Cet ouvrage est le journal intime d’un jeune homme de nationalité française nommé MARTIS Préhensio, âgé de 11 ans, résidant anciennement dans la commune de Sainte-Fraternité et arrivé au centre le 18/11/17/5. Lors de la récupération de l’objet par l’agente AGF666 le 20/11/17/5, le jeune MARTIS a tenté de lui ouvrir les veines avec ses dents en s’exclamant « nique l’État ». L’agente est parvenue à le maîtriser et à lui administrer un puissant calmant.
RAPPEL : Le jeune MARTIS a été transféré au Centre pour agressions physiques, et pour corruption sociale. D’après les professeurs du Collège National de Sainte-Fraternité, les individus que MARTIS a agressé seraient responsables de la corruption sociale de ce dernier par harcèlement physique et moral. Ceux-ci ont également été transférés au Centre pour ces mêmes raisons.
L’agent AGMS15 avait constaté la présence de l’objet en possession du jeune MARTIS le 18/11/17/5 à 8 heures 36 du matin. Après consultation du conseil du Centre, il a été décidé de lui laisser l’objet. Sa mémoire, et donc ce qu’il pourrait potentiellement écrire à l’intérieur lors de son arrivée au Centre, permettrait peut-être de mettre en lumière les évènements qui ont amené à son arrivée au Centre et son état psychologique.
L’analyse du document ainsi que le constat de son comportement permet de mettre en évidence une grande déviance psychologique pouvant nuire aux bonnes mœurs et à la sécurité des citoyens, ainsi qu’une possession de vocabulaire interdit selon l’article 198 alinéa 10 de la constitution française sur l’utilisation des mots à connotation non positive.
Possibilité de réintégration sociale mention jeunesse écartée pour cause de déviance psychologique profonde et incurable. Le rendre à la société pourrait porter atteinte à cette dernière, car le vécu de Monsieur MARTIS est bien trop dangereux et ne doit être ni ébruité ni répété. De plus, son comportement pourrait porter atteinte à d’autres individus.
Au nom du conseil des centres des réactifs non-conventionnels, je valide l’envoi du jeune MARTIS dans une chambre de repos et de reconstruction sociétale par respiration différée. La police veillera à rayer son nom de la liste des citoyens vivants à Sainte-Fraternité affichée dans la mairie. Ses parents seront également mis sous écoute et surveillance accrue.
Commandant CGF3
Fait le 20/11/17/5
Autorisation de récupération de l’individu, officiellement mis en état de repos stratégique perpétuel voulu mention gestion des ressources vitales et familiales, refusée.
Résidence actuelle de MARTIS Préhensio : Fosse Commune du Centre Tortio
Gestionnaire GGM69
Fait le 25/11/17/5
Document provenant des archives du Centre Tortio des réactifs non-conventionnels
Oui, je suis bien conscient que la dérive du narrateur aurait dû se faire de manière plus longue et progressive, mais je n'avais pas pour projet de m'attarder tant que ça sur ce projet. J'ai l'idée de réécrire cette histoire (ou du moins dans la même univers) de manière plus posée et longue afin d'apporter ce qui manque cruellement à cette petite nouvelle.
Du coup, effectivement, l'idée de reprendre le thème et de l'approfondir en mode roman serait je crois une bonne idée car il y a de quoi faire avec ce monde!
Bravo pour ton écriture en tout cas!
Oui, c'est ce que j'ai pensé aussi, mais comme c'était une courte nouvelle je ne voulais pas trop m'attarder non plus. C'est en partie pour ça que j'avais comme projet d'en faire un plus long, pour que le changement soit à peine perceptible d'un jour à l'autre.
Bon, c'est pas mon projet d'écriture du moment, mais j'espère pouvoir le faire un jour ^^
Alors que dire ?
D'un côté, positif, tu es allé au bout du concept, tu n'en a pas varié, tu as donc été fidèle à l'idée de départ et cohérent. L'histoire se tient, je n'avais pas imaginé que ce serait uniquement une nouvelle (ça va être mon deuxième point) mais à histoire abrupte, final abrupt, à contexte de grande violence (humaine, à la fois suggérée, celle de la société, et montrée, celle du personnage principal), final violent (administratif, et donc froid). Les oppositions induisent une colère chez le lecteur, et donc... suggèrent une suite !
D'où l'autre côté : un certain étonnement et une certaine frustration. Alors bien sûr, laisser le lecteur sur une fin qui suscite un émoi, ne signifie pas obligatoirement que cet émoi doit être pris en charge par un chapitre suivant, par un tome 2, par une saison 2... Mais ce qui est étonnant c'est que cette fin arrive vraiment sans qu'on s'y attende (d'ailleurs, tu l'anticipes car tu précises toi-même dans le préambule du dernier chapitre que c'est le dernier !)... Face à toute cette construction (le langage, le décor, le contexte) on presque envie de dire "tout ça pour ça ?". J'avoue même que la première impression qui m'est venue en constatant que ça se finissait comme ça d'un coup, ça a été "il n'a pas su quoi faire avec tout ce qu'il a mis en place", comme si tu avais préféré "casser ton jouet" tant qu'il est encore neuf et en bon état plutôt que de risquer d'en faire un truc qui t'aurait (peut-être) déçu. Mais je me trompe sans doute, je ne prétends pas que cela reflète la réalité, je souligne simplement le fait que ce final très inattendu intrigue.
