[Ch 4.] L'union fait la force

« C'est par l'amour que parfois naissent les pires monstres »

Il y a très longtemps, quelque part ...

Le vent sec et poussiéreux balayait la petite cahute dans laquelle on lui avait demandé de patienter. Autour de lui, tout s'agitait. Il pouvait entendre le bruit assourdissant des vaisseaux qui décollaient, les cris des rebelles qui essayaient de tenir une conversation dans cette cacophonie, mais cette atmosphère était étrange...
Tout semblait pourtant si calme à l'intérieur de cette maison.
Assis sur un banc en bois, Lewis ne portait aucune entrave, il était là comme un patient qui attendait un guérisseur.
Et face à lui, cette femme.
Celle qui, quelque temps auparavant, l'avait tenu en joue dans ce désert aride.
Il l'observait, elle était encore jeune, mais plus âgée qu'Ismérie. Elle était pilote sans l'ombre d'un doute, et la façon dont elle fut saluée à leur arrivée ici ne laissait planer aucune incertitude sur sa célébrité.
Un soldat de renommée, c'était évident.
Il ne pouvait pas nier le regard inquisiteur de cette femme posé sur lui, mais cela ne le rendait pas mal à l'aise. Il comprenait sa méfiance, à elle, malgré le fait qu'il était venu en paix. Après tout, elle aussi avait vécu la guerre, comme lui, et malgré son âge, sans doute avait-elle perdu ses plus belles années.
« Je sais ce que vous pensez. Je ne suis pas un opportuniste. »
La jeune femme haussa les sourcils, surprise qu'il prenne ainsi la parole.
« Vous êtes un impérial, cela revient au même non ?
- La guerre ne fait que des victimes.
»
Elle se tut, hésitante. Il avait raison. Combien de ses amis sont-ils tombés au combat ? Combien de familles déchirées ? Elle pensait soudain à la sienne, à celle de ses amis qu'elle avait perdu au combat. Combien de temps faudra-t-il à ses enfants orphelins pour se reconstruire ?
Et à ce père qui avait perdu sa fille unique ?
Sans trop savoir pourquoi, elle regardait ce soldat avec une pointe d'empathie. Si son fils était mort, comment le vivrait-elle ? Sans doute serait-elle brisée, sans doute chercherait-elle des réponses. Comme lui.
« Votre fille était quelqu'un de bien. »
Lewis lui adressa un sourire timide. L'idée qu'elle ait pu côtoyer Ismérie lui apportait un peu de réconfort dans sa solitude.
« Je sais... C'était sans doute la personne la plus merveilleuse que je connaisse... » L'émotion faisait trembler sa voix. « J'aurais aimé vivre davantage de moment avec elle.
- Sur cela, nous sommes d'accord. J'aurais aimé avoir passé autant de temps dans un chasseur qu'auprès de ma famille.
»
Lewis la regarda dans les yeux, l'animosité semblait avoir totalement disparu. Ils étaient d'accord, même s'ils ne partageaient pas le même camp.
« Comment vous appelez-vous ? »
Elle hésita un instant.
« Shara... »
Il hocha la tête, content de connaître enfin l'identité de cette femme.
« Vous avez des enfants, Shara ?
- Un fils...Enfin, deux.
- Un ou deux ?
»
Elle lui sourit, c'est vrai que dit comme cela, on pourrait penser qu'elle en méprisait un des deux.
« Je n'ai qu'un enfant de moi... Le second je l'ai adopté. C'est celui de mon amie d'enfance...Elle...Est morte avec son mari dans la bataille d'Endor. »
Lewis se sentit profondément désolé pour elle, finalement, d'un côté comme de l'autre, la colère laissait place à la tristesse.
« Comment s'appellent-t-ils ? »
Elle hésita, surprise elle-même d'avoir ce genre de discussion avec l'ennemi.
« Mon fils s'appelle Poe. » Elle marqua une pause. « Quant à celui de mon amie, il s'appelle Hewels. C'est incroyable, car ils ont le même âge et sont pourtant si différents... »
Lewis lui sourit doucement. Elle ajouta.
« Je rêve qu'ils ne vivent jamais la guerre comme nous l'avons vécue.
- C'est peut-être pour cela que nous nous sommes battus. Pour éviter à nos enfants de vivre la même chose que nous ou de commettre les mêmes erreurs.
»
Shara adressa un sourire empathique à l'homme en face d'elle et voulut rajouter quelque chose lorsque la porte de la cahute s'ouvrit sur une silhouette familière.
« Voici la princesse Leïa Organa. Madame, cet homme voulait vous voir. »
Lewis la regarda droit dans les yeux, cette jeune femme était petite, mais imposait le respect de par sa prestance et sa classe. Il avait entendu parler d'elle, de son frère, mais si un jour on lui avait dit qu'il se retrouverait face à face, probablement aurait-il beaucoup ri.
Ne sachant trop comment la salué, il resta sans un mot, debout face à elle.
« Merci Shara, je vais m'entretenir avec lui, seule. »
La pilote lança un regard à Lewis avant de quitter la cahute.
« Lorsque l'on m'a dit que le père d'Ismérie était ici pour me voir, j'ai cru que c'était une farce. Mais maintenant que vous êtes là...Bon sang, elle vous ressemblait tellement. »
Elle lui fit signe de se rasseoir. Aucun mot n'arrivait à sortir de la bouche du soldat.
« Pourquoi êtes-vous ici ? » lança Leia intriguée par sa présence.
« Peut-être une nouvelle énigme de ma fille ? »
Leïa lui adressa un sourire. Se souvenant de cette jeune fille comme si c'était hier, son habitude à jouer sur les choses et les mots avaient fait d'elle l'une des meilleures espionnes de la rébellion.
« A-t-elle hérité ça de vous ? »
L'homme haussa les épaules.
« Qui sait ? J'ai mis un an à savoir où elle voulait m'emmener, et me voilà ici, face à vous. »
Evidemment, Ismérie aimait tellement les énigmes qu'elle s'était aussi amusée avec son père. Elle en venait presque à se demander si sa mort n'avait pas l'unique but de déclencher ce qui se passait aujourd'hui.
Mais elle exagérait très certainement.
« Je voulais comprendre pourquoi... Pourquoi Ismé, ma fille, était ainsi partie sans m'expliquer... »
Elle hocha la tête, comprenant où il voulait en venir. Jeune maman à son tour, Leïa pouvait comprendre le désarroi d'un père seul. Après tout, que ferait-elle si un jour son fils chéri venait à prendre un autre chemin que celui qui semblait tracé pour lui ?


