Et si finalement
La vie que j’imaginais
Tout ce qui me semblait réel
N’était que mensonges ?
Arkanis – l’an 0
Elle était arrivée sur Arkanis il y a de cela quelques semaines. Et depuis elle ne cessait de tourner en rond.
Sa place n’était pas ici, sa place était avec eux, là-haut. Avec l’empire alors qu’il avait besoin d’elle.
Mais elle n’était pas en mesure de combattre, pas pour le moment.
La jeune femme aux cheveux bruns touchât délicatement son ventre lorsqu’elle sentit un coup de pied contre sa peau. Cela faisait quelques temps que l’enfant avait commencé à se manifester et elle avait pris conscience de son état. Avant, l’idée qu’elle soit enceinte la dépassait, hormis quelques nausées elle n’avait rien vu de différent. Mais depuis maintenant un mois, son ventre s’était arrondi et elle commençait à percevoir cette vie qu’elle abritait. Elle aurait souhaité continuer le combat, mais tous autour d’elle avait jugé bon qu’elle se préserve pour elle et pour l’enfant à venir. Aussi avait-elle rejoint l’académie d’Arkanis en tant qu’aide à l’éducation des cadets.
Elle avait su il y a déjà plus d’un mois qu’il s’agissait d’une petite fille. Erwin, son mari, en avait pleuré toutes les larmes de son corps. Elle sut à ce moment-là que même s’il disait ne pas se tracasser du sexe, l’idée d’avoir une fille l’avait comblée de bonheur.
Quant à son père, même s’il était difficile de savoir ce qu’il ressentait, elle avait lu dans ses yeux une pointe d’émotion lorsqu’elle le lui avait appris.
Eleanor Tarkin avait fini par quitter son bureau pour marcher un peu, la station assise lui pesait et elle n’aimait guère restée en place. Elle se demandait si elle trouverait, en errant dans les couloirs, une âme qui vive et qui accepterait de discuter avec elle. Car depuis son arrivée ici, la solitude lui pesait. Non pas que l’académie était déserte, bien au contraire, c’était là une fourmilière bruyante jusqu’au couvre-feu… Mais elle ne partageait pas grand-chose avec eux.
Et encore moins avec celui qui dirigeait cette académie.
Elle connaissait Brendol Hux à travers l’armée. En tant que soldat, ce type était un couard qui avait obtenu ses galons en assassinant ceux qui étaient bien meilleur que lui. Eleanor n’avait aucune preuve de ce qu’elle prétendait, mais elle ne voyait que cette raison pour qu’un type aussi pourri et infâme que lui ait pu trouver sa place ici.
Elle le connaissait également en tant qu’homme, lorsqu’il avait épousé l’une de ses amies.
Maratelle et elles s’étaient connues très jeunes. C’était une jeune femme dynamique et intelligente. Le genre de fréquentation qui apportait beaucoup à la jeune Tarkin. Mais lorsque celle-ci s’était éprise de ce rouquin démoniaque, Eleanor avait tout de suite senti que quelque chose clochait.
Elle en eut rapidement la confirmation.
Si au début de leur mariage, elle se permettait encore quelques visites à l’improviste, Maratelle avait rapidement mis le halte-là lorsqu’elle s’était inquiétée d’elle la première fois. Son amie avait fini par lui avouer que sa tristesse était venue de sa stérilité. L’idée de ne jamais avoir d’enfant l’avait rendue extrêmement malheureuse. C’était en tout cas ce qu’elle lui avait dit en dissimulant ses bras et son cou ce jour-là.
Mais Eleanor n’était pas dupe, elle savait. Elle savait que, comme souvent, Brendol avait été particulièrement brusque avec elle.
Les années s’étaient écoulées depuis, et elle espérait que son arrivée à Arkanis lui permettrait de revoir cette vieille amie perdue.
Mais elle ne s’attendait pas à la retrouver dans pareilles circonstances.
