Aquanen 2802 - partie 2

Les plateaux d’Ymaw projetaient leurs ombres sur l’océan quelques heures à peine le soleil marquait encore la démarcation entre le ciel et l’océan, puis en montant il avait laissé les flots plongés dans une grisaille bleuté et l’ombre dévorer l’horizon. Les marins disaient qu’il réapparaîtrait plus tard dans la journée, leur donnant ce qu’ils nommaient « la vraie journée ».

Pour l’instant le soleil restait cacher par les plus grandes îles flottantes de tout Caeldass et Gwidwyn se demandait si le jour leur arrivait plus tard pu us tôt.

« Tu savais qu’il y a une forêt qui a poussé dessous ? »

Marlotte s’affala à côté de lui, son mal de mer plus supportable qu’au début, mais la laissant toujours faible sur ses pattes.

« Si tu ne manges pas plus tes blessures mettrons plus de temps à guérir, commenta le lafloe. Mais c’était bien tenté.

– De toute façon, ça ressortirait, grogna-t-elle. Et c’est vrai, il y a bien une forêt.

– Comment elle a poussé sans lumière ?! Elle diffère beaucoup de Lorem ? Tu sais si... »

Marlotte passa sa tête pardessus la rambarde et vomit. Elle grommela en se réinstallant, le peu qu’elle avait manger venait encore de disparaître. Gwidwyn fronça des sourcils, le pelage soyeux de son amie devenait de plus en plus terne et sec.

« J’en sais rien, je n’y ais jamais mis les pieds vu qu’il y a pas de roches, répondit-elle. On dit que c’est de là qu’on est originaire, nous autres koriph.

– Je vais te faire une soupe, décida le lafloe en se levant d’un bond.

– Pas la peine, refusa-t-elle. Ça serait pour cette raison que nos rayures brillent dans le noir. Et il y aurait plein de plantes introuvable ailleurs C’est le genre d’endroit que tu aimerais visiter, non ? »

Il fixa le sourire de son ami, elle avait raison, une forêt vivant sans lumière l’intriguait. Il voulait aller sous les plateaux d’Ymaw, voir quel genre de plante poussait sur l’eau sans soleil, quels peuples l’habitaient, mais ce n’était pas le plus important, alors il réitéra sa décision et partit vers la cuisine du bateau.

Gwidwyn savait les priorités, même s’il mourrait d’envie de demander tout ce qu’elle avait entendu sur l’endroit et que la cuisine lui filait les chocottes.

 

Flottant dans le ciel les plateaux étaient resté plusieurs jours une immense masse éloignée, Gwidwyn avait eu l’impression de ne jamais se rapprocher au début. Maintenant que le navire fendait les flots qui bordaient l’en-dessous, il ne pouvait voir qu’elles. Les îles dominaient l’horizon en entier, il lui suffisait de lever la tête. Ou du moins ne voir que le plateau principal, les deux autres se trouvaient trop au sud pour être visible, peut-être un peu cachées par les bords tranchants de leur consœur.

« Comment on va faire pour arriver en haut ? »

Marlotte haussa des épaules à sa question, l’équipage n’avaient aucun mage à son bord et elle avait souligné que toute manière le bateau n’étaient pas très adapté pour voler. Ils restèrent là à observer la mache rocheuse qui s’étendait de droite à gauche du panorama.

Le navire s’arrêta et les marins allumèrent un flambeau en haut de la vigie.

« Qu’est-ce ce qui passe ? demanda Gwidwyn à l’un d’eux passant.

– On attend les passeurs, répondit-il avant de préciser devant l’air d’incompréhension. Les philogias passent souvent dans le coin, ce sont eux qui montent les navires jusqu’au plateau donc on les surnomme les passeurs. »

L’homme s’éloigna, laissant les deux attendre de leur côté. Très vite, pour passé le temps, Marlotte proposa un jeu de devinette qui se transforma en mime.

« Des algues ? Non un poulpe, un calamar heu… Ha ! Je sais une méduse, s’écria la koriph.

– Ça vie pas dans l’océan, précisa le lafloe. J’ai jamais été sous l’eau comment je pourrais mimer une méduse.

– Bah, tu sais les méduses d’Adraloss elle flottent dans les airs. »

Il cligna des yeux, tous les récits de méduse qu’il avait entendu se passait dans l’océan. Et elles étaient terrifiantes. Son amie le fit signe et il se reconcentra sur sa tache. Voyant qu'onduler des pattes ne marchait pas, il les colla le long de son corps et se mit à onduler de tout son être. Cette fois-ci, elle ne pouvait que deviner !

