen original. Parfois, c’est même un culte antérieur à ces mouvements qui sont dominants selon chaque région. Par ces explications, Oscar est heureux de m’entendre sur le sujet de la spiritualité.
En discutant en toute honnêteté, il va éviter le sujet des vêtements et du débat la laïcité autour de Belgrum pour me relancer doucement sur le sujet des écritures différentes. La petite caméra s’allume avec mon accord. « Khemp est surtout majoritairement Ishimiiste des traditions Pollackiennes Romens. Nous suivons toujours les principes que Dieu Yarik affronte le Dieu Malfaisant Laka, essayant de pervertir le cœur des êtres dans la galaxie. » Je me lève doucement pour aller vers les différents livres de cultes.
Ainsi, après cette généralité, je lui présente les principales œuvres de notre spiritualité. La Koral sert comme la base, mais nous nous servons aussi des deux principaux livrets de l’Église Romen pour les prières et pour notre code moral. Devant ces explications, je le vois surtout passionné nos interprétations et surtout à relativiser les croyances populaires, affichant ma totale condamnation de la violence en utilisant la justification de notre spiritualité. J’affiche aussi quelques opinions de mon cru sur le traitement et la vision stoïque de Kuristan des autres civilisations. Pour eux, nous sommes uniquement liés à la religion, lorsque nous avons combattu autant pour Egoria que pour Belgrum dans le passé pour des raisons dites démocratiques.
Terminant là-dessus, il est d’une certitude croissante que la première partie de cette entrevue allait être plus intéressante que la présentation des écrits religieux. Au moins dans cette deuxième partie, il va peut-être pouvoir percevoir la vision diversifiée de Kuristan et de son mouvement à l’extérieur. Je ne crois pas que mon discours va convaincre Belgrum de revoir son opinion sur nous, mais peut-être que cela va rendre notre image un peu moins hostile. Trouvant intéressant mes dires, il me parle de son intérêt que je lui fasse visiter les principaux bâtiments de notre Cité. J’accepte volontairement ce rendez-vous demain matin.
Lui présentant son lieu de domicile durant son séjour ici, je décide de me diriger vers ma maison peu après quand la géante gazeuse cache encore une partie du soleil, refroidissant naturellement nos petites nuits. Comme après une journée avec le Conseil des Anciens ou encore avec une Assemblée populaire, je suis complètement épuisée par cette première entrevue. Le sommeil va peut-être m’aider à mieux trouver mes mots pour demain. Ma maison est plutôt modeste, contrairement aux anciens guides, car avec mon mari, on a décidé de garder l’ancienne demeure de ses parents. Cependant, devant la porte de ma maison, je vois une silhouette reconnaissable parmi milles.
Ahma Khemp Tya Hita se retrouve devant mon domicile, toujours aussi droite et revendicatrice. Au conseil des Anciens, elle est l’une des plus proches des positions isolationnistes et même révisionniste. Ses réactions sont souvent en contradiction avec moi, me laissant en tête cette envie de toujours me contredire sur tous les sujets possibles. Son âge avancé, avec ses cheveux gris, lui donne quand même une prestance et une droiture devant les autres anciens. Soupirant, je sais déjà les raisons pourquoi elle est devant ma maison.
« Sans consultation publique, sans prendre l’avis des Anciens et sans être transparente, tu permets un être de l’extérieur de visiter librement notre Cité. Comment… » Je l’interromps avec un doigt directement devant mon visage pour se taire.
« Puis-je te rappeler que durant la Signature du Consortium en 775, le Conseil des Anciens l’a ratifié sans consultation publique? Et en parlant de transparence, comment justifier que ce Traité a été annoncé uniquement après sa signature? Je peux comprendre ta frustration et ta vision, mais ne vient pas me parler de nécessité de convier en tout temps l’Assemblée ou les Anciens lorsque je prends une décision. »
Hita commence à enrouler ses bras autour d’elle, complètement impassible à ma réponse. Elle aimerait me voir partir avec la pression des Anciens, mais je sais que je peux compter sur ma famille et mes amis pour soutenir mes choix. « Alors, la Minà veut faire la fière? Je sais que tu as du mal à comprendre tous les enjeux des prochaines années, mais on doit travailler ensemble pour l’avenir. J’ai servi Khemp pendant 80 ans, alors que tu vas dépasser cette expérience, uniquement dans soixante ans… » Je lève les yeux au ciel à cet argument, me rappelant encore cet appel à une expérience peut-être pertinente, mais toujours accompagnée par son amertume.
« Hita. Je ne juge pas ta loyauté ou ton expérience, mais est-ce que c’est possible de tous contribuer à cette vie politique? Ta fille est l’une de mes plus précieuses conseillères et toi, tu es une ancienne intelligente et pertinente, mais à vrai dire… tu ne vois pas dans quel paysage qu’on se retrouve actuellement? Depuis qu’Ottamaik est devenu Otark, on subit des pressions immenses de l’extérieur pour effacer ce que nous sommes.
Kuristan est victime d’une réécriture de son histoire et avant qu’on disparaisse par le laxisme de nos politiques et de notre spiritualité, il est peut-être mieux de réagir en faisant découvrir la culture à tous. Nous avons fait des guerres, nous avons aidé des gens et nous avons vécu tous ensembles des aventures incroyables, et je suis sûre que tu veux que les manuels scolaires se poursuivent avec cet héritage. Ne me dis pas que tu vois ce journaliste comme un hérétique, parce que tu as uniquement à lire ces écrits ou à regarder ces documentaires pour voir clairement sa philanthropie.
