[Ch 5.] Le sang sur les mains des autres

Son vaisseau pourfendait l'espace à la vitesse de la lumière.

Le pilote au teint hâlé fixait l'infini d'un air déterminé alors que son droïde émettait des sons que lui seul pouvait comprendre.
« Bon ! Stop BB- 8 ! C'est quoi le problème ? »
Le droïde lui répondit avec des sons graves.
« Ce que je faisais sur Kijimi ? Rien de spécial...Disons que je suis allé voir quelqu'un. »
Un son qui semblait sonner comme une question émana de son ami en métal.
« Une fille ? Mais...Mais non ! Un ami...Enfin...C'est compliqué. »
Dameron se voyait mal expliquer à son ami les raisons qui l'avaient poussé à répondre à l'appel de Brant. Pourtant c'était bien ce qu'il voulait savoir. Mais comment lui dire qu'il n'avait jamais vraiment tout dit sur lui et sur son passé ? Comment expliquer à ce robot qui le suivait depuis déjà plusieurs années qu'il avait discuté avec l'ennemi ? Et que cet ennemi était en réalité son ami d'enfance...Presque son frère ?
« Ok...Promets- moi de ne pas m'enguirlander. »
Le droïde répondit.
« Quoi ? Comment ça, t'en es pas sur ? »
Un long silence.
« T'as gagné... Le type que j'ai été voir sur Kijimi c'est...un ami...Enfin, peut-être même plus que ça. »
BB-8 semblait surpris.
« Non !! C'est...C'est pas mon petit ami, bon je peux parler oui ou non ? »
Le droïde sembla s'éteindre.
« C'était le fils de la meilleure amie de ma mère et lorsqu'elle est morte, il est venu vivre chez nous ...C'était un peu...Comme un frère. C'était. »
Quand le droïde lui demanda pourquoi il utilisait le passé, Dameron se tut, voulait-il vraiment parler de son enfance avec Brant ? De la rivalité qui s'était installée entre eux et qui ne les avait jamais quittés ? Du moment où sa mère est morte et où tout a basculé définitivement ?
« C'est compliqué...Nous n'avons jamais vraiment été les mêmes... Pourquoi j'ai été le voir sur Kijimi alors que c'est si compliqué ? Tu me poses une colle mon ami... »
Dameron ne se comprenait pas lui-même. Pourtant, quelque chose de plus fort que lui et sa raison l'avait poussé à revoir Brant. Et malgré les années, il avait su que c'était lui rien qu'à sa dégaine arrogante et son regard hautain. Le vrai p'tit con par excellence.


Le p'tit con du Premier Ordre de surcroît.


