Notes de l’auteur : Bonsoir !
Voici une nouvelle de celles qui me permettent de développer mon petit monde.
Un vocabulaire un peu spécifique qui ne ressort pas forcément très bien ici, et un univers qui fait un pied de nez à la physique de notre chère Terre...
Je lirai vos avis, commantaires, critiques avec beaucoup d'intérêt !
A bientôt, ici ou ailleurs !
Une main plongée dans l'épaisse fourrure de son amant, assise contre lui, elle admirait le ciel, très sombre en ce début de ventée. La noirceur de la nuit faisait ressortir la clarté du joyau, tout là-haut, vers le nord. Une calme brise les rapprochait doucement du Puits du Jour, leur destination. Distraitement, elle lui caressait l'épaule du bout de son doigt, léger comme une plume. Il en aurait ronronné de plaisir. Au lieu de ça, il l'embrassa avant de se blottir un peu plus contre elle, posant sa tête sur le duvet de son ventre. Installé ainsi, il ne tarda pas à s'endormir. D'un geste protecteur, elle lui couvrit la tête de son aile tachetée. Elle passa une dernière fois sa main dans les poils moirés de son compagnon qui s'estompèrent pour laisser place à sa peau nue. Elle eut un sourire fugace. Dans la profondeur du sommeil, la bête s'effaçait devant l'homme. Ses grands yeux dorés parcoururent la forêt qui les environnait. Elle paraissait dormir elle aussi, agitée seulement par un souffle nocturne. Ils avaient embarqué la veille sur une petite île haubanée. Au Bassin du Monde, les festivités avaient duré neuf notus : ils n'en avaient raté aucun. "Maith est un bel endroit", pensa Oleen, mais jamais elle n'aurait pu vivre loin de la lumière et de la chaleur de Dóiteáin. Elle retournait vers le Jour sans regrets. L'île haubanée qu'ils avaient choisi pour les mener vers le Sud était vraiment petite : une dizaine de maisons en son centre, quelques arbres tenant lieu de forêt. Tout le reste de l'espace était dédié aux voilures et à tous les câbles qui maintenaient les mâts à la verticale. Il était difficile pour des étrangers, et d'autant plus pour des Change-Peaux de passer inaperçu ici. Le couvert des arbres les affranchissait pour le moment du regard des hommes. Oleen bailla et s'étira, écartant ses rémiges. Elle devait dormir elle aussi. Il se réveilla le premier. Durant leur sommeil, le vent avait forci. La brise légère avait laissé place à un souffle puissant qui bombait les voiles et tirait sur les cordages.Veshra sourit. Si Gaoithe était pour eux, ils atteindraient le Puits du Jour d'ici deux soufflantes à peine. Ah, Dóiteáin ! La lumière, la chaleur, la maison. Traversé par une soudaine bouffée de bien-être, il se retourna et embrassa du regard le ciel immuablement noir du Nord. Oleen ouvrit bientôt les yeux. Du bout des lèvres, Veshra cueillit un baiser sur la bouche de sa bien-aimée, puis, d'un large geste du bras, lui désigna l'horizon. "Regarde, mon amour." Derrière les arbres, tout contre la mer, le ciel se parait d'ocre pâle promesse d'un Jour prochain. Elle émit un pépiement joyeux. Certes, le voyage s'annonçait encore long, mais la lumière de Dóiteáin les accompagnait désormais, et elle irait croissante.