Et tu sais très bien ce qui défini notre mentalité depuis les fondations de notre culture. C’est sa philanthropie, en acceptant la différence de croyance et même juger tous Êtres par ces actions. C’est le désir de Dieu Yarik, celui qui a construit ce qui était bien pour éviter la corruption de l’âme. La peur de l’étranger et la peur des mœurs, cela ne doit pas faire partie de nous. On doit juger les gens, non parce qu’ils sont matérialistes ou parce qu’ils sont d’une autre religion, mais bien par leurs actions.
Oscar Hemingway n’a pas toujours été un homme de bien, mais toute son humanité vient de son regard positif et curieux envers les autres. En général, il est un homme d’une grande bonté et je te demande de lui laisser une chance parce que nous sommes liés profondément à cette vision. »
Hita m’écoute sans broncher devant mon discours, espérant au moins le convaincre de réaliser vraiment des projets ensemble pour l’avenir. Déjà que le Conseil des Anciens a essayé de mettre un Véto dans ma réforme alimentaire, je comprends mal leur tendance de toujours rentrer en conflit et en contradiction avec mes propositions.
« Moi, je ne te demande rien. Je t’avertis que ton indécence risque d’avoir des conséquences si tu n’écoutes pas les anciens. C’est la dernière fois que je me déplace pour toi. »
Et c’est bien la première fois que je la vois se déplacer pour moi. Je ne retiens pas à son départ, laissant juste un soupire d’exaspération devant ces requêtes. Je rentre ensuite dans mon domicile, où le salon accompagne la cuisine. Derrière le tout, on retrouve la chambre commune où mon mari doit être. Comme prévu, je le vois assoupli au lit, toujours en train de lire les derniers ouvrages partagés de nos archives. Au moins, ma discussion avec Hita ne l’a pas fait sortir de ces lectures. Doucement, j’enlève mon diadème et mon collier avant de me retourner vers lui, qui dépose doucement son livre à son chevet.
Dévoilant ses muscles de forgeron, je me permets d’enlever mes vêtements traditionnels avant de tomber dans nos jeux nocturnes. Malgré le manque de sommeil, son regard perçant sur ma semi-nudité m’enlève toute fatigue pour suivre le rythme. Au moins, je me sens déchargée par cette journée aussi difficile que conflictuel. Il le sait très bien par mes mouvements du corps et la résignation pendant l’acte. Dans cette journée, je retrouve enfin une aspiration et un sens d’être enfin appréciée autrement que par mon rôle ou par la représentation que je dois donner.
Après deux heures, nos petits jeux se terminent où nous deux sommes complètement épuisés par notre excitation mutuelle. Serrant mon bras autour de lui, je commence à lui déposer quelques mots à son oreille. « Je ne comprends pas comment tous craignent mon rôle, mais pas la disparition de notre culture par les envies militaristes d’Otark. » Cette phrase représente peut-être mon ras-le-bol sur cette situation. Loin du domaine du Guide, il connaît mon désabusement devant les Anciens ou encore par les visions extérieures. Me réconfortant, il conduit mon corps pour trouver une position confortable au lit. Mes seins collés sur son corps renforcé par ses journées de labeur, nous finissons par dormir tête sur tête.
« Personne. »
Oh… non, mes tremblements recommencent. Croyant dormir paisiblement en compagnie avec Brose, cette voix intransigeante me coupe du court bonheur que j’ai pu avoir dans cette intimité. Ce n’est pas vrai! J’essaie de calmer ma respiration pour retrouver ma tranquillité, mais rien ne se concrétise. Je me retrouve de nouveau dans un sable noirci et crochu, pendant qu’une lune rouge s’agrandit sur les horizons. Cette ombre maléfique se déplace pour reconstruire les maisons, maintenant aussi sombres que le sable. La Cité se reconstruit, mais on dirait que la formation manuelle a changé, elle est maintenant couverte d’os d’êtres biologiques, pendant que les êtres vivants dans la Cité sont retransformés par un amas incompréhensible d’ossements, de chairs et de fusion biologique des plus effrayantes.
Ces amas sont maintenant en fusion avec les abris de la Cité, comme si on essayait de donner vie aux maisons qui nous abritaient. Terrifiée comme toujours par cette apparence morbide, je me rends compte d’une chose que je n’ai jamais vue dans ces cauchemars. La lune rouge s’est transformée en quelque chose que je pense reconnaître, un œil reptilien dévorant l’entièreté de mon âme, me propulsant dans mes pires cauchemars.
Je sursaute en sueur dans mon lit, incapable d’oublier la douleur de cette vision. Pleurant, je m’assois au bord de mon lit, incapable de réfléchir convenablement. Je sens les deux mains de Brose sur mes épaules, pour essayer de me réconforter, alors que je lui rappelle les raisons de mon anxiété : « C’est revenu! »
La matinée est difficile pour moi. Des maux de cœurs me font vomir mon petit-déjeuner. Me lavant pour enlever cette puanteur et ainsi que cet œil pervers m’observant, je pleure encore, tentant de comprendre les raisons du retour de ces illusions incompréhensibles. Brose me propose de prendre un petit congé et qu’une conseillère aide Oscar Hemingway de faire le tour de notre Cité. Je décline à cette demande avant de reprendre mes habits traditionnels et mes bijoux. Je suis sûre que je peux me reprendre, inspirée par une énergie du sanctuaire de Dieu en moi. J’ai toujours été prête afin de faire quelque chose de bon dans ce monde, surtout avec l’aide qu’Oscar peut concrétiser.
