Je saisis mon Foyer de ma main gauche et le décrochai de ma ceinture. Je fouillai ma vieille besace pour en sortir une Ombre Cristallisée. D'une faible lueur blanchâtre, elle reflétait sa mauvaise qualité. Je l'introduisais néanmoins dans mon Foyer. Une douce lueur en émanait alors, me permettant ainsi d'éclairer les alentours dans ce crépuscule sans fin. C'est ce qui se fit appeler l' Illumination. Loin d'être aussi efficace que le soleil terrestre, le Skopolyth peinait à arroser le Sançonge de sa lumière. C'est pour cela qu'un Foyer était indispensable. Il possédait un autre avantage de taille. Contrairement à une torche ou à un système d'éclairage moderne, les Sans-Lumière ne pouvaient distinguer la lumière qui émanait de l'utilisation d'Ombres Cristallisées. En faisant cela, je vérifiais le nombre d'Ombres Cristallisées qu'il me restait au besoin d'un Renforcement pour mon épée. M’étant préparé, j'observais les environs. Quelques groupes étaient ici et là. Quand certains parlaient stratégie, d'autres discutaient de leurs dernières découvertes. Qu'importe le niveau des Joueurs, tous passaient par ce portail. Tous se rassemblaient en ce lieu avant de commencer leur chasse. Les Joueurs étaient sur une bande de terre acculée par de larges parois rocheuses et entourée par deux fins ruisseaux. Depuis que le Crève-Espoir fut révélé, des petits ponts s'érigèrent grâce aux efforts de certains Joueurs. D'autres aménagements sommaires, directement fabriqués avec les ressources du Sançonge, virent également le jour. Je me rappelais avec nostalgie mes premières semaines, lorsque que les ponts n'existaient pas et que chacune de mes chasses commençaient par des bottes remplies d'eau. J'empruntais le ponton de gauche et y marchai de tout mon poids. Je savourais triomphalement ce confort si simple mais qui m'était pourtant si cher. Je m'engouffrais alors sur un sentier rocailleux qui s'élançait entre arbres et rochers. Je me faufilai et me baissai pour passer outre le lierre d'ombre qui tombait des larges branches des érables nocturnes dont la sève phosphorescente teintait le sol. Ma destination était à environ une heure et demie de marche. Ayant découvert récemment un chemin de traverse, je m'économisais près de quarante minutes. Je coupais à travers la forêt pour me rendre à proximité de la Forêt bleutée. Je profitais également de mon maigre savoir en botanique pour dénicher quelques plantes que je pourrais revendre à Hans. Cette forêt, bien que relativement peu dangereuse, était tout de même très dense. Il était assez simple de s'y perdre sans retour possible. Elle se caractérisait par une flore étonnante entièrement composée de plantes encore jamais vues sur Terre. Nombreux furent ceux qui se virent être frappé d'une curiosité insatiable pour ces curiosités. Entre chêne plaintifs, lotus sépulcraux ou clématites de nuit, il restait encore tout à découvrir.
Sur le chemin, je cherchais des achillées cendrées qui étaient utilisées comme base dans la concoction de potions de soins. Ces plantes poussaient en profusion dans la plupart des Sançonges du monde. Nombreux étaient les Joueurs à s'atteler à leur récolte. Cela faisais maintenant trente minutes que je marchais dans cette forêt tempérée sans avoir vu une seule achillée. Après avoir grimper la côte qui marquait la fin de la vallée je m'assis sur un rocher. J'étais à quelques pas de quitter le sanctuaire et de pouvoir rencontrer des Sans-Lumière. Je dégainai mon épée pour la Renforcer à l'aide d'une Ombre Cristallisée. Je levais les yeux et vis au loin, entre la cime des pins saphir, ma destination. Je l’avais sobrement dénommé, les berges du vent. Je découvris ces berges au gré d'un détour dans la Forêt bleutée il y a de ça deux mois. Situées en contre bas d'une haute colline entre deux méandres de taille significative, je fus étonné de voir un tel lieu caché. J'y trouvai une large population de Kratid ayant des taux d'obtentions de trouvailles assez élevé. J'y récupérai par exemple des Ombres Cristallisées, des Éclats de lithium sombre ou encore des Fétus renforcés. Tout cela m'était fort profitable dans la mesure où ces trouvailles étaient largement utilisées dans l'artisanat. Je retournais sans cesse en ce lieu afin de trouver le filon de lithium sombre qui s'y trouvait. Si je me référais aux Éclats de lithium sombre que les Kratid laissaient au sol lorsque je les Dissipais, il devait nécessairement y avoir un filon d'une taille considérable. Je me relevai du rocher sur lequel je m'étais assis et frottais l'arrière de mon grimpant devenu flavescent par la mousse qui s'y étaient attachée. Je relaçai fermement les cuirs de mes bottes et débutais la descente vers les berges.
