Balthazard et Loras : La Souvenance

Par Sabi
Notes de l’auteur : Du 23 juillet au 6 août 1075 après le Débarquement.

Thème musical du chapitre : Weight of the world English version. https://www.youtube.com/watch?v=ToBQY630PZE

Balthazard arpentait le chemin de ronde sud de la cité. Dans le ciel, on commençait à voir à l’est pâlir les étoiles. L’aube n’était plus très loin.

La vie de Balthazard était répartie en trois temps. Il y avait d’abord le temps principal, au service d’Érica. S’occuper de ses appartements, de ses repas, des autres domestiques à son service, transmettre certains messages de sa part, tout cela faisait partie de ses tâches quotidiennes. Mais au milieu de tout ça, il arrivait assez souvent qu’Érica lui laisse des demi-journées de libre afin qu’il pût se reposer. C’était là le temps secondaire, qu’il utilisait afin de rendre visite à sa famille.

Après plusieurs années passées au service d’Érica, son frère et ses sœurs avaient beaucoup changé.

Basile et Émeline avaient désormais treize ans, Ermengarde, quatorze. Le gentil Basile était devenu un adolescent en pleine croissance à qui il fallait sans cesse repriser ses vêtements. Depuis que Balthazard était entré au service des Marjiriens, il avait plus ou moins pris la place de son grand frère auprès d’Émeline. Cette dernière, quant à elle, avait conservé une attitude enfantine et spontanée, un brin capricieuse. D’aussi loin que Balthazard pouvait se souvenir, elle avait toujours été en constant besoin d’attention. Elle l’obtenait maintenant de Basile et de Maria quand celui-ci ne pouvait pas se rendre disponible. Pour ce qui était d’Ermengarde, même une fois intégrée au sein de leur famille, elle avait constamment fait preuve d’une certaine propension à se mettre à l’écart. Toujours taciturne et réservée, ses longs cheveux aile de corbeau lui masquant à moitié le visage comme un voile de protection.

Ou tout du moins, tel avaient été leur caractère et comportement avant la fuite du Val. Lorsque Balthazard les avait retrouvés à Tervire, il avait tout de suite remarqué que les événements avaient affecté son frère et ses sœurs, à commencer par Émeline.

Lorsqu’il venait leur rendre visite aux halles couvertes, Balthazard tentait tant bien que mal d’apaiser sa sœur cadette en lui murmurant des mots de réconfort. Mais Émeline se comportait comme une petite souris terrorisée par un chat. Elle se cramponnait à lui comme un naufragé à une bouée en tremblant, et n’acceptait de se détacher de lui que pour se recoller à Maria ou Basile. D’après Loras, il fallait laisser le temps faire son œuvre. Viendrait un moment où elle aurait finie de digérer ce qui s’était passé, et elle retrouverait une certaine tranquillité. De toute manière impuissant à faire autre chose pour sa sœur, Balthazard se raccrochait aux paroles de son père en espérant de toutes ses forces qu’il eût raison. 

Cependant, cela était chose difficile, et pour deux raisons. La première, la plus évidente, était la situation actuelle : une ville se préparant à un siège, encombrée par les réfugiés et les blessés, avec si peu de soldats pour défendre le tout, n’encourageait guère une enfant à se rassurer. La seconde était que Loras était parti.

Une semaine environ après l’accession au trône d’Érica, son père en avait fait l’annonce à toute la famille, médusée. On l’avait supplié de ne pas le faire, on lui en avait demandé l’explication. Et bien qu’il fût clair que Loras ne prenait pas cette décision de gaieté de coeur, il ne dit mot quant à ses motivations. Le lendemain, il était parti vers le sud.

Un comportement absolument incompréhensible. Pour Balthazard, cela ressemblait énormément à ce qu’il avait déjà vécu enfant. Loras avait-il vraiment fait une telle chose ? S’en était-il allé, les abandonnant lâchement à leur sort pour sauver sa peau ? Dès que ces doutes remontaient à la surface de son esprit, le jeune homme se mettait à arpenter comme un lion en cage les remparts sud de la ville, formant là le troisième et dernier temps de sa vie quotidienne. La colère l’embrasait. Mais plus encore, l’angoisse stridente le tenaillait. Sans cesse, il revivait, par vague, ses souvenirs de petit enfant laissé au Val par cette troupe de cirque. Si jamais Loras avait osé… Il le retrouverait et le tuerait. Oui, c’était clair dans son esprit. 

La seule chose qui le retenait de sauter à la conclusion était ce que lui avait donné Loras juste avant de partir : un pendentif argenté en forme d’hippocampe. Le lui tendant, il avait ajouté deux mots très courts : « Porte-le ».

Pourquoi lui avoir donné cet objet, et juste avant de partir ?

Éreinté par ses allers-retours le long des créneaux de la muraille sud, Balthazard se tourna vers l’horizon où avait disparu son père. Il dégagea l’hippocampe qui pendait à son cou sous sa chemise de lin et le contempla pensivement alors que le soleil de l’aube se levait à l’est, faisant resplendir l’argent du pendentif. 

