La Nature avait créé choses plus belles que les êtres vivants, dotés de pattes, d’ailes, de nageoires et autres fantaisies. Pourtant, ils régnaient sur le monde en maître. Dotés de simples atouts, il se reproduisaient sans cesse, perpétuant leur instinct au travers de générations. Les prédateurs mangeaient les proies et aucun ne saurait se plaindre. Et parmi eux, les Hommes et les Autres. Deux races, plusieurs similitudes, quelques différences.
Tout comme certaines bêtes venaient à disparaître, tandis que d’autres s’étendaient et gagnaient au fil des millénaires, des terres, les Autres perdirent leur ascendant sur les Hommes. Leurs espèces, auparavant nombreuses, délicates et incomprises, s’éteignirent, emportant leur magie dans la tombe.
Cela n’était pas le fait de l’Homme. Tous d’eux s’entendaient à merveille. Ils profitaient des capacités des Autres, et troquaient avec bienveillance ce qu’ils pouvaient leur offrir. Si les Sangs Bleus, signe d’appartenance à la race des Autres, maîtrisaient un art inconnu des humains, ils étaient néanmoins limités sur d’autres aspects. Le Clan Sombre ne pouvait vivre le jour, et il ne savait contraindre le soleil à nourrir leurs récoltes. Les Aquariens ne pouvaient construire leurs outils sous l’eau et les marchandaient contre des poissons.
Avec la disparition lente d’une des deux races, certains tentèrent de mélanger leur sang, mais les résultats furent terrible, et les enfants des hybrides qui ne trouvèrent guère leur place. Le troc devint de plus en plus rare, privant l’Homme du bienfait des pouvoirs qu’avaient les Autres et qui permettaient à la vie d’être parfois moins dure. Leur espèce de plus en plus faible, la race déclinante décida de se retirer, et les humains le prirent comme un affront. Comment guérir par un simple souffle ? Comment allumer le feu d’un revers de la main ? Comment combattre le seigneur derrière la mer sans la protection de Ceux qui boivent le soleil ?
Les Autres furent traqués, un à un, pour leurs pouvoirs, et bientôt, il n’en resta plus que dans les terriens, cachés, en fuite, incapable de trouver le chemin menant à Rodar, le refuge de ces êtres devenus proies.
Malgré la maigre magie apportée par les Autres qui survécurent à la Grande Chasse, cela n’empêcha pas le seigneur derrière la mer de poser un pied sur les terres du royaume d’Ours Patte de Sang. L’homme de l’océan convoitait lui-aussi les êtres de cette race éteinte encore captifs, et ceux, sauvages, qui se faisaient de plus en plus rare. Et de son bateau, il ne fût pas le seul à descendre. Ceux qui l’accompagnaient, les Animiens, n’avaient qu’un simple but, propager la bonne parole des Dieux Elmentaires, et avec eux, leurs pratiques.