Candala

Par Sylvain
Notes de l’auteur : N'hésitez pas à jeter un coup d'œil à la carte:
https://sites.google.com/view/eryon/accueil

Le reste du voyage se déroula sans encombre notable. Si elle n’avait su où la menait inéluctablement son périple, Eyanna aurait presque profité de cette virée en Eryon. Elle n’avait probablement jamais était aussi libre que ces quelques jours passés à courir les routes. Le décor s’était transformé peu à peu, laissant derrière lui les forêts feuillues et leurs charmes, leurs chênes et leurs érables encore dénudés par un hiver vigoureux. Le relief s’était accentué, passant ostensiblement d’un paysage collinéen à un paysage montagnard. De vastes prairies bordées d’ifs, d’épicéas et de quelques ormes dominaient une campagne bucolique encore enneigée, à la plus grande joie de Bordur.

Eyanna frissonna sous l’attaque saisissante de la brise printanière et remonta le col de sa pelisse en contemplant le colosse rire aux éclats qui ramassait de pleines pelletées de poudreuse blanche. Si la neige était plutôt un élément banal à la capitale, coutumière de longs hivers glaciaux, elle était totalement inédite pour un natif de la Fière. Un coup d’œil en retrait lui indiqua que face à l’immensité frigorifique du nord, les réactions étaient inégales chez les Estriens. Le pauvre prince, qu’une chevauchée soutenue avait éreinté, avait le teint bleui et l’œil lugubre. Loin de partager l’allégresse de son compatriote, celui-ci semblait plutôt sur le point de vider les arçons. Peu préparé à endurer la morsure du froid, le jeune homme n’était vêtu que d’un gambison et d’une tunique légère. Une grossière erreur. Si le taciturne personnage n’avait été si insupportable, elle aurait presque éprouvée de la pitié pour lui.

—Excusez-moi ! Un instant je vous prie, je souhaiterais vous dire à tous un mot !

Le rondouillard mais néanmoins massif ecclésiastique avait dirigé son cheval au devant de la troupe et leur faisait à présent face en expirant de petits nuages de buée. La prêtresse stoppa son canasson et expulsa un soupir.

— Frère Bronk… Que désirez-vous encore partager avec nous ? Une quelconque illumination vous aurait-elle traversé l’esprit ? Une fois de plus…

Le pauvre moinillon avait tenté de sympathiser, ou tout du moins de nouer le dialogue avec la prêtresse tout au long du voyage, mais cette dernière l’avait invariablement débouté, le laissant penaud à chaque tentative de rapprochement.

—Notre Cureton s’est sans doute éclairci les idées avec le climat et désire peut-être jeter le froc aux orties ? ironisa Althaer en lui claquant une grosse main calleuse entre les omoplates.

Le religieux oscilla sous la baffe amicale, et bredouilla en s’empourprant :

— Non… et je vous l’ai déjà dit, je ne suis pas curé, je suis moine, il y a entre les deux une singulière différence. Que je vous ai déjà expliqué à maintes et maintes reprises...

— Et dont j’ n’ai foutrement rien à carrer. Allez, accouche, on ne va pas y passer la journée !

— Certes, bon… Voilà. Nous arriverons sous peu à Candala, et la cité sainte, il faut le savoir, est soumise à un protocole des plus… rigoureux. L’impair y est aisé pour le néophyte. Alors sans doute serait-il plus judicieux que vous me laissiez parler lorsque nous entrerons en contact avec les éminences.

— Je suis déjà allé à Candala mon Père, énonça Evin Justé. Je ne pense pas offenser les vénérables par mes propos.

— Frère Bronk suffira Ser Justé, et je ne pensais pas forcément à vous, commenta le moine en posant sur Bordur un regard lourd de sens.

Le gaillard s’était rempli l’orbite de neige et souriait béatement.

—Le froid le soulage, crût bon de préciser le prince en claquant des dents. Je ne comprends pas comment il peut autant apprécier ça d’ailleurs…

— Vous comprenez ce que je veux dire quand…

— Frère Bronk, l’interrompit la prêtresse. J’ai traversé Candala à de multiples reprises, et j’ai l’habitude –probablement plus que vous d’ailleurs– de côtoyer les Jaénistes du Nord. Ne vous faites pas de soucis. Nous ne passerons qu’une nuit là-bas, avant de vous laisser retourner à vos affaires et de continuer notre route avec la princesse.

