Chapitre 1

Janvier 1830, Alger.

« JE NE SOUHAITE PAS ME MARIER, QUE N'AVIEZ-VOUS PAS COMPRIS DANS CETTE PHRASE ? »

Des pas hâtés résonnèrent dans le corridor marbré, suivi de près par ceux de ses fidèles servantes et confidentes.

« Calmez-vous Lalla » tenta une voix au fort accent « Ne serait-il pas plus raisonnable de se poser un instant, et de reconsidérer votre décision ? Votre père se languit de pouvoir un jour rencontrer ses petits-enfants... »

Fulminante, ladite ''Lalla'' jeta un regard enragé, empreint d'un dégoût et d'un sentiment de trahison envers son aînée. Les poings serrés et tremblotants, elle essaya par tous les moyens de ne pas déverser sa colère sur elles.

« Jazia n'a pas tort... » Défendit une seconde voix féminine « Tu es en âge à présent Tennila, les prétendants se ruent aux portes du palais, demandant ta main auprès du Dey. » Elle se tut un moment, effrayée par la future réaction de son altesse et amie de toujours.

Hésitante, la brunette posa sa main sur l'épaule de la jeune princesse dont le visage crispé déformait ses traits habituellement doux. « Tu lui dois bien ça, il a jusqu'aujourd'hui, refusé toutes offres et ce, à ta requête. Mais lui aussi, voudrait te voir mariée comme ta sœur. Une femme sans homme pour s'occuper d'elle est très mal vue et tu le sais » lui murmura-t-elle près de l'oreille.

Les autres domestiques regardaient d'un œil attentif l'échange entre les deux jeunes femmes, appréhendant la réponse probablement, envenimeuse de leur employeuse.

Rapprochant son visage jusqu'à frôler le nez de son amie. Nullement intimidée par la princesse, elle poursuivit

« Souhaites-tu être aperçue comme étant une femme ''dépravée'' ? A te balader dehors du haut de tes 24 années, seule ? Qu'en dira le peuple ? Ne lui fais pas honte Tennila »

Tennila la pointa furieusement du doigt avant de murmurer à son tour, à l'abri des oreilles indiscrètes des autres femmes présentes

« Surveille tes paroles Yasmina, ne t'avise plus jamais » elle colla son long doigt contre sa poitrine à ses mots « de me manquer de respect, n'oublie pas d'où tu viens et avec qui tu parles »

Une bataille visuelle se joua entre elles, chacune voulant faire entendre raison à l'autre.

« Je refuse de me retrouver enfermée avec un homme que je ne connais pas, uniquement pour faire plaisir à un père absent, et sûrement pas pour mettre au monde des héritiers » cracha la fille du Dey « Je ne veux pas finir comme vous toutes. » poursuivit-elle.

« Tennila, je t'en prie -» La voix frustrée de Yasmina fut brusquement interrompue par une main devant elle, lui intimant de se taire.

« Allez-vous en » ordonna-t-elle d'un ton étrangement calme étant donné la situation. Voyant que personne ne bougea, elle finit par exploser « J'AI DIT ALLEZ VOUS-EN »

Jazia, l'ancienne nourrice mais également amie de la jeune princesse, baissa la tête, peinée. Avant de pousser ses collègues vers la sortie. Quant à Yasmina, elle scruta Tennila un instant, un regard désapprobateur ornant son visage finement sculpté, puis répondit une dernière fois, se dirigeant vers les servantes.

« Tu ne feras qu'apporter le déshonneur sur lui. Passez une agréable journée, Lalla. »

La respiration saccadée et les cheveux ébouriffés, elle poussa un cri de rage, révoltée que même Yasmina ne semblait être de son côté. Elle s'assit rageusement sur un pouf en cuir non loin d'elle, des larmes de tristesse dévalaient sur ses joues rosées pour atterrir sur la fabrique de sa robe magnifiquement brodée. Elle sanglota durant quelques minutes, frottant son pouce contre le tissu en soie décoré de part et d'autre avec du fil doré.

« Je ne veux pas, non je ne veux pas » bredouilla-t-elle à répétition

Pourquoi devait-elle exaucer les souhaits d'un homme qui n'a jamais été à ses côtés ? Un homme dont seul le titre l'identifiait comme son père.

Elle voulait voyager, s'enfuir de sa cage incrustée de Diamonds, elle voulait découvrir.

Elle voulait vivre.

Au loin l'Adhan résonnait dans les quatre recoins d'Alger, causant le silence total de la part de ses habitants. Femmes, hommes, enfants et même animaux. Tous se turent à l'élévation de la voix de l'Imam, écoutant d'une oreille appréciative, l'élégant son qui sortait de leur grande mosquée.

Oh dieu, sortez-la de cette misérable vie ensevelie sous la richesse matérielle.

Oh dieu, laissez-la vivre.

 

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Pandasama
Posté le 23/07/2024
Salut !

Je crois avoir deja croisé ton histoire sur Fyctia, mais ne l'avait pas lu. Si je devais te donner un petit conseil, ils seraient d'ordre technique, comme par donner la définition de certains termes que tu utilises ou utiliser des tiret cadratin plutôt que les guillemets !
JustXxDamona
Posté le 29/07/2024
Je n'ai pas encore publié l'histoire sur Fyctia ( mais je compte le faire prochainement, j'ai encore quelques réticences mais j'y travaille..) Quant aux explications je comptais le faire prochainement, je souhaitais uniquement donner un aperçu mais je vais modifier ça :)
Pour les dialogues, l'idée des tirets m'est passée par la tête, mais j'ai également eu des retours comme quoi ce genre de guillemets étaient rafraichissant, et que ça changeait de d'habitude donc je ne sais pas, j'attends de voir la majorité des opinons pour remplacer :)
Merci d'avoir pris le temps de lire !
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