Arrivant aux chambres d’habitations de nos invités, je me rends compte qu’Oscar n’est pas encore présent. Comme plusieurs touristes, il ne doit pas être habitué par les journées d’Ahma, souvent plus nombreuses qu’une année normale. Nous dormons parfois uniquement trois heures par nuit, car le soleil revient souvent très rapidement. Cette habitude casse toujours les horaires habituellement construits sur d’autres lunes ou sur d’autres planètes. Regardant l’étoile bleu qui nous illumine, je retrouve mon sourire en voyant Oscar sortir pressement des habitations, conscient de son retard. En s’excusant, je lui offre mon pardon malgré que cela ne soit pas nécessaire.
« Suivez-moi. » Dis-je en prenant un pas en avant pour lui décrire toutes installations, ne servant pas automatiquement de domicile. S’approchant du Temple du Guide, je pointe en direction de la forge, voisin de celui-ci, pour lui décrire l’idée de nos armes et de nos différentes protections. « Par une tradition très mécanique au niveau de nos armes, nous refusons de se servir d’armes traditionnelles liées aux armes lasers, aux projectiles ou encore à l’électricité pour utiliser deux de nos plus grands talents. Celle des armes rétractables, comme mon bâton métallique ou encore par les guerriers plus lourds, d’haches ou de marteaux. Pour des combats à proximité, il est vrai qu’on peut être sans défense devant des armes de loin, mais nous sommes aussi liés aux pouvoirs psychiques pouvant former bouclier ou encore projections ». J’ai peut-être l’idée de lui concrétiser une petite arme rétractable avant son départ, un souvenir à laquelle Ahma pourrait être toujours vivant à ses cotés.
Je continue mon chemin pour me diriger vers les édifices liés surtout à notre spiritualité. Ces domaines sont toujours très bien occupés par son importance et surtout par sa construction plutôt unique. Les détails ne manquent pas à cet aspect perfectionniste. Élaboré comme une gigantesque maison, seul son haut change, par une forme triangulaire portant cette maison de Dieu vers l’Étoile Créatrice Cette construction nous permet de nous recueillir et de prier devant l’immense opportunité que le Père Céleste nous offre.
Pointant vers un œuvre curieux où une grande lance semble plantée au sol et que le sommet est accompagné par un grand rond métallique. « Ici, à chaque fin d’équinoxe, nous fêtons les nouvelles saisons. Souvent en dansant autour, se tenant souvent tous la main, c’est un nouveau début pour régler nos conflits et on se souvient que tous êtres font partis de notre Famille ainsi. Nos disputes peuvent se régler ainsi. On se retrouve souvent dans cet esprit optimiste par nos rituels. » Nostalgique, je me souviens de ma première rencontre avec Brose durant ces danses, lorsque j’étais adolescente. Un merveilleux souvenir qui est l’une de mes plus grandes pages de mon passé.
Par sa culture Belgrumienne, je vais terminer par quelque chose qu’il risque d’apprécier grandement. Je vais lui présenter le Tapa. Une manière de se diversifier différemment des musique et des holofilms, mais complémentaire à la fois. Lorsque nous sommes libérés de nos obligations, des passionnés se retrouvent dans cet immeuble pour regarder d’œuvres d’anciens mondes. Devant un édifice un peu plus grand que la moyenne, je lui présente d’une main… « Voici le Tapa, je ne sais pas exactement le mot pour définir ce couvert pour vous, mais à chaque fois que nous terminons de travailler, on se retrouve parfois ici. Pendant que des musiciens jouent de leurs instruments, une sotie virtuelle muette se joue en arrière sur un écran. Des véritables artisans se réunissent à chaque jo… »
Coupée par un bruit de vaisseau passant dans le ciel, je commence à voir les effigies de celui-ci quand il survole les maisons voisines. Complètement confuse par cette situation, je ne termine même pas ma phrase en voyant la bannière et les couleurs du vaisseau de d’exploration militaire. Pourquoi Otark vient d’envoyer un vaisseau sur notre lune et surtout pourquoi il se pose ici? Toute suite, je pense à Hita… est-ce qu’elle a osé avertir Otark pour Oscar? Mais pourquoi elle décide de vendre autant nos traditions à cette société militariste et laïque? Je m’excuse à mon invité avant de me diriger vers le site d’atterrissage. Stressée et pratiquement en colère, j’arrive au moment que je vois le débarquement du Général Yémal Hourilan. Soupirant, je connais sa terrible réputation primant la logique militariste contre tout mouvement contradictoire.
Je lève le ton en le voyant, toujours accompagné par sa moustache pointue et son large chapeau. Habillé par un uniforme militaire gris foncé, il me regarde avec un sourire dès qu’il me voit.
« Je n’ai pas eu de message de votre visite, Général Hourilan. » Je le dis avec une violence dans mes mots et avec cette hostilité qui m’habite depuis que j’ai vu son vaisseau au ciel. Avec deux autres cadres militaires, je le vois me regarder, toujours accoutrée avec mes vêtements de cérémonie.
