Chap 28 : Briser des vies

Par Achayre
Notes de l’auteur : Premier jet non corrigé - Ecriture de la semaine 26
07/09/23 : Mise en ligne de la version corrigée

Maître et apprenti se faisaient face dans le bureau lugubre du défunt intendant. Lev se sentait écrasé sous la pression induite par Cyriaque. À cela s’ajoutait le risque de voir débarquer Tolen ou Miraa au beau milieu de leur conversation. Chaque seconde perdue à discuter pouvait sceller leurs destins, mais le mage était déterminé à obtenir des réponses.

— Commençons par quelque chose de simple, initia Cyriaque. Tu devrais être mort ou, au mieux, agonisant en passe de l’être. Qui t’a soigné et comment ?

Lev déglutit péniblement. Pouvoir se reposer sur une question le libéra de sa crainte de débuter son récit au mauvais endroit.

— Maman, cita-t-il, au plus court. C’est ma mère, Miraa, qui s’est portée à mon secours.

Cyriaque se contenta de plisser ses yeux froids. L’adolescent comprit qu’il faudrait en donner plus pour satisfaire la soif de son maître.

— Elle a emprunté un cristal à Tolen et s’en est servi pour refermer mes plaies et reconstituer les os brisés de mes jambes.

Afin de confirmer ses dires, Lev révéla ledit cristal qu’il conservait dans sa poche. Ce n’était plus qu’un éclat minéral transparent aux contours irréguliers. L’objet changea de main et subit une inspection détaillée.

— Tu as croqué dedans ? l’interrogea Cyriaque, toujours plus inquisiteur.

— Non ! se raidit le garçon. Quelle idée tordue.

— Il y a des traces de dents sur cette face, lui fit remarquer le mage en tapotant la zone incriminée.

— Je ne suis pas au courant. Lorsque je me suis réveillé, il était déjà comme ça. C’est par-là que l’énergie qu’il contenait coulait avant de se répandre dans mes blessures.

— Tu as drainé le cristal, conclut Cyriaque, essentiellement pour lui-même.

— Je ne sais pas ce que vous entendez par drainer, mais, oui, mon corps a absorbé tout ce qui s’est échappé de cette babiole.

— Ce qu’il nomme babiole n’est rien de moins qu’un éclat du ciel, se désola le mage, prenant les deux femmes à témoin. Lev, tu es parfois si benêt que tu mériterais d’en recevoir un sur le crâne.

— Attendez ! Y a des bouts du ciel qui tombent ? se décomposa Luzerne.

— De temps à autre, oui, acquiesça Cyriaque. Il existe deux ou trois contes de grand-mères qui expliquent comment les Saintes punissent les vilains garnements.

Cyriaque leva le cristal au-dessus de lui puis mima l’impact avec son front. Le bruit de bouche qu’il fit, pour accompagner sa démonstration, donna des frissons à la forgeronne.

— Vous devriez porter un casque de mineur dès que vous sortez, se moqua-t-il en la voyant s’inquiéter.

— Vous n’êtes pas drôle…

— Effectivement, je ne l’ai jamais été, confirma Cyriaque. Mon demi-frère a hérité de toute la partie amusante de notre arbre généalogique. Moi, je me suis contenté de choses plus pragmatiques. Un choix judicieux si l’on prend en compte le fait que je sois toujours vivant malgré le mode de vie pour lequel j’ai opté.

Le vieux renard aigri avait un public auprès de qui déverser son amertume et sa suffisance. Deux traits de caractères si profondément ancrés en lui que Moïra se demandait comment une femme avait pu s’éprendre d’un tel nuage noir. Si Ermanno ne lui avait pas attesté de l’existence d’Ételle, la jeune apprentie aurait jeté aux orties cette version de l’histoire. Ce devait être quelqu’un d’exceptionnel.

En retrait de l’interrogatoire, Moïra s’égara dans ses réflexions. Elle fixa le coffre détenant Ételrune et s’inventa un visage à l’amour perdu de son maître. La peur de mourir que Moïra éprouvait n’était rien en comparaison de ce qu’Ételle avait dû connaître. Tout comme Lev, l’apprentie avait déjà surpris Cyriaque en pleine conversation silencieuse avec cette part impossible de son aura. Quelle que fût sa forme, elle vivait toujours, prise au piège dans un corps inadapté. Voilà le genre de fin terrifiante que Moïra espérait fuir en choisissant une carrière dans le spectacle à la fin de son apprentissage. La vie d’héroïne n’était pas faite pour elle.