 

*

 

Le soleil se levait sur les grandes plaines. Le sud de Tervire était ainsi fait. Ou plutôt, on pouvait dire que tout le reste de Corvefell s’étendait en une immense plaine régulière jusqu’aux massifs désertiques des Havenins à la frontière avec Cyrcelor.

Cela dit, par plaine, il ne fallait pas croire que l’ensemble du paysage consistait en une étendue d’herbes pareille à une steppe ; des forêts en occupaient une grande part. Et c’était précisément au sein de l’une d’elles que se trouvait la destination de Loras. Les rayons du soleil traversaient les feuilles et les branches des arbres, se coulant à travers chaque interstices de la canopée. L’air frais sentait l’humus et le champignon d’une sylve en pleine santé. Pour Loras cheminant sur un tapis brun de feuilles mortes, il s’agissait d’un petit cadeau gratuit de la vie dont il savourait le moment, d’autant plus qu’il savait ce qui l’attendait.

 

Quitter Tervire avait été une épreuve en soi. Non pas parce que les gardes l’avaient gêné, mais plutôt parce qu’il avait fallu y laisser Maria et les enfants. Et s’ils étaient habitués à ses absences, Émeline tout particulièrement n’avait pas accepté aisément l’annonce de son départ. Lui-même aurait préféré rester et s’occuper des siens étant donné les circonstances. Il le fallait pourtant. Combien il aurait voulu que ce fût quelqu’un d’autre qui s’en chargeât ! Mais Loras était le Marchétoiles valide et disponible le plus proche de cet endroit. Maria aurait pu y aller, certes. Mais elle n’y était pas ce jour-là. Et dans ce qu’ils devaient faire en ce lieu, les souvenirs étaient ce qui, potentiellement, pouvait faire la différence entre le succès et l’échec ; entre la vie et la mort.

Loras avait peur. Il la sentait dans un des replis de son ventre. Tout ce temps à attendre, à craindre ce qui devrait tôt ou tard être fait, ou plutôt défait. Alors, il avait fait avec. Il l’avait acceptée, et c’était ce qu’il s’évertuait à faire en lui encore à ce moment là. Poursuivant sa route dans cette forêt, Loras tâchait de vivre les meilleurs moments possibles avant de retrouver l’endroit qui hantait ses cauchemars depuis sa Souvenance : Veresté.

 

Tant bien que mal, il était parvenu à retrouver le chemin qui y menait. Recouvert d’herbes, de ronces, et même de quelques arbrisseaux par-ci, par-là, il fallait avoir un œil observateur pour se rendre compte qu’un chemin était caché dessous ; ou alors le savoir... 

Tout ce qu’il lui restait à faire désormais, c’était suivre le tracé quasi disparu de la route et Veresté serait là, de nouveau.

Loras avait l’impression d’avoir une pierre coincée quelque part au fond de la gorge. Plus il avançait dans cette direction, plus son corps lui donnait l’impression d’être fait de plomb.

Depuis quand n’était-il pas revenu à Veresté ? S’il calculait bien, cela allait faire cinquante ans. Cinquante ? Vraiment ? S’il laissait ses souvenirs remonter à la surface, tout lui donnait la sensation que Veresté s’était passé hier.

 

La forêt finit par s’ouvrir, laissant la place aux premières habitations de la ville. Cinquante ans, et tout était debout, intact. Propre. Aucune poussière ni toile d’araignée sur les portes et les chambranles ; la route, qui dans la forêt était ensevelie sous les herbes, était aussi dégagée que si quelqu’un s’en était occupé à l’instant. Plus Loras approchait du palais du centre-ville, et plus l’aspect insolite de la cité se ressentait. Veresté, la cité figée. Personne à Corvefell ne s’en approchait, et surtout pas les Marchétoiles, jusqu’à aujourd’hui.

Loras avançait pas à pas, comme si le danger pouvait surgir d’une des fenêtres fermées des bâtiments l’entourant. Il savait que la ville était déserte, hommes comme animaux avaient été emportés. Personne ne lui ferait du mal en ces rues vides. En vérité, ce qu’il redoutait était bien différent.

Sans aucun signe avant-coureur, sa vision se brouilla. En une fraction de seconde, tout redevint normal, à l’exception près que la ville déserte ne l’était plus. Des hommes et des femmes étaient accoudés aux fenêtres, certains étendant leur linge. Des enfants couraient dans la rue, slalomant entre les jambes de la foule qui occupait désormais les pavés. Des guirlandes de fleurs étaient suspendues au-dessus d’eux. Des chiens aboyaient. Des marchands achalandaient. Des oiseaux volaient dans le ciel. Le soleil de la fin d’après-midi commençait à se coucher entre les immeubles du centre-ville.

 

Le souvenir fantôme se dissipa alors. Le bruit si vivant de la foule s’éloigna avant de se dissiper dans l’air. Les gens dans la rue se pulvérisèrent en fines particules, et les guirlandes se désintégrèrent.

