« Millie ? »
Régions inconnues 10 après Yavin
Il l'avait cherchée partout depuis déjà plusieurs heures maintenant et plus le temps passait, plus son cœur se serrait à l'idée qu'elle avait finalement disparu pour de bon.
Armitage avait beau ressasser sa journée, il était certain d'avoir mis Millie en sécurité avant de partir à son entrainement et se voyait encore fermer la porte derrière lui. Comme chaque matin, respectant scrupuleusement le rituel.
Pourtant, ce soir, alors qu'il était revenu d'une journée difficile, Millie n'était pas venue se frotter à ses jambes comme à son habitude. Inquiet, la pensant d'abord malade, Armitage l'avait appelée et n'ayant eu aucun miaulement en guise de réponse, il avait même agité la boite de croquette à laquelle elle ne résistait jamais.
En vain.
Il avait alors compris le drame qui se passait sous ses yeux, Millicent avait disparu, elle n'était tout simplement plus là.
Le garçon de dix ans avait été pris d'une panique qu'il n'avait alors jamais connue, pas celle qu'il ressentait lorsque son père arrivait ici, mais la sensation d'avoir perdu ce qui comptait le plus à ses yeux. Et après avoir retourné toute sa chambre, allant même voir sous sa grande garde-robe, il se rendit à l'évidence qu'elle n'était plus du tout ici.
Il était alors sorti en trombe de son appartement, essayant de ne pas laisser transparaître sa peur. Mais celui qui connaissait bien Armitage pouvait savoir à coup sur à travers ses yeux qu'il était totalement désemparé.
Car tout passait à travers son regard.
Il était entré dans les salles ouvertes, avait demandé ça et là si quelqu'un avait vu un chat de couleur rousse, mais personne ne put lui donner d'informations rassurantes. C'est alors qu'il avait décidé de quitter son pavillon et d'aller de l'autre côté du bâtiment. Cette partie était déserte à cette heure avancée de la journée,car il s'agissait de l'endroit où ils s'entrainaient au corps à corps la matinée. Discipline qu'Armitage n'a jamais vraiment affectionné, mais un passage obligatoire dans sa formation.
Chacun de ses pas semblaient raisonner dans la grandeur des couleurs, il avançait lentement et prudemment dans la pénombre et avait l'étrange sensation de ne pas être seul.
Soudain, un bruit sourd le fit se retourner brusquement.
« Millie ? » souffla-t-il, bien peu rassuré de connaître la véritable origine de ce bruit. Pourtant, il devait la retrouver, c'était une nécessité. Il prit alors son courage à deux mains et décida de se diriger vers la salle d'où le son était venu. Après une bonne inspiration, il acheva d'ouvrir la porte et pénétra dans la grande salle.
C'est là qu'il les vit.
« C'est ça que tu cherches le rouquin ? »
Il était là, assis sur un banc, le regard triomphant. Ce regard sombre qui l'avait toujours caractérisé depuis sa première rencontre. Ce garçon, un peu plus âgé que lui, inspirait la terreur au sein des jeunes qui suivaient la formation de Brendol Hux. Il était celui qui imposait son autorité par la force et cela fonctionnait à merveille.
Et ce garçon était là, triomphant, tenant Millicent par la peau du dos.
« Lâche là Archex... » fit le rouquin sur un ton faussement sur de lui. Il sentait bien que si le chat était là avec lui, ce n'était pas dû au hasard.
« Ouuuh, arrête...Tu me fais presque peur gringalet ! » lança-t-il en éclatant de rire. « Tu te souviens la dernière fois que tu m'as demandé quelque chose ce qui t'es arrivé pas vrai ? » continua-t-il d'un air triomphant.
« Lâche-là... » fit-il à nouveau, ignorant le ton moqueur de son interlocuteur.
Archex haussa les épaules et ses lèvres se déformèrent d'un immense sourire.
« Comme tu voudras, imbécile. » Et alors qu'il lança ces mots, le bras qui tenait Millicent bascula et il propulsa le chat contre le mur de la salle. Millicent était agile, mais sans doute avait-elle ressentit la douleur du choc. C'est un peu sonnée qu'elle prit la fuite aussi vite qu'elle put.