Le pilote s'interrogea sur le contenu du processeur qu'il lui avait été remis. Était-ce un piège ? Un travail d'espionnage ? Des informations ? Une lueur d'espoir se lu dans ses yeux lorsque l'idée que Brant ait toujours été des leurs lui traversa l'esprit.
Il soupira. Perdu. Rien ne lui prouvait vraiment que Brant rejoignait les rangs de la Résistance... Son droïde l'interrogea.
« Tu veux savoir le problème BB-8 ? Un jour, ma mère m'a regardé droit dans les yeux et m'a dit que je serais lié à Hewels toute ma vie. Je n'y ai jamais cru. Quinze ans plus tard on en est là, il revient dans ma vie et me voilà dans ce chasseur à transférer un truc dont j'ignore le contenu à la Résistance...Simplement car il me le demande. »
Les sons du droïde retentirent à nouveau.
« Oui je sais.... J'aurais dû écouter ma mère. »
Alors que son vaisseau était en train d'atterrir, Poe repensait à tout ce qui s'était passé ces dernières années, à la façon dont il avait refusé de croire aux idées pacifistes de la Nouvelle République...A ces certitudes que quelques choses ne tournaient pas rond.
Il avait peut-être définitivement entre ses mains, la preuve qu'il avait toujours eu raison.
« La générale Organa est-elle ici ? »
La créature leva les yeux vers Poe et lui indiqua une direction de son doigt crochu et, suivi de BB8, le pilote traversa le long couloir en bousculant çà et là quelques mécaniciens. Cela ne faisait que quelques années que ce groupement avait été formé sous l'impulsion de Leïa. Pourtant, ils étaient déjà rudement organisés et prêts à agir si cela devenait nécessaire. La Nouvelle République les tolérait, mais n'avait jamais vraiment cru au bien-fondé de leur existence. Pour eux, la guerre était finie avec l'Empire.
Ils se trompaient.
« Générale ! » S'exclama-t-il alors qu'il apercevait la silhouette de Leïa au loin, la dame aux cheveux grisonnants se tourna vers lui. Les années s'étaient écoulées et malgré la vieillesse, elle ne perdait rien de sa superbe et de son charisme.
« Mais voilà notre ami le pilote ! » s'exclama l'homme à côté d'elle, un petit sourire espiègle s'affichait sur ses lèvres.
« Content de vous voir, Han.... » Souffla-t-il, trop obnubilé par son objectif. « Générale, je dois vous parler...
- Plus tard veux-tu ? Je discutais et...
- Lewis est mort.
»
La générale lui lança un regard choqué, puis adressa un rapide coup d'œil à Han Solo. Celui-ci parut soudain transformé, son visage se ferma et son sourire s'évapora.
« Je m'en vais, on en reparlera plus tard... » souffla le contrebandier en quittant la pièce. Et les yeux de Leïa se fermèrent alors qu'il franchissait la porte. Poe savait que Leïa et Han étaient séparés depuis longtemps, mais ces deux-là n'en avaient pas fini avec l'amour qui les liait.
C'est pour cela qu'il était toujours là. Qu'il n'avait pas raccroché avec son côté rebelle. Pour elle, pour sa famille...
« Alors les choses vont s'accélérer désormais... » souffla-t-elle doucement. Poe ne comprenait pas vraiment le sens de ses paroles, du moins, pas encore.
« Comment as-tu appris cette nouvelle ?
- Un...Vieil ami.
»
Leïa ne releva pas, trop occupée à encaisser le choc. Poe la sentait profondément attristée par la nouvelle et en venait à se demander pour quelle raison elle était affligée à ce point. Elle s'était avancée vers la fenêtre sans même le regarder, les yeux vides, son esprit semblait être parti rejoindre les étoiles.
« J'avais eu cette impression...Je m'étais dit que c'était encore mon esprit qui me jouait des tours. Et vous voilà ici, confirmant mes craintes... »
La voix de Leïa semblait éteinte et empreinte d'une profonde tristesse, depuis le jour où il avait été contacté par cette femme, Poe ne l'avait jamais vue si mélancolique.
« Ce n'est pas tout, générale... »
Elle se tourna vers lui, intriguée.
« Mon ami...M'a aussi donné ceci pour vous, de sa part. »
Il sortit de sa poche le microprocesseur que Brant lui avait donné, Leïa le regarda d'abord un instant avant de le saisir, intriguée. Faisant tourner l'objet entre ses doigts, un fin sourire se dessina sur ses lèvres.
« Il n'y a rien de surprenant... » se souffla-t-elle.
BB8 lança une série de sons interrogateurs à l'attention de Poe, celui-ci se tourna brusquement vers son droïde.
« Arrête, tu te fais des films ! »
Leïa lança un regard vers BB8 puis vers Poe.
« Qu'a-t-il dit ? »
Il hésita.
« Rien... » souffla-t-il, légèrement mal à l'aise.


« Bon...Comment être sûr que votre ami ne nous joue pas un mauvais tour, Dameron ? »
Il haussa les épaules. Il se voyait mal expliquer à la générale qu'en vérité son ami était un soldat du Premier Ordre dont il n'était même pas sûr de l'allégeance à l'un ou l'autre camp. Le pilote oublia l'idée de lui présenter l'instabilité de Brant et se contenta d'un discours tout préparé.
« Franchement, Madame, je n'en sais rien. Ce truc va peut-être vous exploser à la figure. »
Bon, s'il voulait être rassurant, c'était loupé. Il se maudissait d'être un peu trop honnête.
Elle lui adressa un sourire moqueur.
« Demandez à votre droïde de lire le lire. » lança la générale en désignant BB8 du menton.
A peine avait-elle terminé sa phrase que BB8 avait déjà éjecté le compartiment de lecture de son dos, Poe haussa les épaules, surpris par sa dextérité et sa capacité à comprendre les humains. Puis il glissa le microprocesseur à l'intérieur de son droïde.
Et les quelques secondes qui suivirent furent interminables.
« Bon...Bonne nouvelle, il n'a pas explosé ! » Lança Poe sur le ton de la plaisanterie, mais à ce moment précis, il sursauta lorsqu'une projection sortit de la lentille du droïde. Leïa et lui furent alors comme hypnotisés par ce qu'ils découvraient sous leurs yeux.