Cette fin était présente dès le prototype, et donc préparée. Dès les premiers mots, je savais où je finirai. Sa brutalité était parfaitement voulue et elle a pour objectif de susciter une réaction non moins violente chez le lecteur. Je me suis inspiré des histoires tragiques du 20e siècle (URSS, Allemagne nazie). Chaque élément perturbateur pour le système est écarté, puis détruit (ça inclut la censure des livres présents plus tôt dans la nouvelle). Sa famille est désormais surveillée, et on se doute bien qu'au moindre écart, qu'à la moindre manifestation d'un sentiment de révolte, ils subiraient le même sort. Ils sont donc impuissants, l'histoire de ce jeune garçon n'aura pas de suite et sera noyée parmi toutes les autres histoires de tous les autres captifs.
Je comprends que mon histoire semble (trop?) brutale et que ça en devienne dérangeant, mais je ne l'ai tout simplement pas imaginée autrement.
La fin abrupte était très juste et adaptée. C'est une nouvelle, ça prend le format que l'auteur lui donne, c'est ok.
Là où je trouvais que ça allait un peu vite, c'était dans le processus de destruction psychologique de l'enfant lors de son entrée dans le centre. Plus au niveau de la construction/transformation du personnage, qu'est ce qui le détruit finalement ?
Le propos dans cette histoire est la restriction lexicale dictatoriale de cet univers, mais aussi la violence et la peur omniprésente dans le monde des adultes et des enfants. C'est très juste par ailleurs que les agresseurs aient été puni de la même façon que le héro de l'histoire, c'est cohérent, avec une forme de justice foireuse, mais une justice quant même.
Mais du coup, la personnalité de l'enfant, ce qu'il représente dans cette histoire, Préhensio, c'est une victime d'un système malsain, et la conséquence d'une dictature de la bienveillance. Il est la conséquence. Mais finalement, le fait qu'il se transforme en monstre dans cette cellule à cause de la violence pure et injuste, par un manque de communication, ne me permet pas de rentrer en empathie avec lui à un certain niveau.
Certes, on s'attache à lui grâce aux premiers chapitres, et ça nous déchire le cœur de le voir sombrer, mais sans montrer les valeurs qui le tiennent debout depuis le début, ces mêmes valeurs qui devraient être trahi et qui devraient le faire sombrer, nous finissons par ne plus le considérer comme le personnage principal, car il n'est plus que victime de cette histoire, et dans un certain sens : passif. C'est difficile de représenter des valeurs cohérentes dans un monde qui est très aliénant pour nous lecteurs, mais sans doute pour toi aussi. Mais au final, un enfant de ce monde,, ressent il de l'amour pour ses parents ? Cela dépend de la manière dont il a été élevé. A t il été aimé, voire même a t-il reçu de l'amour ? Sans doute à un certain niveau. Dans ce cas, la trahison d'être privé de ses parents lors de son entrée dans le centre pourrait être mieux retranscrit. Peut être même qu'il aurait pu voir le visage horrifié de ses parents face à son acte, voire de l'indifférence, lui révélant que sa structure familiale-rassurante, sa maison, sa source d'amour va lui être retiré, et qu'il est devenu véritablement seul, voire qu'il l'a toujours été. Sans ce cadre de sécurité et d'amour, il va être parachuter dans un lieu de haine, de peur et de bêtise. Ce changement de cadre peut le traumatiser assez pour le rendre fou. Cela dépend entièrement de ce que tu veux lui donner comme personnalité, mais le fait de faire passer un de tes personnages par un processus de métamorphe, implique d'expliquer ce qu'il était, ce qui l'a détruit, et comment se reconstruit-il, et pourquoi. Le pourquoi reste l'idée que tu essayes de faire passer : un monde dénaturé a pour conséquence de blesser ceux qui l'habitent. Mais un personnage représente un concept avec une personnalité, et cette personnalité doit être cohérente (ce qui l'est dans cette histoire et dans ta tête) et utilisée comme une outil pour faire vivre de l'empathie chez le lecteur, ce qui est possible lorsqu'elle est compréhensible (et ce qui ne l'est pas clairement dans cette histoire, car tu fais passer cette transformation comme une représentation de la folie, mais cette folie est beaucoup plus marquante quand tu expliques les processus d'une destruction de la psyché, par étape.)