« Amiral Hourilan, Medria… » Dit-il en tapotant son cœur où ses médailles se retrouvant sur son cœur. « Je crains que vous compreniez encore très mal le Traité de Consortium des Kéral, qui permet à toute puissance de voyager librement à travers chacune des Cités. Ne vous en faites pas, ma belle… je suis uniquement là pour une formalité. Car je crains qu’il existe un malentendu sur nos rapports. »
« Si c’est par rapport à l’invitation d’Oscar Hemingway, puis-je vous rappeler que selon ce Traité, toutes entités politiques, l’ayant signés, peuvent inviter n’importe qui sur leur territoire? »
Son rire glouton me donne encore des frissons dans mon dos. « Si tu n’étais pas aussi têtue et religieuse, peut-être que tu pourrais avoir un petit charme pour nous. Cependant, je crains que cette discussion doive se faire dans mon vaisseau et non ici. J’ai beaucoup de respect pour Khemp et parfois, il faut savoir se retenir de faire l’hystérique devant tous. »
« Je ne fais pas d’hystérie. Je relate les faits et les signatures faites dans le passé. Vous êtes venus ici pour menacer l’intégrité de notre Accord. Vous avez promis de faire un effort autour de notre autonomie qui ne semble pas se réaliser dans votre conseil militaire. Peut-être que l’Hystérie vient plutôt de votre incompétence à tenir vos promesses. »
Son visage se change par un regard très sévère envers moi, me défiant encore. À un front plus élevé que moi, il tente une vaine intimidation en me regardant fixement mes yeux tout en s’approchant. Ce que je réponds par mon regard le plus menaçant possible. Son adjuvant place une main entre nous deux pour nous séparer de ce conflit. Yémal me demande de le suivre dans son vaisseau pour continuer notre discussion. Grognant à cette requête, je m’exécute pour la suite. Le suivant dans les escaliers métalliques, je vois ces officiers se répandre dans les rues de la Cité. Seule avec lui, il commence à me sourire tout en me proposant un verre d’alcool que je refuse.
Actant l’oubli, il me dit de rester sur place avant d’aller vers sa chambre. Regardant les alentours, métallique et argenté, je commence à voir le tableau de bord où une carte virtuelle semble se dessiner. Curieuse, je commence à prendre la carte virtuelle pour vérifier une information qui m’inquiète. Deux lunes, une planète. C’est vague, mais on dirait que cela se dirige vers une direction bien précise dans mes tourments. Peut-être que je me créé une fausse croyance, mais dans tous ces cauchemars les plus horrifiants, des numéros et des planètes forment une course logique. Précis avec les chiffres et les approximations en localisation géographique, je vois une planète s’affichée. Je me le répète mentalement. Hasard ou pas, tout ça me rend encore plus curieuse.
Attendant le retour de l’Amiral, j’efface ma dernière recherche sur son tableau de bord. Il revient doucement avec une tablette dans une main sur une photographie de l’image des militaires d’Otark dans la primeur d’Oscar Hemingway dans le Belgrum National en 782.
« Je cite : Le Nouvel Régime d’Otark est d’une allure simpliste pour nous. Leur base théorique et leur idéal politique se définissent par un renouvellement dans les systèmes solaires de l’Est pour enfin se tourner vers une politique de stabilité rêvée par tous. Cette image est répétée par tous cadres et officiers que j’ai rencontré, mais derrière cette illusion, il se cache quelque chose de plus sombre. Depuis que ceux-ci sont apparus dans le Système solaire, nul n’a le droit de poser des questions sur l’existence du Peuple des Arteriens, disparus sur une planète aride de vies.
Nul n’a le droit de répondre à ces questions, parce que pour le Régime d’Otark, ce peuple a disparu volontairement. Dans le plus risible de la partisannerie d’un Régime militaire archaïque, leurs supporteurs, en blague, parlent plutôt d’une marche de santé sur une planète désertique.
À quoi bon en parler? Car, rien ne sert d’en parler, ils n’ont jamais existé. Des millions d’individus ont disparu étrangement et l’incapacité du Régime d’expliquer cette disparition, hormis par des sinistres blagues, me donne l’idée d’une autre perspective.
Dans une consonance risible et minime, Otark ne représente pas l’effigie d’un autoritarisme militaire, mais d’un totalitarisme qui camoufle génocide et atrocité s’accordant à un nationalisme primaire et changeant. Qui sait quelles seront leurs prochaines cibles? » Jetant la tablette vers ma position avec colère. Je peux vérifier les sources, si j’en suis tentée, mais je le regarde simplement avec impassibilité.
« Alors, pauvre cruche? Il est écrit où que vous pouvez inviter un opposant, que dis-je, un terroriste voulant l’effondrement de votre plus grand allié? »
Son gestuel colérique fait ressentir cette rage intensive et irréfléchie de sa politique. Restant toujours aussi calme, je le regarde avec quiétude. Cette représentation de supériorité leur plaît et leur domination dans la Région me fait toujours craindre le pire. Notre peuple, minimalement alliée avec Belgrum, le retient peut-être de suivre le chemin de l’extermination et de l’oubli. Nul ne veut un froid entre Egoria et Belgrum, surtout vu les forces Sismantistes qui créent plus d’union que de division par leur envie expansionniste.
Quoi que sont les prétentions d’Egoria ou d’Otark en général, il suffit d’explorer leur tendance à devenir plus extrême et plus soutenu lorsqu’un évènement les dérange. Ayant lue et retracée une partie de l’Histoire des Galaxies Connues, il n’existe jamais une seule motivation valable pour un génocide, bien que cela se ressemble bien entre chacun des réalisateurs de ces sinistres projets. L’ennemi intérieur et majeur façonne souvent nos craintes pour les condamner dans sa totalité. Si Otark est allié avec Egoria, et si le Kuristan est protégé parfois par les politiques de Belgrum, les Arteriens étaient uniquement protégés par une bienveillance qui devrait être naturel pour tous.
Malheureusement aucune politique et aucune bonté n’avaient porté attention à ce droit essentiel. Personne ne s’est jamais soucié des Arteriens, hormis les regrets du pire après la disparition de millions d’êtres et d’une culture plurielle. Au début, je me souviens de la première excuse des Arteriens du Régime Militaire, avait prétexté que ceux-ci n’ont jamais été des éléments sûrs, ayant des liens avec une idéologie séparatisme pour s’allier à l’UST contre le Consortium des Kéral. Au monopole du pouvoir et même des médias intérieurs, il est facile de contrôler les informations sur un peuple, maintenant non-existant dans les données actuelles.