— Si je résume bien, reprit le mage, tu t’es réveillé en train de pomper de la magie provenant d’une pierre et cela ne t’a pas rendu curieux. Pas une seconde tu ne t’es demandé d’où venait cette force salvatrice ?

— J’étais mourant ! protesta Lev.

— Chanceux que tu es ! riposta Cyriaque, aussi sec. Celui ou celle à qui cette énergie a été prise l’est totalement. Tu me déçois, gamin. Un vrai héros aurait choisi la mort.

Lev encaissa la charge, la tête calée entre ses épaules. Il eut, néanmoins, le courage de pointer les insuffisances de son maître.

— Vous trouvez ça héroïque d’avoir abandonné votre apprenti car il ne mourrait pas assez vite pour poursuivre votre vengeance ?

— Tu te méprends, je…

— Non, vous savez que je suis dans le vrai, le coupa Lev. L’abandon, je connais ça par cœur. Alors, oui, j’ai accepté l’aide offerte par une femme que je devrais haïr, car elle était présente et pas vous.

— J’ai été là pour toi, cent fois plus que ta mère, argua Cyriaque. Tes blessures et ton ingratitude ne font pas de toi un bon juge.

— Elle est ma mère. Son sang coule en moi, rappela Lev d’un ton qui se voulait péremptoire.

— Mêlé pour moitié au sang d’un autre ! aboya le mage.

Maître et apprenti se renvoyaient coup pour coup, emportés par leurs émotions au point de faire abstraction de la situation d’urgence dans laquelle ils étaient. Alors que le ton montait, Moïra alla se réfugier contre l’épaule de Luzerne. La forgeronne bourrue était un roc au milieu du torrent d’accusations ou de reproches qui grossissait. Elle ne voulait pas se laisser happer par le courant. De son côté, Lev profita de la perche tendue pour défier Cyriaque.

— C’est le moment où vous prenez un air dramatique et une grosse voix pour m’annoncer : Lev, je suis ton père ! J’ai entendu cette vieille rengaine dans mille contes.

— Sûrement pas, se défaussa le mage. Jamais une fille prétentieuse comme Miraa n’aurait accueilli en elle un gars dans mon genre. Ton père doit être un bellâtre à la cervelle creuse ou un riche contributeur qui aura bien négocié son investissement.

— Ma mère n’est pas une catin ! s’emporta le garçon, allant jusqu’à se lever, porté par sa colère.

— Elle l’est plus que la belle légende immaculée dont tu meubles tes rêves, lui opposa Cyriaque avec froideur.

Le mage marqua une pause dans leur joute verbale, le temps que Lev se calme. Son approche était trop frontale et il avait sous-estimé l’attachement qui subsistait entre le fils et la mère. À croire que sa soudaine résurrection avait fait remonter l’ancien Lev à la surface. Cet admirateur, nourrit au culte de la légendaire Miraaka, ne serait pas aisé à raisonner. Il faudrait se montrer rusé, un art dans lequel le Renard s’estimait doué.

Mener la conversation comme une chasse était vain. Dès la première flèche, le garçon s’était réfugié dans sa carapace et rien ne saurait l’en déloger. Cyriaque se remémora de vieilles astuces de pêcheurs. S’il voulait faire sortir le poisson d’entre les roches, il devait l’encourager à bouger de lui-même.

— Admettons que tes succès à venir vaudront la peine que quelqu’un d’autre ait perdu la vie, modula-t-il. Je suppose que Miraa s’est empressée de monnayer le service qu’elle venait de te rendre.

— Certes, ma mère n’est pas une Sainte, et elle ne s’est pas déplacée jusqu’au Loir-Gris pour le plaisir d’y croiser sa sœur, mais ma guérison n’a fait l’objet d’aucun chantage, si c’est ce que vous sous entendez ?

Cyriaque lissa les poils de son bouc grisonnant.

— Te remettre sur pieds et te rendre redevable était suffisant, nota le mage. Qui refuserait de rendre service à la personne qui vient de lui épargner une mort lente ?

— J’ai accepté de la suivre de mon plein gré, tenta de se convaincre Lev en l’énonçant à haute voix.

— Et une part de toi sait que non, voulut le faire douter son maître. Je te connais et tu es plus malin que ça, gamin. Je t’ai imposé de nombreuses choses lors de ton entraînement, mais je t’ai toujours encouragé à faire tes propres choix, à avoir tes propres motivations. Là, tu sais que tu es son pion.

— Il se trouve que son plan me convient, s’obstina l’adolescent. Elle aussi, elle veut se venger de Tolen.