La princesse l'ignorait.


« Quand votre enfant meurt, vous ne savez plus qui vous êtes, ni pourquoi vous êtes là. Vous vous posez des milliers de questions. Pourquoi ? Qu'ai-je fais ? Qu'a-t-il fait de mal ? Votre enfant c'est l'innocence et lorsqu'il s'éteint...Tout part en fumée. » Il marqua une pause, sentant sa gorge se serrer. « Alors le brouillard qui m'aveuglait est parti, lui aussi. Et après beaucoup de recherches, suivant les pistes qu'elle m'avait laissées, j'ai découvert l'horreur. La honte m'a envahi. Etais-je comme ces assassins ? Non...Je ne le serai probablement jamais.
- Êtes-vous en train de dire que vous êtes ici pour vous racheter ? »

Lewis releva les yeux vers la princesse. Quelque chose d'intense passait à travers son regard. Voulait-il payer les dettes de l'empire ? Non, bien sur que ce n'était pas ce pourquoi il était là.
« Non. Je ne suis pas ici pour me racheter...Je suis ici... Pour continuer l'œuvre de ma fille. »
Leïa tiqua. Cette sensation étrange que tout ne se passait pas par hasard restait incrustée au fond d'elle et aucune réflexion rationnelle ne parvenait à la faire partir.
Tout était si clair, tout le monde pensait que la guerre était finie, que la paix et l'équilibre allait revenir dans les galaxies. Mais en réalité, tout le monde se trompait.
Car c'est dans le chaos que naît le mal à l'état pur.
Ismérie le savait très bien.
« Dans ce cas, lieutenant Lewis, ne vous débarrassez pas trop vite de cet uniforme. Je pense que vous en aurez encore bien besoin. »

 

