Chapitre 1

Notes de l’auteur : Une réecriture (et une correction approfondie) est au programme :)

        Je claquais mes ongles contre les côtés du bureau en marbre blanc de Clara Colman, notre directrice, une vampire d'une trentaine d'années. Svelte et élégante. Hautaine et rébarbative. Excentrique sur les bords.
        J'ignorais si elle malmenait tous les anciens dhampirs, ou si j'étais l'exception à la règle de respect enseignant-élève. Il faut dire que je ne l'estimais pas trop non plus.
        — J'attends de vous une attitude exemplaire. En espérant que vous ne couvrirez pas, une fois encore, cet établissement et votre mère de honte, me récita-t-elle comme chaque année en croisant ses ongles parfaitement manucurés.
        Je baissai les yeux vers les miens.
        Pas mal. Ils auraient pu être meilleurs si je les entretenais plus que je ne les rongeais.
        Et si je les respectais un peu mieux.
        Ariadne Hudsun, ma meilleure amie, m'avait proposé une séance au SPA, mais je l'avais poliment refusée. Elle avait passé l'été avec ses parents et je ne voulais pas leur imposer ma présence. Dans mon cas, c'était un peu plus compliqué, étant donné que je ne connaissais pas mon père et que ma mère était un spectre.
        — J'ose espérer que vous passerez plus de temps en cours que dans mon bureau. Vous cumulez à vous seule le double du nombre d'avertissement de toutes les canailles de cet établissement.
        Je levai les yeux vers elle. Quelle coiffure... Spéciale. Les tresses collées n'étaient pas sensées être interdites aux personnes âgées de plus de vingt ans ? Cela lui donnait un côté un tantinet vulnérable, si on mettait de côté les canines pointues qu'elle adorait exhiber en ma présence. C'était sensé m'effrayer ?
        Son tailleur rose la faisait ressembler à un préservatif géant, agrémenté de son chignon enfantin blanc. Je me demandais comment se déroulaient ses soirées du samedi soir. Sûrement enchevêtrée dans sa couette Super-Girl en se rediffusant des épisodes de Desperate Housewives. Et ce médaillon vert ? Sûrement du jade. Il fallait avouer qu'il allait bien avec la couleur de ses yeux.
        Clara poussa un profond soupir et mon regard rencontra à nouveau le sien.
        — Et, par pitié, n'entachez pas la réputation de Mademoiselle Hudsun, dit-elle en redressant sa colonne vertébrale probablement archée de naissance. Ses notes, son comportement, ses fréquentations, ses activités et son mode de vie sont plus qu'exemplaires. Un avenir radieux l'attend (elle plissa les yeux en relevant son museau) mais je ne m'attends pas à ce que vous compreniez l'importance de l'entrée dans le monde adulte.
        Elle avait la main posée sur une feuille de papier qu'elle avait du mal à me tendre. Je plissai les yeux en tentant de lire le titre. Réinscription ? Pourquoi continuer à me faire signer ça si elle savait pertinemment que je resterai ici jusqu'à la fin de ma scolarité ?
        Je relevai les yeux vers elle et remarquai qu'elle avait cessé sa tirade. Elle se décida à me donner la feuille de réinscription.
        — Signez en bas, si ce n'est pas trop vous demander, Mademoiselle Wilkerson.
        Je pris un des stylos qui étaient posés sur son bureau et elle me fusilla du regard. S'attendait-elle à ce que je signe avec mon sang ?
        Je signai donc et reposai le stylo. Puis après un duel de regard de quelques secondes, la directrice se leva et me désigna la porte.
        — Comme à chaque rentrée, j'ai le pressentiment que vous vous surpasserez en déviance, conclut-elle.
        Puis, je me levai et me dirigeai vers la porte. Avant de la franchir je me retournai vers elle :
        — Ravie de vous revoir, madame.
        Je sortis et ai refermai la porte derrière moi. Quelle plaie. J'étais moins docile que ses chouchous mais je n'étais pas la pire élève de cet établissement. Pourtant, elle prenait un malin plaisir à m'attaquer.
        Je poussai un autre soupir en regardant l'heure sur l'horloge en face de moi : quatorze heures.
        En temps normal, on se conformait aux horaires des vampires. Ils ne brûlaient pas au soleil comme dans les films fantastiques, mais cela  les affaiblissaient. Ils se sentaient un peu comme après "une soirée bien arrosée" d'après Ariadne.
