Pendant que Marlotte agonisait de son mal de mer dans la cabine, Gwidwyn, lui, restait résolument sur le pont du navire quitte à être trempé de la tête au pied.
Et s’il s'était vite aperçu que l’eau salée rendait son pelage rêche, leur cabine était si étroite et sombre qu’il avait l’impression de suffoquer à chaque fois qu’il y posait le pied. Elle lui rappelait un peu trop son transport dans une boite, droit vers son exécution. Et même si ça n’avait pas abouti, le lafloe préférait mille fois rester à supporter les durs rayons du soleil plutôt que de descendre rejoindre sa compagne de voyage en bas, ou plutôt il ne pouvait pas. Sa fourrure souffrirait un peu.
Et puis pour lui qui avait passé toute sa vie dans la jungle, le spectacle s’offrant à lui le fascinait. L’odeur salée se déposait sur sa langue, presque goûtable sur sa langue, si différent de l’amer et du sucré si familier à son palais. Le vent soufflant sans retenue avait quelque chose de magique. Il n’y avait aucun bruissement de feuille, aucun son ne trahissait la vie nageant sous ses pieds, seul le navire, le vent et les vagues comblaient le silence azuré. Lorem avait été verte, éclaboussé du brun des troncs et des couleur vive des fleurs et champignons, mais toujours sous couvert de vert, la mousse verte, les feuilles vertes, tout vert clair, vert émeraude et vert foncé, alors même si ça faisait déjà plus d’une semaine qu’ils naviguaient ces couches de bleu qui s’étalaient, se superposaient et se scindaient en deux, la vue le laissait ébahit. La nuit venant, tout s’assombrissait et le bleu laissait sa place à un noir profond percé par les lunes et les étoiles, et la mer cessait vaguement de s’opposer pour partager un ciel commun.
Au bout d’un moment, même face à ses incessantes questions, les marins avaient cessé de se préoccuper de lui et vaquait à leur occupation. Tant qu’il ne passait pas par-dessus bord ou ne se mettait pas sur leur chemin, il ne représentait pas une gêne, au pire un bruit de fond supplémentaire.
Il avait fait la moue, mais n’avait pas plus insisté. Son regard c’était de nouveau fixé sur l’étendue bleue et il s'était plongé dans d’autres réflexions. Notamment sur les Jumeaux, patron des philogistes, se demandant s’il aurait la chance de les rencontrer un jour. Sur les autres dieux dragons, sur toutes les nouvelles plantes qu’il allaient découvrir. Mais surtout, ils se demandaient comment le navire fendant les flots allait faire pour rejoindre les plateaux d’Ymaw, une série d’île gigantesque flottant à plus d’un millier de mètre haut-dessus de locéan, d’après ce qu’il avait entendu. Il verrait quand on y serait, lui avait-on répondu, ça ne le satisfaisait pas vraiment.
Un après-midi, le ciel se couvrit, annonciateur d’une tempête approchant. Gwidwyn resta, s’accrochant fermement au bastingage, les marins s’agitaient en tous sens dans un désordonné bien organisé. Ils fronçaient des sourcils, leur voix devenaient sèches et grondantes, mais plutôt que de laisser la peur les contrôler, ils se résolvaient à être le mieux préparé possible pour affronter la mer en colère.
Voir leur air déterminé rassura Gwidwyn, et quand l’un des marin lui aboya dessus de descendre ou de s’attacher il obtenpéra et s’attacha avec la corde donnée. Il n’avait pas envie de passer pardessus bord ni de devoir détourner leur attention quand ils auraient le plus besoin de rester concentré.
Les nuages noirs les dominèrent en un instant et bientôt le lafloe fut trempé, les vagues traversant le pont cherchaient à renverser le navire. La pluie qui s’abattait, semblait vouloir les noyés avant même qu’ils passent sous l’eau. Malgré le fracas de l’eau et celui du tonnerre qui c’était invité, la voix du capitaine retentissait donnant des ordres clair, que ses marins, parfois, anticipaient, comme mue par une pensée collective, cela était peut-être le cas. Du moins cela lui semblait être le cas quand sa vision et ses oreilles n’étaient pas submergé.
Entre deux éclairs Gwidwyn aperçu une silhouette survolant l’eau déchaîné. Il inspira, un autre éclair lui permit de voir plus précisément la petite carrure de la créature ailée qui fonçait droit sur eux. Inconsciemment il resserra ses pattes sur sa lanterne la pressant encore plus contre lui, deux larges ailes portait un corps dont la queue en faisait deux fois la longueur.
