Les cloches de la cathédrale San Marco carillonnaient les six heures. Leur chant déferlait sur les canaux et les venelles d'une Virence encanaillée, charriant avec lui la promesse d'un Carnaval inoubliable. Alors que la gondole glissait sur les eaux silencieuses du canal Dor, Cadell ne put retenir un bâillement ; d'accoutumée, sa gouvernante Élise ne le tirait de ses draps de satin qu'après le premier cri des flamants-pêcheurs, au retour des sardiniers. Il ne percevait alors des festivités que des échos lointains, dévorés par le vent. Blotti sous un amas de couvertures, il laissait son imagination voguer au son des violes et des huées de la foule déchaînée. Il se dessinait des costumes aux couleurs enchanteresses, des coiffes vertigineuses... Tout en rêvant du jour où on le laisserait assister aux réjouissances.
Ce jour s'était fait attendre, à tel point que Cadell avait souvent songé à s'enfuir par les toits – mais s'il savait pouvoir compter sur le bruit pour le guider jusqu'à la Place de l'Union, il avait toujours craint de se perdre sur le chemin du retour. Les rues de Virence étaient réputées pour leur agencement retors et les mauvaises rencontres que l'on pouvait y faire, surtout lorsqu'on portait sur soi des signes de richesse apparente. Il avait donc fallu s'armer de patience et se contenter des récits virevoltants que lui offrait Aidan, de trois ans son aîné. Il peinait parfois à y distinguer la réalité de la fable mais il les chérissait d'autant plus.
Maintenant qu'il avait tourné le dos à l'enfance, du moins aux yeux de la bonne société virentine, il disposait du droit d'accompagner les hommes du clan lors des événements officiels. Encore fallait-il qu'il s'en montrât digne. Père avait été très clair : le temps du gamin impulsif et facétieux qui provoquait les foudres de son précepteur était révolu. Il devait désormais endosser son rôle d'héritier de l'empire Di Salvieri – un masque qui le terrifiait bien plus encore que ceux des démons d'Hiver qu'il apercevait souvent dans les vitrines des marchands mais que son frère embrassait avec un plaisir agaçant.
Le gondolier plongea sa rame dans l'eau peu profonde du bord du canal, profitant des aspérités de la roche pour faire virer l'embarcation vers l'Est. Autour d'eux, les murs de pierre blanche s'habillaient peu à peu d'une lumière dorée qui chassait les ombres de la nuit. Cadell retint son souffle en distinguant les silhouettes encapuchonnées de monstres blafards qui courraient sur les pavés, à quelques pas de lui. Leur mise était si bien réalisée, jusque dans le détail des craquelures blanchâtres de la peau, qu'on ne soupçonnait pas qu'un visage humain pût se cacher dessous. Cadell savait que le petit peuple ne pouvait pas toujours se permettre l'acquisition de masques de maîtres, créés dans le plus pur respect des traditions artisanales, mais il ne s'était jamais douté qu'il fût aussi habile pour maquiller leur absence.
Alors qu'ils approchaient du cœur de la ville, les scènes de liesse se multipliaient comme les oiseaux un jour de pêche généreuse. Les ruelles s'encombraient de Virentins déguisés, tandis qu'aux fenêtres, des fanions aux couleurs des grandes familles flottaient au gré du vent. L’œil aiguisé par la curiosité, Cadell repéra tout de suite l’emblème royal des Ambrè, une loutre à la fois protectrice et féroce. Il distingua aussi celui de sa maison, le hibou pourpré, puis son regard glissa vers le lion flamboyant des Myrtall et la rose trémière des D'Ello. Les autres, par contre, lui étaient inconnus. Il tenta d'en mémoriser les contours en vue de ses leçons avec maître Hombleur.
« Cadell, regarde ! »
Il se tourna brusquement et suivit la direction qu'indiquait l'index tendu d'Aidan. Il ne tarda pas à les repérer : un groupe d'une dizaine de Virentins habillés de costumes aux couleurs chatoyantes. Leurs masques étaient d'une rare splendeur. Ils reprenaient avec grâce les thèmes des tableaux de maître qui ornaient le plafond de la cathédrale. Les motifs bleu outremer qu'arboraient certains d'entre eux ne laissaient pas la moindre place au doute : leurs propriétaires ne manquaient pas d'argent et la discrétion ne les étouffait pas. Cadell plissa les yeux, distinguant mieux le hérisson doré cousu sur leur poitrine. Surpris, il ne put s'empêcher de ressentir une pointe de jalousie. Les Di Salvieri ne se déguisaient pas ; la noblesse de leur sang leur interdisait ces traditions jugées dégradantes. Mais alors, pourquoi d'autres nobles se pavanaient-ils ainsi masqués dans les rues ? Alors qu'il s'apprêtait à formuler la question qui lui brûlait les lèvres, Cadell coula un regard vers Père. Sombre, la mine sévère, le patriarche était immobile. De toute sa hauteur, il fixait les joyeux drilles qui traversaient à présent le canal, juste devant l'embarcation. En les voyant s'éloigner, il cracha :
« Parvenus. »
Cadell ravala ses interrogations. Il n'y avait rien à tirer de Père lorsque des étincelles de colère zébraient ses yeux. Il se tourna vers Aidan, qui haussa les épaules. Il se renfrogna. Ce monde lui échappait encore et visiblement, ce n'était pas le moment opportun pour combler ses lacunes. Il se nota mentalement d'y revenir plus tard, même si sa curiosité devait lui valoir les remontrances de maître Hombleur.
Au détour d'un énième virage, ils aperçurent enfin la pointe de la cathédrale San Marco percer la brume entre les habitations. Ils touchaient enfin au cœur de Virence. La gondole frôla un ponton de bois ; leur batelier y sauta avec une agilité telle que l'on eût dit un acrobate, puis tira vers lui la gondole pour l'amarrer. Père descendit en premier, refusant d'un geste sec la main que lui tendait leur guide. Ses fils le suivirent. Au bout du ponton, leurs amis les attendaient, tête nue. Leur cape pourpre, symbole de leur appartenance au clan Di Salvieri, flottait sous la brise.
En silence, ils avancèrent dans les ruelles encombrées. Leur pas était fluide, la foule s'écartant le plus souvent sur leur passage. Quand il arrivait qu'un malheureux se laissât emporter par l'allégresse ambiante et se trouvât sur leur chemin, les hommes de Père le balayaient avec dédain, comme une vulgaire mouche. Autour d'eux, les clameurs de la foule étaient de plus en plus pressantes. Tendant l'oreille, Cadell perçut l'écho de chants grivois que ponctuaient des rires. La myriade de couleurs qui défilait devant lui ne faisait qu'ajouter à la magie du spectacle. Et voilà qu'ils rejoignaient la tribune royale ! Il bouillonnait d'excitation.
Brûlant d'impatience, il se pressa contre les barrières. La tribune d'honneur avait été érigée en retrait de la Place de l'Union, trop loin de l'estrade pour que l'on pût y voir nettement ce qui s'y préparait. Cadell contempla, émerveillé, la mer de costumes qui avait envahi les dalles de pierre. Il n'avait jamais vu autant de gens réunis au même endroit ; comme Aidan le lui avait expliqué la veille au soir, le Carnaval attirait autant de Virentins que d'habitants des autres provinces du royaume. Tant d'horizons fantasmés qui prenaient corps devant ses yeux : il apercevait même, dans le cortège qui longeait les ruelles attenantes, des peaux noires comme la suie de sa cheminée.