Le dernier chapitre est très bien, la lumière se fait par un personnage neutre représentant l'autorité aveugle et corrompu, l'action n'est plus qu'administrative, ça représente parfaitement ce monde.
Ce qui pousse Préhensio à changer est cette folie sociétale qui lui provoque une folie intérieure, mais le lecteur n'arrivera pas forcément à comprendre ces étapes, qui sont claires dans ta tête, qui sont intuitives dans ce texte, mais qui sont mal expliquées par Préhensio. Et Préhensio est le personnage principale de ton histoire, il a donc voix au chapitre.
Ensuite, c'est franchement difficile d'expliquer ça avec autant de restrictions : le vocabulaire est épuré par l'état, Préhensio est un enfant, le média est un journal, et la propos est un passage dans la folie. C'est lourd à écrire, mentalement et psychologiquement (donc bien ouèj pour avoir obtenu un très bon résultat pour une première histoire, assez impressionnant), et en plus d'un point de vue technique, il faut vachement rusé pour obtenir un résultat qui rende le tout crédible et organique.
Je suis sûr qu'en continuant à écrire, et en suivant des tutos d'écriture sur internet et sur des livres, tu arriveras à créer des histoires tout à fait fascinantes.
Continue comme ça, c'était un pur plaisir de te lire =)
Comme tu le dis dans ton commentaire, je me suis heurté à un obstacle évident mais que je n'imaginais pas avant de commencer : le vocabulaire interdit. Je me suis pas mal cassé la tête pour tenter de trouver des moyens de transmettre un sentiment négatif sans expliciter et en restant dans le flou. C'était un exercice difficile mais intéressant. Cependant, je suis d'accord avec toi, la folie arrive sans doute un peu trop brusquement, bien qu'il y ait quelques indices avant-coureurs. Je garde tes recommandations, et je m'occuperai de perfectionner un peu ces passages quand j'aurai le recul nécessaire pour pouvoir le faire efficacement (je vais laisser un peu d'eau couler sous les ponts).
Merci beaucoup pour ton commentaire, il est très constructif et ça me donne des pistes pour m'améliorer là où je ne suis pas au top. Je risque de pas mal retoucher du coup, je vais essayer de suivre la piste psychologique que tu mentionnes dans ton commentaire. Je te remercie également pour tes encouragements et pour avoir pris la peine de lire mon texte jusqu'au bout du bout.
N'hésite pas à retoucher ton texte ou repartir sur un autre, tu continueras à t'améliorer dans tous les cas.
Porte toi bien, et à bientôt.
Quelle tristesse xD
Non, sincèrement, le seul point négatif que je pourrais te donner à la fin de ma lecture est que ça a été trop court x)
Ecoute, si un jour tu veux te lancer dans un projet roman plus long se déroulant dans ce monde, je serai au rendez-vous (je l'espère, si je n'oublie pas... Me connaissant...)
Mais vraiment, un grand bravo, j'ai SURKIFFE
Merci pour ton soutien en tout cas, ça me fait chaud au cœur !
Après, je ne risque pas de commencer de sitôt, j'ai besoin de laisser tout ça refroidir et mûrir dans son coin. Mais je ne sais pas trop si je refais juste mon récit avec plus de détails et plus long ou si je raconte carrément une autre histoire dans le même univers (en prenant un point de vue différent). Je verrai en temps et en heure.
Et un (autre) grand merci à toi pour tes commentaires réguliers ! Je ne sais pas si tu peux imaginer la joie que j'ai ressenti à tous les lire x)
J'aurais bien voulu en savoir davantage sur ce qu'est cette "chambre de repos et de reconstruction sociétale par respiration différée."
Respiration différée, qu'est-ce donc au final ?
Pour le reste, je pense que c'est la suite logique à ton histoire, à cette rapide et irrémédiable chute.
Deux remarques :
1) Quitte à ce que du langage "interdit" soit autorisé dans l'administratif, à ta place, j'y serai même allée à fond : utiliser les vrais noms pour bien marquer la différence entre ceux du peuple, soumis aux lois dictatoriales du bonheur obligatoire, et ceux au-dessus, qui peuvent encore parler "normalement".
2) Il y aurait évidemment des retouches à faire pour cette nouvelle (ne serait-ce que de laisser plus de temps s'écouler, à travers, par exemple, les dates du journal) pour qu'on comprenne mieux le passage dans la folie, mais sinon elle est bien en l'état.
Je crois qu'elle pourrait faire un superbe prologue d'un roman, style dossier lambda qui en apprendrait beaucoup sur la société dans laquelle tes protagonistes évolueraient.
Voilà pour mes remarques, bonne continuation ! ^^
En ce qui concerne le langage, tu as raison, je ferai ça rapidement. Je me pencherai aussi sur les délais du coup.
Bonne continuation à toi aussi ^^
Le garçon est perdu, l'état gagne et la colère du lecteur augmente.
Bien joué.
A suivre :-)
Bruns
Un lecteur !