« ZEÏFGON !!!! »
Son hurlement résonna comme un coup de tonnerre aux oreilles et la seconde suivante tous coururent s’armer, priant que le navire résiste seul pendant ce court laps de temps. Nécessaire s’ils voulaient survivre, mais qui pouvait très bien leur coûter de couler.
Le bateau ne se renversa pas, et il allait se devoir se contenter d’un nombre réduit de marins pour le guider.
Le dragon se jeta sur le pont, les griffes de ses ailes traçant de profont sillon alors qu’il dérapait pour affronter de face ses adversaires. Gwidwyn ne tremblait plus de froid tout du moins, et même la tempête n’aurait pas réussi à le geler ainsi. Les écailles jaune et rouge, luisait sous l’éclairage de la foudre, mais c’était les yeux verts aux pupilles fendues qui brillaient le plus, le vice s’y lisait plus facilement que l’eau mouillait.
Le temps de trois battements de cœur tous les sons assourdissants disparairurent pour les passagers, leurs oreilles entendait, cependant leur esprit restait blanc, puis le zeïfgon rugit. Et tout s’enclencha.
Un premier marin bondit en avant, sa lance pointant le front du reptile, entre les deux yeux. Un autre fendit sur le côté pour percer le cou écailleux. Leurs armes ne rencontrèrent que le vide. Souple, le dragon c’était baissé et esquivé sur l’autre côté sans même s’éloigner de l’homme à la lance, au contraire il était même plus prêt encore. Ses pattes arrières le propulsa en avant et ses crocs déchirèrent la gorge de l’homme et il enchaîna aussitôt avec le second qui fut eventrés par les griffes d’une des ses ailes.
On lui tira dans le flanc, et d’autres marins se jetèrent sur lui, bouclier en avant pour se protéger de griffes et des crocs oranges et tranchants. Mais le dragon se baissa encore esquivant un autre coup tout en pivotant. Sa queue frappa comme un fouet les chevilles de plusieurs marins. L’instant d’après il arrachait la tête de l’un d’eux, ses pattes avant maintenant le torse contre le plancher alors que sa gueule se refermait sur le visage.
On taillada son ventre, mais d’un bond il se déporta, encore, entrainant avec lui un marin qu’il suffoquait lentement d’un étau inflexible avec sa queue. Il arracha une flèche, mais s’en prit une autre dans l’épaule.
Si les zeïfgons bien que faisant partie des petits dragons, ne dépassant pas le mètre cinquante, étaient connu comme la peste, mais surtout plus craint encore. Si leur paire d’aile, s’articulant pour leur offrir une paire de bras supplémentaire pourvu de trois griffes, ajoutait une arme que leur vitesse et agilité s’assuraient la mortalité, ce n’était pas la raison principale de la terreur qu’ils inspiraient…
Deux autres marins tombèrent mort, le dragon semblait sourire.
… Pas plus que leurs deux paires de cornes, dont une se recourbait derrière leur tête pour la protéger. Non…
Ses yeux pétillaient de plaisir et se posèrent sur Gwidwyn. Le lafloe écarquilla les yeux, les crocs tranchants du dragon se jetèrent sur lui, il sentit l’haleine sanglante… une masse noire propulsa le dragon au loin. Il hoqueta et les larmes se mirent à couler alors que tous ses muscles se relâchèrent. Marlotte, les babines retroussées, feulait et barrait le passage à qui voudrait l’attaquer. Puis sa fourrure ondula et son feulement tira un peu sur le grondement, les poils noirs rayés de bleu laissèrent place à des écailles et deux ailes-bras surgirent de ses omoplates. La koriph se transforma pour prendre l’apparence de son adversaires, si ses deux cornes frontales restèrent ainsi que ses boules de pollen lumineuse, le véritable dragon ne sembla en faire cas.
… Ce qui était terrifiant chez eux c’était que rien n’arrêtait leur soif de combat mortel…
Il se redressa, sa gueule se tordant dans un sourire et il trembla de plaisir à la vue d’un adversaire qu’il lui donnerait plus de fil à retordre. Les marins profitèrent que Marlotte attiraient son attention pour l’attaquer. L’un d’eux transperça la queue du zeïfgon d’un harpon la clouant sur le pont, un autre laccéra l’aile.
… Ni la peur ...
