Bipolaire

Par Yaya95

Je crois que le plus dur ce n'est pas de vivre sa vie, mais de la raconter,

Prostrée sur une chaise, face à cet homme, hostile et braqué,

Lui, les paumes à plat sur son bureau, me fixant durement,

Et moi, je m'efface, les mots tombent à côté, sans impact, lentement.

 

"Bipolaire", qu'il dit, presque avec un sourire de contentement,

"Ça sera un traitement à vie", il ajoute, comme un jugement.

Je suis clouée, je refuse d'entendre ce qu'il a à me dire,

Mais il continue, insensible : "Et ces cicatrices, c'est la mode ? Un simple délire ?"

 

Je voudrais rire, mais je me retiens, le regard fixé,

Un léger sourire en coin, l’esprit prêt à riposter.

Moi : "Et la calvitie, c’est un effet de la vieillesse ?"

Lui, figé, silencieux, soudain perdu dans sa faiblesse.

 

Il reste planté là, comme scotché à son fauteuil,

Et moi, je ricane en dedans, sans laisser voir un seul deuil.

Il me toise, mais se tait, ébahi, abattu,

Moi, je sors, lasse, le cœur lourd et déçu.

 

Ces psys sans empathie, qui jouent les oracles,

Tellement sûrs d'eux, aveugles derrière leurs lunettes en cercle.

Obnubilés par leurs chiffres, leur pharmaco,

Tellement, tellement... ça m’énerve, ça m'étouffe, j’en perds mes mots.

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J.R Orillard
Posté le 30/11/2024
Le décalage entre vos envolées davantage romantiques et soutenue et le retour à un langage plus prosaïque et direct emporte vraiment dans la lecture !
Yaya95
Posté le 30/11/2024
Merci beaucoup, ça me fait plaisir de lire ça !
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