« Que je me souvienne, la définition du terrorisme est la violence physique pour une cause et non d’avoir une opinion quelconque dans un média. Oscar a le droit à son opinion, non? Sans faire un amalgame entre Egoria et Otark, ce n’est pas vous qui parlait de la démocratisation de notre système après la Sécurisation des systèmes solaires voisins? Et dans cette démocratisation, il n’existe pas de liberté d’expression et de la liberté de presse? »
Je garde mon calme devant cette colère, en argumentant uniquement avec les promesses convenues entre l’Alliance des militaires d’Otark et le Régime d’Egoria. Cette forme de discussion doit lui déplaire, comme elle doit déplaire aux Anciens, mais je me demande parfois comment on s’offusque autant à se servir des accords oraux ou légaux pour défendre un point de vue. Si notre culture est loin des institutions légales de Belgrum ou d’Asthar, on s’en approche énormément par nos interprétations démocratiques.
Yémal Hourilan connaît ma réputation, il a toujours désavoué le choix de Khemp de m’avoir élue comme Guide. Ma vision l’horrifie, parce que dans un sens, cela va au contraire même de la Nouvelle Culture, promue par les militaires d’Otark. Dans l’ensemble, malgré les différences de religions par planète ou encore par Cité, on était tous pratiquement d’accord de préserver notre spiritualité convenablement. Les Arteriens ont été souvent mal perçus par plusieurs fondamentalistes bien avant à la nouvelle Révolution militaire. Cependant au changement de Régime, leurs politiques se sont nationalisés et même essentialisés pour rentrer dans une zone de vérité, impossible à remettre en doute. Cette vérité rentre facilement en contradiction avec la majorité de la population et des cités, ayant signés précédemment le Traité de Consortium des Kéral, les provoquant à chaque différence avec leur idéologie militaire.
Percevant le tact de ma réponse, Yémal me lance juste un regard rempli de haine envers le raisonnement de mon argumentation. Il ne me relance pas dans ce sujet, mais le connaissant, je sais très bien que c’est loin d’être terminer avec lui.
« Comme tu le désires, Medria. Mais bientôt, je promets que ton mésestime envers la cause de Kéral va te causer beaucoup de problèmes. Cependant, je ne suis pas venu uniquement par l’invitation de ce démagogue dans ta Cité… »
Pianotant devant le tableau de bord, son haleine fétide d’alcool se fait sentir lorsque son grand sourire hypocrite s’affiche. Il a peut-être trouvé une nouvelle solution miracle afin de se débarrasser de nous. Les cartes graphiques, montrant lunes et planètes habitées de notre système s’affichent pour se lancer dans des chiffres approximatifs, variant entre centaines et millions, me faisant surtout penser aux chiffres pour des vaisseaux militaires ou de transports, et de soldats disponibles.
Confirmant cette thèse, je vois le système solaire voisin : Alia-1 où ils visent logiquement la station pirate du secteur, la planète Tadeus et la lune Gariom. Malgré la supériorité numérique des approximations, je commence à douter de ces mesures.
« Vous voulez qu’on passe à l’attaque? » Demande-je en voyant la simulation militaire de la carte virtuelle. « Oui. Vous doutez peut-être du bienfait de notre Régime, mais on a fait une promesse de stabilité dans la Région et cela doit se faire le plus rapidement possible. » Faisant reculer la simulation pour me diriger vers la planète de Tadeus.
« Je ne suis pas en opposition à votre idée de stabilité, je trouve même que c’est une bonne chose en réalité. Cependant, il nous faut une bonne tactique avant de foncer vers ce système et malgré vos chiffres, je doute de vos informations. Tadeus est une planète protégée par des drones de défense d’anciennes civilisations… » En agrandissant la carte, on voit bien l’absence de cette information dans les données d’Otark. « De plus, je crains que vous sous-estimiez les chiffres des escouades de mercenaires sur le territoire. Il ne faut pas oublier que Tadeus est l’une des anciennes capitales de la Suprématie de Yogrom, où leurs pratiques eugéniques ont renforcé les espèces modifiés sur leurs planètes respectives. Ils sont bien plus puissants, forts et résistants que nous. Ils n’ont même pas besoin de manger pendant un mois, ni de boire. Cet avantage tactique nous diminue dans une guerre au long-terme… » Je lui fais remarquer, parce que si on rentre sur Tadeus, une guerre d’usure sur chaque planète va être au rendez-vous.
« Je ne vous demande pas de passer à l’attaque… » Me réplique-t-il avec une sévérité, malgré la diplomatie que je lui propose. « Excusez-moi? » Réponds-je.
« Je ne vous demande pas de passer à l’attaque, je vous demande de mourir. » Incrédule, je le regarde abasourdie par ces propos complètement hallucinants. « Vous perdez votre temps depuis trop longtemps, à suivre vos rythmes et vos traditions. Maintenant, il est le temps de gagner votre autonomie dans une vraie guerre. Une tonne de personne va mourir dans ce combat, parce que c’est ça la guerre, pauvre crétine. Et j’espère sincèrement qu’après ce conflit, je vais pouvoir discuter avec une Guide plus raisonnable que vous… »
Je me mets automatiquement sur la défensive, mais je ne peux pas le cacher que cette dernière déclaration vient de m’enfoncer un peu. Ma voix baisse un peu de ton, se trahissant un larmoiement à travers ma réponse. Je lui réplique que je dois en faire une consultation publique et aussi en parler aux Anciens. Il voit cette faiblesse, parce que mes épaules et mon visage ont changé devant cette demande outrageante. Pourquoi je suis dans un tel état? Parce que je crains, que malgré tout ce que je vais pouvoir dire, tant dans l’Assemblée que dans le Conseil des Anciens, on risque d’accepter cette idée complètement folle.
