Chap. 4 : Pétages de plombs

Anthony n’ose toujours pas se rasseoir sur le trône, malgré l’écoulement de plusieurs minutes depuis son combat acharné contre le serpent. Notre pauvre gars se désole d’avoir dû complètement boucher ses toilettes pour ça, mais commence malgré tout à se rassurer, puisque le reptile enfouis dessous ne donne plus aucun signe de vie.

Subitement, un bruit indistinct se fait entendre au loin, provenant de quelque part au rez-de-chaussée. Anthony ne bouge plus et tend l’oreille.

« Marine, t’es rentrée ? »

Et là, d’un coup, plus de lumière.

« Ah ! »

*léger silence*

« BOR-DEL ! »

Anthony allume son téléphone, et éclaire en direction de la lampe, au plafond. Il n’y a naturellement rien à voir hormis une ampoule éteinte et quelques toiles d’araignée.

Un son résonne de nouveau en bas. Mais cette fois-ci plus proche.

Un miaulement.

« Le chat ! Il a encore réussi à me foutre les boules celui-là… »

Anthony réfléchit. Cela n’explique pas l’absence soudaine de lumière. Mais après tout, une coupure de courant peut survenir à n’importe quel moment – la dernière ayant eu lieu cinq jours auparavant –, donc ce n’est pas nouveau pour lui.

Comme pour confirmer sa pensée, la lumière revient l’instant d’après.

Puisque le chat, seul autre être vivant dans la maison, ne peut naturellement pas lui venir en aide, et que le milieu d’après-midi n’est toujours pas passé, Anthony se dit que le mieux à faire est sans doute de dormir. Ou au moins tenter de se reposer.

Notre héros s’assied donc par terre, dos au mur, puis tente autant qu’il peut d’allonger ses jambes (c’est-à-dire qu’il ne le fait pas), et ferme les yeux.

Étonnamment, il ne met pas plus de dix minutes à s’assoupir.

Réveillé par la voix de Marine qui l’appelle, Anthony sort de son lit et ouvre la porte de sa chambre pour se rendre compte qu’il est complètement nu et face à une multitude de copines que Marine a invitées. Elles se mettent toutes à éclater de rire en mettant une main devant leur bouche, et Anthony réalise qu’elles ont toutes la tête de Romane, même Marine. Elles ne cessent de lui répéter « Bah alors, on a peur d’un serpent ?! », tandis que certaines le pointent du doigt.

Notre héros s’énerve, non seulement parce que Marine ne l’avait encore une fois pas prévenu qu’elle invitait du monde, mais aussi parce que quelqu’un avait laissé le robinet ouvert. Comme personne ne l’écoute, ou ne semble même l’entendre, Anthony, dans un accès de fureur, fonce fermer le robinet en bousculant toutes les personnes sur son passage.

Il se rend alors compte qu’une des copines de Marine s’est assise dans l’encadrement d’une fenêtre, et semble très triste. Il va à sa rencontre, et la pauvre lui annonce qu’à cause d’elle, le chat s’est perdu. Anthony suppose qu’il soit simplement allé en haut. La fille saute de joie en criant « Mais oui ! », avant de le tirer par le bras pour l’emmener avec elle à l’étage.

Ils prennent l’ascenseur, et arrivés au troisième, la jeune femme (désormais en tenue de secrétaire) lui indique à quelle porte frapper pour parler au directeur. Anthony toque, et la porte s’ouvre toute seule, révélant un homme assis à un bureau, en tenue de détective privé, avec une tête de chat. Anthony veut se plaindre de tout le bazar que font les invitées de Marine, mais aucun son ne sort de sa bouche, et l’homme à tête de chat s’obstine à vouloir le faire s’asseoir. Finalement, notre héros lui obéit, et alors l’homme-chat se met à hurler. Mais ce n’est pas un hurlement comme les autres… Plutôt comme une sonnerie de téléphone fixe.

Anthony, allongé en position quasi-fœtale sur le sol carrelé de ses toilettes, se réveille (vraiment, cette fois-ci). Il essuie d’un revers de manche un filet de bave qui avait commencé à s’écouler sur le sol, puis se redresse rapidement, au moment ou la sonnerie du téléphone s’interrompt.

Anthony colle son oreille contre la porte, afin d’entendre le répondeur.

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