Ballade pour un Barde

Par Bleiz
Notes de l’auteur : Bonne lecture !

6 Décembre : Il est 2 heures du matin et je viens de rentrer. Je suis terriblement fatiguée, mais l’adrénaline qui court dans mes veines garde mes yeux grand ouverts. J’ai envie de courir, de sauter, de crier !

Le soleil disparaissait doucement derrière les immeubles. J’étais surexcitée car Charlotte, bénie soit elle, était parvenue à convaincre mes parents de nous laisser y aller en bus. D’ordinaire, ils préfèrent m’emmener où je souhaite aller -ce qui ne les empêche pas de se plaindre que je les considère comme des chauffeurs de taxis, allez comprendre. Soi-disant je serais trop inattentive pour me déplacer seule en ville ! Certes, je reconnais que je serais incapable de retracer le chemin menant au studio de musique et que je me suis contentée de ne pas lâcher la veste de Charlotte tandis qu’elle nous guidait. M’enfin, ce n’est pas une raison ! J’irais même jusqu’à dire que c’est parce que mon entourage me dorlote trop que j’ai des difficultés à faire certaines choses. Je suis pourtant capable de tout faire à la perfection : regardez où j’en suis.

Je m’égare. Nous étions arrivés au studio, donc. Je piétinais derrière Charlotte qui elle, traînait des pieds. Nous étions parvenues à un accord : j’acceptais de porter autre chose que des vêtements rouges et en échange, elle porterait de la couleur. Étant les deux ânes bâtés que nous sommes, j’avais une jupe jaune et un pull orange et Charlotte son éternelle veste noire, un pantalon noir, une écharpe noire... et un T-shirt blanc. J’eus beau lui expliquer que le blanc n’était pas une couleur, elle ne voulut rien entendre. C’est tout juste si j’arrivais à lui prêter un foulard gris. J’obtins ma victoire sur ses boucles d’oreilles : elles étaient rouges. Elle les tournait entre ses doigts pendant que nous patientons dans l’entrée. Le bâtiment en lui-même n’avait pas l’air de grand-chose : très discret, très gris de l’extérieur bien que propre… À l’intérieur, le sol était recouvert de moquette lie-de-vin sur lequel nous piétinions. Il y avait un ascenseur, un escalier et un long, très long couloir avec au moins une dizaine de portes. 

« On ne va pas être obligées de vérifier toutes les salles... n’est-ce pas ? Quelqu’un va finir par venir nous chercher ? » chuchotais-je sans oser bouger.

-Mmm. J’pense pas que... »

Sa phrase fut interrompue par un hurlement strident. Nous échangeâmes un regard.

« Ça venait du couloir... ? 

-MAIS QUELLE IDIOTE ! »

Je sursautais. C’était la même voix qui avait crié quelques secondes auparavant. Je me précipitais en direction des sons qui résonnaient de plus en plus distinctement, couvrant les exclamations courroucées. Je freinais devant la porte, jetais un coup d’œil à Charlotte avant d’entrer prudemment.

À l’intérieur de ce qui était à l’évidence un studio d’enregistrement, deux hommes se tenaient debout l’un à côté de l’autre. Un autre, assis devant une foule de boutons et de commandes, suppliait dans le micro :

« Elena, c’est bon. Il faut qu’on passe à la suite, c’est pas grave !

-Pas grave ? Elle a raté sa mesure, encore ! Elle n’est jamais en rythme ! Tu n’en as pas marre de te foirer tout le temps ? »

Je levai un sourcil à l’intention de Charlotte qui me rendit un regard perplexe. Je m’avançais encore un peu pour mieux voir. Derrière la gigantesque vitre de verre, une grande femme, avec une cascade de cheveux roux bouclés et à l’expression courroucée, agonisait d’injures une autre jeune fille. Celle-ci avait des cheveux mi- long bruns attachés en queue-de-cheval. Elle était l’exacte opposée de l’autre, même dans son attitude : ses yeux marrons baissés vers le sol, la tête basse, elle attendait que l’orage passe. Son visage restait de marbre, l’air presque indifférent. On aurait pu croire que les hurlements ne l’affectaient pas, mais ses poings serrés racontaient une tout autre histoire. Je ne pus m’empêcher de me dire que si elle restait aussi calme, ce n’était pas par simple peur de perdre son travail. Son expression était si lisse qu’elle cachait forcément quelque chose. Les autres musiciens échangeaient des regards gênés et des grimaces discrètes. 