« Cadell, viens donc saluer Monseigneur D'Ello. »
L'attirant contre lui, Père le tint par les épaules pendant qu'il serrait la main d'un épais bonhomme à la mine terne, tout endimanché de velours vert forêt.
« Je suis très honoré de faire votre connaissance, jeune Seigneur. Très honoré.
— Moi de même », balbutia-t-il.
Il guetta d'un regard l'approbation paternelle, mais Père s'était plongé dans une conversation soucieuse avec certains de ses hommes et il ne lui accordait plus la moindre attention. D'autres nobles se succédèrent ainsi pendant des minutes qui lui semblèrent interminables. Il s'aida des blasons cousus sur leurs habits pour les situer dans l'arbre politique de Virence ; sans cela, il n'eût pu les distinguer tant leurs simagrées étaient similaires.
Cadell sentait depuis qu'il était en âge de babiller que sa famille n'était pas n'importe quelle famille. Très tôt, il avait remarqué qu'à leur table, les mets semblaient ne jamais s'épuiser, alors que les servantes chuchotaient à longueur de journée que le manque de nourriture gangrénait le royaume. À présent qu'il voyait tous ces nobles parader devant lui comme des paons, il prenait la mesure du respect qu'inspirait Père dans les plus hautes sphères de la société virentine. Ou bien serait-ce la crainte ?
Profitant d'un instant de tranquillité, il reporta son attention sur la fête qui battait son plein. Le cortège était tout près de rejoindre l'estrade. Vibrant au rythme de la musique, il se laissa porter par un sentiment d'allégresse :
« Père, puis-je aller jusqu'à la tribune principale ? »
Le patriarche fit tomber ses yeux sombres sur son fils.
« Pour quelle raison voudrais-tu faire une telle chose, Cadell ? N'as-tu donc rien retenu de tes leçons d'histoire avec maître Hombleur ? Le Carnaval n'est qu'une mascarade destinée à faire croire au petit peuple qu'il peut s'élever au-dessus de sa condition. Il n'y a rien de pertinent à apprendre d'un tel spectacle pour un fils Di Salvieri.
— Mais...
— Suffit. Prends plutôt exemple sur ton frère, veux-tu ? C'est tout un milieu auquel tu dois te familiariser si tu dois un jour espérer contribuer à notre empire. Et ne m'interromps plus, je dois discuter d'affaires importantes. »
Son frère ? Il papillonnait entre les nobles, un sourire affable collé aux lèvres et la mine rayonnante. Il était aussi à l'aise dans ce jeu des convenances que Cadell était désorienté. Il pouvait bien s'entraîner à valser de la sorte entre les conversations, à quoi bon ? Il n'arriverait jamais à la cheville d'Aidan.
Cadell s'éloigna la tête basse. Sur l'estrade, la musique enflait comme une fièvre indomptable. À côté de ce Carnaval qui lui tendait les bras, la promesse de tête-à-tête insipides avec les nobles bedonnants de la tribune royale ne l'enchantait guère. Alors qu'il se frayait un chemin vers le garde-corps dans l'espoir de trouver un meilleur point d'observation, il aperçut une silhouette qui se faufilait en contrebas. Une fillette, un peu plus jeune que lui à en croire sa taille fluette.
« Attends ! Qu'est-ce que tu fais ? »
Elle se retourna avec la vivacité d'une chatonne effarouchée. Il vit alors qu'elle tenait plus du sauvageon que de la demoiselle respectable. Elle avait délassé le ruban de son corsage pour nouer ses cheveux en une tresse grossière dont s'échappaient malgré tout des boucles rêches comme le foin. Sa robe bleu pâle était froissée, tachée par endroits. S'était-elle roulée dans la poussière ? Cadell pensa à sa gouvernante ; elle n'aurait pas manqué de s'étrangler s'il s'était montré en société sans son pourpoint, ou pire, avec des effets souillés. Une lueur farouche dans le regard, la gamine lui lança :
« Ça ne se voit pas ? Je m'en vais. On ne voit rien d'ici et la Cérémonie de Passage va bientôt commencer. Hors de question que je la loupe ! »
Cadell coula un regard vers Père. Il était en pleine conversation avec Monseigneur Myrtall, un homme au visage aussi ridé que la surface du canal les jours de gros temps. Autour d'eux, de plus en plus de gens se massaient. Si on le cherchait, il lui serait facile de prétendre avoir devisé avec n'importe lequel de ces messieurs. Ce ne serait pas son premier mensonge... L'attrait de la fête était tel qu'il n'hésita pas longtemps. Il sauta de la tribune pour la rejoindre.
« Je peux venir avec toi ? »
Elle planta ses poings sur sa taille.
« Eh bien... Je ne sais pas si tu es digne de m'accompagner, je ne sais même pas comment tu t'appelles. Mon père dit toujours qu'il faut faire preuve de vigilance dans le choix de ses associés.
— Cadell Di Salvieri. »
Comme elle ne bougeait pas, il lui tendit une main hésitante. C'était inconvenant, mais elle ne semblait pas disposée à lui proposer la sienne afin qu'il la baisât.
« Allez, s'il te plaît ! Je m'ennuie tellement que je vais dépérir. Les amis de mon père ne parlent que de politique ou d'économie. »
Elle le considéra un moment avant de lui serrer la main.
« Eh bien, Cadell Di Salvieri, je te propose un marché. Je te montre la meilleure vue sur le Carnaval de tout Virence et en échange tu me promets qu'il ne sera jamais fait mention de politique ou d'économie entre nous. Jamais, jamais. Vois-tu, j'ai moi-même un père dont c'est le principal souci et je suis lasse qu'on m'en rabatte les oreilles.
— Je ne demande que ça ! »
Elle lui tendit un doigt puis, voyant qu'il ne réagissait pas, insista :
« Promets. »
Il haussa les épaules et l'imita. Puisqu'elle y tenait... Les lèvres étirées dans un sourire satisfait, elle retroussa sa robe jusqu'au genou et enjamba la barrière en bois. Cadell la regarda faire, abasourdi de l'insolence qu'elle déployait.
« Suis-moi ! »
Ils longèrent la place aussi vite que le permettait la densité du cortège. Cadell eut de la peine à suivre le rythme imposé par la fillette, qui n'hésitait pas à pousser du poing les gens qui se trouvaient sur son chemin. Mais où a-t-elle été élevée ? jura-t-il alors qu'un mécréant s'insurgeait d'avoir été bousculé. Il s'en excusa avec une politesse affectée et se hâta de revenir à sa hauteur. Il ne put s'empêcher de baisser les yeux lorsqu'ils dépassèrent les miliciens postés tout autour de la place.
La foule se fit éparse dès lors qu'ils quittèrent les artères principales de la ville. C'était la première fois que Cadell arpentait des rues aussi étroites et sales mais il tut le dégoût que cela lui inspirait. Après quelques minutes de course effrénée, ils arrivèrent devant une discrète grille de métal qui bloquait l'accès à une venelle sombre. La gamine se hissa tout en haut avec la légèreté d'une oiselle. A la voir rejoindre d'une poussée le balcon qui se trouvait à proximité, Cadell comprit qu'elle était rompue à cet exercice d'escalade clandestine. Ignorant la voix désapprobatrice qui s'égosillait dans son crâne, il la rejoignit tant bien que mal, en ne manquant pas de déchirer son pourpoint.