—Comment cela ? intervint le cadet Justé. De quoi parlez-vous ? Il n’a jamais était question de vous laisser à Candala !

— Mon garçon, les montagnes ne sont pas autorisées aux profanes, seuls les initiés ont le droit de fouler leurs versants.

— Ce n’est pas ce que m’a indiqué le roi, il m’a bien spécifié d’accompagner sa fille au bout de son périple !

— Malgré tout le respect que je dois au protecteur d’Eryon, celui-ci n’a pas autorité sur les escarpements divins. D’ailleurs, pourquoi est-ce si important pour vous ? Je ne vois toujours pas où se situe votre intérêt.

— Taisez-vous, gronda sourdement l’oncle de Eyanna.

— C’est une question d’engagement, rétorqua Evin. D’honneur et de…

— VOS GUEULES ! Aboya Althaer.

Obtenant enfin le silence, le frère du Roi s’attira des regards interrogateurs. Il semblait fixer un point un peu plus loin. Eyanna tourna la tête vers ce qui captait l’attention de son oncle et poussa un cri de surprise. Suspendus à une bonne toise de haut, un vingtaine de corps ballotaient mollement au grès des éléments. Les malheureux avaient été suspendus par les poignets, solidement noués au sommet de mats, le long de la tumultueuse Rurque, et abandonnés ainsi.

Entièrement nus.

Le froid avait parfaitement conservé les condamnés et leurs visages exprimaient encore le martyre qu’ils avaient enduré. De vilaines engelures recouvraient leurs extrémités. En jurant, Althaer se précipita vers eux. Puis, lorsqu’il les eut détaillé un par un, il revint vers la troupe, et sans que personne n’eut le temps d’esquisser le moindre mouvement, il attrapa le moine par le collet et lui plaqua une dague contre la bedaine.

—Que faites-vous ? Hulula celui-ci d’une voix paniquée.

— Mon oncle ? se hasarda Eyanna.

— Tu mériterais que je te larde la couenne ! A toi et à toute ta clique sanctifiée ! le vilipenda Althaer en ignorant sa nièce.

— Mais de quoi parlez-vous ? Je ne connais même pas ces hommes ! Je n’y suis pour rien, je n’y étais même pas ! J’ai passé l’hiver à Elhyst, par pitié !

— Ces hommes, grogna Althaer. Ces hommes sont ceux que j’ai missionné il y a quelques semaines pour explorer le Nord. Des braves, avec des familles qui attendent impatiemment leur retour. Des valeureux qui n’ont pas hésité à obéir alors qu’ils couraient apparemment vers une mort certaine. Voilà qui étaient ces hommes. Et le simple fait de porter cette soutane te rend complice des crimes ignobles de tes semblables !

Le bedonnant spirituel se liquéfia sous la pression des prunelles incandescentes de son agresseur. La prêtresse posa doucement une main sur son avant-bras.

—Je comprends ce que vous ressentez Seigneur Estelon, plus que vous ne pourriez l’imaginer, mais je vous assure que d’enferrer frère Bronk serait une terrible erreur. Pour nous tous. Et pour votre nièce.

Le mastodonte se dégagea d’un mouvement brusque.

— Pas de politesse avec moi, gardez vos civilités coulantes pour mon frère. Pensez-vous que j’ai une meilleure image de vous ? Jaéniste, Eljaniste, tous élevés au même grain ! Je ne fais pas davantage confiance aux vieilles biques mal débouchées dans votre genre qu’aux vieux barbons baignant dans leur sénilité perverse du Patriarche !

Eyanna ouvrit de grands yeux horrifiés et retint sa respiration en attendant craintivement la réaction de la prêtresse. Celle-ci ne tarda pas à fuser.