Un des deux hommes debout haussa les épaules et, avec un large mouvement du bras, dit à son compagnon :

« Pourquoi c’est toujours les meilleurs artistes qui ont le pire caractère ?

-Meilleur ? Tu veux dire célèbre, » lui répondit son acolyte. « Je me demande si elle aurait été aussi populaire après son single si la maison de disques n’avait pas révélé que c’était la Pythie qui avait donné son nom.

-J’ose espérer que ç’aurait été le cas. Ma vision avait indiqué un succès durable. »

Tous se retournèrent avec un sursaut de stupeur. L’un s’exclama, devançant ses collègues bouche bée :

« Mais, vous ! Vous êtes la Pythie ! »

Je répondis par un sourire indulgent. Je remarquais toutefois que l’annonce de ma présence avait permis de mettre fin à la dispute. Les deux femmes derrière la vitre s’étaient rendu compte de l’agitation et, m’apercevant, s’étaient vivement détournées de l’une de l’autre pour chercher du regard la fameuse voyante (oui, moi). Charlotte enchaîna :

« Nous sommes arrivées il y a quelques minutes. Il n’y avait personne à l’entrée, alors nous sommes allées en direction du bruit.

-Pourquoi ne pas nous avoir dit que vous étiez là ? » demanda l’homme sur sa chaise, presque accusateur.

« On voulait pas interrompre. » dit Charlotte en fixant le type avec un sourire narquois.

Un de ses collègues toussa dans son poing, détournant les yeux, tandis que l’autre ouvrait la bouche pour mieux la refermer. Tout à coup, la porte séparant les deux parties du studio s’ouvrit en grand, laissant apparaître la banshee rousse. Elle s’écria en me pointant du doigt :

« La Pythie ! »

Et avant que je puisse dire quoi que ce soit, elle me serrait dans ses bras. Pendant une fraction de secondes, je crus mourir. Quelle personne sensée met autant de parfum ? C’était comme si les fragrances riches et piquantes avaient enfilé des gants et me boxaient les narines sans pitié. Mais je tins bon, lecteurs. Rien ne doit ruiner une première impression, pas même l’agonie de mon odorat. Je ravalais donc une remarque acide et dis, étranglée dans son étreinte :

« Elena Bloom, je suppose ? Ravie de vous rencontrer.

-Oh mon Dieu, mais elle est toute petite ! Trop mignonne ! »

Elle me pétrit les joues tout en s’extasiant. J’appelais Charlotte à l’aide du regard, mais celle-ci semblait distraite par la décoration, les gens ou je-ne-sais-quoi : toujours est-il que cette traîtresse m’abandonnait ! Je me dégageai des bras de la chanteuse avec autant de délicatesse que je le pus. Pas gênée par mon évidente réticence, elle s’exclama :

« C’est incroyable qu’on ne se soit jamais rencontré jusqu’à maintenant ! Je n’ai jamais eu l’occasion de te remercier pour...tu sais... 

-Pas la peine de me remercier, » fis-je avec une fausse douceur, « je n’ai fait que transmettre ma vision. J’ai cru comprendre que vous enregistriez la dernière chanson aujourd’hui ?