Je recentrais mon attention et m'armais de prudence avant de mettre un pied en dehors du sanctuaire. J'étais prêt. Je franchis alors la mythique barrière de champignon jaune appelée l'Enceinte. Nul ne sait pourquoi ces champignons étaient là. Une chose était certaine. Ils n'avaient que pour seule utilité de repousser les Sans-Lumière. Je traversai l'Enceinte et avançais prudemment en tendant l'oreille, prêtant attention aux moindres bruits. Le Crève-Espoir était toujours somnolant. La vie y semblait comme léthargique. Prêt à jaillir à tout instant mais comme contenue par une force mystérieuse. L'atmosphère présente était sereine mais elle pouvait basculer à la moindre rencontre avec un Sans-Lumière. Une devise populaire se répandit rapidement parmi les Joueurs : « Qui flectit mergit ». Celui qui ploie, sombre. Cet apophtegme était désormais indissociable de l’identité des Joueurs. Il nous rappelait de n’être négligeant ne serait-ce qu’un instant. Dans le Crève-Espoir, je savais que la riche flore présente était un miroir de la faune qui y était tout aussi abondante. Mis à part quelques rares Sans-Lumières qui n'attaquaient pas à vu, il ne fallait pas oublier que tous se montraient agressifs envers les Joueurs. C'est en me remémorant cela que j'avançais prudemment.
Le sol était accidenté. Jonché de pierres, de branches et de racines. Le chemin que j'empruntais était bien loin des sentiers du sanctuaires qui étaient vides de tout obstacles. La visibilité était mauvaise. Les maigres rayons de lumière s'évanouissaient dans l'épais manteau des arbres. C'était dans ce manteau végétal que les Camazotzs avaient l'habitude de loger. Si je m'attardais trop longtemps, le gaz carbonique induit par ma respiration pourrait les alerter de ma présence. Souhaitant éviter les griffures de ces larges chauves-souris et ne voulant subir de dégâts auditifs, je préférais me montrer prompt. Pour ce faire, j'adoptais une démarche bien particulière. J'abaissais mon centre de gravité et lançais mes pieds au plus loin tout en les gardant proches du sol. Ainsi, je m'assurais des appuis solides et une allure soutenue. Cela faisait quelques minutes que j'avançais quand je remarquai qu'un Camazotz volait à plusieurs dizaines de mètres de moi. Je décidais de poursuivre ma route discrètement pour ne pas l'attirer. Suivant les marques que j'avais, au fil des trajets, inscrites ici et là, j'arrivais à entendre la rivière. Je m'approchais du bord de la petite falaise qui surplombait la rive droite de la rivière. Je mis un pied sur un rocher, m'appuyai sur un arbre et observais au loin. Je remarquai des Kratid qui semblaient fort agités. Caquetant de droite à gauche et se pinçant les uns les autres, j'observai une scène de discorde. Mon plan restait le même. Explorer la partie haute de la colline qui m'était encore inconnue tout en Dissipant méticuleusement les Kratid rencontrés. Je ramenai mon regard qui perçait le feuillage sur mon pantalon. Je m'aperçus qu’il était recouvert de petites plantes. De forme sphériques, elles semblaient s’être profondément ancrées dans les reliefs de mon habit. Sachant qu’elles n’étaient pas urticantes, je frottais vigoureusement mon pantalon de mes mains. C’est alors que je remarquai à quel point mon grimpant était usé. J’y voyais un large nombre de marques qui provenaient de mon évolution dans ce milieu forestier et de mes combats contre des Al mi'rajs, Camazotzs ou Kratid. Plusieurs se démarquaient des autres de par leur profondeur. Ces marques étaient issues d’attaques d’Al mi'rajs. Elles ressemblaient à des impacts de balles. J'inspectais une nouvelle fois avec attention ma cuirasse. Rien d'alarmant ne pouvais être remarqué. Je décidai donc de me remettre en quête du lithium sombre.