Loras était de nouveau seul dans la cité déserte, au milieu de la journée. Le coeur au bord des lèvres, Loras se hâta. Il savait très bien que cela allait se produire. Il savait que sa Mémoire finirait par se projeter sur ce décor. Et pourtant, il n’en était pas moins terrifié. Tout plutôt que de devoir revivre le drame de Véresté…

Audacia paula. Avec un peu de courage, on peut changer un monde. C’était ce qu’elle aimait leur dire autrefois avec son sourire.

Loras ne devait pas. Il avait un devoir à accomplir. Il ne pouvait se permettre de succomber à la tentation de la nostalgie, et continuer à dérouler ce souvenir au point de revoir son visage. Mais ses paroles lui avait rendu de la force. S’y accrochant comme un naufragé à une bouée en pleine mer, Loras continua sa route vers le palais, vers l’épicentre de la tragédie.

 

*

 

Balthazard dormait d’un sommeil peuplé de cauchemars. Depuis plusieurs nuits, des images étranges hantaient ses rêves, parfois amicales, parfois hostiles. Cette fois-ci, l’effroi qu’il ressentait au coeur de la nuit était tel qu’il ne parvenait pas à se réveiller. Tout cela était-il réel ? La cohorte des damnés qu’il voyait passer sous ses yeux, attirés tous à contre-coeur vers ce gouffre de ténèbres, était-elle… Tous ces regards suppliants, ces gémissements, ces cris de terreur, ils emplissaient ses oreilles et son coeur d’une détresse insoutenable. 

Il était presque éveillé désormais. Il pouvait sentir sur sa peau le matelas et les draps, humides de sueur. Il percevait les tremblements qui secouaient ses membres, ses dents claquer. Il sentait la température froide du petit matin autour de lui. Le coq ne tarderait plus. Et pourtant, il était tout en même temps plongé dans cettevision. Il les voyait, il les entendait tous. Le jeune homme pleurait de rage devant son impuissance à se réveiller complètement. Mais cela était-ce le tout ? Au sein même de son cauchemar, Balthazard s’interrogea sur l’émotion qui l’étreignait. Il connaissait fort bien l’impuissance. C’était elle qu’il avait ressenti enfant lorsque la troupe de cirque l’avait abandonné à Loras. C’était elle qu’il ressentait face à ces hommes, ces femmes… ces enfants 

« Pitié ! Pitié ! Pas les enfants. Prenez moi à la place ! Mais épargnez les enfants. Mon Dieu, pourquoi s’en prendre jusqu’aux bébés ?! »

Cette voix qu’il entendait était la sienne, sans l’être tout à fait. Elle était plus grave, plus adulte. Mais allez comprendre comment, Balthazard savait que c’était la sienne.

Tant d’atrocité face à laquelle il ne pouvait rien. Il avait envie de vomir. Soudainement, la longue file des condamnés ainsi que la gouffre sans fond s’évaporèrent. Il vit alors émerger de noir une silhouette indistincte, mais indubitablement féminine. À sa vue, une nouvelle émotion, d’une complexité qu’il n’avait encore jamais vue, effraya le jeune homme qu’il était. Il lui semblait qu’étaient mélangés pêle-mêle terreur et nostalgie, dégoût et désir, colère et soulagement, peur et amour. Tout ceci en un instant, alors qu’il ne parvenait même pas à voir à qui il avait affaire ! Et pourtant…

Le coq chanta, le soleil se levait. La vision se dissipa comme le brouillard. Balthazard ouvrit les yeux. Des larmes coulait de ses joues, inarrêtables, incontrôlables.

Le jeune homme contempla un long moment le plafond de sa petite chambre située non loin de celle de sa maîtresse Érica. Il ne comprenait rien à ce qui lui arrivait. Tout ce qu’il savait, c’est qu’une grande douleur habitait sa poitrine. Son coeur battait la chamade, et il respirait comme quelqu’un se débat pour ne pas suffoquer. 

Il rejeta les couvertures dans lesquelles il s’était empêtré, et se leva, tentant de repousser les spectres de ses nuits. Sans grand succès. C’est alors, au milieu de son agitation, qu’il remarqua quelque chose : son pendentif en forme d’hippocampe était d’une chaleur étrange sur la peau de sa poitrine. Sa vue, il ne sut pourquoi, lui apporta du réconfort, et Balthazard put reprendre la maîtrise de sa respiration. 

Après quelques secondes à apprécier cet état, le jeune homme jeta un regard par l’unique fenêtre de sa chambre. La vue donnait sur les grandes plaines du sud. Il se demanda alors quand son père reviendrait.

 

*

 

En plein coeur de Veresté avait été bâti le palais, immense construction rectangulaire se dressant au milieu de ce qui avait été un parc agréable. Désormais terre nue et desséchée, l’endroit renvoyait la même impression que partout ailleurs dans cette cité : la rigidité cadavérique.