— Avec les pouvoirs dont elle dispose, Miraa pourrait le faire rôtir en trois secondes. Pourquoi irait-elle se compromettre avec Tolen ? Qu’attend-elle ?

Cette fois, ce fut Lev qui se passa la main dans les cheveux. Prévenir Cyriaque des intentions de sa mère risquait de compromettre leurs chances car, en cas de refus, le vieil homme se tiendrait sur ses gardes. Cependant, Lev savait que garder le secret lui vaudrait d’être mis à l’écart ou pire, à en juger l’humeur de son maître.

— Tolen a dépouillé ma mère de ses pouvoirs, marmonna-t-il.

Les mots luttaient pour ne pas franchir ses lèvres.

— Ta sauveuse nous a électrocuté, Moïra et moi, dans une clairière, objecta Cyriaque. Je peux t’assurer qu’elle dispose de toute sa puissance.

Lev fit non de la tête.

— Non, elle a été drainée ! Il s’assure de sa fidélité en la laissant puiser dans l’énergie des cristaux. Sans eux, elle n’est plus qu’une femme commune.

— Tolen partagerait ses cristaux ? s’étonna Cyriaque. Sans qu’elle n’ait à les lui voler ? Je ne pensais pas ce traître capable d’une telle générosité. Il doit vraiment avoir besoin d’elle.

— À vrai dire, c’est de moi dont ils ont besoin. Enfin… de ce que vous m’avez appris.

— Je ne t’ai rien enseigné qui puisse libérer l’énergie d’Ételle de la lame ou rompre le lien que nous avons tissé.

Lev écarta les bras pour accentuer son haussement d’épaules.

— Il faut croire que Tolen et ma mère sont plus futés et savants que moi, car elle m’a assuré que je n’aurai qu’à ouvrir les yeux.

À force de détours, Cyriaque l’amenait progressivement à l’unique point qui l'intéressait. Encore un effort et le jeune homme lui livrerait le plan de son ennemi, avec assez de candeur pour mériter d’être cru sur parole.

— Toi ? le désigna le mage, de son majeur. Un gamin, qui maîtrise difficilement ses talents pour accomplir des corvées. Tu serais capable de briser mon sort le plus élaboré ? Je crois surtout qu’ils vont se servir de toi comme otage. Peut-être qu’ils me proposeront de ne pas te couper une oreille si je leur livre mes secrets.

Lev sentit ses dents crisser les unes contre les autres, à force de les serrer.

— Espérons que tu ne sois pas autant attaché à tes extrémités que moi à mes secrets, car tu connais déjà la réponse.

— Vos besoins passent avant ceux des autres, traduisit le garçon. C’est un point que l’on apprend très vite lorsque l’on entre à votre service.

— Et pourtant, je viens en aide à une multitude de gens, parfois sans demander à être payé en retour, s’amusa Cyriaque. Imprévisible ou paradoxal, chacun me chantera à sa convenance.

— Il est vrai que les chants évoquant le Runard sont aussi riches en détails sur ses exploits qu’en constats de ses manières déplorables.

Une insolence si bien placée fit monter le sang au visage de Cyriaque. Le jeu n’avait que trop duré.

— Ne te reste plus qu’à prendre tes ordres auprès de Tolen et tu pourras devenir un traître, à son image.

— À vos yeux, je suis déjà un traître, se rebella l’adolescent. Tout ce qui ne va pas selon vos plans est un affront. Et si je vous disais que c’est Tolen que je compte berner, cela vous figerait la langue ?

En effet, la nouvelle perturba légèrement Cyriaque, au point de le contraindre au silence, le temps d’assimiler les paroles de Lev.

— Explique ! somma-t-il son apprenti.

— Ma mère s’apprête à doubler son maître-chanteur sur le fil. Il n’a jamais été question de rompre le lien entre vous et Ételrune. Elle a uniquement besoin d’y accéder.

Cyriaque fit voler le coffre contenant son arme jusque sur ses genoux et posa ses avant-bras sur le couvercle.

— Ils me tiennent déjà et mon lien ne s’est pas rompu pendant que j’étais assommé. Pourquoi ne pas avoir frappé à ce moment-là ?

— C’est là que j’entre en scène. D’après eux, seul un mage ayant étudié les auras serait en mesure de percevoir le point de jonction entre vous et le pouvoir piégé dans la lame.

— Tolen a toujours été un Fané, dépendant de la magie qu’il empruntait, et Miraa l’est devenue en se faisant drainer, compléta Cyriaque, alors que les derniers détails donnaient du sens aux pièces manquantes de son analyse.