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Le Supremacy était la gloire flottante du Premier Ordre, le vaisseau parmi les vaisseaux. Convoité par l'ensemble des officiers du Premier Ordre, Hux ne pouvait pas nier qu'il faisant partie de ceux qui rêvaient d'en prendre le contrôle. Alors qu'il marchait dans les couloirs froids de l'immense croiseur, c'était probablement à cela qu'il pensait. A ce jour où il s'installerait au poste de commandement.
Mais actuellement, il devait se contenter du Finalizer.
Cette idée lui convenait, du moins pour le moment, il comprenait que le Suprême Leader attende de lui des preuves inéluctables de sa capacité à commander. Il lui avait confié une mission, une épreuve, et s'il la réussissait, alors il obtiendrait tout ce dont il avait toujours rêvé.
La gloire
La reconnaissance
Le pouvoir
Starkiller était la clé, celle qui lui permettrait d'ouvrir toutes ces portes.
Pourtant, quelque chose de plus fort encore, l'avait forcé à mettre cela entre parenthèse l'espace de quelques heures.
Pour semer la graine qui ferait germer son plan.
Celle du doute.
« Vous vouliez me voir ? »
Il avait fait coulisser la porte le menant dans la grande salle sombre, seulement éclairée de quelques faisceaux de lumière timides et pourtant, l'homme savait déjà qu'il était là avant même qu'il ne pose un pas dans cette salle.
Avec ce casque et cette longue cape, difficile de croire que celui qui se cachait derrière Kylo Ren n'était encore qu'un jeune homme dont la trentaine n'était pas encore atteinte. Pour Hux, c'était un gamin rebelle qui avait retrouvé une figure paternelle en Snoke, un opportuniste et un parvenu. Issue de la rébellion de surcroît. « Le fruit ne tombe jamais trop loin de l'arbre » avait-il pensé lorsqu'il avait découvert la véritable identité de Kylo Ren. Il fallait juste savoir s'il tenait davantage de son grand père ou de sa rebelle de mère.
Pour le général, c'était tout vu, Mais, cependant, il ne pouvait nier son influence et surtout son utilité.
« Seigneur Kylo Ren... » souffla Hux d'une voix monocorde. L'apprenti se retourna vers lui, faisant tournoyer sa cape sombre. Ce petit général beaucoup trop ambitieux à son goût, avait demandé audience avec lui et il avait accepté pour l'unique bonne raison que ses intérêts personnels pouvaient en sortir grandis.
Tous deux ignoraient d'où venait le mépris qu'ils avaient l'un pour l'autre. Cependant, ils se respectaient. Hux acceptait le fait qu'il soit l'apprenti de Snoke, lui-même ne possédant aucune sensibilité à la force, il ne pouvait pas prétendre à ce titre. Quant à Ren, bien qu'il estime le général un peu trop gourmand dans ses ambitions, il jugeait son talent pour la fourberie suffisamment intéressant pour le garder à ses côtés.


Pour le moment.


« Viendriez-vous demander grâce pour l'amirale Spencer ? »
Hux hocha la tête négativement. Il savait que pour cela, il ne pouvait rien faire. Pas même influencer l'apprenti du Suprême Leader. Le garçon était colérique, impulsif, mais nullement stupide.
« Les décisions du Suprême Leader sont mes ordres, Seigneur Ren. Je n'ai nullement besoin de Spencer pour poursuivre le projet Starkiller. » Il marqua une pause. « Et puis, nous savons tous les deux que tout cela ne sera que formalités. »
L'apprenti ne pouvait qu'acquiescer.
« Je ne vois toujours pas la raison de votre demande.
- J'y viens, ne trouvez-vous pas cela étrange, tout de même ?
- Quoi donc, général ?
»
Hux sourit, ce genre de sourire qu'il avait quand il était sûr de gagner à la fin.
« Eh bien, le fait que nous ne sachions toujours pas qui a essayé d'intenter à vos jours sur Bonadan. Nos équipes d'enquêteurs sont-elles si incompétentes ? »
Ren tiqua, il tapait dans le mile, mais il était bien trop fier pour le reconnaître.
« Qui vous dit que je ne le sais pas déjà ?
- Vous parlez de Lewis ? Allons, Seigneur Ren, nous avons lu les mêmes rapports, vous savez qu'il n'y est pour rien cette fois.
» Il marqua une pause, prêt à lancer sa phrase assassine, mais pourtant bien réaliste. « Ceux qui ont orchestrée les attaques de Bonadan visait le Suprême Leader à travers vous. Lewis ne visait rien d'autre que Starkiller.
- A moins que la cible n'ait été indirectement vous.
» coupa Ren sèchement. « Vous auriez très bien pu vous trouver sur Bonadan à ma place. Auquel cas, quelqu'un au sein même de votre armée a essayé de vous assassiner... Et si c'était cela, vraiment, votre commandement inspire la loyauté au sein du Premier Ordre... » conclut-il ironiquement.
Hux ricana, ne relevant même pas la pique que lui adressait Ren sur ses compétences.
« Oh, pitié, Seigneur Ren, je pensais que vous lisiez dans les pensées... Vous pensez vraiment que ces traitres me détestent plus qu'ils ne vous haïssent, vous ?
- Vous êtes une cible plus facile, Hux.
»
Le général croisa les bras, se retenant de pester. Il ne supportait pas le ton condescendant que prenait Ren avec lui.
« Qu'importe qui ils visaient, ils courent toujours, sans doute sont-ils même en train de rire de nous à l'heure actuelle. »
Ren restait silencieux, Hux avait raison, quiconque avait orchestré cela se promenait toujours au sein même du Premier Ordre sans même être inquiété.
« Où voulez-vous en venir ?
- Je vous propose de débusquer ces traitres, tout simplement.
- Vous ?
»
L'apprenti le regardait à travers son masque sombre, essayant de percevoir la raison qui poussait Hux à venir lui proposer son aide.
« Qui me dit que ce n'est pas vous l'instigateur de tout cela ?
- Serais-je assez bête pour condamner l'un des meilleurs éléments de ma flotte à une mise à pied sans condition ? C'était comme si je me tirais une balle dans le pied.
- A moins qu'elle ne soit sur le point de découvrir votre vrai visage...
- Elle le connait, contrairement à vous, je n'ai nul besoin de me cacher derrière un casque.
»

