Ce garçon n'était pas humain. À cette époque, Gérôme travaillait à la station de ski de Lillehammer, peu de temps après que la Norvège ait accueilli les Jeux olympiques. Norbert avait beaucoup d'ambitions, mais toutes étaient très mauvaises. Chaque été, il ne pouvait s'empêcher de partir en voyage à l'étranger. Son père avait beaucoup d'argent, ce qui lui permettait de satisfaire tous ses caprices.
Il ne passait pas par une région sans s'attarder sur les jupons des jeunes femmes, qui lui semblaient représentatifs de sa culture. C'était ainsi que l'on reconnaissait le fils de Gérôme, le mercenaire des dames. Certains l'appelaient le gigolo venu du pays des Vikings, d'autres le viking des jupons. Où qu'il y ait des jupes courtes et des courbes féminines, Norbert était là. Alta, Arendal, Brevik, Drammen, Drobak : les villes norvégiennes ne lui suffisaient plus. Il voulait conquérir toute l'Europe.
Cela faisait déjà deux étés qu'il avait terminé le lycée. Depuis, il se consacrait entièrement à sa passion : sauter sur tout ce qui bouge. Même ses parents ne pouvaient rien faire pour l'arrêter. C'était un cas désespéré, qu'il aurait fallu payer des psychologues pour tenter de ramener à la raison.
Encore aurait-il fallu qu'il accepte de les écouter.
Ce jour-là, le fils de Gérôme avait fait escale en Belgique. Il était descendu dans un hôtel quatre étoiles, prêt à passer du bon temps avec les femmes belges, célibataires ou non.
- Bonsoir, jolie damoiselle, adressa Norbert avec un faux accent français à la réceptionniste de l'hôtel.
- Bonsoir, monsieur, répondit-elle sans lui prêter attention, les yeux rivés sur son écran.
- Comment allez-vous, ma douce ? poursuivit-il d'un air confiant, comme si le comportement de la jeune femme ne l'étonnait moins que cela ne l'amusait.
- Très bien, monsieur, et vous ? répondit machinalement la réceptionniste, sans vraiment écouter.
- Je vais bien, merci ! retourna Norbert, ravi qu'elle n'ait pas relevé son petit mot affectif.
- Que désirez-vous ? demanda la jeune femme, ayant terminé ce qui l'occupait.
- Eh bien, je cherche une chambre où je pourrais reposer ce corps de rêve fatigué par un long voyage depuis la Pologne, répondit-il, satisfait qu'elle daigne enfin lui prêter attention.
- D'accord ! Est-ce tout ce que vous voulez ? demanda la réceptionniste, toujours aussi impersonnelle.
- Hum ! Je voudrais que ma suite soit agréable au cas où je souhaiterais inviter une belle et délicate belge pour passer un moment de tendresse, si vous voyez ce que je veux dire. Il cligna de l'œil gauche et afficha un sourire qui semblait infini, avec un regard séducteur.
La réceptionniste, intriguée par ses propos, commençait à s'intéresser à lui. Elle se demandait si elle devait le voir de manière positive ou négative et si elle le connaissait vraiment.
Mais, pouvait-ton vraiment bien connaitre ce type de personne ?
Le hall d’entrée était vaste, avec plusieurs guichets. Beaucoup de places assises, des bagagistes en action, et une foule de gens se déplaçant rapidement. L'ambiance était presque festive, comme dans un marché public, avec des passagers pressés et irrités, fatigués par leurs voyages ou mécontents du service de l’hôtel. Il y avait toutes sortes de gens : des hommes d'affaires, des familles en vacances, des hommes politiques, des personnalités connues.
C'était une fourmilière de luxe !
Au milieu de ce brouhaha, Norbert, le viking scandinave, était trop occupé à draguer la réceptionniste du guichet 11.
- Dans ce cas, je vous conseille la chambre 17, dit-elle, un peu dubitative, attendant une réponse de sa part.
- Quelles sont les spécificités de cette chambre ? demanda Norbert, curieux.
- Elle offre une vue sur le lac derrière l'hôtel, a une luxueuse baignoire, un lit à eau, un écran plasma de 64 pouces avec câble, un mini salon et une table de billard, énuméra la réceptionniste, les yeux de nouveau rivés sur son écran avant de revenir à Norbert.
- Eh bien, dis donc ! s'exclama-t-il, sans qu'on puisse vraiment comprendre ce que cachait cette interjection.
- Oui ! acquiesça la jeune femme, perplexe face à sa réaction. Et cerise sur le gâteau, cette suite dispose d'une balustrade donnant sur le lac, conclu-t-elle d’un air sérieux.
- Avec une telle chambre, je pourrais vraiment m'amuser avec une jolie jeune femme. Hihihi ! s'exclama Norbert, idiotement, avec un sourire machinal.
La réceptionniste, maintenant convaincue, se dit que Norbert était comme la plupart des clients un peu farfelus de l’hôtel.
Un jeune homme riche et inutile !
- Sans doute ! rétorqua la jeune femme, agacée par les propos de ce dragueur et irritée par son jugement.
- À plus, Katrine, dit Norbert en prenant les clés de sa chambre et en appelant un bagagiste.
- Ok ! Hum ? Comment est-ce que...
Le fait que le jeune Norvégien connaisse son prénom la rendit perplexe. Elle se rappela alors qu'il était marqué sur son badge et avant de retourner à ses tâches sans plus s’attarder dessus.
Quelques pistes de réflexion pour donner plus de profondeur à l’histoire :
Norbert est un personnage assez exagéré, ce qui peut être une excellente base pour une satire, mais peut-être que le rendre un peu plus complexe et moins prévisible serait une bonne idée. Peut-être pourrais-tu explorer un peu plus ses pensées et motivations profondes, et peut-être intégrer un moment de doute ou une petite vulnérabilité qui rendrait son caractère plus nuancé. Cela pourrait également ajouter de l’empathie pour le lecteur, même si le personnage reste détestable.
J’aime l’idée de la réceptionniste un peu passive, mais il serait intéressant de développer davantage cette interaction. Pourquoi reste-t-elle aussi indifférente et détachée ? Cela pourrait être l’occasion d’approfondir son personnage, ou même de donner à cette scène un petit retournement qui rendrait l’échange plus dynamique et intéressant.
La scène dans le hall de l’hôtel pourrait être plus dynamique. Peut-être un petit événement inattendu ou une réaction surprenante de la réceptionniste ou de Norbert pourrait venir chambouler un peu le déroulement de la scène et rendre l’échange moins prévisible. Ça pourrait ajouter de la tension et rendre la situation encore plus drôle ou piquante !
Ewenee
En ce qui concerne tes remarques fort instructives, je pense que la suite du récit y répondra à proportion. Je prendrai donc tes notes - bien que soulignant que la plupart soulignent des tournures scénaristiques auxquelles j'ai déjà pensé et mises en œuvre dans le cadre de ce récit - comme une confirmation des choix que j'ai faits. Et, je dois dire que c'est assez réconfortant et encourageant.
Sur ce, je te souhaite la bienvenue dans le monde du jeune norvégien et une belle lecture des prochains chapitres.