Alors qu’elle poursuivait sa promenade du soir, Eleanor avait perçu d’étranges bruits étouffés venant d’une porte que donnait sur l’extérieur. Intriguée, elle s’en avança à pas feutrés et regarda discrètement.
Maratelle ?
La jeune femme était là, appuyée sur le rebord de la balustrade. Était-ce bien Maratelle ? Eleanor en doutait tant son amie n’était plus que l’ombre de celle qu’elle avait connue. Maigrie, son corps semblait avoir supporter toutes les épreuves de la vie, sa beauté était devenue presque fantomatique.
« Eleanor, c’est toi ? »
Elle hocha la tête, s’avançant vers son amie. Depuis combien d’années ne s’étaient-elles pas vues ? Pourtant, elle semblait l’avoir tout de suite reconnue. Qu’il était triste de retrouver son amie dans les mêmes circonstances que lorsqu’elle l’avait quitté.
Seule et en pleure.
Eleanor s’approcha-t-elle et pris place à ses côtés.
« Qu’a-t-il fait cette fois ? » lui lança-t-elle sans prendre de pincettes.
Elle lança à la jeune brune un regard embrumé de larme. Eleanor eut des frissons, où était la vie dans ce regard ? Il n’y avait plus de joie, plus d’espoir. Juste une profonde tristesse.
« Je sais… Que je n’ai pas été là, Maratelle. » Souffla-t-elle. « Mais le devoir m’avait appelée ailleurs et… »
Sans un mot, Maratelle lui saisit le poignet et l’entraina avec elle. Eleanor ne protesta pas, elle savait que son amie avait besoin d’elle aujourd’hui. Qu’importaient les années qui les séparaient de leur dernière rencontre. Aujourd’hui, elle était la seule amie qu’elle avait croisé sur son chemin. Elle l’entraina dans ses appartements, puis s’arrêta net devant une porte close et la montra du doigt.
Eleanor cru percevoir des pleurs à travers la porte, elle lança un regard inquiet, mais Maratelle ne parvint même pas à la regarder, continuant à tendre le doigt vers la pièce. La jeune femme pris son courage en main. Qui était derrière cette porte ? Qu’avait bien pu faire Brendol pour mettre son épouse dans cet état ? Elle craignait le pire.
Mais ce qu’elle vit, lui brisa le cœur à jamais.
Il y avait là un lit de fortune, sur lequel était posé un bébé.
Elle s’avança vers lui, l’air inquiet et le regarda. Le nourrisson avait à peine un mois, peut être deux, mais il criait si fort qu’elle en avait presque les tympans percés. Était-ce comme cela que sa fille pleurait elle aussi ? Mais Tarkin chassa rapidement cette idée, son enfant n’était pas encore là, mais ce petit garçon lui, venait de nulle part et avait besoin d’aide.
C’est alors qu’elle comprit.
Cet enfant était celui de Brendol.
Ce salaud s’était arrangé autrement.
Eleanor sentait son dégout pour cet homme lui monté au bord des lèvres. Cela ne lui suffisait-il pas de faire souffrir les gens autour de lui ? Pourquoi a-t-il fallu qu’il engendre ce petit être sur qui il abattra aussi son courroux ?
Mais lorsqu’elle posa à nouveau les yeux sur ce petit garçon roux, une étrange douceur l’enroba, un sentiment qu’elle n’avait jusqu’alors jamais ressenti. Était-ce parce qu’elle aussi allait devenir mère ?
« He bien, mon bonhomme, tu me sembles bien fâché. » lui lança-t-elle doucement. Et elle se risqua à le prendre dans ses bras. Comment un être aussi abject que Brendol pouvait-il engendrer un enfant aussi beau ?
« Allez, viens près de moi. Shhhhh » souffla-t-elle doucement en lui posant un baiser sur le front. « Veux-tu que je chante une petite chanson ? »
Alors qu’elle commença à chantonner, elle se mit à marcher doucement dans la pièce, balançant délicatement l’enfant.