Moïra éprouvait de la peine pour son ancien rival. Apprendre que le bref parcours héroïque de Lev n’avait pour vocation que de développer son aptitude à percevoir les auras lui laboura le cœur. C’était quelqu’un de bien, qui méritait une destinée plus glorieuse. En parallèle, son statut de remplaçante s’éclaircissait également.

— De pion, tu passes à accessoire, constata le mage. Une paire de lunettes sur pattes. Cette femme n’a vraiment honte de rien pour infliger cela à son propre fils.

— Je connais mieux que personne ses lacunes quand il est question de respecter sa famille ou d’en prendre soin.

Lev faisait preuve d’une surprenante maturité, tandis que son maître le pensait guidé par des sentiments infantiles. La complexité du jeune homme se révélait lors des crises.

— Je sais que j’ai été manipulé depuis le soir où l’on m’a fait lire la lettre d’adieux de ma mère, reconnut Lev. C’est dur à encaisser. Je lui en veux énormément, mais je vais suivre votre enseignement. Mes blessures attendront la fin de notre mission pour me ravager l’âme. Ce soir, pour chausser les bottes du héros que je souhaite devenir, je vais devoir aller jusqu’au bout sans fléchir.

Ses paroles inspirées lui valurent de la compassion de la part de ses deux amies. S’il avait détourné son attention de Cyriaque, Lev aurait constaté qu’elles le couvaient du regard avec une tendresse bien plus marquée que d’ordinaire.

— Content de voir que tu n’es pas un idiot, mais un renardeau capable de percer à jour les intentions malveillantes du monde qui t’entours, le complimenta Cyriaque avec des mots trop formels pour avoir un impact sur son moral. Que va faire Miraa ?

La question arriva au moment où le mage estima que Lev était le plus vulnérable. Dissimulé sous le couvert de son air compréhensif, le Renard atteignit la part de secret qu’il cherchait à dévoiler

— Au lieu de trancher le lien, ainsi que le lui a ordonné Tolen, elle veut se servir du point de jonction pour drainer assez d’énergie en Ételrune pour reconstituer ses pouvoirs de manière permanente.

— Folie ! explosa Cyriaque en bondissant sur ses pieds. Jamais personne ne se délectera de l’essence de mon Ételle !

Luzerne fit écran de son corps entre Moïra et son maître, par crainte qu’il n’ait un geste malheureux au cours de son accès de colère. Les efforts de Cyriaque pour conserver son calme et agir en stratège volèrent en éclats. Il n’était plus qu’une cascade de lave en fusion.

— Les Saintes doivent user de toutes leurs grâces à notre égard pour qu’un sourd ne les ai pas encore entendu hurler depuis l’autre bout du phare, grimaça la frêle blonde.

— Remercie les vieilles pierres qui étouffent bien les soupirs et les cris, plaisanta la forgeronne en retour.

Moïra étouffa les prémices d’un rire dans sa gorge. La situation était moins insupportable en compagnie de Luzerne, mais elle restait dramatique.

— Vous êtes égoïste à ce point ? cracha Lev à destination du vieux mage. D’après l’histoire que vous m’avez racontée, l’essence dans la lame recèle un pouvoir de régénération quasi infini. Ma mère n’en a besoin que d’une fraction dérisoire.

— Ételle n’est pas un buffet où l’on vient piocher de quoi se restaurer, lui opposa Cyriaque avec hargne.

— Vous avez bien donné votre main pour sauver Ermanno, lui rappela-t-il.

— Tu m’inventes des intentions que je n’ai jamais eu. Ne transforme pas un accident en un sacrifice fraternel. Si j’avais su ce qu’il adviendrait, j’aurai mes deux mains et un barde en moins à écouter.

— Elle avait raison ! Voilà pourquoi ma mère a été obligée de se servir de moi. Elle savait que, malgré votre dette, vous refuseriez de lui venir en aide. C’est de votre faute à tous les deux si ma vie est devenue une farce.

La dispute se conclut dans les larmes de Lev. Il n’était plus capable de parler. Ses nerfs avaient lâché pendant que sa bouche articulait la double accusation qui larvait au fond de son esprit depuis qu’il avait retrouvé Miraa. L’aura du jeune homme se manifesta d’elle-même. Elle se déploya autour de lui et vint l’envelopper. Le cocon ainsi formé était si noir et dense qu’il masqua Lev aux yeux de son maître et de Moïra. Inapte à la perception de cette énergie, Luzerne pouvait toujours le voir, prostré et sanglotant.

