Cassidie pleurait. Elle avait peur de l’homme bizarre qui l’avait enfermée au fond d’une cage. Elle avait peur du noir aussi. Elle avait été jetée dans un cube qui faisait tout juste un mètre de côté. Elle voulait s’enfuir, mais elle ne pouvait pas. Elle était terrifiée et l’épouvante la faisait hoqueter, pleurer, s’étouffer. Et plus elle s’étouffait dans ses larmes, plus elle paniquait.
Avant ça, tout allait bien jusqu’à ce que cet homme débarque. Enfin aussi bien que possible. Et puis alors qu’elle sortait par l’arrière-porte de la cour du restaurant dans lequel elle faisait la plonge, elle l’avait vu, cet homme étrange qui arrivait droit sur elle et qui l’avait immédiatement effrayée. Il n’était pas normal, ça se sentait tout de suite. Elle n’avait jamais vu personne comme ça. Ses longs cheveux gris sombre sales et gras, ses yeux noirs fantomatiques, sa peau blafarde, la grosse cicatrice sur son œil droit, tout était inquiétant et bizarre. Il portait une drôle de tenue en cuir renforcée de petits clous argentés. À sa ceinture pendait une corde et une sacoche, une autre ceinture barrait son torse. Et puis les couteaux… elle avait eu l’impression de voir des couteaux partout sur lui. Qui en aurait autant, à part un assassin ?
Elle avait eu le souffle coupé par ses yeux vides d’émotion posés sur elle et sans lui dire quoi que ce soit, il l’avait attrapée par l’épaule pour la conduire vers la sortie de la cour. Là, elle avait hurlé, mais ça n’avait servi à rien. Pas plus lorsqu’elle avait essayé de se dégager. Il avait juste serré plus fort et l’avait poussée sans ménagement vers une petite fourgonnette blanche sans rien écrit dessus. Mais quand il avait ouvert les portières arrière, il avait dévoilé cette cage, ce cube de métal dans lequel on enfermait les chiens errants et les chats de gouttière. Elle s’était débattue pour ne pas entrer là-dedans et il n’avait pas hésité à la tenir par les cheveux pour la forcer. Les portières s’étaient refermées et elle était maintenant terrorisée, dans l’inconnu total et incapable de réfléchir.
La fourgonnette avait démarré et l’avait emportée. Où est-ce qu’il l’emmenait ? Pourquoi ? Pourquoi !
Elle croyait ne pas pouvoir supporter plus d’effroi jusqu’à ce qu’elle entende le moteur s’arrêter. Elle hurla à l’idée qu’il ouvre la porte et l’attrape à nouveau. Elle se recroquevilla tout au fond de la cage en répétant inlassablement « non, non, non non… ». Mais il n’y avait plus aucun bruit. Elle était toujours là, enfermée dans le silence et elle ne percevait plus rien d’autre qu’elle-même, sa respiration paniquée et les hoquets de ses sanglots.
Une portière s’ouvrit d’un coup. Elle hurla, mais ce n’est pas le visage affreux de son ravisseur qu’elle vit, mais tout le corps d’un adolescent qu’il poussait sans ménagement contre elle. Elle eut le souffle coupé quand il lui tomba dessus. Il se recroquevilla contre elle pour éviter que ses jambes ne soient brisées par la porte en métal qui se refermait brusquement.
— Pardon, je t’ai fait mal ?
C’était une voix qui avait mué, mais qui avait quand même quelque chose de très jeune, une belle voix douce et rassurante, pourtant elle pleura de plus belle, paniquée et douloureuse.
— Oh lala, murmura-t-il.
Il se redressa comme il le put, mais cette cage était bien trop petite pour eux deux. Il se plaça à genou à côté d’elle, courbé en deux, appuyé au mur en face d’elle pour garder l’équilibre.
— Du calme ! Ne pleure plus, c’est tout, tout va bien, lui souffla-t-il. Je sais que tu as peur, mais c’est fini, maintenant. Je te promets que je ne laisserai personne nous faire du mal.
Elle ne parvint pas à répondre, elle n’arrivait plus à s’empêcher de pleurer. Elle avait l’impression qu’ils étaient si serrés dans cette petite boite qu’ils allaient mourir étouffés. D’ailleurs, elle avait déjà de plus en plus de mal à respirer.
— Eh ! Doucement, répéta-t-il à voix basse.
Il gémit en changeant de position et se recroquevilla un peu plus pour être plus stable.
— Comment tu t’appelles ?
Elle essaya de répondre à nouveau, mais elle échoua. Elle crut qu’elle allait vraiment mourir quand elle sentit sa main sur elle, mais il lui caressait simplement les cheveux.
— C’est tout, chhhhhht… Tout va bien. Tout va bien, arrête de pleurer, tout va bien se passer, tu n’as plus rien à craindre. Quand tu es avec moi, tu ne risques rien.
Cette fois, elle trouva assez de souffle pour une remarque dans un hoquet de voix.
— N’importe quoi.
— Je suis avec toi, insista-t-il. Quoi qu’il arrive, on trouvera toujours un moyen de s’en sortir, alors arrête de pleurer, d’accord ?
Elle renifla.
— Je vais essayer…
Elle tâcha de reprendre son souffle.
— J’ai peur du noir, ajouta-t-elle d’une petite voix.
— Tu as quel âge ?
— Treize ans.
— Il est vraiment idiot, l’autre, de terroriser une fille aussi jeune.
Il hésita un peu, puis murmura.
— Ah ! Mais je sais !
