Chapitre 1

Notes de l’auteur : Abaphore est une histoire qui se passe sur 6 tomes.
Cela fait un peu plus de dix ans que je la peaufine, je pense que je suis prêt à publier chapitre par chapitre et à entendre vos retours pour qu'elle devienne "vivante".

Abaphore :

Nom féminin — Un concept ancien et mystérieux, désignant à la fois un pont invisible entre deux mondes ou deux âmes, une sorte de passage secret chargé d’énergie, que seuls certains peuvent percevoir ou traverser.



 

CHAPITRE 1

 

Une suite de sons, dans des tons plutôt graves, à la mélodie harmonieuse, vint briser le silence de ce lieu à l'atmosphère lourde. Cette suite de notes, n'était autre que le moyen de communication des Olympiars.

Héphaïstaus était le plus petit des Olympiars.

L'enveloppe, composée, semblait-il de millions d'écailles de métal, qui abritait son énergie, ne mesurait que deux mètres quarante, une fois déployée de tout son long. Sa posture voutée amplifiait l'impression qu'il était petit lorsqu'un autre Olympiar se tenait auprès de lui. L'armure avait la forme d'un homme dans sa conception, deux membres inférieurs, un tronc et deux membres supérieurs, une tête sans visage, ni autre orifice qu'un œil par lequel s'échappait une lumière intense.

Malgré cet aspect physique désavantageux, il était, pour tous ces congénères, le plus respectable et respecté. C'est lui qui avait permis aux Olympiars de se matérialiser à travers diverses technologies offrant de créer ses armures faites d'écailles de métal. L'ensemble était fait en une seule et unique pièce avec une entrée microscopique au milieu du torse. La première de ces armures avait été un prototype, ce qui explique qu'elle fut plus petite que les suivantes, et comme elle était l'étape originelle de leur matérialisation, Héphaïstaus avait décidé qu'elle abriterait son énergie. Une fois installé dans son enveloppe, il avait créé pour ses semblables une armure unique et propre aux capacités de chacun.

La même suite de sons retentit de nouveau.

« Allez le prévenir... »

Voilà ce que cette mélodie signifiait.

Alors qu'une entité se déplaça et pris la direction de la sortie, on pouvait alors suivre le regard scintillant jaune orangé d'Héphaïstaus se lever sur une paroi transparente, à la résistance hors normes. Cette cloison ronde était une cellule, à l'intérieur de laquelle, un être inimaginable se trouvait, abattu, résigné.

Il était immense, probablement trois mètres quatre-vingts de haut, imposant, d'une carrure colossale. La peau blanchâtre et légèrement bleutée laissait apparaitre diverses marques étranges, sorte de signes ancestraux, d'un bleu-violet plus prononcé. Posées sur deux pieds à trois orteils solides, des jambes musclées à l'extrême supportaient un torse grassouillet, mais puissant. De chaque côté de ce torse, deux membres, un fort et un plus faible, servaient de bras, le premier plus long que le second. Des mains composées d'un pouce et de deux doigts venaient finir ces membres. À l'issue d'un cou massif, deux têtes finissaient l'être en question. Chauves toutes les deux, l'une affichait des yeux bleus, doux et lumineux, et l'autres exhibait des yeux rouge garance, volontaires et tout aussi éclairés que leurs homologues azurés.

La couleur des yeux n'était pas la seule chose qui différenciait ces deux têtes. Celle aux yeux garances était carrée, trapue, avec des narines grandes ouvertes sortant d'un nez large. Une bouche aux lèvres quasi inexistantes, laissait apparaitre deux crocs pointus à chaque extrémité de la lèvre inférieure. Cette tête était également la seule qui était munie d'orifices sur les côtés lui permettant de capter les sons environnants. La seconde tête quant à elle était plus fine dans ces traits, le nez se résumait à deux petits orifices au-dessus d'une paire de lèvres fines, mais bien dessinées.

Hephaïstaus était là en présence d'un Goregone.

Artémys entra dans le poste de commande.

Debout devant le panorama qu'offrait la galaxie, Zéus avait l'œil fixé sur cette planète tant convoitée. Composée majoritairement d'eau, deux gigantesques taches brunes occupaient son centre, légèrement clairsemées de taches bleues. Les indications d'Artémys avaient révélé le nom de ces deux continents. La Laurasie et le Gondwana.

Zéus était reconnu par ses confrères Olympiars en tant que seigneur de guerre. Il avait maintes fois prouvé son efficacité lors de batailles passées. Son armure mesurait trois mètres quatre-vingt-dix-huit, son œil brillait d'un jaune pur et puissant. Héphaïstaus avait fabriqué pour lui un glaive qui rayonnait de l'éclat des éclairs qui le façonnaient.