Se trouvait sur la rive droite de cette rivière d'un pourpre inquiétant, nombre de lianes et de plantes urticantes en tout genre. Entre Gueule-de-Feu et Lierre-Fantôme je tâchais de me montrer prudent. Je devais malheureusement m'y frotter sur plusieurs centaines de mètres. J'écartais et coupais facilement cette flore hostile grâce à mon épée. Ayant emprunté ce chemin plusieurs fois je savais où passer pour m'économiser. À cause de la nature du Sançonge, la croissance des plantes était inouïe. Il ne fut pas rare que je devais déblayer le passage une à deux fois par semaine. J'avais plusieurs fois songer d'investir du temps pour arracher à la racine toutes ces plantes pour qu'elles ne puissent jamais repousser. Je ne pouvais cependant m'y résoudre avant d'avoir déniché le filon de lithium sombre. Cela faisait maintenant une dizaine de minutes que j'avançais péniblement dans ce nœud végétal. J'arrivai presque à ma destination ; un arbre échoué qui me permettait de traverser la rivière au sec. J'élançais mon épée de droite à gauche en faisant d'amples mouvements. Je coupais une quantité de biomasse effarante qui jonchait désormais le sol derrière moi. À deux doigts d'apercevoir l'arbre, j'entendis du bruit. Je tendais l'oreille. Un glapissement. C'était un Al mi'raj. D'ordinaire solitaire, je pris tout de même la peine d'observer les alentours pour m'assurer qu'il soit seul. C'était un spécimen d'une taille considérable. Je ne fus étonné de cette rencontre car cette zone était riche en Gueule-de-Feu qui semblait être l'élément principal de leur régime alimentaire. J'approchais prudemment et me postai dans l'ombre d'un arbre à quelques mètres de la créature. Occupé à se remplir la panse il ne semblait me percevoir. Je m'abaissai et saisis un cailloux qui jonchait le sol terreux de cette orée. Toujours masqué par l'arbre, je lui fis face et lançai le cailloux de ma senestre à sa gauche. Sans perdre de temps je passai à droite de l'arbre. Dès lors que je retrouvais une ligne de vue direct sur ce Sans-Lumière, j'observai qu'il s'était dressé sur ses pattes arrières et qu'il regardait où mon jet s'était échoué. Je comblais rapidement la distance nous séparant et armai un zornhau [1]. En m'approchant, le bruit de mes pas sur l'épais tapis forestier résonna et il ne fallut longtemps pour que l'Al mi'raj me fît face. J'étais néanmoins à distance et je lui assénai mon coup. Je le découpai d'une traite, de la mandibule gauche à l'épaule droite. Il s'effondra et de son corps jaillit une multitude de particules grises irisées. Semblables à des grains de sables elles virevoltèrent puis se précipitèrent sur le corps inanimé avant de s'écrouler sur elles-mêmes et disparaître.
Ce processus signifiait que le Sans-Lumière avait été Dissipé avec succès. En rengainant mon épée, je me mis au niveau de ma prise et l'observais. Sa fourrure flavescente tirait sur le noir à quelques endroits. Sa corne faisait la taille de mon avant-bras et le spécimen environ quatre-vingt centimètres de long. Je regardais rapidement la proximité immédiate sans apercevoir une trouvaille quelconque. À certaines occasions, les particules grises se condensaient et formaient une trouvaille. Cette fois-ci n'était pas une de ces occasions. Je réfléchissais quelques instants. Ayant pour objectif l'exploration, je ne m'étais doté ce matin de mon sac à dos. J'étais donc léger mais démunis de stockage. Je me résignai donc à laisser de côté cet Al mi'raj. Je prenais néanmoins la peine de récupérer la corne, en la brisant le plus nettement possible à sa base. J'ouvris une poche latérale de mon sac ventral et j'y glissais difficilement mon butin. Étant d'une taille significative et d'un bon état je pouvais espérer en tirer un bon prix. Me relevant, je remarquai que l'arbre qui me servait de pont se trouvait à quelques dizaines de mètres. Je pris garde à vérifier l'intégrité de mon épée avant de me saisir des restes de ma proie. Je marchais en tenant la tête et le corps du Sans-Lumière que je lançai vers le centre de la rivière, là où le courant y était fort. Je ne voulais prendre la peine de le dépecer car je savais que mes prochaines heures seraient occupées à ramasser les trouvailles des Kratid et à remplir mon maigre stockage. J'étais enfin arrivé à cet arbre échoué. C'était un large pin saphir dont la circonférence était telle qu'elle me surplombait. Une étonnante flore s'était développée sur ce qui fut jadis un arbre majestueux. Ce tronc était habillé d'un fin manteau de jade. Cette mousse, d’un vert vif, se démarquait de la plupart des autres plantes. La face est de l’arbre, ombragée par les épines des pins encore debout, était accablée de mousse. Sur les racines, étaient présent des champignons noirs, tachetés de rouge. Je ne m'étais jamais aventuré à les ramasser ou ne serait-ce que les toucher. Je n'avais que trop entendu d'histoires de Joueurs un peu trop téméraires qui se saisissaient de champignons sans en connaître la nature. La plupart d'entre eux étaient victime de blessures superficielles ou d'un sort plus tragique encore. J'esquivais donc savamment ces champignons lors de mon escalade des racines pour atteindre le sommet du tronc. Je m'arrêtai un instant pour observer l'amont et l'aval de l'autre rive. Aucun Kratt n'était visible en proximité immédiate de mon point d'arrivée. Je débutai donc ma traversée. Je ne pouvais voir distinctement l'écorce de l'arbre mais j'en observais les reliefs. Ces mêmes reliefs me donnaient l'adhérence nécessaire pour ne pas choir dans cette rivière.