L'apprenti frémit de colère, si cela ne tenait qu'à lui, la force se serait déjà emparé de la gorge du général, la serrant si fort qu'il aurait pu entendre les articulations de son cou craqué sous son effet. Mais sa colère, il la canalisait, c'était ce que lui ordonnait Snoke, lui faisant miroiter une parfaite maîtrise de son pouvoir, à l'image de son défunt grand-père.
Snoke le bridait. Mais il n'eut pas le temps de penser à cela, car Hux enchainait déjà ses arguments.
« Je pensais à une collaboration. Ce genre de collaboration qui nous apporterait des avantages à tous les deux. Nous montrerions au Suprême Leader que nous pouvons unir nos forces. Vous, vous vous distinguerez par votre bon sens et moi par ma rigueur et nous gagnerons sur les deux tableaux, en démasquant les traitres tout en gagnant l'estime de notre chef suprême. »
Ren y voyait aussi un intérêt personnel. Celui de débusquer les traitres qui avaient intenté à sa vie et leur faire payer le prix. L'idée était tentante, mais si Hux était là, c'est parce qu'il attendait autre chose.
« Je pourrais accomplir ma vengeance, mais vous, que voulez-vous vraiment en échange ? » Il insistait sur le mot, car s'il savait que Hux présentait les choses à l'avantage de l'apprenti, c'était pour mieux cacher ce qu'il voulait vraiment.
Le rouquin lui adressa un sourire déterminé.
« Conseillez vivement à Snoke de m'offrir le titre de grand maréchal. »
Ainsi donc, voici la véritable raison de sa venue ? Les lèvres de Ren s'étirèrent derrière son casque, Hux était un homme très intelligent, mais surtout incroyablement vicieux. Toutes occasions étaient bonnes pour placer ses pions.
« C'est tout ? »
Le général ne répondit pas directement. En vérité, ce n'était pas tout. S'il était vrai qu'il saisissait l'occasion pour se placer auprès des confidents du Suprême Leader, le but Premier de la manœuvre était d'avoir l'appui de Ren dans sa chasse aux traitres.
« Oui, c'est tout. »
Car à défaut de pouvoir libérer Spencer, il allait la venger.
« Vous voulez donc que je vous laisse fouiner à votre guise ? Eh bien soit ! Ramenez-nous donc ces traitres, général, mais sachez que ma patience à des limites. »
Hux inclina légèrement le menton vers le bas, fermant les yeux, acquiesçant à l'ordre de l'apprenti de Snoke.
« Ne vous inquiétez pas pour ça Ren, je vous les apporterai sur un plateau d'argent... »
En quittant la salle, le général ne put dissimuler le sourire diabolique qui se dessinait sur ses lèvres. Les balises étaient en place.
La fête pouvait commencer.