Sur le balcon, ils dénichèrent une échelle qui leur permit d'atteindre aisément le toit du bâtiment. Cadell luttait pour ne pas regarder en bas. Pendant toutes ces années où il avait rêvé s'enfuir par la fenêtre de sa chambre, il n'avait jamais imaginé qu'un tel vertige pût l'étreindre. Il se sentait bien bête à présent.
« On est bientôt arrivés ?
— Ne commence pas à te plaindre, Cadell Di Salvieri ! Elle se mérite, la plus belle vue de Virence. »
Il ne pipa plus mot de son impatience. Ils crapahutèrent encore un moment qui lui parut interminable, avant d'arriver sur un toit de tuiles noires. La jeune fille s'assit au bord et montra du doigt l'estrade où jouaient les musiciens. Cadell avança prudemment jusqu'au vide – il était inconcevable qu'une fille entreprît quelque chose qu'il n'osait pas lui-même – et porta son regard le plus loin possible. Une foule épaisse se massait devant la tribune. D'ici, la Place de l'Union ressemblait à une peinture pleine de taches de couleurs toutes plus vives les unes que les autres, mais ils étaient à distance idéale pour assister à la cérémonie de Passage, le point culminant des festivités. Il prit place à côté d'elle :
« Comment est-ce que tu as découvert cet endroit ?
— Mon père donne des cours à l'Académie. Je monte souvent ici en l'attendant. De l'autre côté, la vue donne directement sur la cour d'entrée. »
Cadell ouvrit des yeux ronds de surprise.
« Tu veux dire que ce sont les toits de l'Académie ? »
Elle haussa les épaules en lâchant un rire cristallin. Il tourna la tête et observa les alentours. Vu d'ici, la perspective était différente, mais il reconnaissait bien la tour Nord et sa majestueuse coupole bardée de mille fenêtres – enfin, c'était ce que murmuraient les rumeurs, il ne les avait pas comptées lui-même. Un frisson lui traversa l'échine. L'Académie était un lieu sacré, il était interdit d'y pénétrer si l'on n'y étudiait pas. Si on les surprenait... Il chassa cette pensée glaçante de son esprit.
En bas, le cortège s'animait, indiquant que la cérémonie était imminente. Il frémit d'excitation à l'idée que l'un de ses rêves d'enfant était sur le point de se réaliser, au nez et à la barbe de Père.
« Au fait, je m'appelle Loeiza.
— Loeiza comment ? »
Elle leva les yeux au ciel.
« D'Altino. »
Elle posa son index sur le petit écusson coloré cousu sur sa manche. Une feuille de lierre argenté. Sourcils froncés, il chercha dans sa mémoire une trace de cet emblème. Il ne lui semblait pas l'avoir déjà aperçu. Elle ricana :
« Ne cherche pas. Père dit que Sa Majesté nous a anoblis très récemment. Nous n'avons pas nos entrées dans les endroits que tu fréquentes. »
Autrement dit, il n'aurait jamais dû se trouver en sa compagnie. Il se sentit d'autant plus coupable d'apprécier ce moment. Il reporta son attention sur la cérémonie. La foule s'écartait pour former un passage qui serpentait jusqu'à l'estrade. Il ne tarda pas à repérer le Passeur ; son habit était d'un vert feuille vibrant, qui éclipsait par son intensité toutes les autres couleurs. Il avançait doucement, au rythme de son escorte. Si Cadell était trop loin pour distinguer les traits de son visage, il les imaginait soucieux, concentrés à l'extrême. N'était-ce pas comme cela que l'on se sentait lorsque l'on portait sur ses épaules le poids de tout un royaume ?
Lorsqu'il posa le pied sur l'estrade en bois, le silence s'abattit sur l'assemblée comme un nuage. La solennité de l'instant était saisissante. Cadell lui trouvait même quelque chose de poétique qui fit naître chez lui une envie irrépressible de dessiner – un passe-temps qui, au fil des années, s'était transformé en réelle passion.
Le Passeur joignit ses mains au-dessus de sa tête, accompagné dans son mouvement par un roulement de tambour languissant. Les choeurs entamèrent une mélopée dissonnante qui ne ressemblait à rien de ce que Cadell connaissait. Petit à petit, un vent scintillant gonflé de feuilles mortes se mit à envelopper le Passeur. Loeiza retenait son souffle, tandis que Cadell tentait de calmer sa respiration. Les chants s'envolèrent vers les aigüs, accompagnant la renaissance des feuilles qui verdissaient maintenant à vue d'oeil.
« C'est incroyable. »
L'espace d'un murmure, tout partit en fumée. Cadall n'entendit qu'un cri, semblable à celui d'un rapace sur le point de fondre sur sa proie, puis un sifflement vif et menaçant. Quelques secondes plus tard, une flèche se planta dans la tête du Passeur. Son corps s'écroula sur l'estrade dans un bruit sourd qui fit l'effet d'un coup de tonnerre, les feuilles cessèrent de virevolter et s'émiettèrent. De la clameur métallique qui s'élevait de la foule, on devinait que les miliciens avaient tiré leur épée. Mais contre qui ? Un mouvement de panique prenait possession du cortège, annihilant toute possibilité de comprendre ce qui se passait sur la place.
Loeiza cria. Un appel strident qui ramena Cadell à la réalité de l'instant. Une main sur la bouche, elle pointa de l'autre un toit, non loin de là où il se trouvaient. Une silhouette encapuchonnée, un arc à la main. Cadell eut le réflexe salutaire de jeter Loeiza à terre mais il jura lorsqu'il vit que l'inconnu les visait. Une flèche siffla juste au-dessus de leurs têtes. Une peur viscérale s'empara de lui. Sans réfléchir, il attrapa le bras de Loeiza :
« Cours ! »
Ils se laissèrent glisser sur les tuiles noires, jusqu'à l'étage inférieur. Cadell sentit une douleur vive au niveau de sa cheville mais ne s'arrêta pas. La terreur leur donna des ailes ; en quelques minutes d'une course effrénée, ils rejoignirent le balcon, puis la grille. Plus aucune flèche ne siffla, mais l'assassin avait-il pour autant lâché l'affaire ?
Dans la ruelle, les passants se bousculaient. Ils furent rapidement noyés dans la foule disparate qui se déversait de toutes parts. Cadell se félicita : même s'ils devaient endurer les coups des fuyards affolés et se faufiler tant bien que mal à contre-courant, au moins était-il impossible à quiconque de les repérer. Le soulagement ne l'étreignit pas pour autant : le chaos était tel que des masques gisaient au sol, déchirés, ensanglantés pour certains. Abandonnés. L'espace sonore était saturé de pleurs et de hurlements qui glacèrent le sang de Cadell. Des questions lourdes comme l'acier l'assaillaient. Pourquoi déchaîner une telle violence ? N'y aurait-il plus de Printemps ? Qu'avaient-ils vu qui nécessitait de les faire disparaître ?