Le sang d'Armitage ne fit qu'un tour et sans réfléchir il s'élança sur Archex avec la seule et unique envie d'en finir avec lui. Il avait fait du mal à sa seule et unique amie. Il devait payer.
Mais il oubliait, qu'Archex Cardinal était bien plus fort que lui.
Le garçon esquiva d'un geste vif et l'empoigna par le col pour le mettre à terre. Il ne put jamais se relever, pris au piège par la vivacité du jeune garçon aux cheveux noirs. Celui-ci ne cessa de lui shooter dans le ventre, les côtes et le dos. Chaque coup de pied était plus violent que le précédent. Armitage essaya tant bien que mal de résister à son adversaire et il parvint à le faire basculer avec un croche pied.
Alors qu'il semblait avoir le dessus, Archex lui asséna un violent coup de boule qui le fit reculer. Sa vision fut trouble et il senti dans sang couler sur son front alors que ses oreilles sifflaient lourdement.
Il aperçu la silhouette d'Archex en face de lui.
« Échec et mat, faible ! » lui lança-t-il avant de lui asséner le coup de poing final. Armitage cru que sa mâchoire allait se déboiter, il s'effondra au sol, presque inconscient. Vaincu.
Il fit les pieds de Cardinal se rapprocher de lui.
« J'espère que maintenant, tu as compris qui commandait, ça sera moi, et pour toujours ! » lança-t-il avant de cracher sur son visage. Mais le jeune roux ne put même pas lui répondre, sa tête lui tournait ...
Et il sombra.
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« Eh bien, quoi ? Vous avez vu un fantôme ? »
DONNAGHER – Maintenant
Lewis observait son amirale faire les cent pas. Cela faisait déjà quelques temps qu'il avait perçu l'agitation émaner des quartiers de celle-ci. Mais lorsqu'elle était arrivée au poste de commandement, le brouhaha habituel avait cessé et tous avaient les yeux rivés sur elle.
« On ne doit donc jamais nous lasser de vos excentricités Madame ? Est-ce là le principe ? » lança-t-il sur un ton plaisantin.
Il fallait dire que Spencer avait fait fort : bradant son uniforme d'amirale, elle était vêtue désormais comme une citoyenne de Tatooine et comme si cela n'était pas suffisant, elle avait troqué ses longs cheveux auburn contre une coupe bien plus courtes. Désormais, ses mèches de cheveux ondulaient jusqu'à couvrir ses oreilles et s'arrêtaient là.
« Est-ce ma coiffure ? Ça ne va pas ? » L'air inquiet de l'amirale fit sourire tout le monde, mais Lewis fit non de la tête face à l'air hébété d'Enael.
« Non, non, disons que c'est plutôt un changement...Radical !
- Il le fallait ! Je me rends sur Tatooine. Je sais que de nombreux rebelles se retrouvent là-bas, je dois rester discrète depuis ma mauvaise aventure sur Jakku. Il suffirait qu'un de ceux-là se retrouve sur place et mon plan est fichu ! La galaxie est petite Lewis !» Conclut-elle en relevant ses cheveux vers l'arrière. Cette coupe lui permettrait plus de confort en cas de problème et il lui sera bien plus facile de les dissimuler en cas de tempête désertique.
« Commençons ! » lança-t-elle en désignant le sergent à la commande de l'hologramme. Un plan s'afficha alors au centre de la salle. « Selon votre rapport, Lewis, Vi Moradi a été localisée pour la dernière fois sur la planète Tatooine. Il semblerait que ses trafiques aient évolués. Autrefois elle cherchait de la laine, maintenant elle semble bien plus attirée par les pièces détachées. » Commença-t-elle en tournant autour de l'hologramme.
« Lorsqu'un renard se terre, il faut le faire sortir de son terrier en le titillant un petit peu et c'est là que j'interviens ! » L'enthousiasme de sa voix faisait plaisir à entendre alors qu'il désigna un point sur l'hologramme.
« Je vais me rendre ici, c'est une place centrale pour les trafics de tous genres. J'irai faire la tournée des bars pour dire à qui veut bien l'entendre que j'ai volé un vaisseau impérial et que je veux le vendre en pièce détachée. Mais que je veux le vendre à quelqu'un qui s'y connait suffisamment pour me proposer un bon prix.