Étant presque arrivé de l'autre côté, je vis un Kratt sortir de l'ombre d'un rocher. Je me mis à courir pour parcourir les derniers mètres qui me séparaient de la berge. Je saisissais de ma dextre ma dague qui était solidement attachée à ma cuisse droite. En continuant ma course, je la lançai aussi rapidement que possible vers ce Kratt. Il ne fallait pas qu'il cri. Si je n'étais pas assez rapide il alerterait les Kratid environnants, ce qui compromettrait ma journée d'exploration. Ma dague filait à toute allure en direction du Sans-Lumière. J'accélérai aussi rapidement que possible en prenant garde à ne pas glisser. Arrivé en bout d'arbre, je sautai de toute mes forces pour atterrir sur un fin banc de sable à quelques mètres de distance. Sur le point de toucher le sable, le Kratt se mit à geindre : j'avais fait mouche. Ayant encaissé l'impact du saut, je gardais l'élan de ma course en roulant sur le sable pour me relever immédiatement et courir vers le Kratt. Initialement à plusieurs mètres de distance, je voyais que le Kratt avait réduit la distance et qu'il préparait sa riposte. Bien que ralenti par sa blessure au flanc gauche, il m'attaqua promptement en sautant. Je décidai encore une fois de rouler, cette fois-ci, sur des galets. J'esquivai avec facilité son bec mais mon bras droit, la partie de mon corps la plus en hauteur lors de ma roulade fut touché par ses serres. Tout en roulant, je fis un demi-tour sur moi même pour lui faire face. Je freinais mon inertie grâce à mon pied gauche que j'ancrais solidement dans les galets qui s'écartaient de moins en moins à mesure que ma vitesse diminuait. Je me propulsais en direction de ce Kratt qui était, lui aussi, en train de se retourner. En posant mon pied droit comme second appuis j'allais chercher mon épée avec mon bras touché. Le Kratt poussa un cri d'intimidation strident qui devint, à mesure qu'il s'approchait, de plus en plus aigu. En face à face, les Kratid avaient généralement pour habitude de battre des ailes pour libérer leurs pattes du sol afin de les utiliser d'une manière offensive. C'est exactement ce que je vis le Kratt faire. Il arma ses serres, tel un aigle prêt à me mettre à terre. Au plus proche de l'impact, je saisis à deux main ma bougie et tendis les bras. Je transperçais facilement le corps du Kratt fait de fétus de paille. La garde de mon épée se heurta sur son poitrail, ses serres agrippèrent mes manches : le combat n'était pas terminé. La gravité attira inexorablement mon épée vers le sol. Je l'accompagnai volontiers pour le clouer au sol. En poussant mon épée vers le bas, je vis du coin de l'œil un coup de bec arriver. J'esquivai in extremis au prix de quelques mèches de cheveux et d'une entaille au cou. Le Kratt à terre, je mis mon pied gauche sur son cou et y mettait tout mon poids. Le Kratt entaillait et empoigna mes jambes. Entre débattement et coups de bec, je devais éloigner au maximum ma tête de la sienne. Sans perdre de temps, je cherchais ma dague sur son corps. Je remarquai que je ne pouvais la saisir sans être à la merci de son bec. Je retirai donc rapidement l'épée de son buste pour la loger aussitôt dans son crâne. Quelques secondes passèrent, les mouvements cessèrent et les particules grises apparurent. Je m'assis pour reprendre mon souffle. Un Éclat de lithium sombre et un Fétu renforcé apparaissaient sur le sol.
