Il aimait réellement la toxine. Il adorait la façon dont elle le regardait. Il adorait l’effet qu’elle produisait sur son corps. Par sa façon de s’habiller. D’onduler. De se mordre les lèvres. Ou de mordre les siennes. Il était le centre de son monde. Elle n’avait d’yeux que pour lui. Et de pensée pour personne d’autre. À travers elle, il se voyait toujours plus beau, plus grand, plus fort. Il se sentait exceptionnel. À ses yeux, il ne pouvait pas être autre chose. Quoi qu’il fasse. Quoi qu’il dise.
La toxine n’avait fermé aucune porte. Cadré aucune relation. Au premier instant de l’amour, elle lui avait donné d’autres moyens d’oublier le flou. Elle lui avait montré comment la souffrance pouvait être plus douce sous anesthésiant. Et combien d’anesthésiants il pouvait exister. Autant de poisons. Alors il s’était laissé tomber amoureux. Sans craindre le drame. Sans craindre le trouble. Sans craindre le désordre.
Il aimait réellement la toxine. Parce que, quelles que soient les souffrances qu’ils se causaient, ils s’anesthésiaient assez pour les oublier. Par amour ou par injection.