        Je me demandais où elle était. Peut-être profitait-t-elle de ses derniers instants avec ses parents ? Je souris à cette idée. Je la connaissais depuis toujours, elle a toujours été là pour moi. Alors je décidai de devenir sa gardienne attitrée à la fin de mes études. Mais avec Clara dans les pattes, je craignais que ce soit plus difficile que prévu.
      — Peu importe, seul l'avenir nous le dira, soufflai-je à voix haute.
        — S'il te parle j'aimerai que tu lui fasses quelques réclamations de ma part, intervint une voix.
        Je me retournai et remarquai qu'un garçon dont les cheveux légèrement bouclés tendaient vers le blond me souriait en coin dévoilant une fossette au coin de sa bouche.
        — Il n'a encore jamais écouté les miennes, répondis-je. Il doit être overbooké.
        Il éclata de rire et je souris inconsciemment en coin. Ses yeux bleus se baissèrent vers ma main et je suivis son regard.
        — Tu auras les tiennes après ton rendez-vous, dis-je en rangeant les clés de ma chambre dans la poche de mon jean.
        La porte s'ouvrît, laissant apparaître la marâtre et le garçon redressa son imposante carrure au même moment.
        — Bien, dit-il en se dirigeant vers la porte. Ravi de t'avoir vu, Rachel.
        Je fronçai les sourcils en le voyant s'engouffrer dans l'entre de la bête. Je ne me rappelais pas lui avoir dit mon prénom.
        Je secouai la tête. Il n'était pas étonnant que les nouveaux entendent parler de moi une demi seconde après avoir franchi le portail de cet établissement. J'étais pour Harrow Mayfair ce que Jules César était pour Rome. Sans le côté vertueux.
        Je sortis donc du bâtiment réservé à l'administration et débouchai vers l'extérieur de l'académie qui était délimitée par d'immenses murs clôturés sur lesquels étaient disposés de l'aconite tue loup, une plante faisant partie de l'une des nombreuses armes que nous utilisions contre les lycanthropes, plus communément appelés Loups-garous.
        C'était vraiment stupide, comme si un loup-garou déciderait d'entrer par effraction en escaladant un mur de vingt mètres exposé à la vue de tous. J'avais entendu dire que les moulures du mur avaient été imprégnées de poudre de sorbier, un autre élément mortel pour les loups-garous.
        Il faisait jour, nous nous conformions en temps normal aux horaires vampiriques. Mais étant tous de retour de vacances, recommencer d'entrée de jeu nos vies nocturnes a dû être jugé trop rude. Les rayons du soleil chatouillaient doucement la peau de mes bras nus. Stupides horaires vampiriques... Il me prenait à penser que je cherchais inconsciemment ce que je n'avais pas. Ce qui était au bout du compte plutôt normal, l'envie était dans la nature de tout être.
        La cour n'était pas bondée, mais était tout de même remplie d'élèves accompagnés de leur parents, rentrant de vacances. Une fille qui devait avoir la dizaine d'années sanglotait, en la regardant de plus près je remarquai que c'était une dhampir. Pauvre petite, je la comprenais. Je suis pratiquement née dans cet académie j'y ai grandi et je me demande parfois si je n'y mourrai pas. Pourtant, je n'ai jamais réussi à la considérer comme un foyer.
        Un rouquin habillé classe, sûrement un vampire de sang royal, devançait ses parents l'air renfrogné et manqua de me rentrer dedans, encore un mouton vaniteux envoyé en pâturage. Cette école n'en manquait pas.
        Un frisson me traversa et j'eus soudain une étrange chair de poule. Sûrement un courant d'air froid, ai-je pensé. Je relevai la tête et vis quelques nuages grisés au loin et pris mon téléphone pour regarder la météo. Je sortais souvent lorsque les autres dormaient, et je ne voulais pas être surprise par la pluie. Le temps allait se griser d'ici la fin de la semaine avec une légère baisse de température, mais rien d'alarmant.
        Je remis mon téléphone dans la poche de mon jean et continuai ma promenade au milieu du brouhaha. Quelle sotte j'avais été d'avoir oublié mes écouteurs ! Bon, au moins je savais que j'étais bien de retour.
        — Rachel, a appelé une douce voix masculine.