À trop tirer sur la corde, Cyriaque venait de la faire céder. Cette aura noire, il en connaissait le sens, puisque la sienne avait subi le même sort. Semaine après semaine, à chaque défaite, à chaque blessure, il avait observé l’obscurcissement du pouvoir de Lev. Fidèle à son crédo de non-interférence avec la nature des gens, il n’avait rien fait pour le préserver d’une telle détresse. Tous les chemins de vie n’étaient pas pavés d’or, mais il y avait du monde sur chaque route. Comment aurait-il pu exprimer le soulagement de le voir mourir jeune, avant d’en avoir trop souffert ? Seuls ceux parcourant la plus noire des sentes sans y succomber l’auraient compris. Malheureusement, en le renvoyant sur la route, Miraa avait condamné son fils à une souffrance sans nom.

— Je suis désolé Lev…

Pour une fois, le repentir du Renard était sincère. Dommage que le garçon ait sombré trop loin de lui pour l’entendre.

— Moïra ! héla-t-il son apprentie. Si tu veux toujours m’accompagner, c’est maintenant.

Cyriaque sortit du bureau et prit la direction des escaliers, suivi par le coffre renfermant Ételrune.

— Et Lev ? l’interpella-t-elle en retour.

— Qu’il reste ici. Il a raison : nous nous sommes tous servis de lui pour assouvir nos propres objectifs. Je ne veux plus l’impliquer dans cette histoire.

Moïra se sentait impuissante. Devait-elle suivre son maître ou tenir compagnie à son ancien rival ? Ce choix, elle l’avait déjà tranché lors de la blessure de Lev.

— Ras-le-bol de vos conneries ! beugla la rouquine.

Luzerne chargea Lev sur son épaule et l'entraîna hors du bureau. Apathique, l’adolescent ne broncha pas. Son esprit errait entre deux eaux. La forgeronne se dirigea, à son tour, vers les escaliers.

— Passe devant, on descend, ordonna-t-elle à Moïra en la poussant.

En haut de la volée de marches, la cape de Cyriaque venait d’atteindre le palier supérieur. Là, le mage tourna la tête vers son apprentie pour la saluer une dernière fois. Moïra laissa filer un long soupir. Elle venait de prendre sa décision.

— Je suis désolée Luz…

Avant que la forgeronne n’ait pu l’en empêcher, Moïra s’engagea dans la tour du phare, à la suite de son maître.

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TiteTeigne
Posté le 08/07/2022
Ce chapitre met en avant des points que j'avais soulevés précédemment et cela me paraît donc plus clair : l'oscillation de Lev entre les différents plans et sa relation avec sa mère, les intérêts personnels de Cyriaque avant tout... Moïra reste relativement effacée pour finalement trancher sur la fin. L'histoire se répète en quelque sorte, les chemins divergent de nouveau.
L'aura de Lev est finalement arrivée au summum de la noirceur. Ils le remarquent et c'est tout ? Genre "ah oui il y avait des signes mais j'ai laissé couler et puis bah voilà, je le savais qu'à un moment ou un autre il allait sombrer..." Avoir une aura aussi noire n'est-il pas inquiétant ? En terme de comportements que cela pourrait engendrer ? L'ensemble même de la discussion n'aboutit pour Cyriaque qu'à récolter des informations. Malgré les propos de Lev, il ne le voit toujours pas comme un potentiel danger. Il a beau reconnaître sa maturité, j'ai l'impression qu'il se croit encore au-dessus de tout. Cela me renvoit à l'image de quelqu'un de dépressif dont on ignore les signes et on le laisse seul avec son trou noir...

Et les traditionnelles petites notes :
- Je pense qu'il y a un soucis dans cette phrase : "Je t’ai imposé de nombreuses choses lors de ton entraînement, mais jamais je t’ai toujours encouragé à faire tes propres choix, à avoir tes propres raisons."
- un renardeau capable de percer à jour les intentions malveillantes du monde qui t’entourE
- D’après l’histoire que vous m’avez racontéE
- j’auraiS mes deux mains et un barde en moins à écouter.
Achayre
Posté le 10/07/2022
Coucou toi ! :)
Tu as sans doute raison. Il faudrait que je peaufine la réaction de Cyriaque face à l'aura noircie de Lev afin que l'on comprenne mieux ce que cela implique.
Cyriaque, comme tous les autres persos, a beaucoup de défauts notamment d'égo. C'est volontaire pour trancher avec le cliché du mentor paternel, bienveillant et toujours sage. Cyriaque est une légende, mais pas du tout un modèle :)

Je viens de t'ajouter un petit chapitre. J'espère qu'il te plaira :)
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