Il ne reste presque rien du papier peint de ma chambre. Un vieux papier peint aux motifs répétitifs formant des fresques verticales qui jaillissent à quelques endroits encore dénudés. Plus pour longtemps.
La couleur sera mon cocon.
J'oeuvre depuis des mois à tout recouvrir. Je collectionne le papier cadeau, récupère chaque morceau exploitable, achète un ou deux rouleaux. J'agrafe les emballages sans laisser un seul blanc visible. Je les superpose, les emboîte. J'ajoute des posters, des images, des feuilles séchées, des cartes postales. Les souvenirs sont légion. Et quand ils ne sont pas directement placardés aux parois, ils sont suspendus à des guirlandes lumineuses qui m'offrent un ciel étoilé quand je suis allongée.
Mes murs sont devenus l'intérieur coloré de mon être.
Pierres précieuses, timbres, livres... Les neuf mètres carrés de la pièce ont disparu depuis longtemps sous les pièces de mes collections. Sur mon lit, des couvertures, des édredons, des peluches m'ensevelissent.
Je me sens si bien dans ce chaos.
Les murs, le sol et le plafond vomissent des couleurs. D'aucuns étoufferaient à ma place, mais moi, je m'y sens bien, dans ce boyau qui m'avale et me protège des attaques extérieures.
Ici, rien ne peut m'atteindre.