Elle était éteinte, telle la lumière d'une bougie soufflée par le vent.
Quelque part dans la galaxie An 1 après Yavin
Elle ne regardait même plus l'officier qui se tenait devant elle. Le vide lui semblait être une meilleure alternative. Bien sûr, elle avait perçu une explosion, dans le ciel, si loin qu'à ses yeux cela n'avait été qu'un petit point lumineux plus brillant que les autres.
Mais elle savait que dans son cœur, l'explosion allait être bien plus terrible.
« Madame Tarkin, l'Empire est sincèrement désolé et se joint à votre peine. »
* L'empire... ?* Pensa-t-elle. *L'empire n'est plus, il a reçu le coup de grâce et attend ses derniers sacrements. * Pensa-t-elle.
« Laissez-moi, je vous prie. »
L'officier s'inclina doucement et recula vers la porte. A cet instant, Eleanor ne put contenir ses émotions et des larmes avaient perlés dans ses yeux.
En l'espace d'un instant, elle venait de perdre les principaux piliers de sa vie.
Son père.
Son mari.
Et il n'en restait plus qu'un.
Elle lança un regard au berceau à côté d'elle. Aurait-elle eu cette enfant si elle avait su tout ce qui allait se passer quelques mois plus tard ? Elle sentit les draps se froisser doucement, le bébé commençait à s'agiter. Avait-il senti la tension de sa mère ?
La jeune femme se leva et se pencha sur l'enfant. Cette petite fille aux grands yeux bleus ressemblait à une poupée de porcelaine. Elle était un ange, son ange, celle qui était devenu tout à ses yeux. L'enfant était sur le point de pleurer.
« Ne pleure pas, ma douce chérie. » Souffla la jeune femme en embrassant tendrement sa fille sur le front. Et alors qu'elle se réinstalla sur sa chaise, elle berça l'enfant en lui murmurant comme un air de chanson.
« Quand les ténèbres tombent et t'encerclent.
Lorsque tu tombes.
Quand tu as peur et que tu es perdue
Sois courageuse... »
Elle vit le bébé s'apaiser doucement tandis qu'elle fredonnait l'air de la chanson. Quand la porte s'ouvrit soudain.
«Eleanor ! »
Le regard de la jeune femme s'illumina.
« Eurydice ! » s'exclama-t-elle. La jeune maman voulu prendre la jeune femme dans ses bras, mais ne pu se résoudre à poser l'enfant dans son lit.
« J'ai appris ce qui s'était passé, ne me dit pas que... »
Eleanor acquiesça.
« Mon père est mort aujourd'hui... » souffla-t-elle.
« Et Erwin ? »
Erwin était le seul et unique amour de sa vie. Elle l'avait rencontré alors qu'ils n'étaient encore que des cadets impériaux. Mais très vite il s'était hissé au poste qu'il avait toujours rêvé : celui de pilote. Et si au départ son père n'avait pas trop apprécié sa présence, car il manquait de noblesse, il avait fini par reconnaitre en cet homme de nombreuses qualités.
Ou avait capitulé face à l'entêtement de sa fille.
Lorsque celle-ci lui avait appris sa grossesse, le grand Moff avait fini par laisser ses dernières véhémences de côté à l'idée d'avoir un ou une héritière à la famille Tarkin.
Ce soir-là, Erwin avait lui aussi combattu à Yavin.
« Son bataillon a été décimé...je...
- Ne dit plus rien. » souffla Eurydice, entendant la voix de son amie s'éteindre.
Les deux jeunes femmes restèrent, un instant, silencieuses. Chacune avait perdu ce qui comptait le plus à leurs yeux durant ces années sombres. Et toutes deux savaient que l'empire était dans ses derniers soubresauts. Eleanor se souvenait alors de sa dernière conversation avec son mari. Il ne lui avait jamais rien caché, même dans les pires situations, dans les pires détresses. Ce soir-là, il lui avait dit qu'il était probable qu'il ne reviendrait jamais.
« Nous nous battrons jusqu'au bout ! » souffla Eleanor. « Mais notre avenir est compromis, tu le sais. »
Eurydice savait qu'Eleanor ne lâcherait rien, jamais. Elle avait déjà combattu maintes fois et elle était prête à y retourner alors que son enfant n'avait que quelques mois.
« Tu peux encore t'enfuir, partir avec la petite et...
- C'est hors de question ! » commença-t-elle, coupant de volée son amie. « J'ai promis à Erwin que je mettrais Enael en sécurité, qu'elle survivra à notre chute, mais il est hors de question que je quitte le navire, pas même pour ma fille. »
Eurydice était troublée par le regard de son amie. Malgré les épreuves, la fatigue et l'usure des dernières batailles, rien n'arrivait à éteindre cette détermination de fer qui animait ses yeux verts. Rien ne semblait la détruire vraiment.