« Bon sang, mais qu'est-ce que c'est que ça ? »

Leïa n'écouta même pas cette question, elle était rivée sur ce qu'elle voyait projeté sur le mur devant elle, et ses lèvres s'étirèrent dans un large sourire.

 

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« Je vous reçois Everson. »
Son sang battait dans ses tempes, elle n'en croyant pas ses oreilles. Spencer était en communication directe avec Everson. Pas de doute, même si la communication était d'une qualité douteuse.
Se pouvait-il que le sergent ait elle-même, un jour, fabriqué ce genre d'objet ?
*Putain de merde, Roberta. * Ces pensées étaient presque prononcées à voix haute, croyant nager en plein délire, elle appuya à nouveau sur le bouton.
« Sergent Everson ? »
Elle souffla ces mots, cachée dans un coin entre son lit et son bureau personnel, sa voix ne devait en aucun cas filtrer à travers les portes ou les murs.
« Am...iral...C'est bien vous ?
- Qui d'autre ?
»
Elle entendit un souffle enthousiaste dans le micro.
« Oh bon sang ! Vous l'avez enfin ouvert ! » s'exclama Everson dans le micro.
Tout devenait clair maintenant. Roberta ne lui avait pas simplement fait un cadeau, elle lui avait volontairement donné un microphone afin de pouvoir communiquer avec l'extérieur si elle devait se retrouver cloisonnée.
Cette fille était un génie. Comment était-ce possible que personne ne l'avait sortie de sa salle de machine avant elle ?
Soudain, elle se ravisa.
Ce n'était pas elle qui avait sortie Everson de son trou à rat.
« Lewis... » souffla-t-elle. Les larmes lui montaient aux joues. Se pouvait-il que Lewis lui ait volontairement offert sur un plateau celle qui était devenue désormais l'un des meilleurs officiers du Donnagher ?
« Ce vieux machin m'a beaucoup servi autrefois. Je me suis dit qu'il vous serait peut-être utile. J'ai gardé le second. Je ne l'enclencherai que lorsque je serai seule.
- Quelle clairvoyance...
» souffla Spencer médusée.
« On ne peut pas faire de grande conversation. Le risque de vous entendre est grand, comme le fait que la batterie ne dure pas la totalité de l'enquête. Mais nous pourrons échanger des informations. »
L'idée de trouver un plan B en cas de problème traversa l'esprit de l'amirale.
« Comment ça va ? Le vaisseau...
- On est soumis à l'autorité de Jenkins...Enfin, nous ne sommes pas encore prêts à lui lécher les bottes...
»
Elle sourit. Non, l'équipage du Donnagher n'avait qu'un seul chef. Et ce n'était certainement pas cette arrogante sorcière.
« Et Hux ?.... »


