Peinture d'ombres.
Enfer sombre.
Dépression silencieuse...
Une voix, deux voix, trois voix...
Tant de voies
s'ouvrent devant moi.
Je me sens égaré
dans des pensées insensées,
dans une marée de possibilités,
dans un avenir imparfait.
Mon présent m'est insuffisant,
mon passé si abstrait,
mon futur si prometteur...
Le doute s'installe.
L'ennemi progresse,
fort de son alliée,
l'indécise immobilité.
Dame Patience !
Puisses-tu m'apporter
un peu de sagesse
et de paix ?
J'apprécie beaucoup les différents sujets que tu explores, on sent qu'il y a beaucoup de réflexion derrière et cela nous amène également à nous poser des questions (ce qui à mon sens est bon, mais cela dépend de ton but ;)
Ce que j'aime c'est que ta poésie sort des sentiers battus. J'aime cette imprévisibilité qui fait qu'au lieu de dire "le plus important c'est l'instant présent etc." tu es honnête et tu oses nous confier tes visions d'avenir et tes doutes.
Maintenant concernant la ponctuation (encore et toujours on ne cessera d'échanger dessus x), j'ai les commentaires précédents.
Vos échanges sont intéressants, c'est une grande question aussi : écrit-on pour soi, ses ressentis, sa propre sonorité et vision de son poème, ou pour conduire, transmettre aux autres ?
À première lecture, la ponctuation ne m'a pas dérangée, il faut dire que je l'ai sans doute inhibée sans m'en rendre compte.
De mon point de vue, les points de suspension sont bien placés et utiles car ils représentent les questionnements et leurs réponses en suspens.
Pour ce qui est de la première strophe, j'aurais tendance à dire qu'elle est mieux sans ponctuation, pour les mêmes raisons que tu as évoquées.
Je pense tout simplement qu'il faut d'abord écrire pour soi. C'est aussi récurrent comme image dans tes poèmes, mais la poésie est associée à la spontanéité, alors suis la comme elle te vient ;) C'est à toi de trouver ta juste mesure selon le résultat que tu veux obtenir, et, comme tu le fais déjà, cela peut évidemment varier de poème en poème !
Sur ce, j'espère avoir pu susciter une idée ou un éclairage,
Au plaisir de te lire !
Fy
C'est vrai que, ces derniers mois, on en aura parlé de cette ponctuation ! Ce poème est, comme tu as pu le voir dans les commentaires, l'un des premiers (voire le premier) où j'ai commencé à m'interroger dessus sérieusement. Je suis d'accord avec toi pour la première strophe : sans ponctuation, c'est mieux. Ou plutôt, c'est très différent, beaucoup plus suggestif. Avec, j'influence davantage le lecteur, je lui impose déjà plus un chemin plutôt qu'un autre.
À l'origine, j'écrivais justement en évitant d'imposer des chemins. Aujourd'hui, je fais plutôt l'inverse, comme Viviva me l'a suggéré. Je choisis un angle d'attaque et je m'immisce plus dans la signification globale. Ce n'est ni mieux ni moins bien mais cela me parle davantage aujourd'hui.
Il y a des passages où la ponctuation apporte beaucoup, en contraste avec la première strophe. Si tu prends l'exemple de « Dame Patience ! », on comprendrait moins bien qu'il s'agit d'un appel, d'une exclamation, sans ponctuation.
Comme pour d'autres poèmes, le bémol se situe dans les rimes pour celui-ci. Je me suis concentré sur la signification et le flot du poème. Comme tu le dis si bien, je l'ai surtout écrit comme il me venait, spontanément (excellent conseil d'ailleurs !). J'aime l'idée qu'il faut d'abord écrire pour soi. Il faut d'abord que ce que j'écris me plaise, autrement c'est un signe que je fais fausse route. C'est une bonne boussole. On n'écrit de toute façon pas une poésie comme on écrit un roman. Quand j'écris des nouvelles ou que je travaille sur un roman, je pense davantage au lecteur (je dirais). Mais naturellement, car l'histoire doit plaire, à moi et à ceux qui voudront bien lire ses pages. Un poème est vraiment l'expression de quelque chose d'intérieur et il faut être prêt à se livrer entièrement et sincèrement pour en écrire. Le roman aussi mais c'est un processus différent.