Quittant le vaisseau de Yémal, où le mélange de tristesse et de colère, me fatigue encore plus. Je fais signe à l’un de mes conseillers de s’occuper d’Oscar Hemingway avant de partir vers ma maison. Plus tard, j’envoie un message à ce conseiller pour lui demander de faire partir Oscar dès ce soir. Je dois essayée de me reposer avant de dormir, car ce stress m’envahit complètement. Depuis une année, on dirait que tout va contre dans les recherches politiques du dernier vote de notre génération. L’ouverture, tant désirée, se renferme automatiquement par n’importe quel évènement. Peut-être que mon arrogance et mes arguments ne plaisent pas, mais lors de la nomination du Guide, tous ont vanté ces talents.
Même les Anciens ont donné leurs bénédictions, mais lorsqu’il faut changer une seule politique, on retombe totalement dans le traditionalisme des valeurs. Durant un conseil des Anciens, un changement semble synonyme de recul. Ils reviennent automatiquement sur les vieilles pratiques pour rebouter les nouvelles tendances ou les politiques modernes dès qu'une nouvelle proposition est prononcée.
Je me couche vers 18h00, morte de fatigue par une nouvelle journée lamentable. Aucun cauchemar ne m’accompagne, il me suffit de penser au demain pour me faire vivre une hantise. Quelques heures plus tard, je ressens la chaleur du corps de Brose m’enserrer. Tremblant par une petite frousse, je ne lui dis qu’une seule phrase :
« J’ai tellement peur. »
À contre-courant des méthodes ou des valeurs, croyante dans ma spiritualité ou d’être une nouvelle voie de politique chez les jeunes, ces aspects commencent à s’effacer. M’endormir réellement est difficile. Peut-être que je vais repousser la consultation publique et la réunion avec le conseil la semaine prochaine pour avoir les idées éclaircies.
J’ai réussi à dormir. Cette épreuve de force m’a plongé enfin dans une somnolence d’une demi-journée. À mon réveil, l’énergie est de retour et je suis encore soulagée de ne pas voir les formes illogiques s’inviter comme la nuit dernière.
Mon mari est déjà parti à mon réveil, me permettant peut-être de réfléchir pour moi-même. Lisant quelques prières et des livres de l’extérieur, cette journée va peut-être me permettre de me retrouver. Je pense que je vais leur annoncer demain la proposition militaire d’Otark, et lancer les consultations publiques la semaine prochaine. Aujourd’hui, je dois restée en dehors des débats politiques pour me ressourcer. Refaisant mes prières, profitant d’une journée exceptionnellement calme pour cette journée, je ne reçois aucun message. À un moment, je reçois le message de l’un de mes conseillers autour du départ d’Oscar.
Je suis soulagée, car oui, j’avais peur pour lui. Avec les militaires d’Otark aux alentours de notre Cité, j’ai connu des histoires assez morbides autour de la disparition de plusieurs journalistes en opposition au Régime en place.
Puis, un second message arrive dans ma messagerie. Ce message me sort de mon calme journalier, parce que je le perçois encore comme une manœuvre politique d’Hita et de Yémal. J’ai reçu la confirmation de mes conseillers d’une réunion des Anciens, sans ma permission, dans la soirée. Ce sabotage politique est perceptible pour ma part, ils veulent me prendre par vitesse pour éviter que je parle aux jeunes factions. Est-ce que je dois m’avouer vaincue? Même si Yémal réussit à convaincre les Anciens, je reste la seule à pouvoir permettre la martialité de notre culture pour envoyer des soldats.
Même si je perds mon image devant les Anciens, ils ne peuvent encore rien faire dans des actions concrètes. Repassant mes habits d’honneur, je remets doucement mon diadème et mon collier familial.
La marche est lente vers le Temple des Anciens, ressentant une pression et une obscurité, m’accompagnées. Comme si la géante gazeuse voisine, se transformait par la lune rouge corrompue de mes cauchemars. Comme si les fondations de nos bâtiments se retrouvent avec des os et une chaire répugnante. Comme si les rares citoyens se promenant dans les longs couloirs de notre ville, deviennent des ombres et disparaissent. Cette double-sensation entre réalité et angoisse me bloquent spirituellement.
Montant doucement les escaliers pour ensuite passé l’entrée du Temple des Anciens, je vois la douzaine de conseillers en face bien sûr de Hita et de Yémal. Comme prévu, ces deux décideurs vont encore parler de la guerre afin de favoriser les grands-parents à soutenir ce conflit. Je me prépare donc mentalement, non à être contre cette attaque, mais pour étudier l’ensemble des facteurs avant de prendre notre décision. Ainsi, je ne favorise aucune position pour mieux combattre l’avis militaire après.
« Tu sembles un peu fatiguée, Medria. » Dit assez fort Yémal en regardant les cernes de mes yeux. Il cherche encore à me décrédibiliser devant une partie des êtres que je dois représentée. Je ne doute pas de la défaite devant cette génération, car pour eux, je suis déjà dépassée.
« Je ne savais pas que dans une démocratie, on pouvait faire une session du Guide sans la permission de celle-ci… » C’est ma seule critique contre Yémal et même contre les Anciens. Cette information, je vais pouvoir le reprendre plus tard si certains deviennent trop virulents pendant la consultation publique.
Hita commence à se mettre en face de moi, avant de se retourner vers les Anciens. « Hélas, je vois que Medria est même incapable de lire le communiqué officiel autour de cette réunion… » Je l’interromps immédiatement par cette insulte. « Oui, sur la guerre, je le sais… » J’ajoute cette remarque rapidement et peut-être d’une manière irréfléchie.