Pour Loras, la progression devenait de plus en plus dure. Les projections se produisaient à un rythme de plus en plus soutenu jusqu’à ce qu’il en devînt cadencé comme un métronome. Combien de fois Loras faillit se perdre dans son souvenir ? Il n’avait même pas tenté de compter. 

Parvenu aux portes du palais, la fatigue mentale se faisait sentir comme un poids invisible dans tout son corps. Mais il ne pouvait pas flancher. Il irait jusqu’au bout maintenant qu’il en était rendu là.

L’intérieur autrefois recouvert de tentures et de riches tapisseries était désormais dépouillé de tout ce qui en faisait la vie, ne laissant que les murs. Un tombeau, voila ce qu’était devenu cet endroit. 

La peur s’exudait par toutes les pores de Loras, trempant ses vêtements aussi sûrement qu’un fleuve glacé. Le silence en cet endroit était tel qu’il en devenait assourdissant. Même ses propres pas n’émettaient plus de bruit. Seul son nez percevait maintenant une odeur légère mais entêtante : celle de la violette. 

Il était tout proche à présent. Devant lui se dressaient les portes de la salle du trône. Il entendait une voix, réelle ou bien n’existait-elle que dans sa tête ?

Qui suis-je ?

Cette question revenait, lancinante, désespérée. En l’entendant, Loras se mit à regretter d’avoir repoussé aussi longtemps cette confrontation, pourtant inéluctable. Il n’avait tout simplement pas été capable de digérer l’angoisse qu’il éprouvait face à pareille éventualité. Loras savait bien que ce retard n’aurait apporté que de la souffrance à tout le royaume, en définitive, y compris à lui-même. Et il avait pourtant choisi cette route : celle qu’il se sentait de taille à affronter. Devait-il s’excuser d’avoir fait ce qu’il était capable de faire ? De supporter ce qu’il pouvait supporter ? Il savait bien que personne en ce monde ne pouvait le juger sur cela. D’autant plus qu’aujourd’hui, Loras venait apporter un point final à ce drame. Tout serait fini dans quelques instants, par lui et avec lui.

S’appuyant de tout son poids sur les battants, Loras parvint à ouvrir les portes et à pénétrer en le lieu où tout s’était joué.

 

Elle était là, assise sur son trône, à le regarder sans détourner ni même cligner des yeux. Elle n’avait pas pris une ride de plus qu’autrefois. Son visage était une copie conforme de celle qu’elle avait été cinquante ans plus tôt. 

Puis, Loras remarqua deux choses, pourtant assez évidentes. Ses cheveux blond cendré étaient désormais d’un noir mat ; sa peau au teint clair était désormais d’un blanc grisâtre.

Ce qu’il avait en face de lui n’était pas – n’était pluselle. Émilia Marjiriens était bien morte. Devant lui se tenait l’anomalie.

 

*

 

La fête du printemps battait son plein à Veresté. Des lampadaires avaient été allumés dans les rues. Partout des stands avaient été ouverts où l’on pouvait participer à des jeux d’adresse ou déguster des petits plats. Les rires et la bonne humeur étaient de mise. Et au milieu de tout cela, une crise majeure se jouait.

 

Tout avait commencé pour Loras lorsqu’il avait reçu le message d’alerte de Balthazard l’informant de ce qui était en train de se passer au palais.

Devant l’urgence de la menace, il n’avait pu que courir ventre à terre au palais. Tout se mélangeait dans sa tête car son coeur était le siège d’une grande terreur, fort ancienne, antique ; l’hypothèse insupportable que ce qui était, bientôt, ne serait plus, effacée. Une fois déjà, ils avaient dû vivre ce cauchemar. 

Pas une seconde fois. Jamais ! Pitié ! 

Voilà ce que son coeur hurlait à chaque battement dans ses veines : un cri de supplique, un appel à la clémence. Miséricorde ! Pour lui, pour sa famille, pour son peuple, pour ce monde, Miséricorde…

Loras était sûr de faire tout ce qu’il pourrait. Mais serait-ce suffisant ? S’ils échouaient…

 

Le palais se dressait devant lui dans le soleil couchant, la façade dans la pénombre déjà illuminée par des lanternes et lampions de fête.

Une fête, en un moment pareil ?

C’était d’une incongruité, d’un décalage si absolu avec ce qu’il vivait présentement qu’à nul moment de sa vie il ne se sentit à ce point à l’écart du monde. Une part de lui enviait tous ces gens innocents, inconscients de ce qui se jouait. 

Loras avait envisagé de bondir sur un des nombreux tonneaux de la rue et d’alerter, de crier, de prévenir. Mais il n’avait pas le temps. Et l’aurait-on cru ?

Alors qu’il pénétrait avec fracas dans le hall d’entrée, zigzagant entre les gardes tentant de l’arrêter, Loras repensa à tout ce qui s’était passé.

Si seulement nous avions été plus…

Une pensée amère à laquelle toute sa famille était habituée.