Eleanor s'avança vers son amie. « Tu es la seule amie qu'il me reste, je t'ai toujours considérée comme ma sœur » commença-t-elle. « Tu sais que ce n'est plus qu'une question d'années, voire de mois avant que tout cela s'effondre... Et je ne reviendrai jamais de cette guerre. »
Eurydice sentit son cœur se briser en mille morceaux. Qu'allait-elle faire sans elle ? Eleanor avait su croire en elle plus que quiconque, c'était grâce à elle qu'elle était là aujourd'hui.
« D'ici quelques temps tu devras partir d'ici. Une navette sera prête pour toi... Et tu prendras Enael avec toi. » Elle marqua une courte pause et, ayant reposé son enfant dans le berceau, pris les mains de son amie dans les siennes. « Promets-moi de la protéger. Promets-moi de la protéger mieux que je ne pourrais le faire. Avec moi, cette enfant est déjà morte. » Sa voix tremblait et contrastait tellement avec la lueur de son regard. Eurydice avait le souffle coupé.
« Fait de cette enfant la tienne, et pars. Et dès que les choses commenceront à se tasser, amène-la sur Arkanis. »
Eurydice ne su que répondre.
« Est-ce là le cadeau d'adieu que je dois te faire ? » souffla-t-elle.
Eleanor hocha la tête.
« A moi, et à l'empire ... »
Eurydice regarda un instant l'enfant qui dormait paisiblement dans son berceau. Elle semblait plongée dans un rêve fascinant. Avait-elle conscience de la vie qu'elle allait devoir mener ? Bien sûr que non.
Et elle sut, qu'elle voulut la protéger aussi longtemps qu'elle le pourrait.
Donnagher - Maintenant
Enael était assise à son pupitre et relisait ses notes. Il était tout à fait impossible que ce cadet ait menti. A ces yeux, elle avait devant elle toute la vérité qu'on lui avait toujours cachée. Elle en avait presque le tournis, sentant son cœur battre au fond de sa cage thoracique. L'amirale attendait avec impatience les retours de Lewis, qui lui avait demandé un délai afin de mener à bien ses recherches d'informations.
Et aujourd'hui était le jour tant attendu.
Lorsqu'il était entré dans ce bureau, elle s'était levée aussitôt pour l'accueillir, le sourire qu'il arborait à ses lèvres annonçaient déjà qu'il avait obtenu ce qu'il voulait.
« Avant toutes choses, amirale, j'aimerais que vous soyez honnête avec moi.
- Avec vous ? » Enael était surprise de la déclaration de son capitaine, même s'il est vrai qu'elle n'avait encore rien dit au sujet de sa discussion avec le cadet.
« Que se passe-t-il pour que vous me demandiez ces informations ? Est-ce en lien avec ce qui a été dit avec le cadet ? Vous me faites bien des cachoteries. Vous qui avez toujours été très bavarde je vous sens bien silencieuse et cela m'inquiète. »
Il avait marqué des points, car il était rare qu'elle n'exprime pas les choses à son collègue. Mais ce n'était pas pour défaut de confiance qu'elle s'était tue, elle était simplement perdue et déstabilisée par ce qu'elle avait entendu et les conséquences que cela allait avoir. Elle fit signe à Lewis de s'asseoir à son bureau et lui indiqua ses notes. L'homme la dévisagea interloqué puis posa ses lunettes sur le rebord de son nez, ses yeux verts en parcoururent rapidement le contenu et il releva le regard, surpris.
« Vous vous rendez compte de ce qui est écrit là ? » lui lança-t-il sur un ton presque choqué.
« Évidemment, pourquoi diable serais-je dans cet état sinon ? »
Lewis ne répondit pas, il continuait à jongler entre son amirale et les notes. Ces notes étaient dingues, elles remettaient en cause toutes ses certitudes et l'idée que son amirale en soit au même point que lui l'inquiétait d'autant plus.
« Vous avez conscience que si tout cela est vrai, il n'y a pas que Phasma qui...
- Oui... Pryde est probablement dans le coup lui aussi... » le coupa-t-elle.
« Les choses nous dépassent j'en ai bien peur. » commença Lewis. « Je crains que cette affaire cache bien des choses...
- Des règlements de compte au sein de nos supérieurs... » Enael soupira. Elle se demandait pourquoi il avait fallu qu'elle soit mêlée à cela. Pourquoi Pryde, alors qu'il était au courant de certaines choses, l'avait désignée puis avait laissé faire Phasma en toutes connaissances de causes.
« Pourquoi m'avoir désignée pour l'enquête ? Et supposons que ce que j'ai dit au sujet de Phasma soit vrai, et j'en suis désormais certaine, pourquoi Pryde a-t-il laissé faire ? A moins bien sur que je ne fasse pas partie des plans.