Dans une suite de sons, Artémys signifia à Zéus qu'Héphaïstaus l'attendait dans la partie du vaisseau qui lui servait d'atelier. Les deux Olympiars sortirent du poste de commande et se dirigèrent vers l'atelier.

Héphaïstaus était toujours fixé sur le Goregone quand il perçut le son de Zéus qui lui signifiait son arrivée. Dans un dialogue extrêmement mélodique, Zéus et Héphaïstaus échangèrent quelques phrases. Ce fut Zéus qui entama une mélopée.

« Nous sommes prêts ?

- oui, tout semble l'être mon ami

— Très bien, commençons.

Les trois Olympiars se placèrent devant la paroi qui les séparait du Goregone, et d'un geste de la main au-dessus d'une console de verre, Héphaïstaus ordonna le début de l'expérience.

La tête aux yeux azurs se tourna brusquement à sa gauche, alors que sa semblable aux yeux garances regarda, méfiante à sa droite. Du Plafond de sa cage sortirent deux minuscules cylindres creux. Puis de ces injecteurs, sortit un gaz sous forme de fumée. Instinctivement, le Goregone retint sa respiration, tandis que ses deux bras faibles commencèrent une chorégraphie et que ses deux bras forts protégeaient, de façon inutile certes, mais c'était un réflexe, sa tête.

« Il essaie d'utiliser l'air pour créer un bouclier, la cellule est-elle complètement imperméable ? »

Demanda Artémys.

« Aucun des éléments qu'il maitrise ne peut être présent ici. » chantonna Héphaïstaus.

En effet, nul élément que le Chaman aurait pu manipuler n'était existant dans son caisson et la fumée commençait à s'infiltrer dans son corps par ses pores, puis bientôt, ne tenant plus en apnée, il en respira bien malgré lui.

Le corps du Goregone commença alors à scintiller, les marques de celui-ci se firent de plus en plus distinctes par leur lueur. Les yeux azurs et rouges devinrent intensément chatoyants, alors que la fumée, qui entourait à présent tout son corps, s'opacifiait jusqu'à ce que seule la lumière des marques et des yeux soit perceptible.

Dans un éclat extrêmement lumineux, deux sphères d'énergie jaillirent du corps désormais disparu du Goregone. Dans les hauteurs de cette grande alvéole, une sphère rouge tournoyait sans discontinuer, rageuse. Dans la partie basse, le globe azur, semblait chercher un réconfort sur le sol, paisiblement.

« Retire le gaz à présent, Héphaïstaus. » proposa Zéus.

Des mêmes orifices par lesquels elles s'étaient diffusées, les émanations furent retirées de la cellule.

On pouvait voir, par le biais d'une fumée, le gaz disparaitre lentement, et dans un mouvement coordonné, les sphères, quant à elles, se rapprochaient l'une de l'autre à la vitesse d'évacuation de cette substance qui les avaient isolées et disjointes.

La fumée finissant de s'évanouir, les deux globes allaient entrer en contact.

« N'auraient-ils pas dû rester distants ? » s'inquiéta Artémys.

« Attendons de voir. » annonça la mélodie d'Héphaïstaus.

Zéus, lui, se contenta de fixer de son œil les deux sphères qui entraient désormais en contact.

Le mélange des champs lumineux créa immédiatement une phosphorescence excessive, qui rendit muette toute énergie environnante pendant quelques secondes. Lorsque leurs sens revinrent, et qu'ils eurent pu retrouver leur capacité à percevoir leur environnement, les trois Olympiars trouvèrent devant eux, dans sa cellule aux parois transparentes, le Goregone. Rien n'avait changé, il était tel qu'il l'avait été avant sa dissolution.

« Réunissez les douze. »

Zéus avait ordonné, puis il quitta la pièce, laissant Héphaïstaus et Artémys, tous deux encore concentrés sur Glorhyndell, seigneur des Goregones.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Talharr
Posté le 25/07/2025
Hello,
Début de tome intriguant et intéressant aha
J'aime énormément la mythologie et les noms au départ m'ont fait tiquer ahah. Mais j'ai bien aimé l'approche et ce que tu fais avec les personnages.
Beaucoup de description de ceux-ci d'ailleurs, mais ça va la suite allège bien.
A voir la suite :)

Une petite remarque sur la forme :

"C'est lui qui avait permis aux Olympiars de se matérialiser à travers diverses technologies offrant de créer ses armures faites d'écailles de métal" -- tu voulais dire leur permettant ?

A plus :)
kharavage
Posté le 27/07/2025
oui exactement
Vous lisez