Plus tard dans la soirée, Norbert sortit de sa chambre pour commencer sa chasse aux dames. Il était très irrité, car il s'était endormi avant de pouvoir ramener un "poisson d'eau douce" dans son aquarium. Il était désormais tard pour draguer dans une ville inconnue, mais il n'avait pas oublié la réceptionniste qu'il avait rencontrée plus tôt. Il espérait la revoir. Heureusement, il l’aperçu dans le hall de l'hôtel alors qu'elle s'apprêtait à rentrer chez elle.
- Excusez-moi, Katrine, appela le viking des jupons, la voyant se faire remplacer par un collègue.
La réceptionniste sortante s'arrêta, persuadée d'avoir entendu quelqu'un l'interpeller.
À sa place, j'aurais poursuivi mon chemin, mais bon...
La salle était bondée, remplie d'hommes, et il était difficile d'entendre quoi que ce soit. Norbert, cependant, parvint à se frayer un chemin à travers la foule, poussé par un besoin urgent de capturer sa proie du jour.
- Où allez-vous ? demanda-t-il, essoufflé après avoir couru depuis le troisième étage pour la rattraper.
- Eh bien, j’ai fini mon service. Je rentre chez moi, répondit la réceptionniste, surprise qu'il ait fait tout ce chemin juste pour la voir.
- Oui, j’en avais bien l’impression, acquiesça Norbert, encore essoufflé.
- Eh bien, alors ? demanda Katrine, étonnée par son assiduité.
Un homme frôla le norvégien, lui murmurant des paroles désagréables. « Sans doute un parieur qui a remporté un séjour dans cet hôtel », pensa Norbert en observant la scène.
Katrine, partagée entre la sympathie pour Norbert et son désir de rentrer chez elle, ne savait pas quoi faire.
…
Quelques minutes plus tard, ils s'assirent sur un banc à proximité de l'hôtel. Pendant qu'elle essayait de prendre des nouvelles de son état, Norbert profitait de chaque geste d'attention pour s'imprégner de sa chaleur.
- Il est tard pour qu'une jeune femme comme vous marche seule dehors, dit-il finalement pour briser le silence. Ça pourrait être dangereux, vous savez ?
- En fait, je fais ça tous les jours sans problème depuis près de six mois maintenant, répondit Katrine après un léger soupir. Donc, je ne pense pas que cela pose un souci cette fois-ci.
- Oui, mais ce n'est pas parce que c'est habituel que cela ne présente pas de danger, répliqua Norbert. Aujourd'hui, votre chance pourrait tourner. Qui sait ?
Après une courte réflexion, Katrine commença à réaliser qui se trouvait en face d’elle. Les techniques de drague "à deux balles" de Norbert lui semblaient démodées, mais elle était curieuse de voir comment il allait poursuivre son jeu. Elle avait à nouveau conscience de son caractère inapproprié, mais elle se sentait bien là, malgré une légère inquiétude qui la poussait à vouloir rentrer.
- Vous avez peut-être raison, répondit-elle avec un sourire aguicheur pour flatter son interlocuteur.
- Ah ! souffla-t-il, tentant de réguler sa respiration.
- Mais pourquoi ma "chance" devrait-elle tourner aujourd'hui ? Parce que vous êtes là ? demanda-t-elle malicieusement, son sourire se faisant de plus taquin que coquin.
- Mieux vaut prévenir que guérir, se justifia Norbert avec un haussement d'épaule et un clin d'œil.
Le blondinet ne comptait pas lâcher l’affaire si facilement.
L'atmosphère se rafraîchissait, et la clientèle de l'hôtel commençait à diminuer. Norbert continuait d'affiner sa technique de drague, mais Katrine semblait habile à éviter ses avances. Elle avait compris le fonctionnement de son jeu, mais elle n'était pas encore prête à se lasser de ses efforts aussi amusants que pathétiques.
- Mieux vaut prévenir que guérir ? reprit-elle, intriguée.
- Je le dis pour votre bien, affirma Norbert avec un air protecteur.
Il sentait la tension, mais il n'avait pas l'intention de céder. Au contraire, il voulait prolonger leur conversation. C'était le plaisir de la drague, pensait-il.
Si Katrine ne redescendait pas vite sur terre, elle pourrait bien finir par se retrouver dans la suite de cet As de la drague.
- Vous ne me croyez peut-être pas, mais je tiens beaucoup à vous, ajouta Norbert en la fixant, réprimant un rire à l'idée de cette phrase.
- Bon, soupira Katrine, agacée. Souhaitez-vous m'accompagner prendre un taxi ? demanda-t-elle, espérant ainsi se débarrasser de lui.
- Non ! répondit Norbert rapidement.
- Non ? s'exclama-t-elle, surprise.
Suite à son intonation, ils attirèrent l'attention des employés de l'hôtel, des bagagistes et même du vieux portier qui croyait que son appareil auditif dysfonctionnait. Quelques-uns pensèrent à intervenir, croyant que Katrine était en détresse, avant de réaliser que ce n’était pas le cas.
Ce n’était qu’une vulgaire scène de drague.
- Non, répéta Norbert. Je n'ai pas l'intention de vous accompagner chez vous.
- Euh… d'accord, reprit Katrine, agacée mais satisfaite de se débarrasser de son prétendant ; même si elle ressentait déjà une pointe d'intérêt pour lui.
- Je ne vais pas vous accompagner chez vous, confirma-t-il fermement.
- D'accord, bégaya-t-elle, se retournant vers la rue.
- En fait, c'est vous qui allez m'accompagner, déclara Norbert en gardant un ton ferme.
- Qui ? Moi ? s'étonna la réceptionniste, réalisant que le beau blond s'adressait à elle. Mais, où ? Ne dormez-vous pas à l'hôtel ? demanda-t-elle, perplexe.
- Évidemment que je dors ici, répondit-il calmement.
- Alors pourquoi dites-vous que je vais vous accompagner ? Vous êtes chez vous, rétorqua Katrine, confuse.
- Oui, je suis chez moi, confirma Norbert. Cependant, je veux que vous veniez avec moi dans ma suite, proposa-t-il, avec un mélange de fermeté et de sincérité.
- Pardon ? s'écria Katrine, choquée.
Sa réaction ne passa pas inaperçue vu qu’ils attirèrent à nouveau tous les regards. Même le vieux portier, malgré ses doutes sur son ouïe, les observait d'un air désapprobateur. Il pensait que la jeunesse était pervertie et que les bonnes manières avaient disparu.
Avait-il seulement tort ?
Katrine était stupéfaite. « Ai-je bien entendu ? », se demanda-t-elle. Mais surtout, « Suis-je prête à accepter son invitation ? ».
- Je m'inquiète vraiment pour vous, ajouta Norbert, cherchant à détourner son attention de la question.
Agacée par ses approches indécentes, Katrine était déterminée à exprimer ce qu'elle pensait.
- Comment osez-vous ?