 

Dans la salle du trône, une scène cataclysmique l’attendait. Egbert Fanin se tenait auprès d’Émilia Marjiriens, assise sur son trône, un champ de bataille terminée autour d’eux. Egbert avait infiltré des troupes de sa garde au sein du palais bien avant que lui-même ne vînt à Veresté avec sa procession protocolaire pour la fête du printemps. Résultat, il n’avait eu qu’à atteindre le bon moment pour prendre d’assaut la garde rapprochée des Marjiriens.

Dans un coin de la gigantesque pièce gisait sur le ventre Balthazard, blessé à l’abdomen, tentant de ramper vers les deux protagonistes. À part eux, tous les soldats Marjiriens étaient étdendus morts au sol. Les gardes Fanins, quant à eux, braquèrent leurs lances et épées vers Loras à son entrée. 

Constatant la situation, Loras sur dans ses tripes qu’il arrivait trop tard pour faire quoi que ce fût.

« Pourquoi, Egbert ?

La voix d’Émilia était remplie d’une dignité telle qu’il semblait impossible de la blesser ou l’humilier de quelque façon que ce fût.

-Tu sais pourquoi.

À ces mots la figure d’Émilia, étrangement jeune malgré son âge, se fronça de dépit. Elle soupira :

-Alors même après toutes ces années, tu n’auras pas su tourner la page.

-Il aurait fallu que je parte loin pour oublier. Mais ça m’était impossible.

-Si tu n’avais pas gardé tout ça pour toi, nous aurions pu en discuter, apaiser les choses…

Egbert à cela garda le silence. D’un geste lent, il sortit un poignard à la lame curieusement violacée. À sa vue, Halderey malgré sa blessure, se mit à crier :

-Arrêtez ! Vous ne savez pas ce que vous faites ! Pitié, arrêtez ça !

Des larmes d’impuissance coulaient de son visage rougi de sang par endroit. Et Loras savait que lui-même en versait de pareilles. Il tenta de repousser les gardes qui l’avaient encerclé, mais peine perdue.

-Vous allez nous condamner à quelque chose de pire que la mort ! Pitié !

-Tant mieux ! Hurla alors Egbert.

À moitié retourné vers les Marchétoiles, il les toisait d’un regard à moitié plein de colère, à moitié désespéré.

-Tant mieux ! Nous n’aurions jamais dû naître pour commencer ! Alors… »

Se retournant vers Émilia, il brandit son arme, et la lui planta dans le sternum.

 

Tout se mit alors à ondoyer comme un serpent paresseux, tandis qu’un bruit comme un claquement sec se produisait.

La fabrique même du monde même sembla se distordre. Une terrible impression d’aspiration se fit sentir alors que les couleurs environnantes se ternissaient. Un froid malsain et pénétrant monta du sol. Un cri distant, éloigné, se faisait entendre : une voix de femme que Loras s’interdit de reconnaître.

Émilia et Egbert se tenaient debout, roides comme des statues de pierre, le teint aussi pâle que des morts.

Le corps de la dame s’embrasa alors tout entier de flammes noires. Le brasier s’épaissit jusqu’à former un globe parfait à l’intérieur duquel les deux protagonistes disparurent.

Et l’effroi commença. Les portes de la salle s’ouvrirent à toute volée tandis que les gardes étaient emportés dans les airs, aspirés dans le trou noir qui s’était ouvert. Ils n’eurent pas le temps de crier, encore moins de comprendre ce qui leur arrivait. Mais ce ne fut pas le cas de tous les autres.

Dans un rayon de trente kilomètres autour du trou noir, toute créature vivante fut dévorée, les unes après les autres. Les hurlements de détresse des animaux, les cris de suppliques des hommes, des femmes et des enfants ; les tentatives de résistance en s’accrochant aux portes, aux fenêtres, au mobilier : à tout cela les deux Marchétoiles durent assister en spectateurs. Incapable de bouger mis à part cligner des yeux et respirer, Loras fut contraint de regarder tous ces pauvres gens tendant les mains vers lui. Un cauchemar ignoble tel qu’il n’en avait pas connu depuis mille ans. Combien de fois il crut qu’il allait pouvoir bouger ? Combien de temps tout cela dura-t-il ? Une éternité, très probablement. Mais au final, il ne put en sauver aucun.

Épouvanté, impuissant, Loras assista à cette atrocité, sans rien dire. Assister à une tragédie est déjà terrible. Mais le plus horrible pour l’âme est de rester sans rien faire.

Le dégoût d’être impuissant ; l’impression de perdre son honneur, sa fierté, sa valeur personnelle ; la sensation du viol de son intégrité ; ressentir cette odeur fétide de salissure, de souillure dans le coeur ; se sentir abimé, diminué. Tout cela, il en fit l’expérience. Et il sut que jusqu’au jour où il aurait fait rendre gorge à cette abomination, il n’aurait pas la paix. Loras comprit alors, au moment où cette résolution se faisait jour en lui, que cette force qui le clouait au sol, le protégeant malgré lui, était celle du serment que sa famille avait prêté il y a des siècles de cela.

