Chapitre 1

Par Ohedenn

Ils étaient trop beaux pour être vrais.

Maxime et Lila, vingt-six ans, débarquaient sur le parvis de l’hôtel comme deux héros échappés d’une campagne de parfum. Le taxi les avait déposés devant l’entrée majestueuse du Thalassa Club & Spa, où des colonnes blanches s’élançaient dans un ciel plus bleu que l’eau. Il faisait chaud, mais pas trop. Le vent soufflait juste ce qu’il fallait pour soulever les mèches brunes de Lila et plaquer la chemise de Maxime contre son torse athlétique. Ils riaient déjà.

Ils n’auraient jamais dû être là.

Ni dans cet hôtel cinq étoiles, ni dans cette île grecque dont ils ignoraient jusqu’au nom avant d’embarquer. Un tirage au sort improbable, gratté sur une appli d’assurance qui proposait « des moments d’évasion à gagner ». Et ils avaient gagné. Vol, séjour tout compris, chambre surclassée.

Un rêve tombé du ciel, ou peut-être de l’algorithme.

Lila portait une robe légère à fleurs, des sandales trop fines pour marcher sur les graviers. Maxime portait un short beige et des lunettes de soleil qu’il avait empruntées à son frère — un peu trop chères pour lui, mais parfaites pour la photo.

Ils se tenaient la main comme deux ados, jetant des regards curieux à tout ce luxe blanc et discret : les voilages qui flottaient sous les pergolas, les serveurs en lin qui circulaient sans bruit, les fontaines qui murmuraient près du lobby. L’enregistrement fut rapide. Un cocktail rose leur fut tendu. On leur confia deux bracelets dorés, la clé d’une chambre au dernier étage, vue mer.

Et puis, ils furent seuls. Et tout commença.

— Tu veux commencer par quoi ? demanda Lila en retirant ses sandales sur la moquette blanche de la chambre.

— Par te regarder, répondit Maxime.

Elle leva les yeux au ciel, mais son sourire trahissait son plaisir. La baie vitrée s’ouvrait sur une terrasse de bois clair, surplombant la mer Égée. Au loin, les vagues faisaient scintiller leurs crêtes, et les îles dessinaient des ombres bleues à l’horizon.

Lila s’avança jusqu’au bord du balcon, ses pieds nus effleurant le sol tiède. Le vent gonfla sa robe. Maxime la regardait depuis le seuil de la chambre, ses mains dans les poches, comme s’il voulait retenir l’instant. La lumière du soir baignait son visage d’or.

— Si on me demande un jour quand j’ai su… je crois que je dirai maintenant, souffla-t-il.

Elle se retourna, surprise.

— Su quoi ?

— Que j’allais t’aimer jusqu’à ce que mon cœur s’arrête.

Elle ne répondit pas. Elle revint vers lui, lentement. Et l’embrassa.

La salle de bain était un palais de marbre blond. Une grande vasque ovale trônait au centre, remplie à moitié. Maxime y versa une fiole de bain moussant au citron et à l’ambre, trouvée dans un coffret en bois. Lila s’était attaché les cheveux en un chignon flou, et grignotait une figue séchée posée sur une coupelle dorée.

— Tu viens ? demanda-t-il.

Elle entra dans l’eau sans dire un mot, ses épaules glissant lentement sous la mousse. Il la rejoignit, nu. Leurs jambes s’entrelacèrent naturellement. Elle posa sa tête contre son torse, son oreille contre sa peau mouillée.

Ils ne parlaient plus. Elle traçait des cercles sur son genou. Il caressait ses bras sous l’eau. Le monde s’était rétréci à cette pièce tiède, à ces odeurs d’agrumes, à cette respiration calme.

— On dirait que le temps s’est arrêté, murmura-t-elle.

— Ou qu’il n’a jamais commencé.

 

* * * * *

 

Ils descendirent dîner vers 20h. Lila avait enfilé une robe noire fendue, simple, mais terriblement élégante. Maxime portait une chemise blanche, ouverte au col, et un pantalon marine. Le restaurant s’appelait L’Île Intérieure. Une salle ronde, ouverte sur le jardin, où les plantes tropicales descendaient du plafond comme des lianes.

Un serveur discret leur proposa du vin, qu’ils acceptèrent. Lila avait les joues rosées, Maxime brillait d’assurance. Le monde entier semblait vouloir les applaudir.

— Ce n’est pas réel, souffla-t-elle en se débattant avec une huître.

— Si c’est un rêve, je ne veux plus me réveiller.

Ils mangèrent lentement. Huit plats, tous délicieux. Une truite aux herbes qu’elle décréta "divinement sucrée". Des petits pois glacés sur une crème d’amande. Un dessert au basilic qui la fit sursauter de surprise, qu’une telle saveur puisse exister. Il buvait ses gestes, ses expressions, la façon dont elle tournait sa cuillère.

