En numérologie, le 1 représente : la pureté, l'essence, la source d'une rivière, le commencement et le départ.
En alchimie, le Denier représente la Terre : la nature, le corps, l'alimentation, le travail, l'argent, la valeur, les habits et la routine.
Pour un jeu de carte classique, le Carreau représente le Denier.
Reconstruire notre avenir avec nos bases
Nos bases, ce sont nos fondements, nos principes; ce en quoi on croit et dans lesquelles on a envie de bâtir notre temple. Qu'allons nous choisir comme matériaux de construction et comme règles architecturales pour façonner notre temple du moment ?
Devra t-il être riche ? Et riche comment ? En argent ? En culture, en amour, en compagnie ?
Devra t-il être magnifique ? Pour quoi ? Pour l'enseigne ? Pour la noblesse ? Pour notre amour propre ? Pour séduire ?
Devra t-il être stable ? Devrions nous être discipliné, afin de renforcer nos valeurs, et notre conduite de vie ? Porter à cœur nos objectifs, coûte que coûte, envers le temps qui désagrège, et le confort qui corrompt l'ambition en paresse.
Devra t-il être accueillant ? Juste accueillant ? Car il peut y avoir de la beauté dans la simple honnêteté.
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Le jardin secret contient les plans de notre temple, et par conséquent : nos bases.
Nos bases sont nos valeurs, et il est important de les choisir avec soin. Ce sont elles qui nous fourniront un cadre accueillant; mais aussi des outils, nous permettant d'agrandir ce temple, l'adapter avec le temps suivant nos besoins; ou de le déconstruire, car vétuste et inadapté pour notre époque, notre taille, ou nos ambitions.
Nos bases doivent répondre aux objectifs que l'on se fixe, et nos objectifs doivent être en accord avec nos valeurs ; ce n'est qu'avec ces conditions que nous pouvons évoluer dans ce monde en restant vrai. Cela ne veut par dire que nous agirons bien ou mal, cela veut juste dire que nous nous disciplinons, avec pour objectif : être capable de nous regarder dans une glace sans détourner les yeux.
Nous nous acceptons tel que nous sommes. Et si ce n'est pas le cas, ce qui arrivera très certainement un jour au cours de notre vie, nous aurons les clés pour nous changer.
Dans tous les cas, savoir que nous méritons ce que nous semons nous permet de rester cohérent, et de ne pas souffrir davantage de nos actions. Car elles auront correspondu à nos valeurs. Qu'importe les conséquences, même les plus terribles.
Nous savons si nous devons aller en enfer, ou au paradis. Et au jugement dernier, nous ne laisserons personne dire à notre place où est la nôtre. Nous y irons tous seuls. Comme des grands.
Le Loiret : Avez-vous un jour pénétré dans le jardin secret de Dieu ?
Le Loiret ne s'était point encombré d'une quelconque forme de bienséance. Il parcourut le toit de la maison, s'accroupit rapidement pour éviter de se faire percuter par une tuile emportée par le vent, et passa par le trou qu'elle avait laissé sur place.
L'intérieur de la maison était aussi inhospitalier que l'extérieur. Il se résumait en une seule pièce, immense. L'entièreté du vide était transpercé de poutres de bois qui ne respectaient aucune règle d'architecture pré-établie. Toutefois, la maison tenait debout.
Le Loiret sauta de poutre en poutre, monta, descendit, grimpa, creusa dans la poussière, dans la suie et dans la crasse, afin d'atteindre sa poutre, sa maison, son jardin. Cette poutre était semblable aux autres en tout point, mais c'était la seule qu'il avait décidé d'emménager. La seule qu'il ait pu aménager.
La parcourant de l'extérieur, il en sentit une certaine chaleur s'en dégager, peut être même qu'il crut un instant la sentir plus douce que les autres. Se sentant enfin chez lui, en sécurité, il entra par un trou qu'il avait lui-même taillé. Il avança à tâtons, marcha sur l'interrupteur, et une lumière colorée et délicate envahit son terrier.
Il constata que les plumes étendues à ses pattes les lui caressaient avec douceur, atténuant les griffures laissées par les échardes du bois malade de cette maison. La balle rouge sentait bon le caoutchouc, se mêlant aux effluves de grenier et de marée. La guirlande de Noël clignotait de mille et une couleurs, et marchera encore longtemps avec la nouvelle pile qu'il avait récupéré durant sa dernière expédition. Le Loiret poussa un grand soupir et sourit ; il était chez lui, il était en sécurité, peut être.
Il se dirigea vers un automate cliquetant de mécanique à l'effigie d'un lapin rose et blanc. Avec ses petites pattes. le Loiret tourna la clé incrustée dans le lapin, et une fois le mécanisme remonté, celui-ci commença à sautiller, provoquant un petit barouf, cachant par sa proximité l'éclat du tonnerre. Le Loiret regarda son compagnon de métal s'appliquer dans une danse plus ou moins prévisible. Il finit par tomber à cause de l'aspérité du sol, convulsant plus ou moins pathétiquement, projetant des plumes ici et là. Mais cela faisait partie du jeu, et le Loiret aimait ce jeu. Il attendit que le jouet s'arrête de lui-même, le redressa avec délicatesse, l'époussetant et le remit à sa place.
Puis il se dirigea vers son coin à graines : il s'agissait d'un coin de mur vide, scarifié par la famine. Le Loiret tourna le dos à la lumière, et par l'appel de la faim, il griffa le mur, en retira des copeaux de bois qu'il roula ensemble, les serrant avec force, impatience et habitude. Aux creux de ses pattes se forma alors une graine de bois, fade, il le savait. Alors il se tourna vers son coffre à jouet : une boite à cigares métallique, puant le vieux tabac froid, mais pratique, car à l'intérieur les pastels étaient à l'abri de l'humidité. Le Loiret avait envie de manger des glands de chêne, alors il sortit un crayon vert et coloria la graine de bois. Puis il attendit quelques secondes et la graine se changea, se mua, se transforma, petit à petit, en gland de chêne. Le Loiret en savoura l'astringence. Puis il continua son repas avec des noisettes, des marrons, du blé, du chanvre, ce que son imagination lui permettait d'avoir. Ce qui lui était permis d'avoir dans son jardin secret.
Puis il s'effondra dans son nid de plume et de coton. Il était douillé, et chaud, et sec. Il s'y roula avec paresse et contentement, peut être même heureux. Soudain, il entendit un grondement provenant de l'extérieur, un grognement de bête assoiffée de sang. Le Loiret eut peur de se retrouver dans son ventre, avant de se rappeler qu'il y était déjà.
Ses pensées se tournèrent vers la girouette, celle qui ne l'avait jamais quitté, mais qui n'apparaissait que lorsque tout allait mal. Était-ce son ami ? Le Loiret n'aimait pas sa compagnie, mais il savait qu'il ne s'agissait que de fierté mal placée, et de peur en tout point fondée. Mais la girouette n'avait, n'a pas, et n'aura jamais sa place dans son jardin secret.
On ne mélange pas l'utile et l'agréable dans ce cœur. Mais parfois, le Loiret y avait mal, car il se sentait seul. Il se savait seul. Il en a toujours été ainsi, dans son jardin secret.