Loeiza le tira de ses pensées :
« On ne pourra pas retourner à la tribune royale, regarde ! »
A une vingtaine de mètres devant eux, les miliciens rejetaient les passants, qui se brisaient comme des vagues sur les rochers. La tribune avait dû être évacuée. Il retraça mentalement le chemin qu'ils avaient parcouru le matin même puis s'écria :
« L'embarcadère ! Suis-moi ! »
Ils se frayèrent un passage dans la débâcle, essayant d'ignorer les images de désolation qui leur sautaient aux yeux. Cadell était à bout de souffle, lorsqu'ils aperçurent enfin le pont de bois où ils avaient accosté. Père, Aidan et leur suite attendaient, aussi immobiles que la foule était mouvante. Après tout ce qu'il venait de se passer, cette vision de sa famille saine et sauve était étonnamment réconfortante.
« Je ne prendrai même pas la peine de te demander où tu étais. Tu me déçois, Cadell. »
Cadell se figea devant la sécheresse de sa voix. Elle ne contenait pas la moindre trace du soulagement que lui-même ressentait ; Père avait-il conscience de ce à quoi ils avaient échappé ? D'ici, on percevait encore les pleurs qui s'élevaient de la Place de l'Union. La foule se déversait en flots irréguliers dans les ruelles attenantes. Les visages étaient fermés. Ils dégoulinaient de larmes et de maquillage. Là où la joie dessinait des sourires quelques heures auparavant, il n'y avait plus que rictus d'effroi, stigmates bleutés et traces de sang séché. Sentant son coeur se soulever, Cadell détourna le regard de ce spectacle. Il n'eut pas le temps de rassembler ses esprits que déjà, Loeiza intervenait, la voix tremblante :
« Ce n'est pas sa faute, Monsieur. C'était mon idée. Je voulais voir la cérémonie de Passage de là-haut et Cadell a eu la gentillesse de m'accompagner... »
La gifle claqua si fort que Cadell sentit sa joue rougir et la douleur se diffuser jusque dans ses tympans. Comme les larmes inondaient ses yeux, il n'osa pas croiser le regard de Père. De toute façon, il n'en avait pas besoin : il sentait l'orage de sa colère peser sur lui, comme s'il voulait le contraindre à disparaître sous terre. Il se laissa même assaillir par un sentiment confus de honte à l'idée que Loeiza avait assisté à cette humiliation. Que devait-elle penser ? Qu'il n'était qu'un poltron qui tremblait devant son père ? Il marmonna :
« C'est injuste. Je ne... »
Il reçut une autre gifle, plus brûlante encore que la première. Il étouffa un cri et porta les deux mains à sa joue meurtrie. Derrière Père, Aidan secouait la tête avec tristesse.
« Injuste ? Je ne crois pas, non. Soit la sottise t'étouffe au point que tu te laisses séduire par les divagations de cette fille de parvenu, soit tu es tellement faible que tu t'aplatis comme un vulgaire laquais quand elle endosse la responsabilité de cette ridicule petite rébellion à ta place. Dans les deux cas, tu as mérité cette correction. Mais crois-moi, fils, tu la trouveras encore bien trop douce en comparaison de ce que je te réserve pour m'avoir désobéi. Il est grand temps que tu comprennes quelle est ta place au sein de cette famille. »
Il avait envie de hurler. Avait-il vraiment sa place au sein de cette famille noble mais froide comme l'acier ? Il n'avait pas la moindre envie d'enfiler le costume qu'on lui destinait depuis sa naissance. Mais lui demandait-on seulement son avis ? Pris d'un vertige, il libéra des sanglots de frustration. Les images de l'estrade ensanglantée s'imposèrent à lui ; dans sa tête, il continuait d'entendre les cris de terreur de la foule, les éclairs provoqués par la collision des épées. L'affolement. Le bruit des corps en train d'exhaler leur dernier soupir. Père était-il seulement capable d'inquiétude ou d'amour ?
À ses côtés, il sentit Loeiza s'agiter. Ses doigts s'emmêlaient, traduisant son malaise. Elle ne quittait pas des yeux le sol en bois de l'embarcadère. Il fut saisi d'un besoin instinctif de la rassurer mais les mots de Père résonnaient à l'intérieur de son crâne. Fille de parvenu. Etait-ce là tout ce qu'il y avait à dire d'elle ? Son ascendance devait-elle effacer son audace et le tintement délicieux de son rire ? Et lui dans tout ça ? Qui était-il ? Tétanisé, incapable de la moindre parole, il se laissa traîner par le bras vers la gondole. Loeiza le couva d'un regard où perçaient des sentiments contradictoires – de la colère, un dédain qui s'acoquinait avec la pitié, mais aussi une franche inquiétude et... une forme de tendresse ? Il en garda le souvenir imprimé sur la rétine, même après que la silhouette de la jeune fille se fut évanouie. Par contre, il eut toutes les peines du monde à définir lequel de ces sentiments prenait le dessus sur les autres et ce questionnement ne cessa dès lors de l'accompagner.
Je viens par le biais d’instagram, et par curiosité, pour découvrir ton texte et je ne le regrette pas. Je trouve que c’est un excellent premier chapitre qui pose bien les bases de l’histoire. Le personnage de Cadell est très bien décrit, et le chapitres révèle dès le début certains traits de son caractère et de sa situation familiale qui permettent de s’attacher à lui. Au travers de certaines de ses observations un peu naïves, je lui donnerai dans les 12-14 ans.
La mise en situation et la découverte de la scène est amenée de façon fluide par le protagoniste et est bien rendue par les descriptions précises. J’ai le sentiment qu’il y a eu beaucoup de recherches. Le choix des mots et du registre de langue est complètement en phase avec l’époque et le lieu qui rappelle Venise.
Le personnage de Loezia est très intrigant car plus en décalage avec le reste du fait de son comportement et de son insolence. Le texte la décrit comme plus jeune, mais son attitude et son langage me donne une impression de maturité par rapport à Cadell. Elle apparait comme plus dégourdie, mais aussi plus au fait des différentes familles et de la politique. Ce déséquilibre est encore renforcé par le fait qu’elle cherche à prendre la défense du garçon face à son père à la fin du chapitre. Est-ce que c’est volontaire ?
Le rythme du chapitre s’accélère à partir du meurtre du Passeur. Seul bémol, j’ai trouvé curieux que l’assassin vise les deux enfants et cherche à s’en prendre à eux, témoins malheureux, alors que de façon plus logique je me serait attendu à ce qu’il prenne la fuite pour échapper aux miliciens mentionnés plus haut dans le texte.
L’altercation avec la figure paternelle froide et autoritaire à la fin est intéressante, le mystère autour du meurtre et le personnage de Loezia incitent à tourner la page pour en savoir plus.
Côté forme, juste 2 petits détails:
- Elle se retourna avec la vivacité d'une chatonne effarouchée. Il vit alors qu'elle tenait plus du sauvageon que de la demoiselle respectable. Elle avait délassé (délacé ?) le ruban de son corsage pour nouer ses cheveux en une tresse grossière dont s'échappaient malgré tout (est-ce que le « malgré tout » est nécessaire ?) des boucles rêches comme le foin.
Bravo pour ce premier chapitre, j’aime beaucoup ta plume et j’ai hâte de lire la suite.
Depuis le temps que je me dis qu'il faut que je vienne jeter un coup d'oeil, je me lance enfin =D
J'aime beaucoup ce début, où tes descriptions nous mettent tout de suite dans l'ambiance ! Elles sont vraiment cool, très imagées sans faire trop lourdes ^^ Et mine de rien, c'est pareil pour les informations, on apprend pas mal de choses sans que cela fasse trop indigeste.