Elle avait soufflé ces mots. Car depuis l'instant où elle avait été emmenée dans ses appartements telle une prisonnière, elle avait beaucoup pensé à lui.
« Il ne peut pas agir comme il le souhaite. Mais il a chargé le lieutenant Mitaka d'être son officier de liaison avec moi. Je crois qu'il s'inquiète beaucoup pour vous. Et qu'il est très en colère sur ceux qui vous ont fait ça. »
Il y eut un silence.
« Il tient beaucoup à vous, vous savez ? » souffla Roberta, comme pour lui redonner du courage.
Elle ferma les yeux et une larme coula sur ses joues. Au fond d'elle, Spencer savait tout ça, mais aujourd'hui, elle en prenait pleinement conscience. Ces mots eurent l'effet d'un coup de fouet, c'était désormais hors de question de baisser les bras.
« Everson. Je suis incapable de faire quoi que ce soit.
- Je sais...
» souffla-t-elle doucement. « Mais je serai vos yeux et vos oreilles. N'entrez en aucun cas en communication. C'est moi qui le ferai.
- Très bien. Rappelez-moi de vous coller une médaille sur l'uniforme lorsque tout ça sera fini.
- Payez moi un verre dans un bar et on sera quitte, Madame. Reposez-vous.
»
La communication s'interrompit.
Appuyée contre le mur, ses jambes tremblaient encore. Désormais, elle était seule face à elle-même.
Enfin, plus vraiment. Même si elle se demandait encore comment elle allait gérer le fait d'être enfermée dans cette pièce, la chose lui parut plus supportable.
Everson allait agir pour elle, elle lui faisait pleinement confiance.
Elle reposa alors sa tête contre le mur, la tournant légèrement vers l'écart poussiéreux qui séparait son bureau de la paroi.
C'est alors que son corps de raidit.
Quelque chose était là.
En dehors du fait qu'elle se demandait quand le ménage avait été fait derrière ses meubles la dernière fois, Spencer avait vu l'ombre d'un dossier glissé dans l'écart. Du moins, ça y ressemblait, les toiles d'araignées n'avaient pas freiné sa chute et il en était désormais recouvert.
Il avait glissé il y a peu de temps.
Quand ? Lorsqu'ils ont fouillé ? Avant ? Après ? Difficile à dire, une chose était pourtant évidente.
Elle ne l'avait jamais sur son bureau vu auparavant.

 

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« Et maintenant, Erasmya, que faisons-nous ? »
La jeune femme lança un regard à son capitaine, en privé, les grades n'avaient aucune raison d'être et seuls dans ce bureau, ils parlaient à cœur ouvert, sans avoir à cacher quoi que ce soit.
Barrents était celui qui l'avait suivi partout, depuis aussi longtemps qu'elle était dans l'armée. Bien qu'une ou deux dizaines d'années les séparaient, ils partageaient les même idéaux et le même acharnement.
Son visage en témoignait.
Elle était là lorsque c'était arrivé, lorsqu'il avait reçu cette projection incandescente dans le visage. Erasmya sentait encore le souffle brulant qui s'était échappé de ce réacteur, un échec qu'ils avaient essuyé tous les deux.
Lui en avait payé le prix fort, son visage était désormais en partie grêlé et rougeâtre. Les droïdes médecins n'avaient rien su faire.
Tout ça pour la protéger, elle.
Pour faire triompher le Premier Ordre.
Elle croisa les bras devant l'holonet, songeuse, Jenkins avait reçu des consignes strictes.
« Ce que nous faisons ? Nous gérons ce vaisseau comme il devrait être géré depuis longtemps. De plus, nous avons reçu un ordre de mission. »
Le capitaine tournait autour de l'holonet comme un requin autour d'une proie.
« En effet. Mais si tu veux mon avis, nous devrons agir dans la plus grande prudence...Nous et nos hommes ne sommes pas les bienvenues ici.
-Tsss. Comme si nous allions leur demander leur avis.
» siffla-t-elle. Barrents lui lança un sourire narquois. « En attendant de rencontrer l'équipage, que dirais-tu si nous fêtions cette victoire ? La tienne qui plus est...Depuis combien d'années rêvais-tu de t'asseoir sur ce siège ? »
Jenkins souriait alors que son capitaine lui tendit un verre de vin, c'était dans ce genre de moment qu'elle avait l'impression d'être quelqu'un de normal. Elle trinqua et bu doucement, le regardant droit dans les yeux. Elle se sentait invisible et sur le point d'accomplir de grandes choses.


Car si elle réussissait cette mission, elle pourrait même prétendre à garder le commandement du Donnagher pour de bon.