« Quand les ténèbres tombent et t’encerclent.
Lorsque tu tombes.
Quand tu as peur et que tu es perdu
Sois courageux… »
Et elle poursuivit son chant jusqu’à ce que l’enfant s’endormît paisiblement au creux de ses bras. Et alors seulement Eleanor revint dans la pièce aux côtés de Maratelle qui semblait avoir su contenir ses sanglots.
« On est venu ici, il y a deux heures. » souffla-t-elle. Tremblante.
« Qui ? » Eleanor s’était installée à côté d’elle, portant l’enfant endormi dans ses bras.
« Une femme des cuisines ! » Siffla-t-elle. « Une vulgaire bonniche ! Elle a dit… elle a dit que sa copine avait accouché de ce garçon et qu’il était de …Brendol. Elle m’a aussi dit que cette femme était morte maintenant et …qu’il devait s’en occuper. »
Eleanor ne disait rien, comment cela pouvait-il être possible ? Elle se mettait à la place de son amie et se demandait comment elle aurait pu réagir dans cette situation.
Mais elle était bien incapable de pouvoir l’imaginer.
* On peut rêver mieux comme départ dans la vie, bonhomme. » pensa-t-elle très fort en regardant le petit être qu’elle portait dans ses bras.
« Je n’arrive même pas à le regarder Eleanor ! Tu te rends compte ? Je… Je…
- Ne dis rien. » souffla-t-elle. « Ne dis rien… »
Un instant, les deux femmes restèrent silencieuses.
« Tu vas être maman, n’est-ce pas ? » murmura Maratelle. « Dans combien de temps sera-t-il là ?
- Quatre mois. » répondit-il. « Ça sera une petite fille.
- Comment s’appellera-t-elle ? »
Eleanor sourit. Le prénom de cette enfant n’avait fait aucun doute à leurs yeux.
« Enael. » Il était difficile de ne pas sentir la douceur dans la voix d’Eleanor. « Et lui, il a un prénom ?
Maratelle regarda le sol, toujours bien incapable de regarder l’enfant dans les bras de son amie.
« Elle m’a dit qu’il s’appelait Armitage. » lança Maratelle d’une voix sèche.
« Armitage… » Eleanor marqua une courte pause. « Voilà un prénom qui n’est pas commun. Mais très joli malgré tout… »
Le voir endormi lui apportait une certaine tranquillité. Ce pauvre petit garçon risquait de ne pas avoir la vie facile, mais en le regardant ainsi, elle se disait qu’au moins à ce moment-là il était paisible.
« Que ferais-tu à ma place Eleanor ? Tu as toujours été d’une grande franchise. Serais-je un monstre si je ne parvenais pas à aimer ce bébé ? »
Eleanor ne sut que répondre tout de suite. Comment se mettre à sa place ? Comment ne pas aimer un si beau petit bébé ? Mais d’un côté, comment aimer cet enfant issu d’un adultère lorsqu’on est la femme trahie ? C’est si difficile pour elle de savoir que faire…
« Je… Je ne sais pas Maratelle… Je veux dire, tu es la seule à savoir ce que tu dois faire, ce qui est bon pour toi. Qui suis-je pour te juger ? Fais simplement ce que tu sembles juste. »
Mais alors que Maratelle allait lui répondre, une voix lugubre s’éleva derrière elles.
« Pose ce gosse Tarkin. » Eleanor reconnu cette voix entre mille et cela lui glaça le sang. Elle se leva et se retourna pour apercevoir Brendol Hux dans l’encadrure de la porte.
Elle tenait fermement le bébé dans ses bras, par réflexe de protection.
« J’ai calmé les pleures de ton fils, Hux, et c’est comme ça que tu m’accueilles ? » lui lança-t-elle de façon presque insolente.
« De quoi te mêles-tu petite effrontée, tu n’as rien à faire ici ! » cria-t-il.
« Je ne serais pas là si je n’avais pas vu ta femme et ton…enfant souffrir à cause de toi !