On ressent vite beaucoup d'empathie pour Cadell je trouve. On comprend vite que c'est pas un méchant bougre mais que, vraiment, il est pas fait pour suivre les traces de son père et que celui-ci est pas la personne la plus amicale du monde ^^"
Pour l'incident, même si on s'y attend avec le résumé, ça calme directement ='D Par contre, j'ai un doute. L'assassin a tué une seule personne, et après, c'est le mouvement de foule qui fait des dégâts, ou il y a d'autres meurtres de la part d'assassins ?
En tout cas, la fin donne vraiment pas envie d'en connaître plus sur la paternel ='D Dans une situation de crise, c'est bien de garder le contrôle de ses nerfs, mais là, ça fait beaucoup pour le pauvre Cadell ^^"
En tout cas, je suis très intriguée par tout ça, et je reviendrai lire la suite =D
Ma seule préocuppation est le fait que Cadell et Loeizan, des enfants, ne témoignent pas de la présence d'un assasin qui, potentiellement, leur cours après.
Sinon pour les prochains HOs, je suggérerai le titre de "Pire père ou figure parental" car c'est un thème que je croise souvant.
Je suis contente que le début te plaise, et ta remarque soulève des questions qui vont m'être utiles. Dans ce premier chapitre, Cadell a autour de 13 ans, Loeiza est un poil plus jeune. Dans la suite, on les retrouve 10 ans plus tard !
Je découvre ton récit suite à son inscription aux HO. Le descriptif qui en est fait m'a beaucoup rappelé l’œuvre de Jaworski, et en fait, pas du tout ! Tu décris très bien l'ambiance vénitienne de la Renaissance et l'opposition entre aristocrates arrogants et bourgeoisie gagnant en statut; on sent bien le tiraillement que ressent Cadell entre le respect craintif de la figure paternelle et son incompréhension croissante au fil du chapitre.
Je suis un peu surpris que dans la dernière partie du récit, l'assassinat du Passeur ne soit même pas évoqué par le père de Cadell; si j'en crois ton résumé, il s'agit d'un élément central de l'histoire. Peut-être qu'à ce stade, personne n'en est encore conscient ? Tout de même, un assassinat en pleine rue, ce n'est pas rien (d'ailleurs cela crée une panique générale) ! J'imagine bien que cet homme n'est pas du genre à perdre son sang-froid pour si peu, mais de là à ne même pas mentionner l'événement, cela m'étonne.
J'aime vraiment beaucoup la construction du personnage de Cadell, pour l'instant. Celle de Loeiza sera, j'imagine, étoffée par la suite, un prétexte de plus pour poursuivre ma lecture !
PS: j'ai vu dans un commentaire être soulevée la question des majuscules pour les particules; la majuscule doit être conservée quand elle est présente dans la langue d'origine. Certes tu écris en français, mais on peut légitimement considérer que les noms sont d'inspiration italienne, et (après confirmation) tu as bien raison de conserver la majuscule dans ce cas précis !
Merci beaucoup pour ton commentaire et bienvenue dans cette histoire ! Je suis contente que ce début te plaise, et te donne envie de continuer !
Je me note ta remarque sur le père de Cadell, en effet c'est quelqu'un qui se laisse rarement perturber, mais une mention de l'événement ne serait peut-être pas de trop. Merci à toi, j'adore les retours qui me permettent d'améliorer le texte !
Ce premier chapitre est très efficace : on arrive à dessiner les personnages principaux, leurs relations (souvent conflictuelles) entre eux, le décor est posé. Et justement, tu ne tombes pas dans la surenchère descriptive comme on peut être tenté-e de le faire lorsqu'on crée une histoire dans un lieu et une époque précises qui nous fait voyager. A la place, tu nous jettes des éléments de description par-ci par-là, si bien qu'on arrive à percevoir ton décor par touches, avec beaucoup de couleurs et d'ombres.
J'ai eu un petit doute sur la rencontre avec Loeiza : je me suis demandée si cette rencontre ne manquait pas un peu de prétexte (ils se croisent, et c'est tout). Mais en réalité, trouver un plus gros prétexte de rencontre pourrait ne pas être très subtil, alors au final... Je te partage mon doute au cas où tu t'étais posée la question, et histoire d'être un peu constructive !
A bientôt ;-)
Je suis contente que le premier chapitre t'ait plu et que les éléments descriptifs ne t'aient pas semblé trop omniprésents, j'aime dessiner des ambiances par petites touches.
Je note ta remarque et je vais y réfléchir ! J'espère que la suite te plaira si tu t'y aventures. <3
J'essaie de te donner mes remarques au fil du texte et quelque chose de plus général sur ma lecture à la fin ;)
L'introduction de Cadell me laisse un peu perplexe. Il y a des éléments qui, s'ils ne se contredisent pas réellement, se tire dans les pattes et ne me permettent pas de me faire à ce stade une idée un peu solide de lui : il arrive sur la gondole en baillant, puis tu nous parles d'un enfant impulsif et qui songeait jusque là à s'enfuir par les toits pour assister au carnaval. Alors c'est sans doute juste qu'un enfant baille si on le lève trop tôt, mais l'excitation qui l'animait quand il ne pouvait pas s'y rendre semble avoir disparu. Tu nous parles d'un enfant qui vif, mais nous montre un garçon encore ensuqué. Ce peut-être intéressant de dire qu'il réprouve un bâillement vis-à-vis du regard de son père, ou alors simplement que ses yeux grands ouverts lui piquent. Mais sur un passage si court qui introduit le personnage, peut-être harmoniser ce que tu présentes pour faire ressortir la dynamique et la personnalité de Cadell ?
« Il devait désormais endosser son rôle d'héritier de l'empire Di Salvieri – un masque qui le terrifiait bien plus encore que ceux des démons d'Hiver qu'il apercevait souvent dans les vitrines des marchands mais que son frère embrassait avec un plaisir agaçant. »
Actuellement, son frère embrasse avec un plaisir agaçant au mieux les masques des démons d'hiver, au pire les vitrines des marchands. Il faut que tu refermes les tirets pour qu'il embrasse son rôle d'héritier.
« et la rose trémière des D'Ello. »
Pas de majuscule à la particule.
« Il ne tarda pas à les repérer : un groupe d'une dizaine de Virentins »
Pas très joyeux cette rencontre du pluriel « les » pour arriver à un singulier « un groupe ». Même si après il y a dix Virentins, syntaxiquement il y a un écart.
« Ils reprenaient avec grâce les thèmes des tableaux de maître qui ornaient le plafond de la cathédrale. »
Si c'est peint au plafond, ce ne sont pas des tableaux mais des fresques.
« Il bouillonnait d'excitation.
Brûlant d'impatience »
On reste du côté de la chaleur, mais pour une fin de paragraphe et l'ouverture du suivant, le changement de l'eau au feu ne fait pas grand sens, et les deux images restent pauvres car assez usées en elles-mêmes. Tu as certainement moyen de proposer mieux !
« abasourdi de l'insolence qu'elle déployait. »
C'est moins de l'insolence que de l'inconvenance.
« La gamine se hissa tout en haut avec la légèreté d'une oiselle. »
Tu la décrivais comme chatonne, maintenant oiselle. C'est intéressant parce que ça paraît annoncer qu'elle peut-être proie autant que prédateur, même si toujours agile.
