J’ai passé mon enfance dans une somptueuse maison au creux d’un village un peu perdu au milieu des champs. C’était une vieille maison en pierres apparentes. En bas, se tenait une grande cuisine avec un poêle à bois toujours allumé à partir du mois d’octobre et un immense placard à gâteaux conçu par mon père. Je me souviens parfaitement, un ami lui avait ramené des caisses de vin en bois, il les avait découpées pour faire les portes du placard, si bien qu’on pouvait y lire tous les vins possibles et imaginables. Derrière la cuisine, un grand couloir en carrelage menait au jardin. À côté de ce couloir, se présentait la chambre de mes parents, entièrement peinte en orange. Je n’aimais pas cette couleur. À proximité de cette chambre, l’ordinateur à tour prenait de la place dans le petit salon. C’était un salon qui n’y ressemblait pas vraiment. Il n’y avait même pas de canapé, juste deux tabourets misérables. À l’étage auquel on accédait grâce à un escalier en bois, toutes les chambres des enfants installées les unes à côté des autres, ainsi que la salle de bains, je ne me souviens plus des couleurs. Du vert, un peu de blanc, du rose et aussi du noir. Je crois. Le jardin était vraiment grand, meublé d’un poulailler, beaucoup de fleurs et une table immense en plastique immonde. Cette maison a absorbé toute mon enfance. Elle venait se fondre en nous comme pour être sûre qu’on ne l’oublie jamais. Elle n’a jamais pris le temps de vieillir. Nous avons marqué ses rides à l’encre de nos rires et de nos souvenirs. Dans cette maison, les choses banales ne l’étaient plus. Si je me concentre bien, je peux encore l’entendre grincer lorsque l’on a déménagé. Rien n’a jamais changé, chaque objet s’enfonçait un peu plus chaque jour dans son emplacement, comme s’ils possédaient la maison eux aussi. Chaque bibelot était profondément à sa place comme si les murs avaient été construits autour d’eux. Elle était assez ordinaire pourtant, avec des murs en pierres et un toit, comme celles que l’on pouvait trouver dans toutes les rues. Mais tout le monde s’y sentait bien, c’était notre maison, et le chez-soi de tous ceux qui pouvaient y entrer. Là était le charme de ce grand foyer couvert d’amour et de pierres. Elle accueillait tout le monde sans rechigner, et même ceux qui ne la méritaient pas. Cette maison était comme un bouclier, la tristesse restait sur le pas de la porte. Si j’aimais tant ce foyer c’est parce que c’est le premier que j’ai connu, et si quelqu’un me demandait à quoi ressemblait mon enfance, je répondrais qu’elle se résumait à cette maison. Les tours de vélo dans le jardin avec ma sœur le dimanche, et mon père qui nous criait de ne pas dépasser le portail. Mes plus doux souvenirs sont restés ancrés dans les failles des murs, dans l’air du jardin.
J’ai grandi maintenant et cette maison n’est plus à nous. J’aurais profondément aimé que toutes les personnes que j’ai rencontrées y soient entrées. Je n’aurais pas eu besoin de leur parler pour qu’ils connaissent mon enfance. Il suffisait de la regarder pour comprendre à quel point elle était agréable et bienfaisante. Elle était honnête et sans faille, elle était foncièrement à sa place, et tout le monde était à sa place dedans.
Mon enfance était belle parce que cette maison en faisait partie. Nous avions environ dix chats, il y en avait un que l’on avait recueilli, il était mon préféré. Il était roux, on l’avait appelé Surprise. Même les animaux étaient heureux là-bas. J’avais aussi un chien, Musca. Il était très gros, j’avais fait des pieds et des mains à mes parents pour avoir un chien. Je l’ai aimé de tout mon cœur. Il faisait partie du charme de la maison lui aussi.
Un été mes parents ont décidé de mettre une piscine hors sol, avec ma sœur et les enfants dont ma mère s’occupait, on jouait à la sirène. Tous les week-ends les amis de mes parents venaient manger. On faisait toujours raclette l’hiver et barbecue l’été. Sans oublier mes grands-parents qui venaient presque tous les week-ends. En même temps, officiellement, ils étaient les propriétaires de la maison. Un été dans le jardin nous célébrâmes le baptême de ma petite sœur. Tout était coloré et toute ma famille était présente. Les enfants avaient tous des cerfs-volants en forme de poisson. Cette maison rendait les fêtes et les anniversaires encore plus beaux qu’ils ne l’étaient, elle était magique.
C'est très mignon comme début ! Je tiens également à dire que la couverture est très bien faite, c'est toi qui l'a dessinée ?
On voit l'amour portée à cette maison, dans chaque description et détail amené au lecteur ! Il y a également une dissonance agréable entre le fait que la maison n'avait que peu (les 2 pauvres tabourets, le placard à gâteaux fait de cartons de vin) et pourtant il y avait tout (l'amour).
Comme le précédent commentaire, il y a beaucoup de verbes "être" et "avoir" qui mériteraient de se diversifier pour éviter les répétitions, exemple : Elle était honnête et sans faille, elle était foncièrement à sa place, et tout le monde était à sa place dedans. => il y a également répétition de "A sa place"
Petit coquille repérée également :
"l’étaient plus. Si" => Double espace avant le "Si"
Bon courage pour ton premier jet !
Tu transmets super bien une ambiance de nostalgie un peu triste , la simplicité du style te sert beaucoup, je trouve. Tu as un vrai sens du détail (j’aime particulièrement le placard à gâteaux avec les cartons de vins)
Je pense cependant que tu gagnerais à diversifier un peu les formules (moins de « il y avait » et de verbe être). Si j’étais toi je laisserais un peu plus de place au non dit, au silence. Pas besoin de tout expliciter, on ressent parfois plus ce qui fait mal au personnage s’il hésite à le dire…
Mais tu tiens déjà une bonne base!
Bonne continuation
Timothée