Aujourd'hui

Aujourd’hui

Julie arriva devant de secrétariat du docteur Elmond Frayer. Il était 14h30 très précise. Elle était parfaitement l’heure. Pas le docteur. Elle attendit. La secrétaire décrocha plusieurs fois son téléphone, tapa à l’ordinateur, tria du courrier. Le temps passa.

Le docteur traversa la pièce comme un courant d’air, ni un mot, ni un regard et trouva refuge dans son bureau. Il réapparut presque dix minutes plus tard. Il s’adressa à sa secrétaire à voix basse. Cette dernière fit un signe en direction de Julie. Le docteur traversa la pièce à grands pas et se planta devant la jeune femme.

— Bonjour ! Julie Bokanech ?

— Oui, répondit-elle laconiquement.

— Suivez-moi, j’ai à vous parler. 

SMS du 064534212 (Nini) pour le 065745687 (Joa) - 24/03/2010-14h56

Dsl, j serè en retar, j’apel dé k jariv

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Joachim arriva en retard devant le service de psychiatrie en maudissant Bérénice de l’avoir laissé tomber au dernier moment. Il retrouva Julie Bokanech. Cette dernière affichait aussi une expression de contrariété.

— Bonjour. 

Elle lui répondit à peine. Elle lui annonça que le psychiatre n’avait pas signé d’autorisation de sortie, mais que par contre les laissait utiliser une salle de réunion hors de la partie fermée du service. C’était un peu à l’écart pour qu’ils soient tranquilles.

Ils se rendirent à la fameuse salle. Julie s’immobilisa devant la porte. Elle semblait nerveuse.

— Son père est là.

SMS du 064534212 (Nini) pour le 065745687 (Joa) - 24/03/2010-15h14

Ariv dan 10mi

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L’ambiance dans la salle de réunion était glaciale. Personne n’osait parler. Julie avait posé une boîte à gâteau au centre de la table. Elle sortit une poignée de bougie de son sac et les posa sur la table. Elle sortit aussi des assiettes en carton, des cuillères en plastique, des serviettes en papier, un couteau, un briquet. Un vrai goûter d’anniversaire.

Joachim s’était assis au bout de la table. Il essayait de garder son regard sur Julie mais ne pouvait s’empêcher de tourner les yeux vers le père d’Ellis.

Ce dernier s’était adossé au mur, bras croisé sur le torse, la mâchoire crispée, le regard sombre. Tout en lui respirait son envie de se trouver ailleurs. Joachim se demandait bien ce que cet homme faisait là, ce qui avait bien pu l’obliger à venir. Il n’était vraiment pas sûr que ce soit une bonne idée qu’il se trouve là.

Julie ouvrit la boîte et en sortit un gâteau couvert de copeau de chocolat.

Joachim essayait de trouver une ressemblance quelconque entre Ellis et son père. Sauf qu’il ignorait bien à quoi pouvait ressembler Ellis sans son costume de poupée et sans le maquillage qui allait avec. En fait, il ne connaissait rien d’Ellis, même pas son visage.

Joachim regarda sa montre.

Julie posait méthodiquement les bougies sur le gâteau.

La porte s’ouvrit.

Ellis fit son apparition accompagnée d’une infirmière.

SMS du 064534212 (Nini) pour le 065745687 (Joa) - 24/03/2010-15h30

J sui la T ou 

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Ellis était une ombre blafarde. Un pull noir, un jeans usé. Sans son costume elle semblait terriblement maigre. Ses cheveux retombaient mollement le long de son visage. Son regard était froid et méfiant.

Elle remarqua d’abord une femme. Juste devant elle. Ellis plissa les yeux. Elle ignorait complètement qui cela pouvait être. Ou peut-être si. Cette Julie Bokanech, Jolijuju. Cette femme avait posé à côté d’elle un gâteau et tout un tas d’objet. Ellis les détailla un à un.

Ellis aperçut aussi sa sainteté Joachim Bouraoui.

L’infirmière ferma la porte. Ellis remarqua alors la présence de son père. Toutes les autres personnes présentes disparurent de son esprit. L’expression de son visage changea brusquement. Ses traits se tordirent, mues par une violente colère haineuse. Elle bougea. Dos à la table, elle fit face à son père. Elle cria.

— Qu’est-ce que tu fais là ?

SMS du 064534212 (Nini) pour le 065745687 (Joa) - 24/03/2010-15h34

Joa ?

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Joachim n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passa réellement. Tout alla très vite.

Si vite.

— Comment oses-tu ?

Ellis qui tend le bras, attrape quelque chose sur la table.

— Tout ça c’est ta faute !

Son bras qui balaye l’air, frappe son père. Il crie, se jette en arrière la main sur les côtes.

Tout devint alors immobile. Comme irréelle. Sans air, sans bruit. Stupéfié.

— Ellis, pose ce couteau.

Julie.

Ellis tremblait, immobile, pétrifiée par ce qu’elle venait de faire. Son visage avait pris une expression effrayante. La colère se mua en panique puis, peu à peu, comme si son esprit s’était mis à marcher sur une autre route, en soulagement. Les articulations de ses doigts blanchir sur la manche du couteau. Son regard s’était perdu dans le vide, halluciné.

— Ellis, je t’en supplie, pose ce couteau.

 Joachim, tétanisé, incapable de réagir, vit l’adolescente bouger les mains. La lame ensanglantée brilla contre le pull noir de l’adolescente, la pointe au niveau du cœur. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Elle ferma les yeux.

Elle ne fit qu’un geste.

Un seul.

SMS du 065745687 (Joachim) pour le 064878665 (Julie Bokanech)- 24/03/2010-19h06

Des nouvelles ?

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Julie s’assit sur le sol. Ses forces l’avaient quittée. Oui elle avait des nouvelles. Les médecins avaient fait ce qu’ils avaient pu.

Un geste.

Mais la blessure était trop grave. Leurs efforts avaient été vains.

Un seul.

Julie ferma les yeux pour ne plus rien voir. Elle plaqua les mains sur ses oreilles pour ne plus rien entendre. Tout ça n’avait servi à rien. Elle avait apporté le couteau.

Grand Dieu.

C’était elle qui avait apporté le couteau

Ecrasé par la culpabilité, Julie se mit à pleurer.

Un geste.

Un seul.

Comme un point à la fin de l’histoire.

#30 mourir.