Le moment où le Passeur est abattu manque un peu de forme. On n'entend pas la panique de la foule, on ne discerne plus son mouvement, et j'aurais trouvé intéressant qu'on en revienne à cette image de tableau, car des tableaux de foules en panique, il y en a à la pelle.
Tout le passage de la fuite puis du retour à l'embarcadère manque aussi un peu de contenance. Tu nous donnes des visions de cette foules, mais répétitive, et qui laisse place à d'autre question : pour que sa famille soit immobile au milieu du mouvement, sans doute y a-t-il des gardes pour empêcher la panique de les atteindre, il lui faut les passer ? Pour ce qui est des pensées de Cadell, évidemment, elles sont confuses, mais peut-être trop pour que cela ne reste qu'au niveau du personnage. C'est vraie qu'il soulève beaucoup de question : l'injustice des classes sociales, la place écrasante de sa famille, la différence des rangs qui balaie la valeur des individus, son incapacité à se fondre dans cette sphère politique, sa crainte et son incompréhension de la figure du père, son sentiment d'infériorité vis-à-vis de son frère, etc. Tous ces axes se rejoignent à la fin, mais tu ne parviens pas tout à fait à les nouer. Ils m'ont semblé là, présent, mais comme des cordages au sol et c'était à moi de les agencer. Or, vu la qualité du début du chapitre, je n'ai pas de doute sur le fait que tu es complètement capable d'exposer ces problématiques au milieu de cette scène de tension majeure !
Sans cela, ma lecture a été très fluide et plaisante. L'immersion à Virence est parfaite par le rythme de ta plume, tes choix lexicaux et les images que tu déploies et tissent entre elles.
Le personnage de Loeiza donne immédiatement le sourire. Elle dégage quelque chose de solaire là où Cadell est écrasé par les ombres qui pèsent au dessus de lui. Pour autant, il a aussi ma sympathie, même s'il m'a été moins évident de me positionner par rapport à lui, du fait de son introduction un peu maladroite au tout début, puis de ses introspections manquants d'une direction saillante à la fin.
Je reviens bientôt lire la suite avec plaisir ;)
Pour l'introduction de Cadell, je pense que tu as raison. Le bâillement était là pour rappeler sa jeunesse, mais il serait beaucoup plus intéressant s'il était mis en relation avec le père. Je me le note pour la réécriture !
Pour la phrase malheureuse, il me semble l'avoir entièrement remaniée dans la deuxième version de ce premier chapitre. Elle n'était pas claire du tout.
Je me note d'enlever les majuscules aux particules, c'est une erreur que j'ai faite dans tout le roman (au moins, je suis cohérente dans ma bêtise haha !).
Je pense que tes commentaires sur la fin du chapitre s'expliquent beaucoup par la jeunesse de Cadell, et le fait qu'il est un peu submergé par tout ce qui se passe autour de lui. Il faut que je trouve un moyen d'atténuer ça, tout au moins de clarifier toutes les problématiques internes qui sont les siennes.
En tout cas, merci beaucoup pour ton commentaire. C'est un retour super constructif et je pense que je vois totalement comment améliorer ces points. J'espère que Cadell te semblera plus clair dans la suite, cela dit !
J'ai beaucoup aimé cette introduction, Cadell est mignon tout plein dans le rôle de "oh purée une fille fait des trucs que je rêve de faire mais que je n'ose pas".
J'ai trouvé un juste équilibre entre description / action, on découvre les familles de la noblesse avec quelques mots sur leurs couleurs / symboles du coup ça passe tout seul.
Loeiza semble un peu plus conscience que lui des enjeux et de leur place mutuelle ; on voit que les puissants n'ont pas conscience des petits, alors que les petits connaissent forcément les puissants.
Et la dernière scène, où Cadell se soumet à l'autorité parentale tout en ayant envie de s'en libérer... ça va lui faire se poser des questions sur la suite ^^
Ce que tu relèves me fait super plaisir, je pense que tu as bien compris certains des enjeux de la suite.
Quel plaisir de relire ta plume après tout ce temps <3 J'ai découvert plume d'argent grâce à toi, d'ailleurs (quoi ? Comment ça stalker ton profil instagram et lire tes articles de blogs ? C'est faux, je ne vois pas de quoi tu veux parler !)
En tous cas, je me souviens que tu parlais de ce roman les dernières fois que je me suis connectée sur le forum, je suis donc très contente de le découvrir à présent ^^
J'aime toujours autant ta façon d'écrire, tellement fluide, tellement poétique et imagée. Je suis très heureuse de replonger dedans ^^ J'aime beaucoup le fait que tu prennes ton temps pour nous immerger dans l'ambiance, dans le décor. J'ai vu que certains de tes lecteurs trouvaient ça un peu long, cela ne m'a pas gênée, personnellement, mais je crois que mon seuil de tolérance à des rythmes lents est plus élevé que la moyenne en raison de mes lectures des siècles derniers xD Pour moi ce début est vraiment parfait (je râle plutôt à l'inverse, quand il n'y a pas de description et pas de contexte, du coup je crois que je suis parfaitement ton lecteur type à la différence que je ne suis pas très fantasy, j'y reviens dans le paragraphe suivant).
Comme indiqué plus haut, donc, si ça n'avait pas été ton roman, je crois que je ne l'aurais pas ouvert parce que j'ai un peu saturé de la fantasy et que j'ai tendance à trouver ce genre irréaliste (et parfois illogique) dans l'interprétation qu'il fait des périodes historiques (le Moyen Âge souvent, mais pas toujours) qui lui servent d'inspiration. Et avec ton premier chapitre... eh bien je n'ai pas râlé. Non. Sur rien. Rien du tout ! Du coup, au nom de tous les médiévistes grognons et de tous les maniaques de la cohérence interne des romans... merci <3
Ton commentaire me fait hyper plaisir ! Je crois que de toute façon, même si je le voulais, je ne pourrais pas m'empêcher d'être dans la description et l'introspection, parce que c'est comme ça que je perçois mon histoire et mes personnages. Je suis très heureuse que ça t'ait plu !
Et très heureuse aussi de ne pas avoir commis de grave faute historique pour le moment ! Même si c'est de la fantasy historique, j'essaie d'être cohérente au maximum avec l'époque, par souci du détail. Evidemment il y a des choses où je force le trait parce que c'est le propos du roman, typiquement la place de la femme dans la société. Mais j'ai tellement peur de faire des incohérences involontaires. Donc si jamais tu trouves une incohérence, n'hésite pas à me le signaler, il est possible que je sois passée à côté !
Merci encore pour ton commentaire ! <3
Il se lit facilement. Tout est bien expliqué. Tu as posé les bases de l'histoire.
J'ai mis du temps à venir lire, mais je ne regrette pas.
À bientôt.
Alisée.
Je suis toujours très heureuse de gagner de nouveaux lecteurs, j'espère que la suite te plaira ! <3
Ce premier chapitre est très intéressant ! Il soulève pas mal de questions, ce qui donne envie de lire la suite ;)
Tes personnages sont très attachants (enfin Cadell et Loeiza hein, le père pas trop :/ ), et je trouve les noms très jolis :p
Moi qui ne suis pas très fan des descriptions, j'avoue que là, même s'il y en a eu pas mal, ça ne m'a pas dérangée. Elles sont assez rythmées, et peut-être que le fait qu'on perçoive les choses du point de vue de Cadell, qui s'extasie, heureux de découvrir tout ça, fait qu'elles ne sont pas ennuyantes ^^ En tout cas bravo ! :p
J'aime beaucoup ta plume, et j'ai très hâte de lire la suite :p
Ce chapitre a été corrigé depuis, l'essentiel ne change pas mais je pense que ses défauts ont disparu, je l'espère en tout cas. J'espère que la suite continuera de te plaire si par hasard tu t'y aventures !
