Ce qui est presque un prologue

Depuis plusieurs mois, la mort s’était abattue sur le royaume d’Acinia. Le sang avait taché les fleurs colorées à la senteur douce et fruitée, les maisons avaient subi de nombreux dégâts et étaient parfois détruites. Des armes, abimées, brisées, teintées d’un fluide rouge gluant gisaient sur le sol, délaissées par leur propriétaire. Le vent emportait dans une danse nostalgique un mélange de cendre et de poussière d’étoile, témoins que les combattants s’étaient battus jusqu’à la fin avec honneur. Le ciel était gris sombre et la pluie allait se montrer, peut-être pour effacer cette scène macabre à la puanteur mortelle et clore ce chapitre traumatisant d’une guerre entre deux royaumes qui avait pris les vies de milliers d’êtres vivants. 

  Le cours de l’Histoire était bouleversé après plus de cent ans de paix. Certaines parties du royaume victime de l’invasion était en miette et les habitants avaient déserté le champ de bataille. 

  Le prix de cette paix nouvelle, après plusieurs mois de guerre était bien trop lourd. Les vies d’innocents prises dans les combats. Le deuil dans le quotidien et des visages tristes qui autrefois regardaient le ciel avec espoir. 

  La magie peut réparer les dommages matériels et faire pousser à nouveau les fruits et les légumes, mais elle ne peut ni réparer un coeur déchiré par la perte, ni rassembler une famille séparée par la mort. 

  Pourtant on pouvait lire sur les visages de chaque habitant à quel point la fin de la guerre leur procurait un immense soulagement. Il y avait eu certes trop de morts mais au moins il n’y en aurait pas plus. Tout comme les combats inattendus dans les rues, la poussière d’étoile qui s’envolait ou les formules qui résonnaient avec l’intention de tuer l’adversaire. 

  Des raies de lumière de toutes les couleurs créés par les magiciens s’élevaient en direction des cieux. Symbole de fin et de respect envers les défunts. Aussi signe d’espoir.

  Un espoir à renaître. Tout comme le royaume.