-Vous avez conscience qu'il y a ...Une chance sur je ne sais combien de possibilités que vous tombiez sur elle du premier coup ? » lança Lewis sceptique.
« Évidemment ! Mais si j'ai survécu à une mission solo avec Phasma je pense que le reste me semblera moins compliqué. » l'état-major ne put retenir un petit rire face à ces propos.
« Êtes-vous sure de vouloir y aller seule ? Nous avons des hommes bien entrainés qui pourraient être un excellent appui pour vous.
- Inutile, c'est mon idée, j'irai seule. J'ai un blaster caché sous ma tunique, j'espère ne pas devoir l'utiliser. »
Tatooine
Elle avait décidé de poser son vaisseau bien plus loin que le point où elle devait se rendre. Le vente et le sable ne lui permettait pas de voir à plus de cinq cents mètres, mais son holonet lui permit rapidement de retrouver son chemin. L'agitation qui régnait dans ce quartier l'étonnait. Qui aurait pu croire que quelques instants auparavant elle se trouvait en plein désert ? De nombreuses espèces semblaient cohabiter en toute quiétude et elle observait que le marché était un lieu de rencontre très prisé par les autochtones. Elle essayait de se faire discrète, mains dans les poches, tête baissée, elle observa autour d'elle pour savoir par où commencer, choisissant avec soin les établissements où elle irait en priorité. Agir et obtenir des résultats rapidement c'était son but.
Alors qu'elle passait devant un de ces bars, elle vit la porte s'ouvrir violemment et une créature projetée sur le sol. L'homme dans l'encadrure de la porte le regardait avec un air très contrarié.
« Si je te revois ici pour autre chose que payer tes dettes, je serai beaucoup moins sympathique ! » s'exclama le patron du bar excédé !
« Bouffon ! » lui répondit l'autre, tenant à peine sur ses jambes, mais il était déjà trop tard, car la porte s'était déjà refermée devant lui. Sans un autre mot, il prit ses affaires sans demander son reste et partit en titubant.
Spencer considéra la devanture du bar : rien ne laissait supposer qu'il s'agissait d'un commerce. La maison était un habitat traditionnel de la région, et hormis une musique qui semblait s'en émaner, on pouvait passer à côté comme si de rien était. Pas de doute donc, que c'était par là qu'elle devait commencer.
A l'intérieur, l'atmosphère était étouffante. Entre la fumée et la lourdeur de l'air, l'amirale eut l'impression d'étouffer. Partout des tables étaient installées et toutes étaient remplies d'êtres en tout genre en train de discuter, fumer, boire ou jouer aux cartes. Des rires éclataient ça et là entre plusieurs discussions, tandis qu'une jeune femme semblait draguer un chasseur de prime dans un coin près de la scène, où les musiciens s'en donnaient à cœur joie. S'avançant dans ce marasme incessant, elle ne retira pas encore sa capuche, mais lorsqu'elle sentit des regards suspicieux se poser sur elle alors qu'elle s'installait au bar, elle finit par changer d'avis.
« Tu bois quoi ? » lui lança l'homme qu'elle avait vu jeter un de ses clients à la porte dix minutes auparavant. Un bref instant elle le regarda sans trop quoi répondre. Que boire sans risquer de tout recracher la seconde qui suivait? Lançant un regard sur les différentes bouteilles disposées sur le présentoir, elle finit par en désigner une. Celle qui lui semblait la moins pire.
« T'as de quoi payer au moins ? »
Enael glissa sa main dans une des poches de sa tunique et jeta sur le comptoir quelques pièces, ce qui fit sourire le barman de toutes ses dents...Très répugnantes.
Il posa le verre devant elle et se détourna rapidement pour s'occuper d'autres clients. Alors qu'elle sirotait son étrange breuvage, elle se disait que son plan était vraiment foireux et que trouver Moradi allait être comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Parmi tous ces gens, peut être que l'un d'entre eux la connaissait, ou peut être qu'elle faisait complètement fausse route.
« Moi, je cherche ce genre de pièce tu vois ? »
Son oreille avait capté cette phrase venant de deux personnes assises à côté d'elle. Elle avait tiqué, mais essayait de ne pas se faire trop imposante. Elle continua à siroter son verre comme si de rien n'était, fermant les yeux pour concentrer toute son attention sur son ouïe.