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Elle avait accepté son sort, car elle n'avait simplement pas le choix.
Spencer était debout face à son insupportable réalité. Comment avait-elle pu se faire avoir à ce point ? Comment n'avait-elle pas vu le coup arriver ? Pourtant, Jenkins, et Pryde à travers elle, avaient la réputation d'avoir la rancune tenace.
Pourtant, c'était un fait.
Ils avaient gagné.
La colère et incompréhension suintaient de tous les pores de sa peau, elle méprisait ce conseil, elle méprisait Snoke. Cet homme qui avait pourtant dit d'elle qu'elle avait toute sa confiance et qui aujourd'hui la jetait au cachot comme une fugitive.
Comment pouvait-il douter de sa bonne foi ?


N'était-ce pas assez difficile à vivre ? N'avait-elle pas déjà assez de mal à encaisser la mort de Lewis et sa trahison ? Depuis l'instant où il s'était effondré sur le sol, Spencer était hantée par une question qui demeurera sans réponse.
Pourquoi ?
Pourquoi Lewis, dont la réputation était sans faille, avait-il orchestré tout cela depuis le début ? Pourquoi avait-il décidé de tourner le dos au Premier Ordre ? Pourquoi avait-il été prêt à tout pour arriver à ses fins ?
Un homme aussi juste que lui avait rallié une cause ennemie...Et cela la dépassait.


S'il avait été aussi juste et intègre, il aurait compris ; compris qu'il était dans le bon camp, qu'il défendait une cause juste. Que c'étaient eux, les descendants de l'alliance rebelle, ces assassins, qui étaient coupables du monde dans lequel ils vivaient.
Pour la première fois, elle n'avait pas compris les actions de son capitaine.
Le lien fraternel qui s'était tissé entre eux avait-il été aussi faux que lui ? N'était-ce que de la poudre aux yeux pour mieux la duper ?
Repensant à tout ça, elle tentait de contenir les larmes qui montaient dans ses yeux.
Elle pensait à son équipage, au dernier regard qu'elle avait lancé à Brant et au petit hochement de tête qu'il lui avait adressé. Un hochement de tête rassurant, qui essayait de lui signaler que le vaisseau serait toujours entre de bonnes mains.
Mais elle n'avait pas vu le sergent Everson.
Puis, l'image d'Armitage Hux traversa son esprit.
Lui aussi n'avait rien pu faire. Ils étaient désormais séparés sans aucun moyen de communication pour une durée indéterminée. Doutant de tout, elle se demandait s'il ne l'avait pas abandonnée lui aussi.
Appuyée contre le mur de son bureau, elle avait regardé les troopers refermer la porte sur elle et le cliquetis de la serrure la condamnant à rester cloîtrée ici l'avait fait craquer. Et malgré les jours qui défilaient, rien ne semblait apaiser cette souffrance. Son seul contact social se limitait à un soldat qui venait déposer un plateau repas sur un meuble, lui lançant parfois un regard dépité.

Cette situation la rendait malade et ce jour-là, alors qu'elle tournait en rond une nouvelle fois dans ses quartiers, elle sentit ses jambes fléchir. Faisant glisser son dos contre le mur, elle se retrouva assise, défaite par ce que lui affligeait le destin. Condamnée à attendre le bon vouloir de ceux-là même qui représentaient tout ce en quoi elle avait toujours eu foi.


Le Premier Ordre la châtiait, comme une vulgaire renégate.


Qu'allait-elle faire ici, seule, à part ressasser sa hargne et sa colère ? Peut-être même allait-t-elle revivre les évènements de ces derniers mois et accentuer le poids du remord. Et un court instant, Spencer allât même jusqu'à se demander si elle survivrait à cette réclusion.
Sa main glissa sur sa poitrine et elle sentit la chaine en métal dans la poche intérieur de sa veste, tirant légèrement dessus, le bijou que lui avait offert Everson apparut devant ses yeux.