- Ce ne sont pas tes affaires ! » siffla-t-il. « Tu veux que je te le fasse comprendre autrement ?
- Essaye seulement ! » s’exclama-t-elle sans le craindre. « Qu’as-tu l’intention de faire de ce gamin ? »
« Absolument tout ce dont j’ai envie… » siffla-t-il. « Si je veux, je peux même l’envoyer rejoindre sa mère. »
Eleanor tressaillit. Se pourrait-il qu’il soit à l’origine de la mort de cette femme ?
« Tu as intérêt à le reposer maintenant Tarkin, car si tu ne le fais pas, c’est lui que je tue. »
La colère montait en elle, ce type était une pourriture. A défaut de l’atteindre elle, craignant les représailles du grand Moff, il préférait sacrifier son fils que de plier devant une femme.
Elle s’exécuta. Posant l’enfant dans les bras de Maratelle, qui était totalement désemparée et impuissante.
« Maintenant tu dégages. J’ai une affaire de famille à régler… » lui lança-t-il sur un ton méprisant. Eleanor lui soutint le regard et arrivant à sa hauteur, s’arrêta net.
« Je souhaite, Hux, qu’un jour tu reçoives ce que tu as toujours mérité ! » Et c’est sur ces mots et en lançant un dernier regard à Maratelle qu’elle quitta la pièce.
Ce fut la dernière fois qu’elle vit son amie.
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Aujourd’hui
Le Donnagher avait rejoint la base sans encombre. Pendant tout le trajet, Enael n’avait cessé de ruminer tout ce qui s’était passé. D’un côté, elle avait même craint de se retrouver à nouveau seule avec Phasma depuis lors. Crainte qu’elle semblât partager avec Lewis, qui ne cessait de sonder le géant de fer d’un air méfiant.
L’amirale avait fait les cent pas. Rien ne parvenait à lui changer les idées. Elle savait qu’elle n’y parviendrait jamais tant qu’elle n’avait pas dit ce qu’elle avait à dire.
Tant qu’elle ne savait pas tout.
Alors qu’elle arriva sur la base, elle aperçut le général Hux au loin et ne vit plus que lui, mais alors que l’amirale se dirigeait telle une flèche vers le rouquin, elle n’avait pas encore remarqué qu’un obstacle s’était déjà dressé devant elle.
« Au rapport Mesdames… » souffla Pryde avec un regard sévère.
« Nous avons subi une panne, mon général. Il semblerait qu’il y ait eu des erreurs dans l’encodage des coordonnées » commença Phasma qui s’était mise à son niveau. « Malgré mes conseils, l’amirale Spencer a voulu continuer à pied. » Enael fulminait, mais elle ignorait s’il s’agissait des énormes mensonges de Phasma ou l’arrivée de Hux et de son sourire narquois qui en était la cause. Peut-être était-ce même les deux en même temps.
« Nous avons été…attrapée par des rebelles. » commença Spencer.
« Des rebelles ??? » s’offusqua Pryde « Mais de mieux en mieux amirale. Avait-on oublié de vous dire que cette mission devait être discrète !?
- Et le commandant Phasma a… » voulu-t-elle commencer, mais Pryde ne lui en laissa pas l’occasion.
« Silence ! Vous en avez déjà assez dit. Continuez Phasma. »
Le géant de fer hocha la tête.
« Nous nous en sommes sortie grâce à l’intervention du Donnagher.
- Et le vaisseau ? »
Enael reprit.
« Il semblerait qu’il n’y en ait jamais eu général, nous ne l’avons jamais trouvé en tout cas.
-Sous entendriez-vous que nos sources ont menti ? » siffla-t-il avec mépris à l’attention de la jeune femme.
« Eux…Ou quelqu’un d’autre, Monsieur » lança-t-elle sur un ton sarcastique.
« Quoiqu’il en soit, je comprends que cette mission est un échec ! Dois-je vous menacer de sanction ou de rendre compte au suprême leader pour vous stimuler ? »
Aucune des deux ne répondit. Enael hocha négativement la tête.