Les ricanements moqueurs sont plusieurs à faire écho dans le temple. Il est vrai que je n’ai pas lu la totalité du message et cela doit faire partir de ma plus grande erreur. Silencieuse. Je ne change pas de posture en entendant les rires ou encore en voyant les énormes sourires de Yémal et d’Hita. Puis, je reconnais ce regard d’Hita, m’avisant de sa malveillance prévenue à notre dernière rencontre. Elle voulait sa vengeance contre moi, et bien avant que le tout commence, je comprends qu’elle a déjà gagné. Je passe une main dans mes yeux pour enlever une larme qui était en train de se former. Ressentant la pression autour, je vois déjà deux Anciens partir. Ceux-ci n’ont pas commencé à ricaner et malgré que ces deux conseillers aient toujours eu du mal à me soutenir mes projets, ils sont capables de faire un effort autour d’un compromis. Dès qu’ils ont vu cette larme, ils ont reconnu l’hypocrisie de cette session.
« Nous ne sommes pas ici pour parler de la guerre. Nous sommes ici pour parler de la destitution de notre Guide Ahma Khemp Flam Medria. » Je bondis sur place en entendant le sujet de cette session, fixant Hita par ces remarques complètement insensées. Jamais un Guide ne s’est fait destitué avant aujourd’hui. Il existe bien des directives dans notre Cité autour de cela, mais c’est souvent pour la folie ou encore à cause une maladie soudaine. Il arrive au Conseil des Anciens de choisir un Guide intérimaire par la mort du leader, mais jamais on est arrivé à une destitution. « Ici, présent, l’Amiral Yémal Hourilan veut témoigner de sa dernière rencontre avec notre Guide. »
Anéantie est un faible mot pour décrire ma situation. Mon visage casse toute neutralité devant la session ouverte par Hita. Yémal commence donc son témoignage contre ma personne. « Conseil des Anciens, je suis honoré d’être présent dans une cérémonie aussi importante autour du pouvoir de Khemp. Ne voyez pas une intervention contre la Guide, parce que oui, je respecte énormément Medria. Je l’ai vue grandir, je l’ai vu devenir une femme et je l’ai surtout vu devenir la voix d’une génération. L’année passée, elle a été élue par vous et par votre peuple, et je crois que c’était le meilleur choix pour Khemp à cette époque.
Malheureusement, ma dernière rencontre a été un peu laborieuse avec celle-ci, et même dégénérative. Medria, comprends-moi… » Dit-il en me regardant dans mes yeux, accompagné d’un faux air de compassion. « Je ne suis pas ici pour te condamner, et je crois sincèrement que nous sommes tous ici pour t’aider. Tu es rendue extrêmement instable et le rôle, que tu possèdes, n’est peut-être pas pour ton âge. Tu as bien trop de responsabilités sur les épaules pour être une Guide compétente à cette époque aussi compliquée.
Je vais ignorer le fait que Medria a eu l’impolitesse de chercher des informations secrètes sur mon tableau de bord, mais bien de la crise s’approchant de l’hystérie lorsque j’essayais de lui parler sincèrement des futurs plans pour notre Consortium. Tu étais incapable d’articuler un seul mot sensé, me faisant penser à cette décomposition mentale que tu subies tous les jours.
Je vous déplore d’aider cette gamine à se retrouver dans un rôle qui peut vraiment la rendre heureuse, elle en a grand besoin. »
Je sens la chaleur de mes larmes coulées sur mes joues, non par ce discours moralisateur et faux, mais bien parce que les Anciens ont commencé à prendre des notes. Ils prennent vraiment le discours de celui-ci au sérieux. Hita commence à me regarder, avec son attitude provocatrice habituelle.
« As-tu une défense à faire valoir contre ces accusations? »
L’eau dans mes yeux se gonfle et pendant un petit moment, je crois qu’Hita se rends compte du mal qu’elle me fait. Elle revient cependant rapidement la vieille femme manipulatrice, faisant disparaître sa bonté en se tournant vers le Conseil.
« Si Yémal Hourilan dit vrai, il doit avoir les enregistrements audio et visuels dans son vaisseau. Je demande donc la diffusion de ces preuves. J’avoue avoir été curieuse sur une information de sa carte galactique sur son tableau de bord, mais si on fouille dans ses archives, la seule donnée que j’ai recherchée… c’est une planète largement extérieure à notre système. Je voulais juste vérifier une curiosité de l’un des ouvrages que je lisais récemment… »
La formation de mes phrases est lente et parfois inefficace. J’ai perdu ma combattivité d’avant me retrouvant encore piégée dans l’exécrable situation qu’on vient de m’engouffrer.
« Désolée, je pense que tu as vu trop d’Anno-films, nos vaisseaux n’enregistrent rien. De plus, on ne fouille pas dans un tableau de bord, même par curiosité et surtout sans la permission du commandant. »
« Est-ce que la curiosité est un crime si démesuré pour apporter une destitution? »
Cette réplique me vaut encore un regard assassin de l’Amiral Otark.
Ma défensive se fait notée par les Anciens participant ainsi à l’improvisation d’un procès de mon Règne de Guide. En une année, tous mes efforts se retournent contre moi. Je soupire encore en essuyant les larmes sur mes yeux et sur mes joues. Non, ce n’est pas pour faire pitié, c’est surtout par toute la rareté de la haine viscérale qu’Hita a établi contre ma personne. Mon père m’a toujours dit que les Anciens sont surtout choisit par un traditionalisme radical, revendiquant changement, mais reculant à chaque fois qu’une personne propose quelque chose de neuf.