Comme toujours, merci pour ce commentaire constructif. Ça m'aide énormément à avancer. À bientôt ! :)
Philippe
Merci beaucoup pour ce commentaire très motivant. Une note positive accompagnée d'une remarque pour progresser, tout ce que j'aime :)
J'avoue que je ne mets que rarement de la ponctuation dans mes poèmes. En fait, j'ai un fonctionnement assez simple : soit j'en mets, et je respecte les conventions (majuscules, points, virgules, etc...); soit je ne mets que des majuscules pour marquer mes retours à la ligne.
Dans un certain nombre de mes poèmes, j'ai le sentiment qu'ajouter de la ponctuation entraverait la fluidité ou imposerait une perspective au lecteur. J'aime laisser le plus de liberté d'interprétation possible. En retirant la ponctuation, tu as (je trouve) une liberté plus grande, notamment niveau rythme.
Qu'en penses-tu ?
"Ce voyageur ailé comme il est gauche et veule"
de la même manière que:
"Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!"
Je ne sais pas si pour vous ça vous fait le même effet qu'à ma personne mais dans la vrai version on sent davantage l'ironie et par la suite on comprend où on va et surtout on comprend ce qu'il y a à comprendre.
C'est tout de même vrai que cela impose une vision au lecteur, vous avez raison, mais c'est normal d'imposait une vision car c'est votre interprétation que l'on cherche et de là on essaiera de vous comprendre et de s'identifier à vous. Un poème c'est plus qu'un texte rythmé ! C'est un texte qui va dans un sens et qui nous procure toute sorte d'émotions. Si vous lisez Demain dès l'aube de Victor Hugo dans Les Contemplations, qui parle donc de la tragique mort de sa fille, il a voulu parler de son expérience et de sa douleur et c'est vrai que tout le monde ne s'y identifie pas parce que tout le monde n'a pas perdu un enfant! Cependant, cela nous empêche pas le trouvez magnifique et remplie de tristesse, c'est ce que les lecteurs cherchent dans un poème, d'abord l'authenticité puis la vision de l'auteur lui même sur quelque chose qui est soit connu de tous comme le voyage, soit appréhender comme la mort... Le tout c'est de donner une vision au lecteur, quelque chose qu'il n'aurait pas vu de lui-même, qu'il ne se serait pas donner la peine de le qualifier d'abjecte ou envoûtant ou les deux.
Ainsi j'espère que cela vous aidera, je comprendrais par ailleurs si vous ne vous qualifiez pas dans cette "branches" de la poésie, peut-être que vous êtes dans quelque chose qui dépasse mon entendement.
(Pardonnez ce monologue écrit)
Quelque chose dans ce genre là :
«
Peinture d'ombres.
Enfer sombre.
Dépression silencieuse...
»
Ça ne rendrait d'ailleurs pas si mal et ça n'empêcherait pas d'ajouter des phrases simples dans la suite du poème. J'en hésiterais presque à le modifier... c'est juste que ne pas mettre de ponctuation ajoute une liberté que j'aime beaucoup et que, par la force des choses, on ne peut pas retrouver dans la prose.
Après, je ne sais pas dans quelle mesure le lecteur s'intéresse à la vision de l'écrivain. J'aime voir mes textes comme un miroir. Ce miroir a été conçu par quelqu'un, c'est vrai, et reconnaître sa touche, son savoir-faire, peut être intéressant. En revanche, le lecteur ne trouvera dans ce miroir que ce qu'il est apte à y voir, un reflet de ses propres opinions. Bref, à méditer ! ^_^ (j'ai encore du chemin à parcourir, de toute évidence)