Petites souris bien souvent font affaire,
Miaulant la même langue dont le rat n’a que faire.
Tandis que celui-ci s’en allait pour les inviter,
Souris se gaussèrent avant d’accepter.
Rat et souris ont la même tradition;
Mais ces dernières tiennent à la distinction.
Et pensant par la langue cacher leur action
Décident par là-même de se retrouver,
Et la veille même de préparer un dîner
Auxquelles chacune, sauf le rat, furent conviées.
Quel plaisir que celui d’un traditionnel repas
Que chacun de bon cœur dégusta,
N’oubliant point de rire du rat
Que par consensus, personne n’invita.
Vint le jour du dîner. Celui du bon, du vrai,
Que le rat a si longtemps cuisiné.
Et les souris, les premières attablées,
Ne prirent pas la peine de saluer les autres invités.
Ceux-ci, trop occupés à tout préparer,
Regardèrent les souris se goinfrer
Et piquer dans chaque plat les bouchées les plus belles.
Et chaque souris de venir le remercier,
Apogée de compliments mérités
Si coupablement formulés,
Car d’aucune ne pensait que le rat comprenait
Que les souris s’en étaient tantôt jouées.
Le rat heureux de partager sourit et les remercia
D’avoir de bon cœur partagé ce repas.
Et les souris rentrèrent,
Persuadées que ce fut le rat qu’elles dupèrent.
Mais le rat cache bien son minois,
Car dans les mémoires, seuls restent les scélérats.