C’est pire de ce qu’il disait. Avec ce procès, ce n’est pas juste un recul, mais une renonciation complète des autres discours, c’est le rejet d’une vision opposée. Si Hita ne témoignage pas, cela risque d’être très maigre comme preuves de mon éviction. J’attends donc la suite, regardant piètrement le début d’un nouveau témoignage quelconque.
J’entends cependant des pas de pieds en arrière de moi. Doucement, je reconnais facilement cette démarche, tournant rapidement mon visage, je vois Brose, mon mari.
Durant une seconde idéalisée par ce spectacle cauchemardesque, j’ai rêvé d’une alternative, d’un support et surtout d’une compassion envers ce que je suis. Rêveuse durant mon enfance et durant mon adolescence, tout ce sentiment, toute cette montagne d’émotion et toute cette énergie me font tombés dans une fausse seconde de joie. Je comprends toute suite ce que Brose fait ici. Découpant toute notre relation, tuant l’essence même de notre confiance et de notre amour, son dévolu est jeté dans un jeu politique sinistre. Je me retrouve dévorée par l’un des seuls êtres que j’aurai absolument tout fait pour son bonheur. D’un rictus de tristesse, je pose ma main devant ma bouche pour commencer à sangloter. Sa présentation formelle coupe mes sanglots pour ensuite s’ouvrir vers cette coupure venimeuse.
« Depuis les trois dernières semaines, l’état spirituel de Medria est déplorable. Je ne peux pas vous dire si elle est touchée par la folie ou par ces pêchés, mais plusieurs de ses comportements me font pensés à un mental détruit par la charge du travail. Elle s’est peut-être corrompue avec le temps, vu toutes nos disputes autour d’écouter les gens à place de faire selon son unique avis. Le pouvoir monte souvent à la tête, et à notre âge, nous ne sommes pas prêts à affronter ce type de dé... »
Il n’a pas eu le temps de finir son témoignage. Arrachant le Husium de mon collier, je le lance directement sur son visage. S’ensuit l’outrance extrême pour le Conseil des Anciens, j’enlève sans une once de respect mon diadème avant de le lancer sur Hita. Déchirée, je quitte le Temple des Anciens en pleurs, détruite comme ils l’ont voulu depuis le début. Toute cette culture, toute notre spiritualité, toute notre jeunesse et tout notre héritage s’éteignent dans mon cœur. Je me sens littéralement agonisée sur place.
Assez loin du Temple des Anciens, je m’écroule pour encore fondre en larmes. C’est un vide que je ressens, un vide spirituel et relationnel, qui viennent s’installer en moi. Devant cette profonde détresse, une voix grave et étouffée me réveille de cette torpeur. Regardant dans le ciel, la géante gazeuse est remplacée par un énorme œil de reptilien, profitant de ma détresse pour encore plus me vider.
« Personne ne t’a jamais soutenue. »
L’obscurité accompagne cette voix déformée et grave. Soutenu et répété depuis les deux dernières nuits, je n’ai jamais eu besoin de cauchemar, les ténèbres sont déjà au rendez-vous pendant que j’étais éveillée. J’arrive cependant à la fatalité de cette conclusion morbide de cette réalité répugnante. Je commence à dessiner avec mes doigts sur le sable, la planète et ses deux lunes. Je connais encore son nom, je m’en souviens d’après le visuel du tableau de bord du vaisseau de Yémal. Regardant cet œil imaginaire et vicieux, je lui hurle encore en larmes, avouant ma défaite :
« Je vais venir!! »
Parfait. Au début de l’histoire, j’étais un peu perdu. Tu mets beaucoup d’emphase sur le monde Ahma, tu cherches à nous le faire découvrir et cela est excellent. Où j’ai eu de la difficulté, c’est d’embarquer dans les mentions.
Par exemple : Empire Romens, religion Ishma, planète Ottamaik, jeunes-Otark, le conseil des anciens, ishimiistes extrémistes, guide de Khemp, (Temple du guide), roi des feu-rouge, roi d’origorn, etc. C’est beaucoup trop d’informations nouvelles pour mon cerveau que je n’ai pas eu le temps d’assimiler. Une explication s’imposait pour que je comprenne mieux l’univers.
Par exemple, Belgrum nationale a bien été présentée, tu l’as parfaitement bien intégré à ton texte pour qu’on puisse comprendre.
Ensuite, beaucoup de politiques dans ce chapitre ! c’est génial, mais ça m’a un peu bloqué dans le déroulement de l’histoire. Surtout au début. Sincèrement, il n’y a rien de mal là-dedans, c’est juste que je voulais comprendre, mais avec tous les noms, thèmes, rôles, planètes qui ont été énoncés ça m’a un peu brouillé.
J’ai beaucoup aimé les descriptions que tu as faites lorsque tu parlais du collier de Medria ainsi que de sa signification. Cela prouve que tu as le souci du détail et ça ne peut qu’aller à ton avantage.
Si je peux ajouter, cette explication aurait dû être la même pour ceux que j’ai énoncés plus haut, pour comprendre l’univers, je pense.
C’est excellent l’interaction entre Medria et oscars ! Ça nous fait mieux comprendre le monde d’Ahma.
J’ai bien aimé l’interaction entre Hita, Yémal et Medria ! Très politique, pourtant, la tension qu’il y avait m’as tenu captivé ! J’ai adoré (surtout moi qui n’est pas admiratrice de politique, tu as réussi à m’atteindre dans les émotions).
Brose, la… un vrai connard.
Medria, la… une vraie sensible.
Et la fin, je n’ai pas trop compris pourquoi son rêve se confondait à la réalité. Pourquoi est-ce qu’elle voyait l’œil reptilien ? Est-elle en plein choc ?
c’est tout pour moi ! Bonne continuation ! <3
Merci pour ton retour.