« Alors rompez ! Et je veux des résultats rapidement ! »
Pryde disparu. Enael lança un regard en biais à Phasma qui la scrutait derrière son casque. Ses yeux suivirent l’armure de fer qui s’éloignait progressivement pour retourner à son poste.
Puis allèrent se planter dans la silhouette du général Hux.
« Vous semblez quelque peu …nerveuse, amirale. »
Elle ne répondit pas tout de suite, hésitant un instant à le gifler.
« Oh ? Vraiment ? Je suis nerveuse ? C’est peut-être à cause de votre présence et de votre air condescendant à mon égard… Ou peut-être est-ce parce que votre petite copine en inox a voulu me descendre ! »
Hux était désappointé, Phasma avait-elle vraiment osé faire une chose pareille ? Il vit dans le regard de l’amirale qu’il n’y avait aucun doute à avoir sur la véracité de ses propos.
« Je pense que le capitaine Phasma est peut-être un peu…tendue avec cette histoire et…
- Ne me jouez pas cinq lignes, vous croyez que je ne vous ai pas vu, vous et elle faire des petites cachoteries ? »
Hux la regarda, offusqué. Mais ne répondit rien. Qu’est-ce que ce petit amiral s’imaginait encore ?
« Il se passe quelque chose, et je pense que vous et elle ne voulez pas que je le sache. Vous voulez que je vous dise mon avis ? Je crois qu’elle est liée à l’affaire Cardinal, et que vous y êtes lié aussi. Et que le fait que j’aille remuer vos petites affaires vous dérange. Je pense que si je n’étais plus là, cela vous aurait aussi bien arrangé qu’elle. »
Hux lui lança un regard noir. Enael ne put savoir si c’était parce qu’elle avait tapé dans le mile ou tout l’inverse. Et alors qu’elle sembla un instant se taire, elle vit le visage du rouquin s’approcher d’elle.
« Je vais vous dire une chose. Je me fiche totalement de ce que vous pensez, amirale ! » lui lança-t-il d’un ton sec. Hux était vexé, mais il ne laissait rien paraître. Elle était totalement insupportable, elle et ses grands airs, elle croyait tout savoir alors qu’en réalité c’était l’inverse. Et alors qu’il s’éloignait, il se disait qu’il s’était trompé sur toute la ligne.
« Parfait ! » siffla-t-elle en faisant volteface. Très agacée par cette conversation, elle décida de rejoindre son vaisseau sans plus attendre. Ses supérieurs hiérarchiques lui ayant déjà bien suffisamment tapé sur le système.
Donnagher quelques jours plus tard
Ils ne s’étaient plus adressé la parole depuis cette altercation.
Ce silence confortait Enael dans ses certitudes : Hux et Phasma avait bel et bien comploté ensemble et cela l’agaçait. Cela l’agaçait de ne pas en connaître la raison. Elle avait la sensation que la solution était là, sous ses yeux, mais elle était incapable de la saisir.
Et l’idée qu’Hux puisse avoir des confidences avec ce capitaine de pacotilles accentuait son sentiment de contrariété. Pendant un bref instant, Enael ne réfléchissait plus à ce qu’ils avaient pu manigeanc, mais simplement à ce qui pouvait se passer lorsqu’ils étaient tous les deux. Mais cette idée fut chassée de son esprit en un quart de seconde. Elle ne lui laissa aucune place.
Qu’il fasse ce qu’il veut. Pensa-t-elle. Je finirai bien par savoir ce qu’il a à nous cacher !
Et alors qu’elle ruminait sa rancune, la porte de son bureau s’ouvrit sur son capitaine de bord.
« Lewis ? Tout va bien ? » lança-t-elle inquiète. Lewis n’avait pas l’habitude de venir la voir personnellement dans ses appartements.