« Un peu de chance dans mon malheur »
Sursautant, je me relevai prestement. Je devais m'assurer que d'autres n'arrivaient. Contrairement aux Al mi'rajs, les Kratid avaient pour habitude de se déplacer en groupe de plusieurs individus. Aucun mouvement en vue. Je ramassais rapidement mes trouvailles et les fis disparaître dans mon sac. Je glissais ma dague dans son étui et parti me mettre à couvert derrière un rocher. J'entendis des gloussements à proximité. Deux. Peut-être même trois Kratid. Ils devaient se trouver à environ trente mètres. Profitant de ma position, j'apposai mon épée contre le rocher et examinais mes blessures. Hormis l'entaille au cou que j'arborais, je ne percevais aucune autre douleur ni trace de sang. Mes protections aux jambes et au bras, bien que touchées n'avaient pas failli. Je respirais profondément afin d'alimenter copieusement mes muscles en oxygène. Je tâtonnais dans ma besace pour vérifier l'intégrité des fioles que j'avais plus tôt acheté. Par miracle aucune d'entre elles ne s'était brisée.
Je réfléchissais à mes options et ne voyais que trois choix. Me battre, rebrousser chemin ou contourner. Je jetai un coup d'œil discret depuis le rocher où j'étais cacher. Les Kratid étaient bien trois et s'adonnaient à leur activité favorite : le ramassage de cailloux. Les Joueurs trouvèrent que les Kratid, d'après les légendes, étaient des entités créées pour accomplir une tâche définie par leur maître. Dans chaque Sançonge , les Kratid avaient une activité qui leur était propre mais qui les occupait tous. Dans le Crève-Espoir, c'était le ramassage de cailloux. Je recentrai mes pensées sur mes trois options. Je répudiai la fuite car mon état physique et l'état de mon équipement étaient plus que convenable. Je ne pouvais contourner car ma destination du jour se situait sur les hauteurs de la colline. Le seul chemin que je connaissais et qui me permettait d'accéder à ma destination était celui qu'occupaient ces Kratid. Il n'y avait donc qu'un seul choix qui s'offrait à moi. Ma stratégie était simple. Prendre la hauteur, capitaliser sur l'effet de surprise et les Dissiper le plus rapidement possible. Fort heureusement pour moi, le rocher qui m'abritait était accolé à un autre. Guère plus haut, il offrait cependant un couvert suffisant. Je m'abaissais encore une fois, saisis plusieurs galets et les rangeai. N'oubliant pas mon épée, je grimpais avec aise sur le rocher. Recouvert de mousse, je m'étonnais du moelleux auquel j'étais confronté. J'avalais une de mes potions afin de prévenir tout imprévu. Après une grande inspiration, je jetai quelques galets pour attirer les Sans-Lumière vers moi. Cela fonctionnait à merveille. Les trois se déplacèrent en horde afin d'investiguer les origines de cette curieuse pluie de galets. Les trois étaient au pied de mon rocher et caquetaient. Je fis un dernier jet afin de détourner leur regard et m'élançai de ma hauteur. Je tranchai la gorge du premier d'un oberhau [2] précis, encaissai l'atterrissage et armai immédiatement un unterhau [3] qui fit également mouche. Tandis que je m'approchais du dernier qui venait tout juste de réaliser la nature de la situation dans laquelle il se trouvait, je lui assénais un zornhau destructeur qui le trancha en deux. J'expirais bruyamment. Je retrouvai alors au sol deux Éclats de lithium sombre, une Ombre Cristallisée et un Fétu renforcé. Une chasse satisfaisante. Je remplis mon sac et levai les yeux en direction de la colline.Je pouvais enfin m'atteler à ce qui m'avait mené ici.
Il était environ dix heures du matin et je m'enfonçais sur un sentier herbeux à l'ombre des larges épines des pins saphirs.
[1] Coup basique de l'épée longue. Caractérise une frappe diagonale descendante.
[2] Coup basique de l'épée longue. Caractérise une frappe descendante.
[3] Coup basique de l'épée longue. Caractérise une frappe diagonale remontante.