-Ah, oui ! Viens, je vais te présenter la bande... »

Elle me poussa presque dans la seconde partie du studio. J’avoue, lecteurs, que cette jeune dame ne m’enthousiasmait pas des masses. Me tutoyer ? Sérieusement ? Je suis la Pythie, devineresse ! Seule voyante dans le monde entier à qui on accorde un crédit et une confiance totales ! Mes prédictions ébranlaient le monde depuis maintenant plusieurs mois et elle, sous prétexte que j’étais une enfant, se permettait de me parler comme ça ? Mais nous n’avons pas élevé les cochons ensemble, madame, un peu de tenue ! 

Bien évidemment, je n’ai rien dit de tout ça. J’ai gardé mes pensées pour moi et me suis contentée de servir aux musiciens un sourire rayonnant, tandis que j’enfouissais ma frustration au plus profond de mon être.

« À la batterie, nous avons Jack, les deux basses, c’est Marie et Kévin... et au piano, Gemma. »

Ainsi, tel était le nom de la malheureuse qui s’était faite incendiée pour une fausse note ! Elle me faisait un peu pitié. Pas vraiment le physique d’une battante, non : de taille moyenne, plutôt chétive, se noyant dans son gilet vert pomme... C’était le genre de créature qui donnait constamment cette impression qu’elle avait besoin d’être protégée. Ladite Gemma me salua avec grâce d’un léger signe de tête. La pauvre ! Ça ne devait pas être simple de travailler sous la houlette d’un tyran pareil à Elena. D’ailleurs, celle-ci avait déjà repris la parole :

« On va se dépêcher de finir. On avait presque terminé ! Comme ça, on pourra fêter ça, pas vrai ? »

Les musiciens accueillirent la nouvelle avec excitation. Visiblement, notre diva n’était pas la seule à en avoir assez. 

On nous trouva deux chaises. Charlotte et moi s’assîmes côte à côte, près de la vitre. Le monsieur assis aux commandes nous prêta deux casques, afin d’entendre la chanson. Charlotte me donna un coup de coude discret, souriant jusqu’aux oreilles. J’avais beaucoup de mal à cacher mon excitation. Enfin, être Pythie me rendait la vie plus amusante !

Une demi-heure plus tard, nous en avions enfin fini. Sans mesure ratée ou crise de colère ! Je me plais à imaginer que l’ambiance chaleureuse qui régnait alors avait été facilité par ma présence.

Nous nous rendîmes dans une pièce réservée pour la soirée dans un chahut confortable. La porte s’ouvrit devant nous et immédiatement, des applaudissements remplirent l’espace. Il y avait des gens, partout ! Je reconnaissais les visages de certains, vus à la télévision ou sur les réseaux sociaux. Si je ne connaissais pas les autres, je savais cependant qu’ils étaient semblables. Les sourires et des exclamations rebondissaient sur nous -les musiciens, le staff, mon agent, moi. Elena Bloom fit une petite révérence avant de me prendre la main et m’inviter à faire de même. Les applaudissements redoublèrent, on cria mon nom et moi, comme une idiote, je ne pouvais m’empêcher de rire. Il y eut des flashs et pendant une seconde, j’eus peur que des journalistes aient réussi à se faufiler parmi les invités, mais non. Juste des personnes qui voulaient marquer le coup et qui capturaient l’instant avec leur téléphones. On me rassura d’ailleurs qu’il n’y avait ici que des amis et des collègues, autrement dit pas d’intrus. Un des hommes du studio -le producteur, sans doute- mit fin aux clameurs et se lança dans un court discours. Je serais incapable de répéter un mot de ce qu’il a dit. Il finit par se taire, il y eut de nouveau du bruit et puis la chanteuse m’entraîna au milieu de la foule.

J’étais sous le charme. Qui eût cru qu’il serait aussi grisant de parler à des gens ? Peut-être est-ce à cause de l’humeur générale. Ou parce que cette soirée était la preuve concrète que j’étais parvenue à quelque chose. Toujours est-il que je m’amusais beaucoup. Aveuglée par les paillettes et les noms célèbres, peut-être, mais je m’amusais et c’est tout ce qui comptait. Oh, ne me reprochez pas ma faiblesse ! Chacun ses défauts. J’aime ce qui brille, même si ce n’est pas toujours de l’or. J’entendais déjà les sarcasmes de Charlotte... Tiens.