« Madame, quelqu’un souhaite vous voir. Il dit que c’est urgent. »
Qui cela pouvait-il bien être ? Il était tard et elle ne s’attendait à voir personne aujourd’hui.
« Encore lui ? » siffla-t-elle en pensant qu’il s’agissait de Hux. Et alors qu’elle bondit hors de sa chaise, elle bouscula presque Lewis en passant dans la porte et se hâta de descendre au poste de commandement, elle était sur le point de commencer à dire ce qu’elle avait à lui dire quand soudain plus aucun son ne sorti de sa gorge.
Elle avait en face d’elle un jeune garçon âgé d’à peine vingt ans.
Enael ressenti une pointe de déception.
« Cadet Ferguson, Madame. » Souffla Lewis. « Il vient des régions inconnues. Il dit s’être déplacé incognito et vouloir vous parler d’une affaire urgente. »
Je vois…souffla-t-elle.
« Vous vous attendiez à quelqu’un d’autre amirale ?
- Non » mentit-elle, « à personne. »
Elle s’avança vers le cadet.
« Soldat, je suis l’amirale Spencer.
- Mon amirale. » commença-t-elle. « J’ai pris des risques pour venir vous voir mais, je dois vous parler d’une affaire importante.
- De quoi donc ?
- Une affaire privée Madame, il s’agit de Cardinal. Il y a des choses que peut être omis de vous dire. »
Elle s’était installée à son bureau et avait invité le cadet à en faire autant. Le jeune homme semblait faire partie des élèves idéaux de l’académie. Grand, jeune au physique élancé. Ses cheveux châtains étaient tirés en arrière, dégageant un visage anguleux. Ses grands yeux noisette scrutaient l’environnement où il se trouvait. L’amiral avait posé un verre d’eau à côté de lui et il l’avait remercié en souriant.
« Je t’écoute. Commença-t-elle. Tu disais que tu as pris un risque en venant ici ? »
Il hocha la tête. « Oui mon amirale. En vérité s’ils savent, je risque une sanction disciplinaire, et …pas une petite… » Enael perçu la crainte dans sa voix. Ce qu’il devait dire semblait rudement important pour qu’un soldat prenne un tel risque dans sa carrière.
« Pourquoi prendre un tel risque cadet ? Pourquoi ne pas faire comme tes petits camarades et vivre avec ta conscience.
- Cardinal était un homme que je respectais beaucoup vous savez ? Et vous semblez vouloir rétablir la vérité sur lui. Je veux vous aider. »
Enael se demandait de plus en plus ce qu’elle allait finalement bien découvrir sur lui. Cette vérité serait-elle à la hauteur des honneurs qu’on lui fait ? Elle avait l’intuition qu’en grattant la couche d’or…
Elle allait découvrir la rouille.
« Lorsque vous êtes venue nous interroger, nous avions reçu des consignes claires. Celle de tenir le discours que vous avez entendu. Et nous avons tous obéit sans exception.
- Cela explique le manque de variation dans vos discours. » Enael était satisfaite de son instinct, il ne l’avait pas trahi.
Le cadet hocha la tête à l’affirmative.
« Mais ce n’était pas toute la vérité. Il y a des choses qui se sont passées…Avant sa disparition.
- Lesquelles ? »
Le cadet ne répondit pas de suite.
« Je vous avais parlé de sa relation avec le général Brendol Hux. Quand il est décédé, j’étais très jeune, j’ai vu la douleur dans ses yeux. Il ne perdait pas un collègue, il perdait un membre de sa famille. »
Les idées partaient dans tous les sens dans le cerveau de l’amirale. Se pouvait-il que Cardinal fut le frère de Hux ? Mais…Ils ne partageaient rien dans le physique.
« Il avait fait son deuil, jusqu’à il y a maintenant quelques mois, peu de temps avant qu’il… ne disparaisse.
-Comment cela ?