« Mec, c'est impossible de trouver ce prototype à moins d'aller faire un tour dans les régions inconnues. T'as vraiment envie de savoir ce qu'il y a là-bas ?
- Moi pas, mais ma cliente elle, est très très intéressée. »
Une cliente ? Voilà que les choses devenaient intéressantes, mais Spencer décida de ne pas intervenir.
« Tu diras à ta copine qui ne faut pas jouer à ce jeu-là, qu'elle sait pas ce qui se passe là-bas.
- Oh si, si, elle sait, elle sait car elle m'a dit qu'elle avait déjà été là-bas... pour des affaires disons...Personnelles. »
Elle flairait le poisson, c'était le moment de tendre l'hameçon.
« Excusez-moi. » lança-t-elle à l'attention du barman.
« Tu veux reboire un truc, petite ?
- Non, mais je ne suis pas du coin, j'aimerais...Un renseignement.
- A quel sujet ? »
Elle sortit son holonet, celui qu'elle avait pris pour son plan, et un vaisseau s'afficha. Un vaisseau du premier Ordre qui ressemblait à un chasseur, ce genre de modèle qui intéressait beaucoup les chasseurs d'épaves.
« J'ai choppé ça... » souffla-t-elle l'air faussement discrète. « J'aimerais me faire un peu d'argent, les temps sont durs... » Elle n'avait pas remarqué les regards des deux individus se poser sur elle, et plus particulièrement sur ce que l'hologramme affichait. Le barman hocha la tête.
« On fait pas ce genre de commerce ici » commença-t-il l'air méfiant. « On est dans la légalité. Nous. »
*C'est cela* pensa-t-elle. *Et moi je suis un Wookie.*
Elle ferma l'hologramme, l'air faussement déçue.
« Oh...Eh bien, désolée de t'avoir importuné. » lui lança-t-elle alors que le barman plus grognon que jamais s'était déjà retourné pour essuyer son verre.
« Hey, psst, poupée.»
Elle entendit l'homme à côté d'elle l'appeler et tourna son regard vers lui. Ce n'était pas le moment de relever la façon vulgaire dont il avait entamé la conversation, le résultat était à porté de main.
« Tu veux quoi ? » lança-t-elle sur un ton hostile.
« J'ai vu ce que t'as montré à gros grincheux... Moi ça m'intéresse vachement.
- Il me semblait qu'il n'y avait pas ce genre de commerce ici... »
Le type haussa les épaules.
« C'est pas pour moi, c'est pour une...amie. Elle collectionne ce genre de petit bijou.
- Je commerce pas avec des intermédiaires. » Lança-t-elle sèchement. « Si ton amie est intéressée, reprends contact avec moi, ce soir, devant ce bâtiment. C'est avec elle que je négocie, et avec personne d'autre. »
La nuit était tombée sur Tatooine.
Enael était là depuis maintenant une bonne heure. Malgré la nuit, une étrange lumière émanait des bâtiments et des musiques s'élevaient au lointain, se mélangeant aux éclats de rire et aux cris des disputes. La vie semblait paisible ici, chacun vaquait à ses occupations bonnes ou mauvaises. Elle regarda la voute céleste au-dessus d'elle et pensait à l'étendue de la galaxie. Combien de planètes n'avait-elle jamais visité ? Des dizaines, peut être même des centaines.
« Pssst.»
- Elle sursauta. Le type de tout à l'heure était caché là, dans la pénombre, lui faisant signe de le rejoindre. Méfiante, elle fit un pas vers lui.
« C'est ok, elle veut te voir.
- Quand ?
- Maintenant, viens avec moi. »
Enael le regarda du coin de l'œil, méfiante.
« T'as pas intérêt à me jouer cinq lignes.
- Pas mon genre, surtout quand le jackpot m'attend à la fin. Alors, tu me suis ? »
Elle hocha la tête, c'était sa seule piste. Elle n'avait pas le choix que de suivre son instinct. Et tandis qu'il l'entraina dans les ruelles sombres, elle se demandait si c'était vraiment une bonne idée.
« C'est là, elle veut te voir, seule ! » commença-t-il en lui ouvrant la porte, puis, lorsqu'elle fut entrée, il ferma la porte derrière elle.
