Aux confins du premier souffle, quand les étoiles pleuraient encore les cicatrices des anciennes guerres, un être extraordinaire fit son entrée dans le cosmos.
Romu, premier Isis, émergea du voile humanoïde, porteur d’une magie divine.
Sur son bras, un héritage céleste destiné à renaître.
Romu s’élança dans les brumes astrales. Dans son esprit une mission, rassembler une légion de mages humanoïdes,
éveillés par les échos des ténèbres millénaires laissés par les dieux.
Au fil de son périple, trois ils furent.
Chacun porteur du même sceau, chacun porteur de la même essence divine.
Ils unirent leurs volontés et arpentèrent les chemins étoilés.
L’union de ces trois êtres, marqua l’éveil d’une armée, forgée par les arcanes du destin. Ensemble, ils marchèrent vers la nébuleuse sacrée.
Puis l’amour vint frapper.
Le céleste et l’humaine sacrée, se drapèrent d’une romance interdite.
De trahison cet amour devint le linceul.
Alors ils franchirent les portes du domaine divin,
accompagné du spectre d’une nouvelle guerre divine.
Brashivi, souverain parmi le divin, par leur aura fut troublé.
Leur rencontre empreinte de calme et de révérence, apporta le trouble en son esprit.
La peur royale fut leur salut.
Les Isis, car tel fut le nom donné à ces créatures exceptionnelles, devinrent la passerelle céleste entre les mondes humanoïdes et le monde divin.
Leur voyage épique, de la vengeance à l’ascension divine,
devint une légende qui inspira des générations à travers les âges.
Leur courage, leur unité et leur quête de justice,
Illuminèrent un cosmos jadis plongé dans les ténèbres des conflits divins
Encyclopédie divine – Mythes et légendes - Romu le premier Isis
Le silence étreignait toute vie dans l’arène. Des auras d’or à la noirceur des cœurs, les flux sonores qui repeignaient, il y a peu le néant, s’étaient tus. Les spectateurs, les dieux, étaient plongés dans une psychose muette.
Ce qui émergeait désormais, n’avait rien de muet. Telle une force mystique et millénaire, endormie depuis des lustres, sa présence apportait l’éloquence céleste. Elle était le frémissement d’une force oubliée, le retour d’une aube chassant le crépuscule. Le voyage astral d’un astre de lumière face aux tortueux chemins des ténèbres. Un mystère que rien ni personne, pas même les dieux, n’avaient pressenti le retour.
Dans son sillage, les combats avaient cessé, le temps s’était figé. Les dieux, tétanisés par cette puissance invisible et immuable, n’osaient plus bouger. L’effroi s’inscrivait dans leurs regards face à cette force intrusive qui irradiait le ciel artificiel.
Les yeux levés vers la voûte céleste, dont l’obscurité venait d’être chassée par cette lumière éclatante, les spectateurs, assistaient à une révélation. Ce qui venait de surgir était l’émergence d’un souvenir pour ceux dont l’espérance de vie avait connu le don des dieux. Un conte, une légende racontée au coin du feu par ceux n’ayant connu cette gloire divine.
Cette légende marchait à nouveau parmi eux.
Les plus anciens tressaillirent, reconnaissant dans cette silhouette, l’écho d’un temps révolu. Les plus jeunes, eux, étaient incapables de nommer ce qu’ils ressentaient.
Elle n’était pas une apparition. Elle était un rappel. Un rappel que les Isis n‘avaient jamais disparu. Une injonction au monde divin que la lumière ne s’était jamais éteinte.
Dans les gradins, Khaé, émerveillé, la regardait. Elle était enfin revenue. Non pour apporter les affres d’un jadis oublié, mais pour apporter l’aurore dans les Méros. Les larmes qui maculaient soudainement son visage, vague sentimentale d’un retour tant attendu et surprenant, le plongea dans les souvenirs lointains d’une vie passée à ses côtés. Ne souhaitant pas alarmer son Katastrep, il effaça sa propre présence. Seule la communion de son soutien à son amie devait subsister.
Le roi des dieux, éblouit par l’apparition angélique qui venait d’interrompre une tradition vieille comme les mondes, se leva de son trône. Il ne comprenait pas ce qui le poussait dans les bras de cette vision étincelante. Elle l’appelait à elle, et il ne pouvait y résister. Ce n’était ni de la curiosité, ni de la foi - c’était un sentiment plus ancien, plus profond. Une douce chaleur presque maternelle, l’enveloppait. Son corps se mouvait sous l’étreinte chaleureuse qui le parcourait. Son esprit vacillait entre émerveillement et perte de repères. Il se sentait roi et enfant, maître et serviteur, porteur d’un trône et dépossédé de toute volonté. Il se laissa guider, faisant abstraction des appels de son assistant.