— La vulgarité ne vous mènera à rien, répliqua-t-elle sèchement. Et Voilà des propos plutôt surprenants venant d’un homme qui a passé la majeure partie de sa vie loin des siens ! Il est cocasse de vous entendre parler de confiance quand on sait que vous avez abandonné votre frère quelques jours seulement après l’assassinat de votre père, en le laissant se démêler sous la tutelle de l’église. Où étiez-vous donc pendant ces deux années ? Personne ne le sait vraiment n’est-ce pas ?

— Qu’insinuez-vous bougre de mégère canonisée ? vociféra Althaer en montrant les dents. Prétendriez-vous que j’ai quelque chose à voir avec la mort de mon paternel ?

—Je me contente d’énoncer les faits, déclama la prêtresse. Il est étrange qu’un jeune homme n’ayant pas vingt ans déserte le giron familial lorsque celui-ci a le plus grand besoin de lui.

—Et vous vieille sauterelle? Nous serions également en droit de nous poser quelques questions à votre sujet ! Vous vous pointez à Elhyst une fois par an et décrétez avoir la légitimité d’enlever nos jouvencelles sous l’œil bienveillant de la Matriarche pour les emmener crapahuter dans la montagne. Qui êtes-vous vraiment ? Qui nous dit que vous n’alimentez pas une vaste fumisterie aux desseins peu avouables ?

— Je ne suis que la servante d’une cause divine, qui dure depuis bien plus longtemps que ma personne. C’est votre ancêtre Jyleter lui-même qui a insufflé  cette tradition, en commun accord avec l’église. Vous savez tout cela !

— Du vent tout ça ! Moi, tout ce que je vois, c’est que vous jetez votre dévolu sur une pucelle de votre choix en vous appuyant sur un soi-disant pouvoir fumeux. Et par le fruit du hasard, votre décision se porte cette année sur la benjamine du Roi d’Eryon. Rien que ça ! Elle est claire comme du jus de chique votre histoire !

— Je ne contrôle pas la volonté d’Eljane lorsqu’elle décide d’offrir un charme, et je vous interdis de blasphémer sur la Matriarche ! siffla-t-elle d’une voix cinglante. Vous prétendez vouloir protéger votre nièce quand il est de notoriété publique que seul le pillage de l’extrême nord vous intéresse !

— Je me soucie de mon peuple moi au moins ! hurla le géant barbu.

C’est dans cette atmosphère de veillée d’armes qu’Evin Justé jugea opportun d’intervenir.

— Loin de moi l’idée de vous déranger dans vos petites querelles de clocher mais… Nous sommes en vue de Candala.

*

Absorbé par une altercation qui ne le concernait en rien, Kaelon n’avait pas fait attention à leur arrivée imminente à la cité sainte, et c’est sous un œil ébahi qu’elle se dévoila à lui.

Candala était coincée dans une combe dont les côtés étaient composés d’escarpements abrupts caressant les nuages. Une longue muraille, percée seulement d’une large entrée, courait d’un bout du couloir à l’autre, faisant de la ville un passage obligatoire pour quiconque voulait rallier l’extrême nord. A quelques lieues de l’entrée, la Rurque, ce fleuve bouillonnant et capricieux qui coulait jusqu’à Elhyst au fond d’un ravin,  disparaissait subitement sous terre en se transformant en rivière sous-terraine. Loin derrière la cité, une fantastique cascade, qui n’avait rien à voir avec celle que Kaelon avait pu observer dans le royaume central, s’écoulait sauvagement entre les montagnes. Jamais le prince n’avait contemplé pareil merveille naturelle, à la fois impressionnante et oppressante. Des millions de tonneaux d’eau se déversaient d’une hauteur vertigineuse, pour s’abattre avec violence derrière Candala. Puis cette quantité astronomique de liquide passait sous la ville pour ressortir à quelques pas de leur position actuelle. Et de chaque côté, majestueusement, les deux montagnes qui alimentaient depuis tout temps les croyances, dominaient la cité sainte. Jaénir et Eljane, les hauts-lieux d’Eryon, visibles depuis la capitale, se tenaient devant un Kaelon intimidé, qui mesurait à présent pleinement pourquoi les hommes les avaient choisis comme divinités. L’image de cette ville, surplombée par  les éléments, était saisissante.

