Il paraitrait que les gens normaux ne transpirent pas de la fumée noirâtre et iridescente.
Et bien, vous voulez mon avis ? Ils ratent quelque chose. Les volutes obscures ondulent et scintillent au rythme de ma respiration. L'effet est fascinant et apaisant à la fois. J'ai l'impression de baigner dans un rêve.
Un rêve auquel l'humanité de survivrait pas, mais bon, que voulez-vous rien n'est parfait !
Chaque fois que je sors de dormance, elle met quelques minutes avant de s'évaporer et reste accrocher à ma peau, formant un sombre halo. Mon corps continue de la produire comme s'il n'avait pas encore saisi que je suis réveillée. C'est si joli que la dernière fois, j'ai oublié de mettre des vêtements en sortant et Jérémiah m'a trouvée nue assise par terre, en train d'admirer mon duvet vaporeux.
Pendant mes longues périodes de sommeil, je crois me souvenir que je rêve. Mais plus j'essaie de me rappeler des images, plus elles s'effacent. Je crois qu'il n'y a un son régulier dans ce rêve, comme un résonnement mécanique. Et il y a du sable partout. Les grains dorés tapissent l'endroit dans lequel je marche et rencontre toujours la même.
Je crois savoir qu'on discute beaucoup, mais de quoi ? Le peu de souvenirs que j'ai me laissent un goût de tristesse et de solitude immense dans le cœur. Impossible de savoir pourquoi et les réminiscences du rêve finissent toujours par s'effacer.
C'est sérieusement déprimant de se sentir comme ça au réveil.
Le grognement de mon estomac me rappelle que c'est le moment de sortir. Heureusement que le cocon s’effrite vers la fin de la dormance, sinon je ne vous explique pas la galère pour sortir sans me couper partout. Un bon coup de pieds et je n'ai plus qu'à tapoter un peu les bords pour agrandir l'ouverture. Devant l'armoire, j'attrape le premier jean et t-shirt à ma portée.
Je suis affamée... J'espère que Jérémiah a pensé à remplir le réfrigérateur, il a tendance à oublier qu'il n'est pas le seul à devoir se nourrir dans cette maison. Et lui et moi, nous n'avons pas la même vision de la nourriture. Il est plutôt repas sur le pouce et moi repas nutritionnellement parfait. Vous voyez le genre ?
Sans grand espoir, je fais le tour des plantes qui ornent ma chambre. Il y en a partout, sur le rebord de la fenêtre, sur le bureau et même sur ma table de chevet. Hélas, elles n'ont pas survécu. Quand je m'endors, le temps s'arrête pour moi, mais pas pour le reste du monde. Il se passe tellement d'année entre mes dormance que même mes cactus ne survivent pas au manque de soin. Mes pauvres beautés, elles aussi, leurs épines se sont effritées. Tristement, je rassemble les pots dans un coin. Je les viderai plus tard et demanderai à Owen de me ramener ses plus beaux spécimens.
Le craquements des lattes du couloir précèdent l'entrée précipitée de Jérémiah. Ah non, d'abord le bruit des verrous et ensuite son arrivée. Il est un peu parano avec moi, vous verrez, on s'habitue vite. Je prends bien soin de ne pas bouger d'un cil lorsqu'il entre. Me voir réveillé lui provoque une montée d'adrénaline qu'il met quelques secondes à recouvrir de son habituel visage fermé. Mais moi, je le vois. Je le vois toujours lorsqu'il est stressé. Il est tellement bizarre.
On ne parle pas du type bizarre genre étrange, oh non. Jérémiah est dans une catégorie de bizarre bien particulière. Le type bizarrement dragon. 'Viens en aux faits' résonne ma voix intérieure, celle qui me donne de bons conseils sur un ton sarcastique. La voilà réveillée celle-là, elle en aura mis du temps ! Bref, donc oui le dragon, celui qui protège son trésor contre les ennemis et ne supporte pas qu'un intrus regarde ou encore pire, ose toucher ses précieux. Je suis le Précieux, le très précieux de Jérémiah. C'est entre autres choses, pour cette raison qu'il fout des verrous à toutes les portes, surtout celle de ma chambre.
- Enfin réveillée ?
'Ne regarde pas le cocon.' J'en ai vraiment, vraiment envie, puisque manifestement je n'y suis plus, mais je me retiens et hoche simplement la tête. Toujours répondre aux questions, même anodines, de Jérémiah. Il ne supporte mal de ne pas avoir ma pleine attention, mais entre ma voix intérieure et mes débats silencieux, des fois je rate une phrase. Je viens à peine de me réveiller, je préfère éviter le drame le ventre vide.
