Ballade pour Grace

Par Hylla

Dans mon oreille résonne ce son monotone,
Celui du bout de fil qui ne va décrocher ;
Et si à longueur de journée le combiné sonne,
Aujourd’hui non plus, je ne l’entendrai point parler.

Trois journées longues et lancinantes. Tu n’as pas rappelé.
Et le monde qui me dit de ne pas m’inquiéter…
J’ai besoin de t’entendre Grace, et tu le sais.
Savoir que tu vas bien, que bientôt tu vas me rentrer.

Mais aujourd’hui, tu as vingt-deux ans ;
Et je sais que tu veux te l’entendre fêter
Par l’homme qui t’adore plus qu’aucun ne t’a jamais aimé.

Aujourd’hui est de trop, j’en décroche le combiné.
Aidez-moi, cria ma voix désespérée
Qui s’étrangle et se meurt de ne point t’entendre parler.
Mais la police railla mon accent, sans doute trop étranger,
Et croyant à une farce, ne fit que raccrocher.

Mais je persiste et rappelle. Aidez-moi, priai-je,
Car rien n’est plus triste qu’un père inquiet,
Qui encre son sang pour sa fille
Qui depuis quatre jours ne l’a pas rappelé.
Les heures comme des années passent,
Mes larmes ont déjà trop coulé,

Et tandis que je pleure commence la cinquième journée.
Le téléphone sonne, je m’empresse de décrocher ;
Et dans ma tête résonnent ces mots à tout jamais gravés.
Ma fille, ma Grace, sauvagement assassinée.

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Pluma Atramenta
Posté le 16/07/2020
Salutations, Hylla !
Quels jolies rimes pour ce poème, et quelle fin inattendue ! Tu décris ce désespoir avec beaucoup de délicatesse et fluidité, tellement qu'on peine à croire ce qu'on lit... Ce n'est pas une remarque négative, j'apprécie énormément ton style !
A très vite, j'espère ! Puisse ton imagination se faire aussi fantastique qu'une nébuleuse !
Pluma.
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