Où était passée Charlotte ?

Pour la première fois depuis le début de la soirée, je me séparais de la chanteuse pour partir à la recherche de mon agent. Je dus faire deux fois le tour de la pièce -gigantesque pièce, vraiment, ça m’a pris une éternité- avant de l’apercevoir, adossée dans un coin. Elle sirotait un verre de jus de fruits quand je parvins à sa hauteur.

« Qu’est-ce que tu fais là ? Tu essaies de parfaire ton image de professionnelle asociale et gothique ?

-Hilarant, » dit-elle en levant un sourcil comme à son habitude. « Non, c’est pas ça. 

-Alors quoi ? Tu ne te sens pas mal, j’espère ? » Elle commençait à m’inquiéter mais tout à coup, elle souffla avec force et grimaça :

« Mais non ! J’aime juste pas les gens. Y’a trop de monde, j’en vois déjà deux ou trois complètement torchés... et ils parlent fort ! Pourquoi faut-il qu’ils braillent comme ça, hein ?

-C’est à cause de la musique...

-Je sais, merci. Je suis bête, mais je me soigne. »

Je m’appuyais dos au mur à mon tour. Elle continuait de grogner à voix basse, le nez dans son gobelet quand je lui dis :

« Merci. Vraiment. Pour ce soir et puis, pour ce que tu as fait depuis le début. »

Charlotte écarquilla les yeux et me fixa. Silencieusement. Cela aurait presque pu être effrayant si je ne la connaissais pas aussi bien. Elle se détourna, les joues roses, et marmonna :

« J’me demande ce qu’ils ont pu mettre dans ton verre pour te rendre aussi aimable... »

Je ris de bon cœur à cette remarque qui n’était pas totalement infondée. Il se peut que je n’exprime pas suffisamment mes sentiments positifs. Encore une chose sur laquelle il me reste à travailler...

« Toi, par contre, tu t’éclates ce soir, » dit-elle en me dévisageant.

-Oui, c’est vraiment une excellente soirée. Elena m’a présenté à beaucoup de monde... Elle est plutôt sympa, en fait. Mon coup de pouce divinatoire joue sûrement une grande part dans son affection, mais quand même. Sympa. Oh, Marchand, personne ne me dit que je suis trop jeune ici. C’est formidable !

-La Pythie n’a pas d’âge...

-Exactement. »

Je passais une dizaine de minutes avec Charlotte, à discuter de tout et de rien. Je n’ai pas le souvenir d’avoir déjà eu un moment pareil avec elle. Pourtant, j’ai beaucoup ri et il me semble qu’elle était contente. J’en ai profité pour lui demander si elle aimait vraiment la photographie. Apparemment, elle consacre -ou plutôt consacrait, ma carrière lui laisse peu de temps libre- ses week-ends à ça. Elle pique le vieil appareil de son père et cours les rues de son arrondissement pour prendre les meilleurs clichés qu’elle peut. Ça m’a fait penser à la photo qu’elle a prise de moi, lors de l’interview. Peut-être que la roublardise n’est pas son seul talent, après tout…

Je vous ai déjà écrit que le bâtiment était gigantesque, n’est-ce pas ? Les couloirs sont sans fin et les toilettes à l’autre bout du monde. Un manque de jugeote de la part de l’architecte, si je puis me permettre. J’errais donc dans le bâtiment comme une âme en peine, à la recherche des WC, pendant plusieurs minutes. 