- Je crois qu'au contraire, c'était le plan, Madame.... »
Son sang se glaça. Son capitaine lui disait-il clairement que le but de Pryde était délibérément de la faire disparaître ?
« Mais...Pourquoi ?
- Quelque chose le gêne. Pryde a toujours été comme ça, il n'aime pas ce qui le gène. Ça peut être simplement l'idée que vous soyez une Tarkin, ou d'autres choses que seul lui sait... Et je peux aussi me tromper. » ajouta-t-il en voyant le visage de l'amirale Spencer se décomposer.
Enael resta silencieuse un instant. Son regard était vide, mais sa tête pleine de questions. Pour la première fois elle se rendait compte des risques qu'elle encourait. Était-elle capable de supporter une telle charge ? Était-elle prête seulement ? Non, bien sur que non.
« Que dois-je faire Lewis ? » fit-elle d'une voix tremblotante. « Dois-je abandonner ? »
Le capitaine regarda la jeune femme le regard plein d'émotion. Elle paraissait être une enfant désemparée, mais il savait qu'il n'en était rien, il savait que d'habitude ce genre de bouffée d'angoisse partirait aussi vite qu'elle n'était venue. Mais cette fois, pour la première fois, il doutait.
« Vous êtes l'amirale, vous faites ce qui vous semble bon... » commença-t-il. « Abandonner est un choix possible, mais est-ce là répondre à vos questions ? »
Les deux soldats se regardèrent en silence. Enael plongée dans ses pensées semblaient n'écouter qu'à moitié la sagesse de son capitaine.
« A titre d'informations, voici ce que vous m'avez demandé. » Il posa alors sur le coin du bureau un dossier avec plusieurs feuilles volantes à l'intérieur. «Ce n'était pas simple, mais j'ai quelques amis à la langue bien pendue et aux oreilles très sensibles... » Le capitaine sourit. « Mais amirale, c'est la boite Pandore que j'ai posé, là, sur votre bureau. L'ouvrir, c'est choisir de connaître des choses que vous ne souhaiteriez peut-être jamais connaître. »
Elle resta là un instant, ne regardant même pas le dossier que son capitaine venait de poser sur la table, telle une friandise délicieusement tentante. Elle repensait à tout ce qui s'était passé, et à toutes ces questions sans réponse. Elle pensait aussi qu'elle pourrait enfin mettre un terme à tout ça, découvrir la vérité, même si cela devait couter cher.
Elle serait aussi fixée sur les réelles intentions de Hux. Était-il avec eux ? Elle avait du mal à savoir comment elle vivrait cette idée, mais cela faisait partie de la vérité qu'elle voulait connaître. Même si cela devait la briser.
De plus, il lui était difficile de chasser de son esprit l'idée que de découvrir le fin mot de cette enquête pouvait lui permettre de tenir Pryde et Phasma en échec. Du moins, elle espérait.
Il ne fallut par très longtemps avant qu'elle ne prenne sa décision.
Et alors seulement, elle posa ses grands yeux bleus sur la boîte de Pandore. Et elle su qu'elle ne regretterait jamais le choix qu'elle allait faire.
Sans attendre une seconde de plus, d'un geste vif, elle saisit alors le dossier que Lewis avait posé sur la table.
Finalizer, au même moment
Debout devant la grande vitre du commandement de son vaisseaux, Hux regardait l'infini. Devant lui s'étalait l'abime parsemé d'étoiles et plus près encore de lui, son projet, sa consécration.
C'était là sa plus grande fierté, même si beaucoup le jugeait trop jeune, le suprême leader, lui avait fait confiance et il avait considéré cela comme un privilège.
Même son propre père n'avait jamais eu confiance en lui.
Il avait beau repenser à tout ce qui s'était passé entre eux, il était certain au fond de lui que rien n'aurait pu se dérouler autrement. Jamais personne n'avait cru en ses capacités, et chaque jour passés à porter le titre de son père était pour lui une victoire personnelle. Mais il ne s'arrêterait probablement pas là, avec la réussite de son œuvre, il aurait la reconnaissance de tous et probablement aussi le respect de ses pires détracteurs. Il le savait, sa réussite était là, il la touchait du bout des doigts.
Mais dans ce tableau parfait, clochait quelque chose qu'il devait absolument régler.
« Vous vouliez me voir, général Hux ? »
Une voix féminine, presque métallique, s'éleva derrière lui et le reflet de Phasma apparu dans la vitre. Il se retourna et eut bien difficile à dissimuler son air maussade.
« Est-ce vrai ce que l'amirale Spencer a dit tout à l'heure ?
- De quoi parlez-vous ?