 

Enfin le dernier homme disparut dans les flammes, et le trou noir se résorba jusqu’à reprendre une forme humanoïde, dévoilant une femme à l’apparence d’Émilia, aux cheveux noirs et aux yeux violacés.

Lentement, comme une panthère s’approche de sa proie, elle marcha vers eux. Elle commença par trancher la tête de Balthazard, puis finit par s’occuper de Loras. Mais avant de lui porter le coup fatal, il entendit sa bouche chuchoter laquestion :

« Qui suis-je ? »

 

« Qui suis-je ? »

La même question venait de franchir les lèvres de l’anomalie. Un demi-siècle de vide amnésique avec ces seuls mots répétés en boucle. Loras était empli de pitié envers pareille créature. On ne peut appeler vie une existence dénuée de mémoire, de racine, d’identité. On ne peut appeler personne quand le vide répond à la place du moi.

L’anomalie se leva alors de son siège et marcha vers lui. On eut dit un décalqué du passé, à la différence près que Loras était maintenant capable de bouger.

Aucun Marchétoiles n’était un grand combattant. Ce n’était pas de famille. Aussi fut-il incapable de faire quoi que ce fût lorsque l’anomalie le saisit par la gorge et le souleva de terre, alors qu’elle était encore à plus de dix mètres l’instant d’avant.

La peau de cette chose était aussi froide que la glace. La force titanesque qui se dégageait d’elle produisait comme des ondes de chaleur. Et ses yeux violacés, qui jamais ne cillaient, étaient braqués sur lui.

Dans l’esprit de Loras, une voix résonnait, sans âge, asexuée :

‘Anomalie, anomalie ! Enfuis-toi ! Cours ! Anomalie ! Anomalie !’

Mais il ne le pouvait pas. Il ne le pouvait plus. Il n’avait pas besoin de le faire non plus. Car l’Anomalie était maintenant à portée.

« Qui suis-je ? murmura encore ses lèvres.

Loras, tout en lutant pour respirer, tendit les bras vers elle et, comme on touche les pétales d’une rose, posa ses mains sur ses joues.

- Tu es Émilia Marjiriens. »

 

*

 

Balthazard vaquait à ses occupations quotidiennes. Sa maîtresse était en pleine réunion stratégique suite à l’apparition des premières forces ennemies au sortir du défilé menant au Val. De ce que Érica lui avait déjà raconté, il savait que la situation militaire n’était guère en leur faveur. Et ce nouveau développement, attendu certes, avait néanmoins plongé l’ensemble de la cité dans une agitation où pointait la peur. Le jeune homme lui-même n’avait pas la plus petite idée de ce qu’il convenait de faire, alors il laissait volontiers les gens plus compétents en la matière pour s’occuper de tout cela. De son côté, Balthazard faisait de son mieux pour que Érica trouvât une chambre et un service domestique le plus impeccable possible à son retour, parfois tard le soir.

Bien entendu, il rendait aussi le plus souvent possible des visites à sa famille. De ce côté, les choses n’avaient pas vraiment évolué, ni pour eux ni pour personne. On attendait. Et les quelques nouvelles que Balthazard ramenait du château étaient écoutées avec grand intérêt par tout le monde. Les gens avaient en effet compris sa position auprès de la duchesse, et avaient pris l’habitude de venir aux informations dès qu’il paraissait aux halles.

 

Ainsi donc, cette journée s’annonçait comme toutes celles qu’il avait pu voir depuis son arrivée à Tervire. Comme chaque jour, le jeune majordome s’occupa de distribuer les tâches aux serviteurs et aux servantes, puis régla les différentes questions de domesticité et de comptabilité. Ce fut alors qu’il s’occupait de réceptionner une commande de draps propres que la chose se produisit. Un grand vertige le saisit, si bien qu’il dut demander une chaise. Balthazard pensa au départ qu’il ne s’agissait que d’un symptôme de la fatigue dû à ses nuits agitées, mais le tournis ne voulant pas s’arrêter, il commença à s’inquiéter.

Le monde ne cessait de tourner autour de lui. C’en était à un point où distinguer le haut du bas devenait impossible. Il entendait autour de lui les serviteurs s’affairer autour de lui, déboutonnant le col de sa chemise, lui apportant de l’eau. Son état était donc si préoccupant que ça ? Balthazard aurait bien voulu les rassurer en se levant, mais allez savoir pourquoi, ses jambes refusaient de lui obéir. Concentrant sa volonté, le majordome ouvrit la bouche, tentant de parler, mais sa vision s’obscurcit avant d’avoir pu aligner trois mots. Les bruits de pas, le son des voix autour de lui, le hennissement d’un cheval dans la rue plus bas, tout cela se tut d’un coup, comme si une chape de plomb était tombé sur ses oreilles. L’odeur des draps propres avait aussi disparu. Seul restait la sensation du toucher, avec le dossier de la chaise contre laquelle il était assis. 