Les anciens dieux, pouvoir et corps crispés se tenaient prêt à défendre leur souverain. Ils la reconnaissaient tous, même ceux qui avaient tenté d’oublier. Son retour était une surprise. Une menace, une fracture dans le nouvel ordre qu’ils avaient bâti en l’absence des Isis. Ils voyaient en elle une intruse, une réminiscence dangereuse.
Ils se préparaient dorénavant à une éventuelle attaque de la part de l’intruse. Certains, ne parlaient pas, mais s’étaient assombris. Sa présence n’était pas un hasard. Elle revenait non pas pour punir, mais pour rappeler. Rappeler ce qu’ils avaient laissé mourir.
La colère bouillonnait dans leurs veines, soulevant des embruns venteux qui s’entremêlaient aux vagues énergétiques de l’entité.
Au centre de cette tension, l’énergie de Lostris s’élevait. Elle était indifférente aux rancunes, aux fidélités, aux peurs. Elle n’était pas là pour se battre. Elle était là pour être vue.
Dranban tremblait. Les mains posées sur la balustrade de pierre noire, il admirait l’entité qui flottait dans les airs. Cette créature angélique sortie d’un conte de fées, elle ne lui était pas inconnue.
Une discussion entre son dieu et son assistant, lui revint en mémoire. Les bribes qu’il perçut parlaient d’un être oublié. D’une lueur que même les dieux ne pouvaient nommer sans frissonner. Un souffle ancien, une présence qui avait traversé les âges sans jamais se laisser enfermer dans les archives interdites.
Une phrase avait marqué son esprit : Si elle revient, ce sera pour nous, mais également pour ce qui nous dépasse. Et maintenant, elle était là. Suspendue dans les airs, entourée d’ondées dorées et de silence vibrant.
Étrange sensation que celle qui parcourait son corps. La magie noire qui pulsait dans ses veines, intruses dans le corps d’un non magique, réagissait avec force à l’aura lumineuse. Il sentit son cœur se serrer. Ce n’était pas de la peur. C’était une reconnaissance. Comme si une partie de lui, enfouie depuis toujours, venait d’être appelé à se réveiller.
Il délaissa cette sensation et baissa les yeux vers l’arène. Il fixa son regard sur le visage des Katastrep et n’y vu que panique et terreur.
Le seigneur Sidra, genou à terre sur la surface de combat, ne disait mot. Il était incapable de bouger. Tout son être était figé par l’énergie divine qui écrasait la sienne, comme une marée céleste venue les submerger sans préavis. Il tentait de calmer ses pensées, mais elles s’entrechoquaient, désordonnées, brûlantes.
Il savait.
Il savait que la future Asteri devait avoir lieu. Mais pas maintenant. Pas avant plusieurs cycles. Les signes n’étaient pas réunis. Les astres des Neuf Royaumes n’avaient pas encore entamé leurs danses.
Elle était pourtant là. Face à eux. Trop tôt ou peut-être… Trop tard.
Sidra sentit une faille s’ouvrir dans sa certitude. Les mages du clan avaient-ils mal compris les augures ? Mal calculé les cycles ? Avaient-ils ignoré que la demoiselle était imprévisible ?
Il osa lever les yeux. Elle ne le regardait plus. Elle n’avait plus besoin de le faire. Sa seule présence suffisait à le dissoudre. Le cœur battant, une seule pensée s’imposa à son esprit : Le temps n’obéit à personne
À ses côtés, le Seigneur Kaalan, regardait sans comprendre ce qu’il se passait. Tous deux ressentaient la magie de la créature de lumière qui voletait, comme une brise sacrée effleurant leur peau. Elle s’insinuait dans leur corps, ressourçait leur âme et guérissait leurs tourments.
Cette douceur n’était pas sans danger. Le Seigneur Kaalan le pressentait. Cette pulsion ancienne, réveillait des souvenirs qu’ils n’avaient jamais vécus. Il fronça les sourcils. Cette aura… Il la connaissait. Elle avait bercé les chants de son enfance. Imprégné son être et traversé ses rêves. Elle lui était si familière mais également interdite.
Il tourna lentement la tête vers Sidra, ses yeux embués.
- Est-ce l’Isis ? Murmura-t-il, plus pour lui-même que pour obtenir une réponse.
Aucune parole ne vint. Lostris continuait de s’imposer, insensible à leurs doutes. Et dans ces non-dits, une vérité s’imposait à lui : Si c’était elle, alors leurs vies venaient de basculer.
A suivre.