— Encore une diablerie, maugréa Bordur à ses côtés.

— De quoi parles-tu ? commenta le prince sans parvenir à détacher son regard de la cascade. N’as-tu jamais admiré chose aussi prodigieuse ?

— Je ne parle pas de la cité, je parle de ça là-bas.

Kaelon s’arracha à sa contemplation pour découvrir l’objet  de la répugnance de sa carapace. Une longue arche à la pierre noire et épaisse imposait sa présence un peu plus loin.

— Un passage vers les chemins obscurs ? Ici ? s’étonna-t-il. Je pensais qu’il n’en existait que quatre dans tout Eryon. Les Geôles de fer, l’estuaire des Affanites, le nôtre et Abysse.

— Ce n’est pas tout à fait exact, intervint le fils Justé. Ceux dont vous parlez sont les seuls empruntés à ce jour. Mais il en existe bien d’autres, disséminés un peu partout. Seulement… personne n’a jamais réussi à les rallier entre eux. Et les seuls malheureux ayant essayé n’en sont jamais ressortis. L’exploration de ces passages a donc était abandonnée. Ce que vous contemplez là est l’un des vestiges des temps passés.

Bon sang !

Ce que ce petit frimeur hâbleur bouffi d’orgueil pouvait l’exaspérer avec son insupportable manie d’étaler son savoir !

— Vous en savez des choses Evin, et c’est tout à votre honneur d’essayer d’éduquer ce pauvre princillon dépassé, conclut Eyanna en exhibant un visage ingénu.

*

Ils pénétrèrent dans la cité quelques minutes plus tard. D’un commun accord, Althaer et la prêtresse avaient décidé de ne pas donner suite à leur conversation, dans l’intérêt de leur entreprise. De nombreux pèlerins déambulaient le long des allées pavées et malgré le froid encore mordant en cette saison, les rues pullulaient de monde. Quelque chose interpella la princesse, un détail anormal. Elle se rapprocha d’Evin et demanda :

— Où sont les enfants ? Les artères sont noires de monde, et pas un gamin ne nous passe entre les jambes. C’est étrange non ?

Ce fut Frère Bronk qui répondit :

— Ils sont pour la plupart avec les prêtres, à exécuter diverses taches. Candala est particulièrement attentive à la formation et à l’éducation de ses pupilles.

— Et ça leur fait surtout un peu de main d’œuvre gratuite, commenta Evin.

—Pardon ?

— Candala vit essentiellement d’offrandes, et de leurs mines de sel où ils envoient trimer leur jeunesse. Les enfants leur permettent d’assouvir leur appétit débordant de richesse et de pouvoir, en échange d’une instruction bancale. Seul les plus doués accèdent à un grade religieux. Les autres… eh bien ils font ce qu’ils peuvent pour survivre.

— Vous avez une vision bien morbide de notre culte Evin, remarqua le moine.

— Une vision pragmatique frère Bronk… Ah ! Voici que l’on vient nous accueillir !

Quatre soldats cuirassés, en armure d’apparat décorée et polie, se dirigeaient vers eux d’un pas synchronisé. Ils encadraient un cinquième personnage que l’on devinait être d’un certain rang. Vêtu d’une simple broigne, il portait par dessus un surcot court aux tons dorés, liseré de coutures indigo.

— La droiture, murmura frère Bronk du bout des lèvres. Tenez-vous bien, par pitié.

L’homme se dirigea directement vers la prêtresse, snobant le reste du groupe.

— Prêtresse Kylia ! Quelle agréable rencontre ! Et surtout, quelle surprise de vous voir si bien entourée !

Le ton sardonique du religieux déplut instantanément à Eyanna.

—Vénérable Huvin, le plaisir est partagé. D’autant plus que je n’ai pas souvenir d’avoir eu droit à un accueil si cérémonieux de la part de la Droiture cette dernière décennie. Que me vaut donc cet honneur ?

— Vous savez ce que c’est, le poids des responsabilités, la gestion de notre ost divin. Être le bras droit du Sanctissime Gerech ne laisse que peu de temps aux distractions.