Balançant tel un pendule devant son visage, le bijou reflétait la lumière de la lampe et devenait presque hypnotique. C'était un magnifique camée serti de pierres précieuses. Mais ce n'était pas cela qui semblait capter l'attention de Spencer.
Le pendentif semblait pouvoir s'ouvrir sur le côté.
Cette idée éveilla à la fois curiosité et malaise dans le cœur de l'amirale. Une envie irrépressible d'en découvrir le contenu démangeait ses mains, mais n'était-ce pas bafouer l'intimité d'Everson ? Peut-être allait-elle y découvrir une part de son passé, une photo de famille, ou même une photo de quelqu'un qui lui était cher.
*Elle ne le saura pas de toute façon...*Pensa-t-elle en faisant danser le petit objet entre ses doigts.
*Tu n'es pas très honnête Spencer.* Continua-t-elle. * Ce n'est pas vraiment ton genre de te comporter comme cela*
Pourtant, inconsciemment, son doigt avec déjà activé le mécanisme permettant l'ouverture du pendentif et soudain, son cœur fit un bond dans sa poitrine...
Elle n'en croyait pas ses yeux.
« Oh mince... » souffla-t-elle tout bas à elle-même.
En vérité, ce n'était ni une photo, ni un dessin, mais une espèce de petite grille en métal fine, comme celle qui recouvrait les micros et les hauts parleurs. A côté, un fin bouton qui ne pouvait être maintenu enfoncé que par un objet fin et pointu, semblait faire croire que cet objet pouvait être allumé ou éteint.
Elle se traina jusqu'à la table de nuit à côté de son lit, s'accroupissant à côté de sa table de chevet pour extraire une épingle de son tiroir et rejoignit ensuite le coin de mur qui séparait le bureau de sa couche. Elle était folle, c'est certain. Cela ne faisait que quelques jours qu'elle était ici, mais déjà la raison la quittait. Elle parlait à elle-même, et maintenant...Elle s'imaginait ce genre de chose ?
Elle devait essayer, sans doute n'était-ce rien d'autre qu'un pendentif vide, mais la curiosité d'appuyer sur le bouton était bien plus forte que tout raisonnement logique.
Alors, elle appuya dessus légèrement avec l'épingle qu'elle avait sortie de sa table de chevet.
Rien ne se produisit.
*Évidemment...* pensa-t-elle. Pourtant, elle réessaya à nouveau, cette fois-ci en parlant à voix haute.
« Il y a quelqu'un ? » souffla-t-elle délicatement afin de ne pas être entendue de l'autre côté de la porte.
Puis elle attendit
Quelques secondes.
Le silence.

Elle poussa un profond soupir. Bien sûr qu'il n'y avait que le silence. A quoid'autre s'attendre quand on parle dans un vieux pendentif rouillé ?Probablement qu'il s'agissait autrefois de ces espèces de bijoux fantaisies quidiffusaient une musique lorsqu'ils étaient ouverts.
Mais alors qu'elle était sur le point de refermer le couvercle, un petit grésillementla fit sursauter et jeter l'objet au sol. Il était ténu mais suffisammentsoudain pour l'effrayer.
« A...A... ? »
Le son sortait du pendentif, Spencer se jeta dessus comme sur un lingot d'or, leposant sur son oreille. Aucun doute, le son venait bien de là. Incrédule, ellecontinuait de fixer l'objet qui semblait émettre une légère vibration dans lecreux de sa main. Puis, un nouveau grésillement lui fit porter l'objet à sonoreille.
« Ami...rale....Spencer ? »
La qualité sonore était médiocre, les séquences saccadées, mais l'amiralereconnut aussitôt la voix qui sortait du bijou et elle crut que son cœur allaitla lâcher tant il battait à une vitesse folle. Était-elle en train d'halluciner ?De devenir totalement folle ?
« V...Vous...Me recevez ? »
Non, elle n'était pas folle, cette personne était en train de parler à traversce foutu bijou.
D'une main tremblante, elle prit l'aiguille et appuya à nouveau sur le bouton d'activation.Portant l'objet à ses lèvres, son corps tout entier vibrait sous l'effet de l'excitation.
« Je vous reçois, Everson. »
A cet instant, la phrase que la sergente avait prononcé en lui donnant cependentif raisonnait dans sa tête.

 

« ...Il m'a toujours rappelé que je n'étais jamais seule. »

 

Et alors qu'elle fermait les yeux, Spencer prit conscience que tout ce qui s'était passé quelques jours auparavant, prenait sens...

 

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MissRedInHell
Posté le 29/04/2021
Hey ! Je suis de retour ! \o/
Toujours un plaisir de reprendre ma lecture (et à chaque fois, je me demande pourquoi je n'ai pas trouvé le temps plus tôt pour m'y remettre x') )

Je pensais galérer à me remettre dans ma lecture, mais pas du tout. Je pense que le flashback en début de chapitre a beaucoup aidé. Surtout que j'aime le côté un peu cynique, à la limite de l'ironie dramatique qui en ressort, parce qu'on sait ce qui se passe pour certains éléments dans le futur. ^3^

Et les interactions Hux/Kylo font toujours plaisir. C'est tendu et en même temps très nuancé :D
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