« C’est encore plus bizarre, commenta platement Marlotte. Ha regarde ! »

Elle pointa l’horizon ou des silhouettes fendait les cieux avec grâce.

« Tu mimais des philogias ?

– Non un ehecoaltza, soupira-t-il avec une moue. »

Marlotte parut embarrassée et lui tapota gentiment le dos. Tous deux regardèrent les dragons aériens approcher, ils ressemblaient plus à des dauphins nageant qu’à des oiseaux volant dans les airs. Leur corps allongés ondulaient élégamment dessinant des figures abstraites.

Gwidwyn ne savait pas vraiment comment il pourrait les décrire à quelqu’un ne les ayant jamais vus, ils ne ressemblaient pas à des serpents pourvus de deux ailes, mais pas vraiment à des lézards sans pattes. Leurs ailes même évoquaient plus les nageoires des poissons qu’on aurais étendu comme un voile que des ailes à proprement dites, il s’ne trouveait de même pour leur queue. Seules leurs oreilles évoquaient plus le plumage. Ils étaient tout en lignes arrondies et souplesses, comme une caresse pour finir sur des bouts pointus, comme un rappel tranchant qu’ils restaient des êtres à ne pas prendre à la légère.

Désormais proches, ils tournaient avec curiosités autour du bateau, s’interpellant les uns les autres tout aussi harmonieusement que leur déplacement. Le capitaine traîna un coffre au milieu du pont, puis il l’ouvrit avant de reculer de quelques pas. Les philogia volèrent par dessus, inspectant sans jamais se poser les différents objets contenus. Cela dut les satisfaires, car finalement leur danse changea et ils entourèrent le navire de vent qui doucement le souleva.

Gwidwyn se hissa à la force de ses bras pour regarder par-dessus la rambarde, l’eau s’éloignait de plus en plus. Marlotte elle soupira de soulagement, les roulements avaient disparu, ne laissant qu’un sol stable et une faible sensation de déplacement.

« Vous débarquerez dès qu’on sera arrivé ? questionna le capitaine.

– Oui, on a beaucoup de route à faire, répondit Marlotte qui jeta un coup d’œil aux dragons. Même inoffensif je préfère ne pas m’attarder trop.

– Mhh, acquiesça le capitaine. Avec ce qui arrive aux Terres Libres vaut mieux rester prudent effectivement. On devrait être déposé d’ici deux heures. »

Ils le regardèrent s’en retourner à la barre pour surveiller d’un regard d’aigle le pond. Bien que calme il n’était pas totalement dénué d’agitation, Gwidwyn supposait qu’il fallait se préparer à l’atterrissage.

La koriph lui demanda d’aller récupérer leur affaire et il s’empressa de rejoindre leur cabine, heureux de lui épargner un aller-retour aussi minime soit-il.

 

Le navire fut déposé sur le fleuve, bien loin du bord, mouillant à peine l’eau effleuré. Gwidwyn, qui avait refusé de céder, portait le sac de Marlotte, les lanières menaçant de s’échapper de ses bras à tout moment. Il avait enfilé un gilet sans manches lui laissant une sensation bizarre, le tissu n’était pas rêche, mais c’était la première fois qu’il s’engonçait dans une étoffe ainsi.

La Koriph l’attrapa par le col, le soulevant sans difficulté et sauta par-dessus le bastingage pour atterrir sur l’herbe d’un vert tirant sur le jaune, le grognement étouffé ne lui passa pas inaperçu.

« Tu aurais du attendre qu’ils abaissent une rampe, ses mauvais pour tes blessures de sauter ainsi, la sermona-t-il.

– C’était pas si haut, grommela-t-elle de mauvaise foi. »

Se tordant, il aperçut les philogias s’approcher pour s’emparer du coffre offert, Marlotte s’éloignait résolument s’en prendre la peine de le poser au sol.

Une explosion étouffée retenti et il vit des harpons s’envoler vers les dragons. Le cri de détresse de celui transpercé, résonna presque comme une complainte mortuaire, toujours élégant. Il sentit la koriph trébuchée et le relâcher.

« Merde !

– Mais qu’est-ce qu’ils font ?! Marlotte qu’est-ce qu’ils font ? »

D’autres harpons et d’autres cordes s’élançaient dans le ciel pour attraper leurs proies qui s’esquivaient gracieusement et répliquaient par des bourrasques et des lames de vent, cherchant autant à protéger leur confrère qu’à récupérer le nombre grandissant de captif.