— C’est très aimable à vous, il serait fort louable de votre part de nous escorter jusqu’ à nos appartements afin de prendre un repos bien mérité. Mes compagnons et moi-même sommes éreintés et un long chemin nous attend demain.

Le prêtre répondit d’un air faussement ennuyé :

— C’est fâcheux. Vraiment, mais l’hiver ne semble pas pressé de laisser sa place au printemps cette année, et de grosses chutes de neige ont totalement bloqué l’accès à Eljane. Il nous faudra un bon mois pour le dégager.

— Un mois, s’écria la prêtresse. Pour trois pelletés de neige ! C’est inconcevable, je suis certaine que vous êtes en mesure d’accélérer un peu le mouvement vénérable !

Le prêtre secoua tristement la tête.

— Hélas, nous avons quelques décès à déplorer suite à ces intempéries tardives, et certains corps sont encore ensevelis. Il nous faut travailler avec précaution pour ne pas les abîmer. Nous tenons à offrir des sépultures décentes à nos défunts.

Ne se contenant plus, Althaer tonitrua :

— Des sépultures décentes ! Comme celles que vous avez octroyées à ces malheureux qui se balancent piteusement devant vos portes !?

Le vénérable jeta un regard interrogateur à l’importun qui l’interrompait. Eyanna s’agrippa à la main de son oncle en priant intérieurement pour qu’il se calme. Sans doute comprit-il le message car il grogna mais ne donna suite.

Le vénérable reporta son attention sur la prêtresse.

— Je ne peux que m’excuser pour la gêne occasionnée, mais Candala est une ville accueillante et je suis persuadé que vous ne vous ennuierez pas pendant votre séjour. De plus, le Sanctissime Primat insiste pour vous recevoir sous peu. Il est occupé par l’initiation de jeunes pupilles actuellement, mais il vous rencontrera à l’Obédience d’ici quelques jours.

— Ce serait un insigne honneur, abdiqua la prêtresse.

L’homme dévisagea Eyanna à la façon d’un prédateur, l’œil brillant.

— Et voici donc notre nouvelle heureuse élue si je ne m’abuse, puis-je vous demander la nature de votre charme ?

Avant que la princesse ait pu esquisser une réponse, la prêtresse s’interposa entre eux et répliqua sèchement :

— Elle ne l’a pas encore déclaré. Comme je vous l’ai dit plus tôt, nous n’aspirons qu’à prendre un peu de repos. Logerons-nous dans cette petite auberge du quartier salin comme il est de coutume ?

Le prêtre médita un instant, une tripotée de rides lui barrant le front puis, prenant conscience pour la première fois de la présence de frère Bronk,  s’adressa à lui :

— Vous, le moine, connaissez-vous Candala ?

Ravi que le religieux lui accorde enfin un peu d’attention, celui-ci s’empressa de répondre :

— Oui vénérable, bien sûr !

— Vous avez fait vos classes ici ?

— Oh non, je viens de Bourelle-la-Passe,  une modeste bourgade au sud-est du royaume central.

— Je vois, commenta le prêtre avec suffisance. Votre congrégation ?

— La Connaissance, vénérable.

— Evidemment… Puis-je vous laisser mener vos compagnons à la Fraternité ? Le Sanctissime Mitleid vous accueillera de bonne grâce. Et vous pourrez séjourner vous-même à la Connaissance. La bibliothèque est sans doute bien différente de ce que vous aviez à Bourelle-la-Passe.

— J’en serais profondément honoré ! répondit-t-il avec l’excitation d’un marmot recevant sa première lame.

—Et pourriez-vous également leur servir de guide durant vos quelques jours de présence ? Il est plus que temps que la nouvelle prêtresse s’habitue très tôt à une vie oisive j’imagine. J’ai pour ma part foule de taches fastidieuses qui m’attendent.

— Bien sûr, bredouilla frère Bronk légèrement désarçonné.

Le prêtre afficha un sourire satisfait.

—Parfait, l’affaire est donc entendue, bon séjour à vous dans la cité sainte.