La porte de la salle d’enregistrement était mi-close quand je passais devant. Un filet de lumière s’en échappait, ténu. J’aurais pu continuer mon chemin et retourner à la fête. Je n’avais aucune envie de manquer aucune des choses amusantes qui pourraient se passer. Charlotte m’attendait et Elena également. D’autres gens voulaient me rencontrer et discuter avec moi, je n’avais pas une seconde à gaspiller de cette occasion. Mais quelque chose me poussa à entrer. 

La partie arrangement musical, avec tous ses boutons et ses engins électroniques, était plongée dans le noir. J’y avançais à tâtons. Une lampe était allumée de l’autre côté de la vitre. Accrochée au rebord du piano, il éclairait les partitions, les touches du piano et les doigts qui dansaient dessus. Je n’avais pas la moindre intention d’espionner, mais quand j’ai compris qu’il y avait quelqu’un qui jouait, invisible à mes yeux comme je l’étais aux siens, je me suis laissée tenter. Je n’ai pas allumé la lumière de mon côté, si bien que mes yeux étaient rivés à la seule source de lumière et à ses mains en mouvement constant. La porte s’est refermée dans mon dos sans un son.

Au début, j’ai vraiment hésité à faire demi-tour. Et puis, j’ai réalisé qu’il était trop tard et que de toute façon, reculer n’a jamais été mon style. Je me suis donc assise sur une de ces chaises à roulettes près du tableau de commandes et j’ai enfoncé un casque sur mes oreilles.

Je crois avoir déjà mentionné, une fois au moins, que j’aimais la musique classique. Si ce n’est pas le cas, je vous le dis ici. C’est un type de musique particulier, la musique classique. C’est long, il y a beaucoup d’instruments, souvent, et presque jamais de paroles. Pourtant, rien ne m’a jamais autant marqué l’esprit comme au fer rouge que le classique. Gemma, la pianiste au gilet vert, jouait la ballade n.1 pour piano de Chopin, en sol mineur. Comment, vous ne connaissez pas ? Malheureux que vous êtes, courez à vos ordinateurs ! 

Le morceau commence avec un premier son, grave, qui résonne dans la poitrine. Elle est vite suivie d’une file de notes grimpant pas à pas vers les aigus. La musique se trace un chemin sur le clavier, sans se presser. Les notes flottent alors un instant dans l’air, retenues dans la paume du musicien. C’est avec une grande précaution qu’elle revient, pas effrayée par les pauses, prenant son temps pour respirer. Lentement, le rythme s’accélère, sans qu’on y prenne garde. Alors, il n’y a plus de retour en arrière possible. On ne peut que suivre le mouvement, détourner le regard n’est pas une option. Soudain, le morceau se transforme en personne et vous enjoint à le suivre. Il vous pousse de sa main dans le creux de votre dos et vous entraîne à sa suite. Il faut continuer : mais ce n’est pas comme si vous aviez jamais eu l’intention d’arrêter.

Ces mains qui dansaient m’avaient littéralement capturées. Je ne sais pas combien de temps je suis restée, assise, prise par la musique. Mon cerveau me lâchait par moments des informations de passage -on devait se demander où j’étais passée, là-bas ; les cernes de la pianiste n’étaient probablement pas dû à des nuits à se tourmenter, mais plutôt par des heures de répétitions solitaires ; comment ses doigts pouvaient-ils bouger aussi rapidement, elle devait avoir des articulation supplémentaires ! Je me rappelle avoir pensé à un moment quelque chose comme « Oh et puis zut, au Diable cette soirée. » et m’être affalée sur mes bras, sur la table, en essayant de n’activer aucun bouton par accident. 

Parfois, je rouvrais les yeux et apercevait ceux de Gemma qui brûlaient au-dessus de sa partition. Elle cachait bien son jeu, la petite pianiste : au milieu des autres, on aurait pu la prendre pour une poupée de porcelaine. Seule, elle laissait une rage et une détermination brute et butée que je ne connaissais que trop bien. On aurait dit moi.