- Phasma... Nous savons tous les deux que vous avez excellente mémoire...A moins que cette fois-ci vous ayez pris l'initiative d'oublier certains détails ? »
La capitaine ne répondit pas, elle avait retiré son casque alors qu'Hux lui avait répondu avec ses piques habituelles, dévoilant sa chevelure blonde et des traits presque inexpressifs.
« Elle est folle. » lança-t-elle. « Folle et paranoïaque, comme tous les Tarkin.
- Car vous en connaissez beaucoup ?
- Son grand père était mégalomane.
- Son grand père a dirigé l'étoile de la mort, c'est un héro de l'empire. Vous semblez l'oublier ? »
Phasma était agacée par cette joute verbale, mais bien davantage encore par l'attitude de Hux.
« Vous semblez vous évertuer à la défendre... » souffle-t-elle sur un ton presque moqueur.
Hux tiqua. Cherchait-t-il vraiment à la défendre ? En vérité, il était rare de le voir intervenir en la faveur de qui que ce soit et il comprenait pourquoi Phasma semblait surprise. Mais rapidement, il balaya cette hypothèse d'un revers de main.
« Je cherche surtout à être objectif Phasma, n'est-ce pas là le rôle d'un dirigeant ?
- Quoiqu'il en soit, ce que j'ai fait ou non Hux, ne vous concerne pas.
- Indirectement, si. Je vous rappelle que nous sommes tous les deux concernés par cette affaire. »
Hux était nerveux. Phasma venait, à ses yeux, d'avouer à demi-mot ce qu'il craignait : tout avait été manigancé par elle dans le but de la faire disparaître. Mais pourquoi cet acharnement ? Était-ce bien là son idée ou quelqu'un derrière elle attisait le feu ?
« J'agis toujours pour préserver ce secret, car vous savez que s'ils le découvrent nous coulerons tous les deux. Et elle constitue une menace.
- Non... » lança-t-il alors qu'il s'était à nouveau tourné vers la splendeur de l'espace étoilé. « Elle n'est pas une menace.»
Phasma ne savait que répondre. Avait-il perdu de vue qu'elle risquait de découvrir qui il était vraiment et ce qu'il avait fait de Brendol Hux ? D'un autre côté, elle constatait à quel point les choses semblaient pénibles pour lui. Elle percevait malgré tout qu'il avait conscience de la gravité de la situation, mais qu'il ne parvenait simplement pas à trancher sur ce qui était bon ou non de faire. Phasma laissa paraître un sourire bien triste, mais nul ne le vit, car déjà elle avait reposé son casque sur son crâne.
Elle ne devait pas oublier que derrière le masque de la cruauté se cachait toujours un être humain.
Et Hux ne faisait pas exception à cela.
« Vous ne vous attachez pas aux bonnes personnes, Hux, la leçon de votre père ne vous a pas suffit? »
Hux ne répondit rien, il sentait une pointe lui percer le cœur. Parler de son père était quelque chose de pénible. Entendre les autres en parler l'était bien plus encore.
« En avons-nous fini ? » lança Phasma,attendant une réaction du rouquin.
« Oui... » souffla-t-il. « Disposez capitaine. »
Et tandis qu'elle quitta le poste de commandement désert, Hux ne pu s'empêcher de penser à tout ce qui s'était passé. A cette pointe d'inquiétude qu'il avait ressenti lorsqu'elle était partie en mission avec le capitaine de fer. A la colère qu'il avait ressenti lorsqu'il avait compris ce qu'avait fait Phasma.
A la déception qu'il avait ressenti lorsque Spencer l'avait suspecté d'y être pour quelque chose.
Et aussi, à cette terrible impression que, quoi qu'il se passe désormais, les choses n'allaient plus jamais être les même.
Et alors qu'il vit son reflet dans la vitre, il repensait au terrible choix qu'il avait du faire et se demandait s'il avait pris la bonne décision. Et en repensant à ce qu'avait dit Phasma, tout était bien plus clair.
Pour lui cela ne faisait aucun doute maintenant.
C'était la meilleure décision qu'il ait pris, depuis bien longtemps.
Et cette confrontation entre Phasma et Hux, j'adore. En même temps, je suis à fond dès qu'il y a des confrontations dans ce genre. :3
Pour les corrections :
- "celle qui était devenu tout à ses yeux." > devenue*
- " La jeune maman voulu prendre la jeune femme dans ses bras,mais ne pu se résoudre à poser l'enfant dans son lit." > voulut*, put* et répétition de jeune
- " le reflet de Phasma apparu dans la vitre" > apparut*
- "Il se retourna et eut bien difficile à dissimuler son air maussade" > "eut bien du mal" au lieu de "difficile" ou "il fut bien" au lieu de "eut bien"
- "les choses n'allaient plus jamais être les même" > mêmes*
Merci pour ta lecture.