Aujourd'hui, sera différent.

Par Fifrou
Notes de l’auteur : La concentration est requise.

Ϡ Mmh, je suis là, je suis dans le vide.

Dans un vide pourtant remplit, remplit de choses indescriptible de mes jeunes yeux car je ne vois pas encore.
Et on me nourrit, on m’assagit, et on me berce ; mais qui es-tu, toi qui me portes ; mais qui es-tu, toi qui me fait vivre.Tu m’autorise à venir en ce monde, tu me l’autorise mais tu me l’obliges également. Le temps passe mais je ne le ressens pourtant pas. Je ne comprends pas non plus en cet instant les raisons de ma venue. C’est.. c’est magique, féerique, un instant, j’étais là, dans l’instant suivant, j’étais devenu vivant ; arrogant dans ma complaisance mais innocent dû à ce savoir inexistant. Malgré tout, le temps reste relatif, je n’ai conscience des choses mais je sais que je suis là, au chaud, dans ce foyer qui est devenu mien, ce foyer que toi, tu me laisse immerger. J’en suis maintenant réduit à évoluer, à grandir lentement, rapidement, je ne sais pas.. Je me sent rassuré, je me sent bien, mais qu’est-ce ? L’amour ? c’est donc ça que je reçois ? mais de qui ? Qu’est-ce que l’Autre ? Ce mélange de sentiment me prend, il s’invite par innocence dans ce monde qui est mien, dans ce monde si petit qu’il en est devenu si vaste au fil des mois. Voici mes abysses, voici ma maison.

Ce monde n’est pas stable, il bouge et est en constante évolution. C’est marrant d’observer ces différences s’interchanger de part en part. Je sais qu’avant chaque repas, on fait appel à mon attention par les vibrations saccadées de ce petit tuyau qui ingère en moi ces nutriments apparemment nécessaire à mon confort de vie.

Mais après des mois d’amours, des mois de sérénités, je sent qu’on m’expulse, après des mois à m’abandonner à cet endroit qui de par sa chaleur et sa simplicité, m’envoûte de part & d’autres avec bonté et suffisance.. je sent que, que je ne suis plus souhaité en ce monde, je ne comprends plus vraiment ce qu’il se passe. Mais pourtant, je sais que malgré moi, encore une fois, on m’autorise quelque chose, qu’on m’oblige également, encore une fois.

Ça commence, c’est en train de changer et ça ne me plaît pas vraiment. Mais de toute façon, m’a-t-on déjà demandé mon avis jusque là ? On essaye de me sortir de force, on me fait du mal, on m’enlève de mon nid, et c’est mon propre nid qui souhaite mon départ, ça fait mal, ça fait mal, qui es-tu pour me faire du mal à présent ? Ça y est, maintenant, mais que dire réellement.. J’ai froid, et c’est nouveau ; j’ai toujours été enveloppé et j’ai toujours été protégé, mais maintenant que l’on me fait du mal, je me sent nu, je suis nu, je suis seul. Quelle est cette sensation, quels sont ces choses qui me touchent, qui me tirent, qui, qui m’extraient de mon monde ? Je ressens des choses, je ressens d’autres vies autour de moi, des vies évolués, puis j’entends des cris, j’entends des voix, j’entends des bruits.

Mais j’ai toujours froid.

Les couleurs commencent à changer par delà mes paupières ; il y a des interférences de lumières, des éclairs incandescent qui traversent et transpercent ces yeux, mes yeux, pour lesquels je n’avais toujours pas encore trouvé de fonction disponible. C’est violent, intense.

Pourquoi j’endure tout ça, pourquoi suis-je maintenant là et pourquoi l’ai-je été dans mon feu- monde.. Qui sont-ils ? Je suis maintenant complètement en dehors de mon espace, je « flotte », en pesée sur ces mains de plastique, et j’ai encore bien plus froid qu’au début. Mes yeux sont éblouis, mes sens se cherchent. Aaah, que faire ? Je dois me libérer de moi-même, je dois calmer ces frayeurs, ces maux, cette atmosphère déjà destructrice ; je dois retrouver cet amour qui s’est absenté en même temps que ma présence. Alors je pleure. Je pleure très fort, je pleure à en pleurer. Et voilà qu’on me berce, qu’on me parle, mais, que disent-ils ? Ce qui est sûr, c’est que cela m’apaise fortement. Alors je me calme, j’arrête de pleurer, je ressens de nouveau cet amour profond que l’on me prodigue, que l’on m’impose, que l’on m’offre. Mes yeux s’ouvrent, enfin, je découvre ce nouvel habitant avec entrain, et j’y vois un monde. C’est, physique ; c’est, présent, grand, gigantesque.
C’est même étrange, je passe d’un grand monde aussi unique que personnel à un monde encore bien plus vaste dans lequel tous se partagent, je m’émerveille devant tant de choses à découvrir. Je n’ai le temps d’observer correctement qu’un mur de chair se dresse devant moi, ces kystes-sur-patte m’oppressent et me force à rejeter la faute de mon dégagement sur eux. Je suis calme, j’observe, et me voilà en plein vol avec cette montagne vivante en terminus.. C’est bon, c’est terminé, voilà qu’on me pose dans les bras de cette personne qui m’a servit de panier, sur cette personne qui m’a séquestré avec amour, qui n’a ressenti que du positif à mon égard, alors que je n’ai pour l’instant, mis à part apparaître de force, rien fait pour le mériter. En voilà un devoir. Elle me parle, sa voix s’ancre parfaitement avec l’espace environnant. C’est bon, on est presque tous les deux, on est en pleine rencontre et, enfin, dans la découverte à double sens. Je me calme de plus en plus, je me fais bercer par ces douces intentions, me voilà, Morphée, j’arrive pour te rejoindre, le repos, mon premier en ce nouveau monde, je referme mes petits yeux et je commence à partir, petit à petit, je m’en vais par le biais de mon jeune esprit. C’est fini, je m’endors, je pars, je..

 

Le nouveau-né.

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Miyuki
Posté le 03/10/2019
C’est poétique et très beau. Cette concentration dont tu parles dans ta note vient d’elle-même. Je me suis retrouvée happée par ton récit, par les ressentis de ce petit être, et j’ai complètement oublié ce qu’il y avait autour de moi. Mon commentaire n’est pas vraiment objectif parce que j’apprécie vraiment les textes à la première personne et qui sont ponctués de phrases interrogatives. Merci beaucoup pour ce partage, je vais m’empresser de suivre le cheminement de vie de ce nouvel être.
Fifrou
Posté le 03/10/2019
Hiii, ça me touche réellement, à la fois de lire ce commentaire et surtout de voir qu'il y en a beaucoup d'autres, vraiment merci.
ce que tu dis me plaît fortement, l'immersion est l'une de mes raisons d'être, elle permet la fuite totale et complète bien que temporaire, mais c'est bien l'immersion que le monde recherche au quotidien.
avec grand plaisir !
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