Balthazard ne s’était encore jamais évanoui de sa vie. Aussi se demandait-il si ce qu’il vivait là correspondait avec l’expérience de l’évanouissement. Pas sûr, sinon il aurait perdu conscience. Or, il l’était toujours. Il sentait même son pendentif chauffer étrangement contre son torse.

Il en était là de ses réflexions lorsque sa vue se remit à fonctionner, ou peut-être pas. Dans le noir qui l’entourait était en effet apparu quelqu’un : un homme.

Il avait les cheveux d’une complexion basaltique associée à la couleur de cette roche. Ses yeux d’un bleu gris délavé le regardait fixement, et une expression sereine s’affichait sur son visage de dieu grec. C’était un inconnu, et pourtant, Balthazard le reconnut. L’impression était tellement troublante, paradoxale, que le jeune homme essaya de toutes ses forces de se réveiller. Mais la chaise dans son dos lui disait avec netteté qu’il ne dormait pas.

À son grand soulagement, le demi-dieu qu’il avait en face de lui se dissipa et à la place surgit du néant une scène complète, aussi réaliste que s’il s’y trouvait pour de bon. Au milieu d’une grande salle se tenaient deux personnes. Celle de gauche était, à sa grande surprise, Loras. Quand Balthazard le comprit, il réalisa en même temps ce qui se passait sous ses yeux. La silhouette de droite étranglait son père ! Paniqué, oubliant ses doutes sur la réalité de ce qu’il voyait, le jeune homme voulut se lever, mais en fut incapable. Les contours de l’individu asphyxiant son père se précisèrent, et il reconnut une femme dans le début de la cinquantaine, aux cheveux noirs et à la peau aussi blanche que des os.

Il vit alors Loras tendre les bras et poser comme on touche le plumage d’un oiseau ses mains sur les joues de son agresseur.

« Tu es Émilia Marjiriens. »

Ces mots que Loras avait prononcés, il sembla à Balthazard qu’il les avait dits par sa propre bouche au même instant. Ce que vécut alors le jeune homme ressemble à une projection sur un objet. Il entendit un verrou s’ouvrir. Et il était en même temps ce jeune homme assis sur une chaise dans une buanderie en plein milieu d’une vision, et la porte libérée de son verrou. En conséquence de quoi, il s’ouvrit.

 

Il existait en réalité deux Balthazard Marchétoiles. Celui d’avant : le jeune majordome, serviteur depuis l’adolescence d’une princesse ducale, élevé dans une famille d’accueil par un inconnu alors qu’une troupe de cirque l’avait abandonné ; et celui d’après, ou bien était-ce celui de bien avant et de toujours ?

Au moment de l’ouverture de lui-même, Balthazard perdit la raison. Le choc était trop grand, trop fort. La personne qu’il avait été depuis son enfance vola en éclat, se dispersa comme le vent fait s’envoler les graines flottantes du pissenlit. En l’espace d’un battement de paupière, l’homéostasie de son être se recalibra, s’adaptant à une réalité intérieure nouvelle et ancienne à la fois. Le jeune homme qu’il avait été mourut pour renaître dans un ensemble plus grand. Pour donner une image plus concrète, ce fut comme si l’enveloppe d’un ballon de baudruche devait accueillir en un seul coup un volume d’air bien supérieur à ce dont il avait l’habitude, volume d’air ne provenant pas de l’extérieur, mais de l’intérieur même dudit ballon.

N’importe quel ballon de baudruche aurait éclaté. Mais l’âme n’est pas un ballon de baudruche. Et ce n’était pas la première fois que Balthazard vivait un tel traumatisme.

Ce qu’il traversait à ce moment était une chose bien connue des Marchétoiles. Il s’agissait même du rite initiatique de sa famille qu’ils appelaient : la Souvenance.

Aussi instantanément que Balthazard perdit la raison, il la retrouva, neuve, intacte, complète… complétée.

Tout ceci s’était produit en un battement de coeur. Celui d’après vit déborder tous les souvenirs que Balthazard avait d’Émilia Marjiriens.

Une jeune fille courait dans un immense champ d’épis de blé entouré par quelques arbres et des charrues. Ses yeux bleus le regardaient, et il y voyait toute l’innocence et la joie qu’un enfant peut avoir au coeur. Une adolescente de quinze ans chevauchait une jument rouanne à travers les rues de la capitale, une cape verte au lion d’or ainsi que des cheveux blond cendré flottant au vent. Dans une alcôve feutrée, une femme légèrement plus âgée lui chuchotait des mots précieux à l’oreille. Assise sur un trône en compagnie de son époux, une femme aux cheveux nattés dans la trentaine rendait justice à un marchand accusé de fraude fiscale. Dans un jardin privé, cette même femme, des rides aux coins des yeux et des lèvres faisaient jouer ses trois jeunes enfants. Dans un salon de réception, il voyait à travers la vitre une femme allant vers la cinquantaine fiancer son fils aîné à une des filles des Mervos. Au plein coeur de sa salle du trône enfin, cette femme aux cheveux dont le blond cendré masquait les mèches grises se faisait tuer par un ami désespéré dont le poignard était porteur d’une malédiction.