La lecture de ce premier chapitre était un vrai régal ! J'ai apprécié chaque phrase et toutes ces magnifiques métaphores. Tu plonges le lecteur dans ton univers et on a l'impression de voguer sur le canal aux côtés de tes personnages, c'est délicieux !
Tes descriptions sont très belles, et même les plus longues ont quelque chose de dynamique qui fait qu'on ne s'ennuie pas et qu'on visualise très bien la perception de Cadell. On s'attache vite au personnage, on sent sa force et sa détermination malgré la présence de ce père pas très commode… Je me suis d'ailleurs rendu compte que son entourage était très masculin et ça a fait tiquer ma curiosité : est-ce qu'il a une mère quelque part ? Une soeur peut-être ? Ou est-ce qu'il n'est entouré que de son père et de son frère, avec sa gouvernante pour seule présence féminine ? J'ai hâte de lire la suite pour le découvrir !
Je rejoins les autres commentaires pour la question du rythme au début. J'avoue que lors de ma première lecture, j'étais un peu fatiguée et j'ai eu du mal à accrocher, mais lors de la deuxième, j'ai justement beaucoup apprécié ce début qui nous plonge en douceur dans le décor à travers les yeux du personnage principal. Le débat est donc ouvert : dynamiser le début ou pas ? C'est peut-être Codan qui a trouvé la meilleure solution avec cette idée de commencer le chapitre en montrant tout de suite la tension entre Cadell et sa famille. C'est un choix qui me semble tout à fait pertinent et qui permettrait au lecteur de s'attacher dès les premières lignes à ton personnage, si bien que la description qui s'ensuit coulerait comme de l'eau de source.
Apparemment, tu as déjà revu ce premier chapitre, alors j'attends avec curiosité de découvrir la nouvelle version !
Et un petit détail qui m'a fait sourire à plusieurs reprises : la manière dont certains personnages poussent ceux qui sont sur leur chemin sans aucune gêne, ça promet des échanges physiques mémorables : )
Pour finir, j'adore ton style et je trouve que tu as une très belle plume. C'est aussi extrêmement agréable de lire un texte sans se prendre les pieds dans des coquilles toutes les trois lignes. C'est peut-être bête, mais merci pour ça !! Même si j'ai quand même trouvé une mini coquillette parce que j'ai un radar derrière mes lunettes ; ) :
- « Vu d’ici, la perspective était différente, mais il reconnaissait bien … » -> Vue d’ici (la perspective)
Et il y a aussi la faute de frappe déjà relevée par Isapass (Cadall -> Cadell).
Je vais de ce pas découvrir la suite !
Concernant le rythme du début, j'ai tranché en gardant le même esprit contemplatif mais en le rendant tout de même plus dynamique. Il est donc plus court et on arrive plus vite au moment où la gondole accoste ! Je pense que ça résout le souci qui a été remonté par pas mal de lecteurs !
Merci pour les deux coquillettes, je vais corriger ça tout de suite ! :)
Le scénario que tu proposes pour ce premier chapitre est intéressant. On découvre la ville dans les yeux de Cadell, on découvre les personnages, on sent les tensions de la noblesse virentine, et puis il y a l'assassinat qui est l'élément déclencheur de ton histoire. Le fait est que les conséquences de cet assassinat ne sont pas assez mises en valeur, je me rend compte en effet que lorsque j'ai lu la première fois, je n'en avais pas perçu tous les enjeux. Cela dit, ton premier chapitre est très riche et présente déjà beaucoup de choses, ce n'est qu'un détail à remanier :)
Moi j'aime ce que tu présentes de ton univers. On voir quand même les recherches, on sent une texture historique derrière. Je vois ton inspiration vénitienne, j'entends et je vois plein de choses quand tu décris la ville. J'aime les détails sur lesquels tu fais attarder le regard du lecteur à travers les yeux de Cadell : les blasons, les capes, les couleurs. Son regard est intéressant, parce qu'il a la passion de dessiner, et cela se sent un peu. Peut-être accentuer cela ? En tout cas, je pense que ton histoire de Passeur davantage mise en valeur ne pourrait qu'enrichir ton univers.
Les personnages sont le points forts de ton histoire. On en perçoit très bien les caractères, ils sont forts. J'aime également le fait que les personnages secondaires, comme la famille de Cadell ici, sont aussi très reconnaissable. Les tensions qui les agitent sont bien présentées. D'autant plus que cette énorme gifle là, je viens de me rendre compte à quel point elle était centrale dans le développement de Cadell : s'il a été élevé avec ça, pas étonnant qu'il soit discret et qu'il observe beaucoup avant d'agir, d'où aussi son "don" d'observation qui peut lui servir pour le dessin... Je sais que le père est détestable mais je le trouve tellement intéressant pour expliquer Cadell !
Ce chapitre est un bon déclencheur et lance bien ton histoire. Tu poses les clefs pour la suite, notamment la promesse entre Cadell et Loeiza (qui, on se doute, ne va pas être respectée ehehe). Il est vrai qu'à la relecture, et avec les commentaires de Rachael et Isapass, on se trouve avec deux parties : une partie très descriptive avant que l'embarcation n'accoste, et la suite. Elles l'ont très bien fait remarqué :) J'aime particulièrement l'ambiance entre les fils et le père, on sent qu'il y a quelque chose, une énorme tension entre Cadell et les deux membres de sa famille présents. Peut-être s'en servir dès le début pour l'accentuer ? Ca pousserait le regard du lecteur à se poser directement sur les personnages au lieu de faire ce détour assez long sur le décor / contexte. Et oui, je me rends compte que tu as beaucoup de tell dans cette première partie, sans doute faut-il remanier tout ça pour que ton tell soit distillé un peu partout au lieu d'être balancé dès le départ ?
Tu sais bien que j'adore ta plume. Il est vrai que certaines formules peuvent paraître ampoulées, mais ce que j'aime, c'est que tu parviens à les récupérer pour en faire quelque chose de cohérent. Le vocabulaire est riche, varié, et j'avoue me perdre avec délectation dans tes phrases comme : "Leur chant déferlait sur les canaux et les venelles d'une Virence encanaillée, charriant avec lui la promesse d'un Carnaval inoubliable. " "Leurs masques étaient d'une rare splendeur. Ils reprenaient avec grâce les thèmes des tableaux de maître qui ornaient le plafond de la cathédrale. Les motifs bleu outremer qu'arboraient certains d'entre eux ne laissaient pas la moindre place au doute : leurs propriétaires ne manquaient pas d'argent et la discrétion ne les étouffait pas. " "L'espace d'un murmure, tout partit en fumée. Cadall n'entendit qu'un cri, semblable à celui d'un rapace sur le point de fondre sur sa proie, puis un sifflement vif et menaçant. Quelques secondes plus tard, une flèche se planta dans la tête du Passeur." Et encore...