 

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Le sourire sur les lèvres de cette femme diabolique lui donnait la nausée.
Alors que Jenkins venait de s'asseoir sur le siège de commandement, Brant la fixait avec des yeux sombres. Arrivée au poste de commandement quelques minutes auparavant, l'amirale avait jeté un froid polaire sur l'ensemble de l'équipage. Il lisait sur le visage de cette femme le plaisir malsain qu'elle ressentait à poser ses fesses sur ce siège et il n'avait qu'une envie, l'en dégager le plus vite possible.
« Le Donnagher... » souffla-t-elle doucement. « Jamais je n'aurais pensé que ce siège serait aussi confortable. »
*J'aurais dû installer ce foutu mécanisme de siège éjectable depuis longtemps. * pensa Brant.
Elle observait tout ce qui se passait autour d'elle, admirant le poste de commandement, en se disant que, désormais, tout ça lui appartenait.
Mais il ne fallait pas qu'elle oublie la raison de sa présence ici.
Son regard d'acier se tourna vers Brant, le capitaine la défia du regard. Si elle s'imaginait éveiller de la peur en lui, elle se fourrait le doigt dans l'œil.
« J'imagine que Spencer n'a pas eu l'occasion de désigner quelqu'un à la capitainerie... »
Brant se râcla la gorge et le visage de l'amirale se tourna vers lui.
« A dire vrai, l'Amirale Spencer... » et il insista sur les deux derniers mots. «...est plus prévoyante que vous ne l'imaginez, Madame... »
Il marqua une pause et s'avança du rang.
« Capitaine Brant.... À votre service. »
Brant considéra son nouveau supérieur, tâchant de ne pas dévoiler tout le mépris qu'il avait pour elle, mais lorsqu'il vit le regard de Barrents se poser sur lui, il sut qu'eux ne feraient pas cet effort. Cet homme avait plus de sang sur les mains qu'un boucher en pleine découpe et cela en faisait évidemment une figure respectée au sein du Premier Ordre. Brant avait lu son dossier : discret, analytique et calculateur, ... il a été de nombreuses fois approché pour devenir général et travailler auprès de Pryde.
Mais il avait toujours refusé.
Les mauvaises langues justifiaient une telle obstination par le fait qu'il était un peu trop loyal à Jenkins, c'était probablement la vérité, ni lui ni elle ne cachaient ce qui les liait.
Lorsque ce dernier s'approcha de lui, Hewels put voir le visage grêlé du capitaine du Fleur de Lys et un frisson parcourut son dos. Selon la légende, une partie de son visage avait subi une importante brulure lors d'une mission de pillage qui avait mal tourné. La légende raconte aussi que si Jenkins ne l'avait pas trainé sur plusieurs kilomètres, il ne serait pas là à le mépriser. Il avait eu beaucoup de chance, même si le prix avait été difficile à payer.
Légèrement défiguré, certes, mais bien vivant.
« Aurais-je cru que le jeune Hewels Brant serait devenu capitaine un jour ? Presque aussi invraisemblable que le fait que ce sublime vaisseau soit contrôlé par quelqu'un comme Spencer.
- Aussi invraisemblable que votre présence ici...
» souffla soudain Brant, piqué au vif, incapable de ne pas répliquer face à cette provocation. Barrents soutint son regard et Jenkins dut intervenir.
« Barrents sera le capitaine tant que je serai aux commandes, mais je suppose que nous pouvons compter sur votre infaillible collaboration, Brant ? Il va se soit que le bien être du Premier Ordre est en jeu...D'autant que nous avons du pain sur la planche.
- Que voulez-vous dire ?
» Soudain Barrents n'existait plus et le ton de Brant avait du mal à cacher sa surprise, avait-elle déjà des projets pour le Donnagher ? Elle ne perdait décidément pas de temps. Jenkins affichait un sourire victorieux qui n'annonçait rien de bon.
« Nous avons reçu un ordre de mission.
- Un ordre ?!
» Brant ravala sa salive. C'était invraisemblable. « Mais le Donnagher est objet d'enquête et...
- Rectification.
» Coupa sèchement Jenkins en levant une main pour le faire taire. « Son amiral est l'objet d'une enquête. Et comme le veut la procédure, il va de soi qu'elle ne doit pas être en mesure d'influencer les équipes chargées de faire la lumière sur elle et ses agissements.... Il n'y a donc aucun inconvénient à partir avec elle. »
Brant restait sans voix. Ce n'était pas du tout prévu au programme.
« Le Suprême leader nous a ordonné d'agir rapidement. Selon nos informateurs, une base de la résistance se terre au niveau de la bordure médiane, il souhaite que nous leur rendions la monnaie de leur pièce. En attaquant le projet Starkiller et en infiltrant nos rangs, ils nous déclarent clairement la guerre...Nous partons dans deux jours. »
Brant se sentit soudainement faible, visiblement, il n'y avait pas que dans le Premier Ordre que les espions s'en donnaient à cœur joie. Comment avaient-ils pu savoir quoi que ce soit sur cette position aussi reculée ? Comment était-ce possible ?
« Quels sont les ordres une fois sur place ? » lança-t-il curieux, sans sentir le regard de Barrents se poser sur lui.
« L'annihilation totale. » lança Jenkins d'une voix tranchante comme une lame.