- Eh bien, il a perdu sa vigueur. Il n’était plus l’homme qu’on avait connu, si énergique, agressif, mais loyal. Tout ça avait disparu. La lueur de passion dans ses yeux était partie, comme s’il ne croyait plus en ce qu’il faisait. »
Enael pris des notes de manière frénétique. Elle avait soudain l’impression de flairer l’énorme poisson qui allait sortir de l’eau.
« Comment expliquiez-vous ça à l’académie ? »
Le cadet haussa les épaules « une déprime passagère. Ça nous arrive à tous, mais d’habitude c’est lui qui nous remontrait le moral. Mais là… Il avait l’air dégouté. » Il marqua une pause.
« Ca, c’est ce que tout le monde sait. Mais y a aussi ce qu’on entend.
- Nous y voilà. » souffla Enael, à ses yeux, il n’y avait rien de plus intéressant que les bruits de couloir.
« On raconte que Cardinal et Phasma se détestaient, qu’ils ne vivaient que pour se faire chuter. Quand Phasma a été promue, Cardinal l’a très mal vécu. Mais tout a basculé lorsque cette rebelle s’est fait attraper.
- Une rebelle ?
- Oui, j’étais détaché avec lui sur l’Absolution à cette époque. J’ai entendu qu’ils avaient interceptés une rebelle. Je ne sais pas trop pourquoi, mais je crois qu’elle y est pour quelque chose.
- Et pourquoi as-tu cette impression ?
- Car elle a disparu en même temps que lui. Elle se serait « évadée » mais je n’y crois pas une seule seconde. »
Et elle non plus.
« Sais-tu son nom ? »
Le cadet hocha la tête.
« Elle s’appelait Vi Moradi. »
Enael était sur le point de quitter le bureau. Laissant le cadet seul un instant.
« Madame, autre chose ! » fit-il. « Les rumeurs courent à ce sujet, il semblerait qu’avant sa fuite, Cardinal se soit battu avec Phasma et ait été laissé pour mort. Il est parti, grâce à la rebelle. J’en suis sûr. »
Enael eu l’impression que la bile remontait dans sa bouche.
Jamais elle n’aurait pu trouver le vaisseau de Cardinal.
Puisqu’il n’était jamais parti avec ce vaisseau.
« Lewis, lança-t-elle hâtivement
- Oui amirale ?
- J’ai besoin de votre important réseau de contact.
Il haussa les sourcils.
« De quel genre de contact parlez-vous ?
- De ceux que vous avez au bureau des renseignements. Je suppose que mon dossier complet vous ne l’avez pas eu dans une pochette surprise. »
Il lui lança un sourire carnassier.
« De quoi avez-vous besoin ?
- Je veux savoir ce qui s’est vraiment passé le soir où Cardinal est parti. »
Lewis avait sorti son calepin et notait déjà ce sur quoi il devait se renseigner.
« Et autre chose ?
- Oui…
- Je veux savoir… Où a été vue Vi Moradi pour la dernière fois. »
Que dire sur ce chapitre mise à part ? DAMN ! Ton mama Enael et Papa Hux ? Tout ceci se complique, mais rends également le présent d'autant plus intéressant !!! :D
Je suis beaucoup trop intriguée, faut sérieusement que je lise la suite rapidement :)
Vraiment ces flashbacks, ils enfoncent le couteau dans la plaie à chaque fois, mais j'aime bien vu comment je suis maso XD
Enael a de nouvelles infos pour sa mission, mais je me demande à quel point elle va se retrouver dans la merde vu qu'elle ne devrait pas aller aussi loin dans ses recherches... Je sens que ça va être tendu huhu :3
Pour les corrections :
- "La jeune femme aux cheveux bruns touchât délicatement son ventre " > toucha*
- "Eleanor reconnu cette voix entre mille " > reconnut*
- "Enael ne réfléchissait plus à ce qu’ils avaient pu manigeanc" > manigancé*
- "Enael pris des notes de manière frénétique." > prit*
- "Enael eu l’impression que la bile remontait dans sa bouche." > eut*
Nice nice ! J'ai hâte héhé :D