Ils sortirent tard. Le jardin était vide, baigné d’une lumière chaude. Un petit chemin de sable serpentait entre les palmiers.

— Viens, dit-elle.

Elle le tira par la main, pieds nus à présent, sa robe remontée à la main. Il la suivit.

La porte à peine refermée, elle l’avait plaqué contre elle. Son baiser avait quelque chose de sauvage et de tendre à la fois, comme si le vin, la chaleur et l’euphorie du lieu s’étaient concentrés dans sa bouche.

Maxime se laissa faire, surpris par cette urgence douce. Il l’embrassa à son tour, longuement, les mains sur ses hanches, sentant sous le tissu noir la chaleur de sa peau. Lila rompit l’étreinte un instant, sans un mot, et marcha vers le lit. Elle défit ses cheveux, lentement. Une cascade sombre tomba sur ses épaules.

— Regarde-moi, dit-elle simplement.

Il la regarda. Il n’y avait pas de pudeur entre eux. Pas ce soir. Pas ici.

Elle retira sa robe d’un geste fluide. Le tissu glissa sur ses jambes comme de l’eau. Elle ne portait rien en dessous. Elle resta ainsi, nue, baignée par la lumière pâle du balcon entrouvert, le souffle léger du vent jouant avec les voilages.

Il la rejoignit sans hâte, retirant sa chemise, son pantalon. Ils étaient jeunes, magnifiques, et ils le savaient. Lila s’allongea sur le lit, les bras ouverts, et l’attira contre elle.

Leurs corps s’épousèrent sans hésitation. Il la caressait lentement, ses doigts dessinant des sillons invisibles sur sa peau, du creux de sa clavicule jusqu’à ses cuisses. Elle frissonnait à chacun de ses gestes, et quand elle fermait les yeux, il se penchait pour embrasser ses paupières.

Elle gémit doucement lorsqu’il descendit le long de son ventre. Mais ce n’était pas un gémissement appuyé — c’était une respiration qui se brisait, un souffle qui débordait.

Ils s’aimaient en silence, presque, sauf les murmures, les soupirs, les « encore », les « oui » chuchotés comme des secrets. Il n’y avait ni rôle, ni attente, juste la vérité de deux corps qui se cherchent et se trouvent. Elle passa au-dessus de lui, les mains posées sur son torse, et guida leurs mouvements avec lenteur. Ses cheveux le frôlaient à chaque va-et-vient. Il n’avait jamais vu quelque chose d’aussi beau. Elle se redressa à peine, le regard perdu, la respiration tremblante.

Pas un mot. Juste sa main qui se posa sur son torse, comme pour vérifier qu’il était bien là. Puis ils recommencèrent. Moins vite, moins fort. Comme si cette fois-ci, ils cherchaient à graver quelque chose au creux de leur mémoire.

Le sommeil les prit peu après, bras contre bras, jambes emmêlées. L’air était tiède. Le silence, parfait. La mer, au loin, battait encore doucement la crique où ils iraient demain.

Et rien — à ce moment-là — ne semblait devoir briser l’enchantement.

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ABChristLéandre
Posté le 25/07/2025
Coucou.
Ton texte est très intéressant. La présentation des personnages est réussie. Cependant, je pense que, pour une introduction, on aurait peut-être pu finir sur une situation qui lance vraiment l'intrigue posée. Mais bon, chacun sa technique. Coucou.
Ton texte est très intéressant. La présentation des personnages est réussie. Cependant, je pense que, pour une introduction, on aurait peut-être pu finir sur une situation qui lance vraiment l'intrigue posée. Mais bon, chacun sa technique. Pour ma part, j'ai passé un bon moment, même si je suis resté sur ma faim. Du coup, je fonce vers la suite illico presto.
Pour ma part, j'ai passé un bon moment, même si je suis resté sur ma faim.
Du coup, je fonce vers la suite illico presto.

A.B C
Ohedenn
Posté le 26/07/2025
Bonjour et merci pour ton commentaire !

J'aime hie prendre mon temps pour poser le contexte avant de lancer l'intrigue, ça peut avoir pour effet de ne pas assez accrocher mon lecteur au début en effet, mais j'ai tendance à penser que c'est important de bien poser les fondations avant de construire dessus !

J'espère que la suite t'auras également plu !
ABChristLéandre
Posté le 26/07/2025
La prudence ? Ok ! Vivement la suite...
Re Née
Posté le 11/07/2025
J'ai parfois du mal avec les fantastiques, mais ton histoire a su captiver mon attention et c'est un pas vers l'inconnu que je souhaite explorer davantage...
Ohedenn
Posté le 17/07/2025
Bonjour Re Née, et merci pour ce commentaire !

C'est une première pour moi dans le thème du fantastique, j'espère réussir à proposer une historie captivante du début à la fin !

Je suis ravi que tu ai apprécié ce début en tous cas :)
Re Née
Posté le 25/07/2025
Continue, tu es sur la bonne voie
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