« Ils vont sûrement les revendre aux ports ou les utiliser jusqu’à épuisement total pour descendre et monter des plateau et autres îles flottante, expliqua-t-elle, un instant elle parut tiraillée puis lle se détourna, les oreilles incliné un peu vers l’arrière. Il vaut mieux s’en aller le plus vite possible.

– Mais les philogias, protesta-t-il. On ne peut pas les abandonner faut les aider à s’enfuir.

– La reconnaissance des marins à ses limites, on finira juste revendu aussi. Et … elle soupira et ajouta si faiblement qu’il faillit bien ne pas entendre. C’est vrai qu’eux, ça va. »

Elle l’observa et souffla encore une fois, Il se tient le plus droit possible essayant de ne pas trembler.

« Okay, mais si on se fait repéré, on fuit direct. »

Tout son visage s’éclaira et il hocha frénétiquement la tête, les philogia n’avaient rien de monstres sanguinaire, au contraire on disait qu’il parcourait Caeldass à la recherche de connaissance.

Gwidwyn s’élança vers le bord de la rivière, là ou un des dragon gisait ligoté, à moitié dans l’eau, incapable de bouger. Son petit couteau, cadeau de Marlotte lors de leur retrouvaille sur la plage, à la patte prêt à couper les cordes.

Le travail fut long, le couteau certes affûté était trop petit pour pouvoir être rapide et efficace sur un cordage de cette épaisseur.

Marlotte l’avait rejoint, mimant une forme humaine pour plus de discrétion et plus de délicatesse dans le mouvement de ses griffes, permettant d’attaquer uniquement la corde. Plus rapide que lui, elle gardait un œil sur le combat au-dessus de leur tête, prête à l’attraper et à partir à tout moment.

Peu à peu les cordes non submergé tombèrent et le lafloe se retrouva à la hauteur du museau. Il ne savait pas pourquoi celui-ci était même ficelé, ce n’était pas comme si un philogia avait une bouche en première place, mais il se résolu à couper cette corde-là aussi.

Il posa sa patte sur la tête du dragon, celui-ci ouvrit d’un coup son œil effilé, le fixant.

« Je vais couper la corde du museau, il ne faut pas bouger d’accord ? »

Il accompagna ses paroles de caresse calmes et lentes, le dragon resta immobile et referma ses yeux, désormais confiant. Il fit bien attention de ne cisailler que la corde et de ne pas toucher les écailles tendres en dessous. Un bout de langue dépassait de sa bouche et il plissa les yeux.

Quand le cordage se déroula, libérant la tête du dragon celui-ci poussa un profond soupir et rouvrit les yeux.

« Gwidwyn ! »

Une ombre domina le lafloe qui alerté par le cri de son amie redressa la tête pour voir un philogia se jeter sur lui. Son museau se fendit en deux. Ses yeux s’écarquillèrent et Gwidwyn avait vaguement conscience que sa bouche tombait ouverte. Mais la seule chose qui pouvait voir fut la gueule béante.

Il se sentit vaguement être renversé sur le côté, et il vit le philogia presque libéré, sa queue toujours entravée, s’élever dans le ciel enlacé avec l’autre comme dans une danse amoureuse. Le second dragon le supportant et cherchant à défaire la corde pour totalement libéré son compère.

Marlotte l’attrapa par les épaules et le secoua, il sentait sa tête se balancer, mais ne pouvait pas penser à autre chose qu’à la déchirure, la façon dont le museau c’était horriblement ouvert en deux. Elle lui hurla aux oreilles et il tourna son visage vers elle, cligna des yeux.

« C’est pas le moment ! Hé ho du bateau ! »

Il inspira soudainement remplissant totalement ses poumons avant de secouer sa tête, elle avait raison. Un marin les observait, il le vit ouvrir la bouche.

Le ciel devint noir et lourd de nuage en un instant. La foudre s’abattit couvrant tous les sons à des kilomètres. Surgissant de l’éclair deux philogias géant bicolore apparurent. Et la foudre, bleu, verte et jaunes tomba encore éclairant et encadrant les nouveaux venus.

Personne ne bougea, tous ne pouvaient que fixer les Jumeaux, Seraxi dont le corps bleu nuit finissait par s’éclaircir d’un jaune pur aux éxtrémité et son frère Senaxi, vert tirant vers le bleu nuit, les deux voyait leur corps comme s’ébréché par la foudre se trouvant en eux.

Si les zeïfgons sont les pires présages possibles, s’ils sèment la mort comme aucun autre, ils laissent tout du moins un espoir, fin, tangible, de s’en sortir. Les marins, eux, n’avaient, en cet instant, pas la moindre chance de s’en sortir vivant. On n’échappait pas à un dieu-dragon venu vous châtier.