Il changea légèrement de position pour attraper quelque chose dans la poche de son pantalon. Il en sortit un petit téléphone portable tout plat avec lequel il fit de la lumière.
— Voilà, ça va mieux ?
Elle hocha la tête et leva les yeux pour l’observer. Elle ne percevait pas grand-chose de lui, juste qu’il était trop grand pour cette boite et qu’il avait un visage très doux et rassurant. Il la dévisageait, curieux. Il plissait les yeux en essayant la reconnaitre, mais elle était sûre de ne l’avoir jamais rencontré.
— Tu peux me dire ton nom, maintenant ? proposa-t-il.
— Je m’appelle Cassidie, dit-elle de sa petite voix encore tremblante.
— Salut, Cassie. Moi, c’est Nathan.
— Et l’homme tout noir qui nous a mis là-dedans, c’est qui ? demanda-t-elle. Qu’est-ce qu’il nous veut ?
— C’est la première fois que tu le vois ? On l’a surnommé Gérald parce qu’il nous fait penser à quelqu’un qui s’appelle comme ça. Il enlève les gamins qui trainent pour les emmener dans un institut. Heureusement pour nous, les gens qui nous récupèrent sont beaucoup moins dangereux que ce gars-là. Dès qu’il nous aura déposés, on se tire de là. T’inquiète pas, d’accord ?
Elle hocha la tête. Elle n’était pas sûre qu’elle allait arriver à le croire. Elle avait peur et elle se sentait trop mal pour y réfléchir. Mais même comme ça elle trouvait qu’il était trop rassurant pour que ça sonne vrai.
— C’est bien, dit-il avec un sourire. Au moindre problème, cache-toi derrière moi.
Au moment où il disait ça, la porte s’ouvrit et il fut brutalement attiré en arrière dans un cri de surprise. Cassidie hurla et se recroquevilla de plus belle. Elle vit l’homme en noir ligoter Nathan les bras dans le dos et lui passer un étrange collier électronique. Elle cria encore quand elle le vit venir vers elle. Il tendit la main dans la cage. Elle essaya de le repousser d’un coup de pied, mais il ne broncha pas et l’agrippa pour la sortir de force. Sans exprimer la moindre émotion, la moindre hésitation, il l’attacha comme Nathan et lui enfila le même genre de collier autour du cou. Il la traina vers Nathan qui tentait de se redresser péniblement. Il l’attrapa par sa veste en jean pour le remettre sur ses pieds sans ménagement. Il les emmenait désormais tous les deux vers un énorme bâtiment qui ressemblait à un hôpital, mais il ne se rendait pas vers la grande entrée où celle des urgences, plutôt vers une petite porte grise sans poignée, discrète.
Il frappa contre le battant et une grosse femme avec un tablier blanc lui ouvrit. Elle lui tendit un porte-document et un stylo. Il cocha deux cases, signa, et les poussa à l’intérieur. La porte se referma. L’infirmière se dirigea vers un bureau pour poser son dossier et ouvrit un tiroir. Elle y piocha une arme qu’elle brandit contre eux. Cassidie hurla de terreur.
— Suivez-moi gentiment, les jeunes, dit-elle d’une voix autoritaire. Et pas d’entourloupe, cette fois.
Ses yeux s’arrondirent de surprise. Elle cria et tomba toute droite à travers le sol. Un adolescent constellé de taches de rousseur sortit de sous le bureau.
— On se barre, dit-il avec un petit sourire fier.
Il se rapprocha d’eux et toucha les liens de serrages qui les entravaient et ils cassèrent sous ses doigts.
— Vite… Sharon attend dehors.
— Certainement pas, répliqua une grosse voix d’homme.
— Merde !
Cassidie agrippa Nathan, terrifiée, perdue. Elle sentit une violente décharge venue du collier qu’elle portait la secouer de la tête aux pieds, elle ne put rien voir de plus tandis qu’elle perdait connaissance.
Comment te dire ... je suis perdue, confuse et je comprend rien ! (dans le bon sens hein)
Par contre, juste pour savoir, Nathan à un téléphone et lui, il met juste la lumière? J'ai eu envie de le taper ! MDR
Gérald ok
Nathan et Cassie OK
L'infirmière (punaise j'ai eu encore une imagination horrible de son faciès )
D'où sort ce gamin aux tâches de rousseurs?
Sharon, c'est qui celle la?
Questions rhétoriques, je vais allez lire la suite !
A bientôt !
Ce début est un tourbillon, j’en suis bien contente, mais comme tu l’as sans doute déjà lu, tout se calme par la suite. C’est normal, tu regardes par les yeux d’une petite fille dépassée par les évènements.
Merci pour ton commentaire ! <3
C'est bien dommage que cette histoire ne soit pas commentée.
Je relève quelques points de forme :
était maintenant terrorisée -> le "maintenant" fait bizarre par rapport a la concordance des temps
À genou -> à genoux
Sur le fond, j'ai mis du temps à comprendre que c'était une enfant/préado. La toute fin est un peu confuse pour moi (sont ils tombé dans une trappe, d'où sort le roux, que se passe-t-il vraiment?) Mais le plus important est que c'est la confusion, et ça, je l'ai :)
Enfin, je pense que la fille crie beaucoup, mais que personne ne lui dit de se taire. Par exemple, je verrais plutôt l'infirmière dire : tais toi et suis moi". Voili voilou, j'ajoute à ma PAL...
Merci pour le relevé de coquilles, je m’occupe de ça dès que j’ai un peu de temps. <3