Une femme en salopette était assise à un atelier. Des milliers de pièces détachées l'entouraient et des étincelles sortaient ça et là. Pas de doute qu'Enael était au bon endroit.
« Tu veux me voir ? » Lança-t-elle en s'avançant doucement vers elle. La femme retira ses lunettes et fit basculer sa chaise vers elle.
C'était une femme métisse, la peau brune contrastait avec ses cheveux gris. Elle avait une carrure musclée et semblait être un poil garçon manqué. Ses yeux jaunes lui lancèrent un regard acéré. Elle se souvint alors de la photo dans le dossier de Lewis et n'avait plus aucun doute.
Vi Moradi était là, devant elle.
« J'ai entendu dire que t'avais un truc qui m'intéressait. » lança-t-elle en se levant.
Spencer hocha la tête.
« Montre-moi. »
Elle sortit son holonet de sa poche, mais Moradi l'arrêta.
« Projette le là-dessus. Je veux plus de détails. »
L'amirale fit volteface et s'occupa de brancher l'holonet, sans vraiment sentir que Moradi s'était avancée doucement derrière elle.
« Ton adaptateur ne semble pas... » Spencer avait commencé sa phrase, mais ne put jamais la finir puisqu'un coup de poing vint se loger dans sa mâchoire, elle bascula en arrière mais se retint au rebord d'une table de travail, entrainant dans sa chute une foule de pièces détachées. Du sang coulait de son nez et elle était sonnée, mais ce n'était pas le moment de réfléchir à son état, ni à ce qui se passait, puisqu'elle vit les pieds de Moradi se rapprocher encore d'elle. Elle saisit le pied d'une chaise à côté d'elle et la lança sur la rebelle de toutes ses forces. Le bois éclata contre ses côtes et elle laissa échapper un cri de douleur. Profitant de la faiblesse de Moradi, elle l'attrapa et la plaqua contre le mur, mais sa tête lui tournait et elle perdait l'équilibre, la rebelle profita d'un moment de faiblesse pour lui flanquer un coup de genou dans le ventre. Spencer eut le souffle coupé et se sentit basculer sur le sol, tout le poids de la rebelle la contenait contre le plancher en bois.
« On se calme d'accord ? » Lança l'amirale, essoufflée. « J'uis pas là pour ton petit trafic, je n'irai pas te balancer.
-Ah ouais ? Et t'es là pourquoi alors ? »
Enael hésita un instant, puis décida de jouer franc jeu.
« Tu connais Archex Cardinal ?»
Enael vit le regard de Moradi changer, elle semblait appuyer moins fort sur sa gorge.
« Il est arrivé quelque chose à Archex ? » fit-elle. Surprise. Bingo, pensa l'amirale. Spencer soupira.
« Il a disparu, et il est peut-être mort à l'heure où on s'empoigne les cheveux. Alors si tu me lâches on va pouvoir discuter, d'accord ? »
Moradi lâcha sa prise et tendit une main à l'amirale pour l'aider à se relever.
« Qu'est-ce qui me dit que tu ne me mens pas ? » lui lança-t-elle
« Rien du tout » fit Enael sèchement en essuyant le sang qui coulait de son nez. « Mais si je ne t'ai pas encore fait un trou entre les deux yeux, c'est peut-être que je ne raconte pas que des bêtises non ? »
Moradi hésita un instant avant de lui proposer une des seules chaises encore debout de son atelier.
« J'enquête sur la disparition d'Archex Cardinal, mon vrai nom est Enael. Tu es bien Vi Moradi ? »
La rebelle hocha la tête à l'affirmative.
« Tu sais quoi sur Archex ? » lança-t-elle à l'attention de l'amirale.
« Je sais des choses que je ne devrais pas savoir. Je sais que ta fuite concorde avec sa disparition. On veut te mettre ça sur le dos par chez nous, mais je ne pense pas que tu l'aies pris en otage... Non...
-Et tu penses quoi alors, toi ?
- J'pense qu'il a ouvert ta cellule, et que t'es partie avec lui. »
Elle baissa les yeux.
« C'était quoi votre relation ? »
Moradi leva les yeux vers l'amirale. Surprise.