Gwidwy attrapa la patte de Marlotte et la serra fort.

Le doux cri des philogia, émit par les jumeaux, se posa avec tout autant de délicatesse dans les oreilles qu’une plume, contrastant leur présage funèbres.

Les deux philogias se jetèrent sur eux. L’éclair qui déchira le ciel s’abattit sur le navire, le bois vola en éclats. Des foudres plus petites s’abattirent sur chacun des marins encore vivant. Puis le silence s’installa, au centre de ce qui restait les jumeaux et des grandes bulles protectrices flottaient. Dedans, les diverses captures des esclavagistes respiraient et retrouvaient peu à peu leur force. Les jumeaux tournèrent leur tête vers eux.

« Marlotte, appela-t-il faiblement et tout tremblotant.

– C’est l’occasion de leur dire que tu veux devenir, non es devenu philogiste ! s’écria son amie. Heu non avant, on devait dire qu’on a aidé les philogias ? »

Lentement les Dieux-dragons tournèrent autour d’eux, discutant avec les deux phiologias qui restaient à servir de paravent. Finalement la discutions du aboutir, car les deux dragons s’éloignèrent et laissèrent place au Jumeaux, qui, s’en perdre un instant, se mirent à soigner Marlotte de la même façon qu’ils avaient soigné les autres.

Une voix soyeuse résonna dans leurs esprits :

« Comme ça, tu veux devenir philogiste ?

– Beaucoup t’accuseront bêtement de briser le traité de Shenboah, ajouta une seconde voix plus basse.

– Si on détruisait un ou deux pays en représailles, on n’aurait pas ce problème, précisa la première.

– Réparer les dégâts des deux autres énergumènes nous prend déjà suffisamment de temps, imagine si on devrait en plus réparer les nôtres.

– On pourrait laisser les autres réparer, cet abruti de Shenboah servirait à quelque chose pour une fois. Hormis celui de casser les parties sensibles de tout Caeldass, j’entends.

– Hum excusez-nous, intervient Marlotte.

– Ha ! Désolé de cet aparté, ou en étions-nous ? »

Gwidwyn n’avait aucune idée de quelle voix appartenaient à Senaxi et quelle voix à Seraxi. La koriph le poussa légèrement en avant.

« Gwidwyn, ici présent, veut aussi officiellement faire partie des philogistes, déclara-t-elle.

– O-oui ! confirma-t-il en se tordant les pattes. J’aime les plantes, beaucoup.

– Les plantes hein, blagua l’un des Jumeaux auquel l’autre rit légèrement.

– Oui... heu non pas comme ça, s’imisça Marlotte. Il aime étudier les plantes en fait.

– Pas le truc le plus bizarre qu’on ait vu.

– Bien moins original que des cailloux, effectivement, compléta le second Jumeaux faisant grommeler la koriph. Bon trêve de titillerie, il nous faut un artefact.

– Quelque chose d’utile pour l’observation des plantes. Hmm, et ça ne doit pas faire redondance avec ses capacités lafloique.

– Heu, commença Gwidwyn avant de s’interrompre hésitant, il n’était pas sûr que lafloique soit un mot existant, mais surtout pouvait-il se permettre de faire une suggestion ? Une poussée de Marlotte fut tout ce dont il eut besoin. Un pot d’encre infini ou des feuillet qui s’agrandissent serait suffisant, si c’est possible. »

Il finit précipitamment, Senaxi et Seraxi avaient cette aura autour d’eux qui le faisait sentir tout petit et ça restait des dieux-dragons. Les Jumeaux se regardèrent, puis ondulèrent au-dessus des débris, comme cherchant quelque chose.

Marlotte lui tapota la tête, elle se tenait droite et portait dans ses yeux un air d’approbation, il se sentit aussitôt mieux.

Finalement les Jumeaux trouvèrent ce qu’ils cherchèrent, Gwidwyn les vit faire apparaître une multitude de cema autour d’un petit objet. Il plissa les yeux, la magie pouvait être perçue de tous, la lumière des cema devenait de plus en plus forte jusqu’à ce que d’un coup, ils disparaissent. Il s’approcha et d’un mouvement d’aile Seraxi fit voler délicatement l’objet jusqu’à lui.

Il ouvrit tendit les pattes et attrapa un carnet à la couverture de cuir.

« Un carnet dont les pages ne s’épuiseront jamais, expliquèrent les Jumeaux dans une synchronisation parfaite. »

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