 

Les larmes se mirent à couler. Émilia Marjiriens, voila qui était cette chose qui étranglait son frère. Combien de temps depuis cette tragédie ? Cinquante ans ?! Quelle horreur… Balthazard ne pouvait pas s’imaginer ce qu’elle avait dû endurer pendant tout ce temps, pendant tout ce vide…

Il aurait voulu la serrer dans ses bras, une dernière fois, mais il n’était pas vraiment là. Loras quant à lui, continuait de caresser avec grande délicatesse les joues de ce qui avait été une anomalie. Tout comme Balthazard, ses yeux redevenus verts pleuraient des larmes qui se perdaient dans ses cheveux redevenus blonds. Son identité était de retour. Ses souvenirs lui avaient été rendus. Loras, et Balthazard à travers lui, avaient répondu à sa question. La Miséricorde était descendue sur elle et l’avait arrachée à l’enfer.

 

Sur un soupir de contentement et de soulagement mêlés, Émilia Marjiriens relâcha Loras et quitta l’état d’entre-deux dans lequel la malédiction l’avait réduit : elle mourut pour de bon.

Son corps s’effrita puis se dissipa comme la vapeur poussé par le souffle du vent.

 

Toujours assis sur sa chaise, Balthazard observa la vision se dissiper au moment où Loras s’effondrait au sol, évanoui.

 

Tout était bien. Alors il en profita pour lui aussi, enfin, perdre conscience.

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Edouard PArle
Posté le 09/05/2022
Coucou !
Un minuscule petit point que je trouve améliorable : en début de chapitre tu parles un peu de la famille de Balthazard. Je ne sais pas si c'est le meilleur timing, c'est trop rapide pour qu'on les retienne et surtout juste avant un chapitre très très différent. Peut-être qu'ils mériteraient une vraie exposition ? A moins que tu veuilles les garder dans l'ombre, auquel cas tout va bien.
J'ai beaucoup aimé ce chapitre, même s'il était clairement assez à part, très original. Je trouve que ta plume se prête hyper bien à décrire ce genre de phénomènes magiques ténébreux et anciens. Tu manies le personnage d'Emilia avec énormément de justesse. Les passages avec ses souvenirs est superbe, j'aime beaucoup la nostalgie qui étreint Loras en voyant son corps. Le flashback de la journée tragique m'a vraiment transporté dans une autre époque.
Je trouve à ta plume un lyrisme qui se prête bien au tragique de l'histoire que tu narres. Sans en faire trop non plus. On sent que les personnages sont complexes, traversées par des émotions profondes, unis par des liens puissants.
Ceci dit, j'ai tout de même hâte de retrouver l'action du présent. La guerre se passe très mal jusqu'à présent, nos héros vont devoir trouver une solution...
Quelques bricoles sur la forme :
"Dans le ciel, on commençait à voir à l’est pâlir les étoiles." -> dans le ciel, à l'est ?
"en pleine croissance à qui il fallait sans cesse repriser ses vêtements." -> dont il fallait sans cesse ?
"lui masquant à moitié le visage comme un voile de protection." virgule après visage ?
"Elle se cramponnait à lui comme un naufragé à une bouée en tremblant," -> tel ? (pour éviter répétition de comme)
"où elle aurait finie de digérer" -> fini
"donné cet objet, et juste avant de partir ?" tu peux enlever le "juste avant de partir" il est déjà plus haut
"il s’agissait d’un petit cadeau gratuit de la vie" -> gratuit est-il utile ? vu que tu utilises le mot cadeau qui sous-entend qu'il n'y a pas de contrepartie
"il n’aurait pas la paix." -> il ne connaîtrait pas la paix ?
"il savait que la situation militaire n’était guère en leur faveur." -> le rapport des forces ne penchait guère en leur faveur ?
"en se levant, mais allez savoir pourquoi, ses jambes" je trouve que les petites allusions "allez savoir pourquoi" sortent un peu de l'ambiance
"Seul restait la sensation du toucher," -> seule
"ressemble à une projection sur un objet." -> ressembla
J'espère que ce long commentaire te sera utile, c'était un plaisir à lire !
A bientôt (=
Sabi
Posté le 10/05/2022
Ah, je te remercie vraiment pour ce long commentaire. Toutes remarques sont intéressantes, et, en plus d'être agréable de s'entendre dire ses points forts, cela permet d'en être un peu plus sûr, ce qui n'est jamais un mal.

Le prochain chapitre reviendra sur Cléomène et le Haut Domaine. Cela dit, et petite confidence, cette histoire est de celles dont le présent s'entremêle avec le passé. Attends toi donc à avoir souvent des "retour vers le passé".
Edouard PArle
Posté le 10/05/2022
Impeccable, j'apprécie beaucoup les flashbacks !
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