« Compliquée...Au départ...On n'était pas très copain. » Elle marqua une courte pause. « J'me suis faites attraper pour d'autres raisons. Et ce type a découvert les coordonnées de mon vaisseau. Il venait me voir chaque soir, dans le plus grand des secrets. »
Enael ne dit mot, elle écoutait attentivement ce que la rebelle lui disait. Donc visiblement les coordonnées de son vaisseau l'intéressaient. Mais pour quelle raison ?
« Tu ne sais pas ce dont ce genre de type est capable quand il t'attrape !
- Ils doivent bien avoir appris ça quelque part non ? » rétorqua Enael, sachant que les rebelles étaient tout aussi capables du pire.
« Il m'a torturé. Mais de l'autre côté il faisait tout pour me tenir en vie...Il voulait connaître ce que je savais sur une dénommée Phasma. Au début, je ne voulais pas lui dire, que...que j'avais entendu dire des choses. J'ai résisté mais... j'ai fini par céder. J'ai vu en lui que la vérité le ferait basculer. » Elle marqua une courte pause.
« Et j'ai fini par lui dire tout ce que je savais. » Conclu-t-elle.
Alors elle avait raison. Phasma était bien liée à tout ça. Et bien plus encore qu'elle ne l'avait imaginé.
«Je lui ai dit la vérité sur Phasma. Je lui ai dit qu'elle avait un lien avec la mort de son mentor Brendol Hux. Je sais juste qu'il a enquêté, et que lorsqu'il est revenu me voir, qu'il était différent. Éteint... On a discuté longuement.... Un soir, il m'a libéré et m'a dit de foutre le camp au plus vite de l'Absolution. Mais je ne l'ai pas écouté. Je suis restée là et je l'ai retrouvé plus tard laissé quasi pour mort.
- Tu l'as pris avec toi ? »
Elle hocha la tête.
« Cela te paraît dingue ? Sauver le type qui m'a torturé pendant des jours, des semaines... Mais crois-moi, ce qui s'est passé après cela était bien plus...fort... Cela efface tout... Jamais je n'ai pris soin de quelqu'un en dehors de lui et ...de mon frère. »
Elle resta silencieuse. Ce qu'elle entendait de cette femme la dépassait, mais elle lisait tant d'émotion dans ses yeux qu'elle préféra ne rien dire de suite. Il était tellement inconcevable pour elle de tomber sous le charme d'un homme qui l'avait malmenée.
« Mais pendant notre fuite, il m'a dit qu'il ne pourrait pas rester avec moi, qu'il allait me mettre en sécurité et repartir à nouveau. Ce sont les seuls moments que j'ai passé avec lui.
- Tu lui as demandé pourquoi il avait changé si brutalement ?
- Evidemment, mais il a été très évasif. J'ai compris que ce que je lui avais dit sur la mort de son mentor était vrai, que c'était à cause de Phasma, mais c'est tout ce qu'il m'a dit. Peut-être ne me faisait-il pas suffisamment confiance. »
Enael sentit des fourmis lui parcourir le corps. La vérité était là, juste devant elle, mais elle avait la conviction de ne pas tout avoir. Phasma avait donc tué le père du général Hux ? Mais comment était-ce possible que celui-ci puisse encore lui parler ?
La seule hypothèse qu'elle avait lui glaçait le sang.
Il savait probablement tout, ou pire encore, il y était mêlé. Comment avait-elle pu croire qu'Hux était quelqu'un de bien ? Elle ne parvenait pas à retirer de sa tête ce moment qu'ils avaient passé tous les deux, comment un homme comme lui pouvait-il si bien cacher sa vraie nature ?
Elle n'arrivait pas à se dire qu'il était un monstre.
Il ne pouvait pas être un monstre, pas avec ce qu'elle avait vu de lui.
La colère montait en elle, elle se sentait trahie, manipulée.
Et terriblement seule.
Moradi lui lança un regard mélancolique.
« C'était quelqu'un de bien tu sais ? »
Enael lui lança un regard. Un bref instant, elle avait cru que Moradi avait lu dans ses pensées. Mais elle parlait de Cardinal et ses mots étaient plein de tendresse.
« Je ne vois pas comment tu peux dire ça d'un type qui t'as torturé ! » lança Spencer, sur un ton qui trahissait le flot d'émotions dans lequel elle s'était noyée.
« Tu parles d'un type de chez vous...
- Ce n'est pas car nous partageons la même bannière que nous partageons les mêmes valeurs ! »
Moradi sourit.