Ils n'étaient même pas certains de la véracité des informations d'espionnages, alors pourquoi décidé d'une destruction totale ? Mais soudain, il eut le déclic et le fond même de cette manœuvre apparut clairement à ses yeux. Cette idée le fit chavirer. C'était à devenir fou. Spencer n'était plus aux commandes de ce vaisseau... Et pourtant, ce qu'on retiendra dans les livres d'Histoire, si quelque chose venait à se produire, c'était que le Donnagher lui appartenait.
Et qu'il allait faire route pour anéantir purement et simplement toutes vies sur une planète suspectée d'abriter la Résistance.
« Vous allez lui foutre un génocide sur le dos... ? »
Jenkins lui lança un regard mêlant triomphe et mépris. Elle savait qu'en commandant un vaisseau qui n'était pas le sien, il serait facile d'effacer sa trace si cela tournait mal, ou si, comme dans ce cas-ci, il s'agissait d'une mission de représailles. Restez noble et laisser les autres se tâcher les mains pour elle. N'était-ce pas ce qu'elle faisait de mieux ?
« Je pense qu'il vaudrait mieux, pour vous, que vous évitiez ce genre de jugement de valeur à l'avenir...Capitaine Brant... Certains sont morts pour moins que cela. »
Brant sentit ses jambes fléchir, mais il devait demeurer impassible. Se pouvait-il qu'ils sachent ? Impossible ! Hewels n'avait jamais eu aucun contact avec la Résistance en dehors de sa rencontre avec Poe. Certes, il lui avait transmis les informations de Lewis, mais était-il aussi impliqué que lui dans la cause ? Peut-être pas. N'avait-il pas tout intérêt de laisser tomber tout cela, à se remettre dans les rangs et ne plus faire d'histoire ?
Alors qu'il était plongé dans sa propre tête, une silhouette apparut à côté de lui, furtivement, elle s'était faufilée comme un chat, mais avait attiré malgré tout l'attention de Barrents.
« Vous êtes en retard, sergent Everson. »
Roberta se tenait là, à côté de lui, au garde à vous et extrêmement mal à l'aise. Le regard inquisiteur de Jenkins n'arrangeait rien à la situation.
« En effet sergent...Peut-on savoir ce qui explique cette arrivée si...Soudaine ? »
Jenkins avait beau être de petite taille et de carrure plutôt chétive, elle était terrifiante.
« J'étais....
- Elle était aux toilettes.
»
Les yeux se tournèrent instantanément vers Brant.
« Le sergent Everson souffrait de...Flatulences et m'a... demandé l'autorisation avant la réunion...Et comme j'étais toujours capitaine à bord je l'ai autorisée. »
Roberta le dévisagea discrètement d'un air outré, quant à Jenkins, elle était piquée au vif. D'autant plus que le teint rouge d'Everson semblait appuyer cette thèse.
« Est-ce vrai sergent ? » siffla-t-elle.
Roberta hocha la tête, sans paraître surprise de l'aide inattendue de son collègue.
« Je...J'ai mangé quelque chose au déjeuner et ...ça ne passe pas. Pardon... Ça ne se reproduira plus...Et puis, vous savez ce que c'est quand on a mal au ventre pas vrai am...
-ROMPEZ !
»
Roberta sursauta et n'attendit pas son reste pour décamper, rapidement talonnée par Brant.
« La prochaine fois que tu veux me sauver la mise, évite de m'humilier en public, Brant ! Mais...Merci quand même !
- T'as deux minutes pour m'expliquer ce que tu foutais.
»
Sa voix était sèche et froide, si impersonnelle que même Roberta se demandait si c'était bien lui qui lui avait adressé la parole. Elle savait que Brant la connaissait très bien, suffisamment pour savoir qu'elle n'était jamais en retard, encore moins pour son travail. Maladroite, certes, mais extrêmement ponctuelle.
Ce qu'il oubliait, c'était qu'elle aussi, le connaissait mieux que personne.
« Quelque chose ne va pas ? » souffla-t-elle en voyant le visage tendu et livide de Brant.
Le capitaine la regarda droit dans les yeux, et ce qu'elle vit dans la clarté de ses iris lui glaçait le sang.
« Non, rien ne va ! Rien. On part en mission.
- En mission ??? Mais...Sp...
- Je sais. Ces connards veulent envoyer le Donnagher éradiquer la population d'une planète en Bordure Médiane, sous prétexte...Que la Résistance s'y trouve !
»
Le visage de Roberta s'assombrit, et elle eut l'impression que le sol s'effondrait les choses devenaient extrêmement compliquées.
« Et tu penses que c'est vrai ?
- Comment veux-tu que je le sache ?
» souffla-t-il. Il avait honte, mais il mentait. Bien sur qu'il savait. Il savait que la base existait, comme il savait que Poe devait s'y trouver à l'heure où il parlait à Everson.
Il devait trouver un moyen de les prévenir, de faire en sorte qu'ils partent avant qu'ils n'arrivent.
Éviter le pire... Pour lui, pour Poe et pour Spencer.
Mais pour entrer en communication avec le pilote, Brant devra se débrouiller seul, refusant catégoriquement de mêler Everson à cette histoire. Non, s'il devait tomber, il tomberait seul. Et puis...Pouvait-il lui faire confiance à ce point ?
Roberta demeura silencieuse, tout se bousculait dans sa tête. Elle devait absolument prévenir Hux de ce qui se passait ici, mais elle était coincée. Si son absence s'était déjà fait remarquer, une seconde disparition risquerait d'éveiller les soupçons. Alors, il ne lui restait qu'une seule possibilité.
Il fallait qu'elle fasse en sorte que Mitaka vienne sur le Donnagher le plus rapidement possible.

