*
2017
L’air mordant du mois de mars traverse les couloirs du lycée. Les fenêtres sont à demi ouvertes, juste assez pour que le souffle du vent se répercute sur les murs ocre, sans fin. Je m’accoude à une baie vitrée pour prendre l’air. Je suis en sueur dans mon uniforme, épuisé mentalement par la chaleur lourde de la salle de classe et d’avoir planché depuis près de deux heures sur mon examen. Dehors, le ciel blanc jette sur la cour une atmosphère terne, monotone. Les arbres couverts de bourgeons préparent leur prochaine floraison.
Le dong de la sonnerie s’élève, rompant le silence. Je pousse un soupir. Les portes coulissantes glissent les unes après les autres et laissent s’échapper une foule d’élèves bruyants. Derrière moi, des lycéens brassent autour des réponses qu’ils ont données aux QCM. À quoi bon ? L’épreuve est terminée de toute façon. La plupart d’entre eux s’accrochent au peu d’énergie qui leur reste pour achever cette semaine infernale.
Nos derniers examens du lycée. Un tremplin indispensable vers le cursus universitaire. En réalité, à l’exception des rares qui ont des dons inexplicables pour les études, ils sont tous à bout, je le vois bien, mieux que personne. Les lignes de leurs cours sont imprimées dans leur mémoire et prennent le pas sur tout le reste. Certains en ont oublié pourquoi ils sont venus étudier dans ce lycée de Fukuoka. Des ombres traversent leurs visages, comme des ondes dans l’eau qu’ils s’appliqueraient à remuer pour avoir l’air infatigables devant leurs camarades.
Ils ploient à leur tour sous nos codes sociétaux : prendre sur soi, sauver les apparences, s’oublier soi-même. Ne surtout offenser personne, s’exécuter, continuer ainsi jusqu’au monde professionnel, jusqu’à la retraite, jusqu’à la fin. Tant d’eux en oublient de s’épanouir, et passent à côté de l’essentiel sans s’en apercevoir.
Mais qui suis-je pour le leur dire ?
Même une fois diplômé, qui voudra se fier à mes intuitions, qui voudra bien me croire ?
Je ne peux que faire de mon mieux. Tendre la main à qui acceptera mon aide. Les inviter à porter un nouveau regard sur leur existence.
Les mettre sur la voie qui leur est destinée.
Ce sont ses mots. Ceux qui me permettent, à moi, de continuer d’avancer.
J'aime bien ce premier chapitre, pour le moment, c'est surtout le fait que tu aies une jolie plume. J'ai hâte d'en découvrir davantage sur l'histoire.
J'aime beaucoup le passage sur les codes sociétaux.
Normalement c'est une Romance Fantastique, type Shojo revisité. L'idée de ce 1er chapitre était justement d'interroger, d'interpeler, alors je suis contente que l'effet fonctionne ^_^