« T'es peut-être pas si mauvaise toi... » Elle passa ses mains derrière sa nuque.
« Tiens » lança-t-elle en lui tendant la main. « Cardinal voulait que je détruise ce truc, que de toutes façons il n'existait plus. Mais quelque chose m'a poussé à ne pas le faire. »
Enael attrapa l'objet. Il s'agissait d'une épaisse chaine en métal dont le pendentif était une plaque militaire où les inscriptions « Archex Cardinal » étaient notées. C'était sa chaine d'identité, tous les soldats en avaient une.
« C'est la seule chose qu'il a laissé ici avant de partir...Et tu me dis qu'en quelques temps il a pu lui arriver quelque chose ? »
L'amirale se contenta d'acquiescer.
« Dommage, il aurait pu rejoindre nos rangs... Il aurait pu combattre à nos côtés. »
Un long silence s'installa entre les deux femmes. Enael avait du mal à savoir ce qu'elle ressentait vis-à-vis d'elle. Elle avait été touchée par la façon dont elle avait parlé de son « ami », mais d'un côté elle était dépassée par la capacité de Moradi à lui avoir pardonné ses crimes. Peut -être était-ce cela l'amour inconditionnel dont elle n'avait eu mention que dans les livres.
Elle ne savait pas si cette femme était chanceuse ou maudite.
Peut-être était-ce les deux en même temps.
« Un jour peut être tu comprendras. » souffla la rebelle. « Tu m'as l'air encore bien jeune, mais laisse-moi te dire un truc. Aimez quelqu'un ne se commande pas, cela te tombe dessus. Tu ne t'en rends pas toujours compte, et lorsque tu réalises que cette personne t'est indispensable, alors parfois il est trop tard... » Elle marqua une pause « Si cela t'arrive un jour, ne fais pas la même erreur que moi. »
Enael considéra Vi un bref instant. Avait-elle réellement aimé quelqu'un un jour dans sa vie ? En réalité, d'aussi loin qu'elle pouvait se souvenir, il y avait Eurydice, sa marraine, pour qui elle avait voué un amour fraternel. Mais la vie, la guerre, les rebelles lui avait pris.
Depuis ce jour, elle n'avait plus jamais été capable de s'attacher à qui que ce soit, craignant qu'une fois encore on lui arrache le cœur. Elle eut un petit rictus.
« Merci pour les informations précieuses que tu m'as données. » fit-elle à l'attention de la rebelle avant de se lever pour partir. « Et une dernière chose. Je ne t'ai jamais vue et ...tu ne m'as jamais vue non plus. »
Moradi hocha la tête.
« Trouve ce qui lui est arrivé, dis-moi qui en est responsable. Promets-le-moi. » lui souffla-t-elle.
Spencer hocha la tête lourdement. Oui, elle reviendrait sur Tatooine un jour pour tout lui dire. Elle le savait et sans se retourner, l'amirale laissa Moradi seule au milieu du champs de bataille.
Pour elle aussi, son monde s'était effondré ce soir-là.
Finalement, je ne vais pas reprendre ma lecture maintenant ^^' <3
Ça m'a vraiment fait de la peine ce passage ;-;
Je sens que ce chapitre av remettre en question beaucoup de choses pour Enael, tout autant que lui créer beaucoup de doutes. J'aime vraiment beaucoup et je suis toujours fan quand on développe l'aspect psychologique des personnages ! :D
Pour les corrections :
- "il senti dans sang couler sur son front alors que ses oreilles sifflaient lourdement." > sentit* et il manque un "son" après "dans"
- "Il aperçu la silhouette d'Archex en face de lui." > aperçut*
- "Armitage cru" > crut*
- "Aimez quelqu'un ne se commande pas" > aimer*
- "Mais la vie, la guerre, les rebelles lui avait pris." > il manque un "le" ou un "tout"
Clairement ! Je trouve ça vraiment plus fort que les conflits externes, quand son propre ennemi, c'est soi-même ;3
Donc, Archex n'était pas un homme bien alors...
Je suis contente, car j'avais raison depuis le début, mais j'imagine que Phasma et Armitage avaient une raison, non ? Enfin, une bonne raison ?
Les prochains chapitres t'aideront à y voir plus clair :)