Satisfait, il dégaine son téléphone d'un mouvement fluide pour appeler Owen. C'est toujours lui qu'il appelle quand je sors de dormance, le privilège du premier éveillé sûrement.
Ses yeux bleus glaciers vont et viennent entre le cocon et moi impatiemment. Des fois, je me demande s'il possède des vêtements de couleurs, il s'habille toujours en noir, c'est déprimant. Avec son visage carré et ses yeux froids il me fait un peu flipper des fois, heureusement que je suis la plus belle pièce de collection. J'exagère un peu, pour moi Jérémiah, c'est un peu mon gardien, à tendance geôlière certes, mais c'est à cause de son caractère.
- Elle est réveillée...Ils sont tous morts...non.
Il parle de mes cactus à tous les coups. Évidemment qu'ils sont morts, combien d'années les as-tu ignoré Jérémiah ?
Il place sa main sur le micro et me regarde. "Il veut savoir combien de plantes il doit ramener."
"Le même nombre que la dernière fois, plus un."
Je souris en répondant. J'adore le fait qu'Owen me ramène de nouveaux bébés à chaque réveil. Jérémiah répète ma phrase et raccroche sans dire au revoir.
"Il y a plusieurs plats au congélateur pour toi. Des légumes et des graines." Dit-il, un regard mauvais fixé sur l'espèce d'oursin géant planté au milieu de mon lit. Je ne bouge toujours pas, il sait que j'attends une autre information.
"23 novembre 2019. Joyeux anniversaire."
J'ai été attirée par la mention du temps de ton histoire. J'aime beaucoup l'idée du vieil homme qui porte le poids du temps sur les épaules :)
J'imagine qu'en effet, ce serait une lourde tâche à porter. ^^
J'aime bien ton style d'écriture et je m'en vais lire la suite :)
Bon courage !
Merci d'avoir laissé un commentaire hihi je suis contente que le prologue t'ait plu!! Oui le temps est la notion principale de CdE!
J'espère que la suite te plaira aussi!
Cha :3
Tous les personnages sont anonymes. De fait, le mystère est au rendez-vous, je me prépare déjà à psychoter pour savoir à la lecture de la suite qui est l'homme, la femme et l'enfant en question.
Cette naissance que tu décris dans ce prologue, cela a un côté glauque qui m'a assez vite séduit. Le nourrisson, j'ignore si c'est un enfant, un monstre, un peu des deux mais il se dégage une certaine bestialité dans ton texte qui m'intrigue comme il faut.
J'ai hâte de savoir la suite et je file de ce pas la découvrir !!
Oui la naissance est assez glauque ah ah la pauvre elle démarre bien dans la vie hein :) Et pour l'homme hihi tu le sauras dans les chapitres suivants :) merci beaucoup pour ton commentaires et bonne lecture :)
Cha <3
L'ambiance est super ! Très sombre et tout. Je pense que c'est en partie dû à la description de la dame. Il y a peut-être juste le « petites veines » qui m'a fait sortir un peu de tout ça à cause de l'adjectif, je trouvais que ça faisait comme moins sérieux que le reste, je sais pas si tu vois ce que je veux dire. Mais en soi, les veines éclatées, c'est hyper flippant et l'image est cool !
Ça donne envie de savoir qui est ce mystérieux bébé et pourquoi sa mère l'aime pas trop !
Cha :3
Ce premier chapitre est assez enigmatique, c'est plutôt une bonne chose. Je pense que tu devrais revoir certaines tournures afin qu'il soit encore plus fluide, mais ça reste très agréable à lire.
Un enfant et une sorte de prophétie donc ? Mmmh, je me demande ce que tu nous réserves pour la suite.
Je te remonte deux-trois bricoles :
Il fronça les sourcils, cette femme délirait. Il ne pouvait attendre qu’un être formidable.
Le dernier sujet était "femme", on ne sait pas trop qui attend un être formidable (lui ou elle ?) Même si je devine que c'est lui, ce n'est pas très clair.
Il resta là pendant des heures à attendre la délivrance de l’enfant. La femme le supplia, le cajola et le maudit tour à tour sans pouvoir se décider.
Comment peut-elle le cajoler alors que l'enfant n'est pas né ?
Alors ce n'est pas tout à fait une prophétie mais tu le saura par la suite hihi tu es la deuxième à me faire remonter cette phrase donc je vais essayer de trouver une autre formulation merci :3
Concernant la femme ce n'est pas le bébé qu'elle cajole mais le mec qu'elle tente d'amadouer puis comme il l'ignore elle me maudit. Je ne sais pas si c'est parce que je n'ai pas assez précisé mais vouala ^^
En tout cas merciii
Cha!
En tout cas je suis contente que ça te plaise et j'espère que la suite également. Merci d'avoir laissé un commentaire!
Cha :3