 

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Elle était parvenue à attraper l'enveloppe.
Après plusieurs tentatives de souplesse, Spencer avait touché l'enveloppe du bout des doigts et l'avait tirée à elle sans devoir bouger son bureau. Sachant que le moindre bruit éveillerait les soupçons de ceux qui surveillaient sa porte, elle avait étiré son bras jusqu'à sentir une douleur se diffuser dans tout son dos.
Mais le résultat était là, entre ses mains.
Soufflant délicatement sur le papier pour faire voler les grains de poussière, elle passa doucement sa main sur l'enveloppe, puis la retourna pour y voir inscrit ce mot.
Ce seul et unique mot.

« Madame. »

Ses lèvres et ses mains tremblaient, ses yeux devinrent soudain très humides. Ce mot-là, elle savait à qui il était adressé, elle savait qui l'utilisait.
Comme elle reconnut directement l'écriture.

Celle de Lewis.

A cet instant, Spencer comprit, elle comprit absolument tout.
Lewis avait tout prévu, jusqu'à sa propre mort.
Mais la question n'était pas de savoir comment il s'y était pris.
La vraie question, était ....
Pourquoi ?

Et les réponses se trouvaient peut-être désormais entre ses mains...

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MissRedInHell
Posté le 29/04/2021
J'ai littéralement fangirlé au début, surtout pour BB-8 (ce p'tit droïde <3)

Y a toujours autant de tension, de mystères, ça intrigue beaucoup tout ça ! Et je me demande vraiment comment Spencer va trouver toutes les réponses (si tant est qu'elle les trouve, sait-on jamais :D).

En tout cas, je suis trèèès curieuse de voir où tout ça va mener ^3^
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