En regardant le monde, ce qui saute aux yeux est que l'inconnu est l'un des principaux constituants de la peur. Il tend ses bras autour de nos épaules et nous enlace dans sa vision. Il défait notre regard d'une vérité qui ne nous concerne pas. Il nous a attrapé, nous enferme et ne nous relâchera jamais entièrement.
On reste caché derrière lui, parfois sans le voir. On le prend souvent comme une anomalie ; comme quelque chose qui ne devrait pas exister. Qui ne mérite pas d'exister. Car quelle serait sa place ? Qui voudrait de lui ?
Il est seul à se connaître. Personne ne veut en savoir plus. On ne l'aime pas, il est à l'écart.
Mais le plus connu des inconnus c'est la Différence. Quelque chose qu'on ne comprend pas, qu'on n'a pas forcément envie de comprendre ou que, tout simplement, on n'aime pas. Quelque chose qu'on découvre, quelque chose de nouveau, quelque chose qui est souvent qualifié... d'étrange.
Toute cette histoire commença en 1888. Un beau chiffre facile à retenir même quand on n'en a pas envie. Cette année-là, des phénomènes inexplicables se produisirent en France : tous les enfants âgés de dix ans ont développé des capacités surnaturelles. Des capacités qui n'avaient donné aucun signe avant cet anniversaire précis.
Au début, et jusqu'à aujourd'hui, aucun scientifique ne trouva de réponse. Les hypothèses s'étendaient sur tout le pays et ne cessaient de revenir à la capitale, complètement modifiées. Elles furent toutes abandonnées. Et au final, après de nombreux congrès organisés à travers la France, le gouvernement considéra ces enfants comme des anomalies – quel mot familier – et les bannit dans des villages construits spécialement pour eux, entourés de grands murs : les Exymes.
Suite à leurs protestations, certains furent même abattus.
Les Exymes étaient ces sortes de déchetteries où se retrouvaient tout ce qu'on voulait oublier. Aucun moyen de sortir, aucun moyen de rentrer. Des bâtiments pas terminés parce que, de toute façon, à quoi ça servirait qu'ils soient confortables ? Des rues terreuses, puantes et étroites. Des gens qui restaient enfermés là, comme des animaux dans un zoo ; à la différence que des gens paieraient pour ne pas les voir.
Au fil des années, de plus en plus d'enfants se retrouvèrent enfermés et coupés du monde extérieur. Tous les pays étaient touchés, comme si une malédiction se propageait au-delà des routes et des mers.
Ce n'est qu'en 1928 que les choses s'arrangèrent enfin. Un chiffre pas facile à retenir, même quand on y pense souvent. Cette année-là, les Surnaturels devinrent des sortes de dieux – peut-être étaient-ils enfin devenus utiles – et utilisèrent leur magie pour sauver la vie d'autrui, du moins en majorité. Certains profitaient de leur don pour faire le mal ; le nombre de crimes par année avait considérablement augmenté.
Aujourd'hui, environ 20% de la population mondiale est destinée à avoir un don appelé « élément », et ainsi avoir l'opportunité de devenir Combattant. Ces derniers sont rares à cause des épreuves difficiles à passer, mais ils sont aussi extrêmement puissants ; ce sont des héros entraînés et prêts à tout pour aider les innocents ordinaires.