Eyanna suivit du regard l’imbuvable et arrogant religieux jusqu’à ce qu’il disparaisse au détour d’une rue. Les badauds s’écartaient vivement devant la petite troupe militaire. Il faudrait qu’elle demande à frère Bronk, ce qu’était la droiture exactement. Mais elle allait avoir du temps pour démêler tout ça. Car si elle avait bien suivi la discussion, ils étaient plus ou moins prisonniers de Candala.

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Edouard PArle
Posté le 08/03/2022
Coucou !
Sympa de découvrir un des coeurs religieux de ton univers. J'ai bien aimé ta description, la cadre de montagne est vraiment sympa. J'ai réussi à bien m'imaginer Candala.
L'accueil est peu chaleureux mais ce séjour forcé à la mérite de pousser à l'exploration de Candala, je suis sûr qu'il y a plein de choses à découvrir.
Les vingt pendus trouvés sur la route prouve que l'église n'a pas peur de prendre des ... initiatives. Méfiance donc.
La scène où Bronk tout admiratif échange avec le religieux hyper méprisant était amusant à lire^^
Mes remarques :
"Elle n’avait probablement jamais était aussi libre" -> elle ne s'était jamais sentie aussi libre ?
"je souhaiterais vous dire à tous un mot !" -> tous vous dire un mot ?
"crût bon de préciser le prince" -> crut
"n’avait contemplé pareil merveille" -> pareille ?
"— Vous en savez des choses Evin, et c’est tout à votre honneur d’essayer d’éduquer ce pauvre princillon dépassé, conclut Eyanna en exhibant un visage ingénu." xDD
"J’ai pour ma part foule de taches" -> tâches
Un plaisir,
A bientôt !
Sylvain
Posté le 09/03/2022
Hello!
Dès le début de mon histoire, je voulais en développer une partie dans la montagne. On y arrive enfin^^
Je suis content que la description de Candala te plaise, on est dans le berceau de la religion. J'y prévois en effet quelques intrigues^^
A bientôt
Sebours
Posté le 03/03/2022
"paysage collinéen" paysage vallonné n'irait pas mieux?

Après "— Vous en savez des choses Evin, et c’est tout à votre honneur d’essayer d’éduquer ce pauvre princillon dépassé, conclut Eyanna en exhibant un visage ingénu." je mettrais une réaction du prince.Il se renfrogne, il réplique, il fais accélérer son cheval, ça ne lui fait rien?

On ressent les manipulations perverses de l'ordre ecclésiastique dans ce chapitre. Par contre, je m'interroge sur la géographie.J'imaginais le goulet entre les deux montagnes. Et pour moi, le climat y était froid aride et montagneux. A voir le prince Kaelon transi de froid, c'est l'inverse. Mais comment avoir un climat chaud à flan de montagne d'où déboule les Arguelas? Une carte (qu'on ne peut pas mettre sur ce site) m'apporterait beaucoup pour me projeter encore plus dans ton univers.
Sylvain
Posté le 03/03/2022
Le goulet est beaucoup plus au sud, pas entre deux montagnes, mais plutôt dans un grand canyon. Il n'y a pas de neige là-bas, ce sont des terres très arides. (Je compare pas mal l'endroit à la Californie)
Je te mets le lien de la carte, tu y verras plus clair:
https://sites.google.com/view/eryon/accueil
Sebours
Posté le 04/03/2022
Ce serait clairement un plus si on pouvait intégrer ces cartes à la plume d'Argent.
D'ailleurs, jolie carte. Tu te laisses beaucoup de possibilité en te ménageant des espaces inconnus. Il manque juste le tracé des côtes au bord de la forêt daélienne.
Voir cette carte m'a fait un flash sur l'assassin royal. Tes tunnels sont un peu semblables aux pierres des six duchés. C'est un moyen de voyager rapidement mais cela représente un coût (vieillissement dans ton histoire). Et on ne connait pas tous les tracés possibles.
Sylvain
Posté le 06/03/2022
C'est vrai que l'insertion des cartes serait un plus, mais c'est surtout intrinsèque à l'héroic fantasy, qui reste un genre mineur sur la plume d'argent.
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