Je me laissais porter encore un peu par la musique quand une légère vibration ébranla le sol sous ma chaise. Je jetais un coup d’œil, sans relever la tête. C’était Charlotte, qui avait fini par s’inquiéter de ne pas me voir revenir. Je me redressais et lui tendis mon casque sans un mot. C’est à peine si elle leva un sourcil en s’exécutant. Son visage se métamorphosa dès la première note. Yeux écarquillés, bouche bée, tout y était. Elle resta ainsi pendant deux bonnes minutes, à écouter le piano, avant d’enlever le casque de ses oreilles et de le mettre autour de son cou. Ébranlée par la musique, elle resta silencieuse. Nous échangeâmes un regard.

« Oooh, toi, » murmura-t-elle. « Je connais cet air. 

-J’ai eu un déclic, » dis-je, menton toujours appuyé contre mes bras.

-Alors ? »

Je me retournais vers la pianiste, toujours absorbée par son morceau.

« J’ai trouvé notre premier héros. »

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Ilthedam
Posté le 16/11/2022
Très joli enchaînement avec une belle chute ! Je m’attendais aussi à des ennuis pour m’la pythie mais ça sera pour plus tard sûrement XD
Sur la remarque du tutoiement, je trouve un peu bizarre qu’Ingrid s’en offusque maintenant alors qu’elle a laissé d’autre lui parler ainsi sans problème (Tristan des le début je crois bien non ? Je peux me tromper…)
Hâte de lire la suite !
Bleiz
Posté le 30/12/2022
Salut ! Les ennuis arrivent, lentement mais sûrement. Le tutoiement l'ennuie en dehors des gens de son âge car ça lui donne l'impression qu'ils ne la prennent pas au sérieux en tant que Pythie... Comme Tristan est au courant de tout, le tutoiement avec lui n'est plus vraiment un souci. J'espère que c'est plus clair comme ça !
À bientôt :)
Edouard PArle
Posté le 27/07/2022
Coucou !
Je ne m'attendais clairement pas à la chute, très bien amenée ! Je m'attendais plutôt à un dérapage, une attaque ou un truc du genre xD Les descriptions de l'ambiance de la fête sont très cool, le passage sur le morceau de musique est particulièrement bien écrit. Musicienne ?
En tout cas, je trouve ce choix de héros super intéressant. J'ai hâte d'apprendre à mieux connaître cette pianiste. Et aussi de découvrir les futurs héros !
C'est sympa de voir Ingrid se libérer en dansant, elle sort un peu de sa "zone de confort" d'intellectuelle blasée. Le personnage d'Elena Bloom est très bien introduit, elle a un sacré caractère ! J'espère qu'on la reverra un de ces quatre...
Mes remarques :
"que de toute façon, reculer n’a jamais été mon style" -> n'avait jamais (après le "que" imparfait) ?
"n’étaient probablement pas dû à des nuits à se tourmenter," -> dues ?
Un plaisir,
A bientôt !
Bleiz
Posté le 27/07/2022
Coucou !
Ça me fait toujours plaisir quand les lecteurs ne voient pas un plot twist arriver, donc ta surprise me ravit ! Et oui, j'ai longtemps joué du violon, et compte reprendre bientôt :) je m'y remets par l'écriture, il semblerait ! Comme toujours, merci pour tes remarques,
À bientôt ! :)
Benebooks
Posté le 21/06/2022
Salut !
Je m'attendais à ce qu'Ingrid rencontre ses premiers ennuis à cette soirée, donc je suis surprise par la chute du chapitre ! J'aime déjà cette petite pianiste (et je pense qu'Elena Bloom pourrait être jalouse). Et j'aime beaucoup ta description du morceau de musique ! C'était super bien trouvé, il faudra que j'aille l'écouter !
A bientôt !
Bleiz
Posté le 24/06/2022
Salut !
Contente que tu aimes la description du morceau, c'est un de mes préférés ! Je le recommande vivement :)

À bientôt !
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