Marlotte elle c’était jeté sur son adversaire tout crocs dehors, gardant les griffes de ses ailes pour protéger son cou. Elle mordit sans hésitation et le dragon en fit de même, leurs corps s’emmêlèrent, mais elle repoussa le reptile et se mit hors de portée. À ce moment-là, la hache s’abattit sur la queue clouée, la tranchant net et amputa le dragon d’une de ses armes.
… Ni la douleur…
Un drake resté jusque-là en retrait s’avança et alors que le zeïfgon se jetait sur l’homme le plus proche, il balança une lourde masse piquante à bout de bras. Le coup enfonça l’épaule et l’aile ensemble, les pointent transperçant la peau et les os craquèrent. Le corps du dragon fut violemment projeté dans la mer déchaînée.
… Ni même les blessures...
Tout le monde retient son souffle, les secondes s’écoulèrent au ralenti. Le zeïfgon surgit des eaux d’un battement d’ailes, sa queue déjà à moitié repoussée.
… Qu’est-ce qui peut bien arrêter un tel monstre dont la régénération semblait le prévenir de la mort ?
Ils tremblèrent, le drakes à cause du poids immense de la masses c’était débloqué les épaules, Marlotte qui avait repris sa forme originelle, saignait abondamment et ceux qui n’avait pas participés au combat peinait à guider le beateau en sous-effectif qu’ils étaient.
Une gueule béante surgit des flots, attrapant l’aile du dragon et l’entraîna sous l’eau.
« À vos postes ! hurla le capitaine. Qu’on s'éloigne le plus possible ! »
Tous obéirent, personne ne voulait vérifier si le monstre marin réussirait à tuer le zeïfgon. Ou si, plus probable, l’inverse se produirait.
Marlotte s’écroula au pied de Gwidwyn, son mal de mer ne tarderait pas à revenir. Il tendit la patte et tapota sa fourrure trempé, de sang ou d’eau de mer, il ne le savait pas.
« Qu’est-ce que c’était ? Demanda-t-il. La grosse créature.
– Je ne sais pas, et je n’ai pas vraiment envie de le découvrir. Peut-être que les marins pourront te répondre.
– Il faut te soigner.
– Plus tard, répondit-elle et elle déposa sur ses mots sa tête sur ses jambes. Je n’ai plus l’énergie pour me déplacer sur un pont qui balance autant. »
Gwidwyn utilisa alors le reste de sa cordre pour l’attacher avec lui à la rambarde, il fit pousser quelques lafls qui posa sur les saignement, puis il caressa la fourrure noire. La tempête finirait bien par se calmer.
Des heures plus tard, le navire retrouva la lumière du soleil et finalement ils purent se détendre. Gwidwyn les détacha et accompagna la koriph à leur cabine. Il frissonna au moment de passer la porte pour quitter le pont, mais avec une grande inspiration, il avança. Le couloir plus sombre les laissait à peine passé côte à côte et ils se pressèrent l’un contre l’autre pour ne pas rafler les murs en bois.
Marlotte se laissa tomber sur le sol de leur cabine en geignant, les balancement incessants lui donnait envie de vomir. Un marin arriva et donna à Gwidwyn un kit de soin, lui demanda de remercier encore une fois son amie quand celle-ci serait plus en état, puis il repartit sur le pont, infatigable.
Il regarda le seau de désinfectant, trop lourd pour le soulever, il prit une tasse et versa le produit sur les plaies, ça prit plus de temps, mais la koriph grogna à peine de douleur. Une fois ce plus gros nettoyage finit, il écarta la fourrure voir la coupa pour bien dégager les différentes giffures, certaines était peu profondes, mais d’autres saignait encore. Il les nettoya une seconde fois, avec précision pour s’assurer qu’aucune saleté ne restait coincée, puis il appliqua le cataplasme donné qu’il recouvrit de lafl. Par sécurité au cas où les feuilles ne tiendraient pas avec un mouvement, il banda les plus grosses blessures.
« Tu dois manger, déclara-t-il.
– Pas faim. »
Se relevant Gwidwyn décida qu’il fallait ignorer cette protestation et alla chercher à manger. Il se serra sur lui-même, le plafond avait beau être haut, il avait l’impression que d’un instant à un autre, il allait se mettre à descendre. Il serra les dents, Marlotte avait besoin de lui.
On lui fournit avec plaisir de la viande séchée, et félicita encore l’intervention courageuse de son amie. Il garda le sourire, tout le retour, les murs avaient l’air un peu plus espacés et le couloir un peu moins sombre, il avait hâte de rapporter à la koriph tous les compliments qu’elle avaient reçus.