Chap 7

Silas attendit à peine une minute avant que Cyrille ne prenne la parole :

« J’ai fini… j’ai fais comme tu m’as dit… Ça a marché, je crois… »

Presque aussitôt, la voix résonna dans sa tête.

« Rêveur. Epée de lumière astrale. Déité onirique. Dévoreur de cauchemars (scellée). Energie astrale rang E. »

Silas poussa un soupir de soulagement, son énergie astral venait de se remettre à niveau, il était passé de cinq aptitudes oniriques à trois. Cependant, si la fusion de l’épée astrale et son pouvoir de lumière lui paraissait évident, il ignorait de quel manière déité onirique agirait. En se tournant vers Cyrille qui était toujours dans son dos, il comprit immédiatement. Son analyse avait évolué, pour une perception plus précise, plus détaillée et passive. Autour de l’autre adolescent, l’énergie astrale produisait des volutes naturelles qu’il parvenait à comprendre d’un simple coup d’œil.

« Rêveur. Bouclier astral. Fusion. Energie astrale rang D. Terreur nocturne : Source inconnue. »

Comme attendu, les informations étaient aussi clairs que si des mots étaient apparus. Silas savait que cette vitesse d’analyse lui serait d’une grande aide, bien que l’effet de rêve lucide semblait avoir entièrement disparu dans le processus. Qu’importe, après tout, même si le rang E de son énergie astrale restait insuffisante à long terme, cela devrait lui permettre de faire face au portail onirique lié aux terreurs nocturnes de Cyrille. Silas regarda son téléphone et fut prit d’une légère angoisse. Il fallait qu’il demande l’autorisation pour dormir ici, il n’y avait aucune garantie que son père et sa mère acceptent, d’autant qu’ils n’avaient jamais vu Cyrille, ni ses parents.

*

Après une interminable négociation où Silas s’était efforcé d’avancer des arguments valables et de garder un sang-froid à toute épreuve, il avait finalement obtenu l’autorisation de dormir sur place. Évidemment, il avait fourni à ses parents l’adresse, le numéro de téléphone, avait promis maintes fois qu’il ne toucherait ni à l’alcool, ni à la cigarette. Autre point essentiel, il devait être rentré le lendemain avant midi, s’il arrivait en retard d’une seconde, il serait consigné pour le mois. Silas glissa son téléphone dans sa poche et sentit tout ses efforts lâchés pour laissé son corps trembler, il n’était pas un ado mais un adulte de plus de trente ans bordel ! Il prit un coussin et plongea la tête dedans pour y hurler. Bon sang, il était bien un adolescent, en partie tout du moins. Quel adulte normalement constitué perdrait ainsi son calme pour une simple demande de permission et des conditions plus qu’acceptables. Il soupira, décidément, revivre cette période n’allait pas être une partie de plaisir.

Enfin, Silas porta son attention sur Cyrille qui attendait patiemment tout en manipulant plusieurs grigris entre ses mains.

« Cette nuit, on va mettre fin à tes terreurs nocturnes, une bonne fois pour toutes. Avant que cela ne se produise en revanche, j’aimerais m’assurer d’une chose.

- Oui ? Répondit Cyrille, toujours aussi marqué par une pointe d’angoisse.

- Dans les cauchemars que tu as fais depuis que tu as éveillé tes pouvoirs, de quelle manière est-ce que tu t’en es sortis ? » demanda Silas.

Cyrille garda le silence quelques secondes, puis répondit par une question :

« M’en sortir ? Bah en fait, comme un cauchemar normal, j’attends de me réveiller.

- Tu plaisantes j’espère, enchérit Silas.

- Non… je cours beaucoup, je fuis, je me protège avec la bulle colorée que je peux créer autour de moi. Ensuite, je tiens le coup jusqu’à mon réveil, quand le jour se lève. »

Silas blêmit légèrement. Si Cyrille en savait aussi peu sur ses propres terreurs nocturnes, la nuit allait être un véritable enfer. Il se permit tout de même une dernière question.

« Tu peux utiliser cette protection sur quelqu’un d’autre ?

- Aucune idée, je n’ai jamais essayé… répondit Cyrille, la voix presque éteinte.

- Essaie maintenant alors. » proposa Silas sur un ton qui se voulait amical mais qui était autoritaire.

Cyrille obéit sans discuter, après tout, il avait promis de faire tout ce que Silas lui demandait tant qu’il restait avec lui pour la nuit. Il se concentra et tenta de partager son pouvoir protecteur, mais ce dernier apparut simplement autour de lui. Immédiatement Silas perçut de nouvelles choses à voir le pouvoir de Cyrille en action, les volutes de pouvoirs avaient légèrement changées.

« Bouclier astral. Protection absolue contre les cauchemars. Rend impossible l’attaque contre les cauchemars. Permet de s’extraire du monde onirique au lever du jour. »

Silas aurait aimé posséder un tel pouvoir, mais c’était aussi un ennemi de taille. Pouvoir sortir sans finir un portail onirique impliquait aussi ne pas en finir avec le problème et risquer de ne jamais évoluer. Pourtant, dans ses souvenirs, il ne semblait pas se rappeler d’un rêveur souhaitant stagner. Cependant, la célébrité future de Cyrille lui avait sans doute permis de vivre aisément sans pour autant se heurter au danger.

Silas prit donc le temps de fournir à Cyrille des explications sommaires sur les cauchemars, les portails oniriques et insista particulièrement sur le fait que si un seul cauchemar survivait, il pourrait finir par se déverser sur le monde réel. Malheureusement, les explications fournis ne firent qu’alimenter la peur et les angoisses de Cyrille. Les heures s’écoulèrent et la nuit tomba tranquillement…

Un bruit sourd se répandit dans la maison et celle-ci se mit à trembler de manière imperceptible. Silas entra en phase d’alerte immédiatement, tandis que Cyrille se mit en boule sur le canapé. D’une voix forte, Silas ordonna à son compère rêveur.

« Lève-toi et tiens moi la main ! »

Plus par peur que par conviction, Cyrille obéit et glissa sa main moite dans celle de Silas. Ce dernier s’en sentit mal à l’aise, mais tâcha de ne pas en tenir compte. Les volutes de pouvoirs environnants lui apportèrent quelques informations.

« Manifestation d’un portail de terreurs nocturnes. Prudence, la présence de plus de dix cauchemars en son sein a été détecté. »

La vibration arriva brusquement, tel un brouhaha sourd, traversant tout et ne percutant rien, jusqu’à atteindre les deux rêveurs et s’immobiliser devant eux. Le portail des terreurs nocturnes prit forme. Il avait l’apparence d’un gouffre sans fond d’où émanait des cris continus. Cyrille tremblait tellement qu’il parvenait à peine à tenir debout. Silas déglutit difficilement, il n’avait affronter que peu de portails pareils, cependant un avantage existait. Au tout début de l’apparition des cauchemars, ces derniers avaient une force limitée. Même à deux… ou plutôt pas tout à fait seul, ils avaient une chance d’en ressortir victorieux. Il avança et Cyrille le suivit pour ne pas se retrouver seul. En un instant, ils disparurent de la maison…