Bref, tout ça pour dire ce que tu sais déjà : j'aime énormément ton histoire, et ta plume est magique. Le reste, ce sont des détails à reprendre.
J'ai réécrit tout le chapitre 1 en prenant en compte les commentaires qui m'ont été laissés ici, et qui étaient d'une grande pertinence. Je pense poster bientôt la nouvelle version, j'espère qu'elle comblera les petits manques que tu mentionnes !
J’ai lu le commentaire d’Isapass avant d’écrire le mien, et je suis très en phase avec elle, y compris sur les détails (j’avais noté les mêmes, en partie).
Donc je vais juste rajouter quelques réflexions de mon cru : C’est un joli début, ton écriture est très agréable. Tu as choisi de nous montrer la rencontre entre tes deux personnages et aussi l’assassinat qui « lance » toute l’histoire. Je trouve que c’est un bon choix, avec cependant le défi qui sera de rester à ce niveau par la suite. Tu as accroché le lecteur, ce qui est génial, il faudra le garder ! Les personnages sont bien campés, on voit déjà leur personnalité, ça aussi c’est super.
Mon seul bémol c’est le début, qui est à mon avis un peu trop long avant qu’on entre dans le cœur du chapitre. Pas de souci pour un chapitre « normal », mais là, c’est le premier, il faut éviter, je pense, une trop longue exposition avant de rentrer dans le vif du sujet. Là, le chapitre prend vraiment vie au moment où la gondole accoste.
Il me semble que certaines informations données au début (comme par exemple le fait qu’il est héritier, ou que c’est son premier carnaval, ou que les ruelles sont dangereuses), pourraient être insérées plus tard dans le chapitre, quand on a déjà fait connaissance avec le personnage. C’est bien sûr à toi de voir, mais il me semble qu’il faudrait dynamiser le début, pour qu’il soit à la hauteur du reste du chapitre.
L'atmosphère est bien dépeinte, on capte tout de suite la dichotomie entre l'ambiance de fête et les contraintes et autres interdictions auxquelles Cadell est soumis.
Quant aux deux personnages, on commence très vite à sentir leurs personnalités : Cadell est un peu réservé et pas forcément très audacieux (mais on le comprend, vu les sanctions infligées par son père à la fin), mais rêveur. Et Loeiza (pas facile à prononcer...) semble au contraire beaucoup plus libérée et téméraire. Un duo prometteur, en somme !
J'ai eu l'impression que tu t'étais senti plus à l'aise à partir du moment où la gondole accoste. Le début est un tout petit peu plus hésitant : je n'ai pas compris si Cadell avait le droit ou non d'assister au carnaval, ni quand (voir plus bas) et j'ai trouvé que certaines de tes comparaisons ou métaphores, bien que très bien trouvées, alourdissaient tes phrases. C'est à prendre avec des pincettes, hein : ta plume est très agréable ! Mais elle est aussi très riche, du coup, attention aux phrases longues et aux propositions imbriquées (je me permets de te le dire parce que j'en abuse moi-même alors je les vois chez les autres ;) ).
En tout cas, je continuerai avec plaisir, je te mets dans ma PàL.
Quelques détails et pinaillages (j'adore pinailler, surtout quand il n'y a que des pinaillages à faire ;) ) :
"d'accoutumée, sa gouvernante Élise ne le tirait de ses draps de satin" : cette tournure m'a laissée perplexe. Je n'avais jamais vu "D'accoutumée" mais plutôt "d'ordinaire" ou "à l’accoutumée". Peut-être à vérifier ? (sinon, au temps pour moi)
"Ce jour s'était fait attendre, à tel point que Cadell avait souvent songé à s'enfuir par les toits" : je me demande si l'utilisation du plus-que-parfait est pertinente ici. Ça donne l'impression que ce jour s'est longtemps fait attendre, mais plus maintenant. En général, on utilise ce temps pour une action terminée, dans une narration au passé. Or, en lisant la suite, l'action n'est pas terminée puisque, si j'ai bien compris, il n'a toujours pas le droit d'y aller. Du coup, peut-être que "Ce jour se faisait attendre" serait plus adapté ? Mais ceci dit, je ne suis pas sûre d'avoir compris si oui ou non, il allait maintenant aux cérémonies. Je pense qu'il faudrait revoir les temps et enchaînements à ce sujet (n'hésite pas à me dire si je ne suis pas claire : j'essaierai de préciser)
"Il devait désormais endosser son rôle d'héritier de l'empire Di Salvieri – un masque qui le terrifiait bien plus encore que ceux des démons d'Hiver qu'il apercevait souvent dans les vitrines des marchands mais que son frère embrassait avec un plaisir agaçant." : je trouve cette phrase un peu complexe. Je me suis demandé pourquoi le frère embrassait les masques dans les vitrines, avant de comprendre qu'il embrassait le masque d'héritier. Et encore, je ne suis pas très sûre.
"Comme elle ne bougeait pas, il lui tendit une main hésitante. C'était inconvenant, mais elle ne semblait pas disposée à lui proposer la sienne afin qu'il la baisât." : à vérifier pour l'Italie, mais en France, on ne faisait pas de baise-main aux demoiselles, seulement aux femmes mariées et aux veuves. On serrait la main aux demoiselles.
"Vois-tu, j'ai moi-même un père dont c'est le principal souci et je suis lasse qu'on m'en rabatte les oreilles." : le verbe "rabattre" est utilisé à tort, il me semble. L'expression correcte est "rebattre les oreilles" et non rabattre.
"Mais où a-t-elle été élevée ? jura-t-il alors qu'un mécréant s'insurgeait d'avoir été bousculé." : pourquoi "mécréant" ? + Tu dis "jura-t-il" dans ton incise, mais il n'y a pas de juron dans la réplique, du coup je me suis demandé si tu n'avais pas coupé la réplique en oubliant de modifier l'incise.
"Cadall n'entendit qu'un cri, semblable à celui d'un rapace sur le point de fondre sur sa proie," : Cadell pas Cadall ;)
"Loeiza le couva d'un regard où perçaient des sentiments contradictoires – de la colère, un dédain qui s'acoquinait avec la pitié, mais aussi une franche inquiétude et... une forme de tendresse ?" : je trouve cette analyse un peu trop fine pour l'âge et l'état dans lequel il est, non ?
A bientôt !
Du coup je trouve ça dommage que tu n'insistes pas là-dessus. On mesurerait mieux l'énormité du truc si tu expliquais (une phrase peut suffire) que la cérémonie déclenche le retour du printemps. Non seulement l'archer commet un attentat, mais en plus, il prive les habitants de ton monde de printemps, c'est énorme. Peut-être que tu pourrais décrire un peu plus la panique de la foule, ou ajouter un instant de sidération générale avant la panique : un silence total sur la place, les corps figés, les yeux écarquillés...
Tu as bien compris : la mort du Passeur empêche littéralement le printemps de revenir sur le continent. Et je crois que tu as raison : je devrais insister davantage sur cet aspect-là.
Je suis contente que tu apprécies Cadell et Loeiza (qui se prononce Lo-i-za) car le roman tient beaucoup de leurs dynamiques internes.
Et je suis d'accord avec toi sur la fragilité du tout début ; c'est sans doute encore trop terne. Peut-être devrais-je songer à le débuter lorsque la gondole accoste.
Bref, je te remercie énormément ! Ton commentaire me booste. J'espère que tu apprécieras la suite.