      Je me retournai en me demandant qui m'avait interpelée, mais je ne vis rien. Il y'avait au loin quelque garçons, les caïds de l'académie, ce genre de fils à papa qui organisaient des soirée en semaines, croyant être cools. En les dévisageant, l'un d'entre eux, Carl, cria mon prénom, attirant alors l'attention du reste du groupe. Je fis mine de n'avoir rien vu en continuant à chercher du regard quelqu'un que je connaissais, mais il n'y avait personne.
      — Rachel, viens me voir.
      Je levai instinctivement le nez en l'air, reniflant l'air les yeux fermés, plusieurs odeurs se bousculaient, de la camomille, du musc, de l'herbe coupée, du cuir, de la cigarette, de l'essence, de la colère, de la peur, de l'excitation, de l'amour. Certaines odeurs semblaient changer d'elles même, me faisant perdre le fil. Je distinguai une odeur particulière que je ne réussis pas a décrire, mais quelque chose au fond de moi me poussait à la suivre. Je relevai un peu plus le nez tentant de... je ne sais pas. Je me redressai en me demandant quelle mouche m'avait piquée. Je regardai autour de moi plus par honte que quelqu'un m'aies vue que pour chercher la provenance de cette voix.
      — C'est ça, écoute toi. Laisse toi faire, trouve-moi. Je suis ici.
      Quoi ? Est-ce que je rêvais éveillée ? Est-ce que je devenais folle ? Je suis ici ? Ici qui ? ici où ?
      Je commençai à accélérer le pas dans le but de regagner l'enceinte de l'établissement. Des sortes de grésillements commencèrent à se faire entendre en même temps qu'une douleur m'explosa à la tempe, grimaçante, je dû porter mes mains à mes oreilles. Trottinant presque vers l'entrée je vis que personne d'autre à part moi ne semblait l'entendre. Ce grésillement redoubla soudain d'intensité, et le chahut des étudiants que j'entendais précédemment avait maintenant laissé place à ce qui ressemblait d'avantage à une radio qu'on réglait au fur et à mesure vers des canaux impossibles a capter.
      Soudain, ce qui ressemblait à des grésillements se mit à produire le son d'un câble électrique trempé dans une flaque d'eau : Expérience traumatisante. Les larmes commencèrent à me piquer les yeux tandis que je courrais, les mains sur les oreilles avec la sensation d'avoir la tête coincée dans un étau, vers l'entrée du bâtiment. Ma vue se brouilla, et pendant un instant, je fus convaincue de ne jamais y arriver. Je fermai alors les yeux, me sentant percuter plusieurs personnes, l'horrible douleur et son suraigu ne cessant de redoubler d'intensité.
      Puis comme dans un rêve, tout s'arrêta.
      J'avais franchi le seuil de la porte, haletante, et le cœur battant à tout rompre. Je m'adossai au mur près de moi en fermant le yeux, inspirant et expirant le plus lentement possible. Bien que je n'avais pas réellement compris de quoi il s'agissait, j'optai pour la réaction humaine : le déni.
      Sûrement la fatigue.
      Me dit cette gentille et innocente voix dans ma tête.
      Je fis passer mes mains sur mon visage, entre-apercevant les regards curieux des élèves passant près de moi, avant que cette voix qui n'était maintenant d'un faible murmure presque indistingable ne reprenne.
      — Pust' tvoy volk pogasnet.
      Je plissai les yeux en me penchant en avant, essayant de mieux comprendre, ce qui devait me rendre d'un point de vu extérieur plus qu'étrange, puisqu'une fillette de six ou sept ans s'arrêta pour me dévisager. Elle resta plantée là dans sa petite robe bleue, me regardant de ses grands yeux bleus.
      — I ty naydesh' menya.
      Mon regard ancré dans la petite fille, je tentai de comprendre ce que cela voulait dire. Elle se rapprocha de moi comme pour voir quelle genre d'animal j'étais avant de soudainement prendre la fuite.
      — On budet vesti vas, prishlo vremya.
      Puis plus rien.
      J'aurais aimé vous dire que j'avais directement mis cela sur le compte de la folie. Ou encore peut-être de la fatigue. Mais ma conscience n'avait pas pour habitude de me parler en Russe.
      " Laisse ton loup sortir, et tu me trouveras. Il te guidera, le moment est venu"
      Quel loup ? Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Je mis mes mains sur ma tête avant de les laisser retomber le long de mon corps. J'essayais de trouver une logique à la situation, en vain. Et cela me tendait comme un ressort.
      Avant d'avoir l'occasion de me poser davantage de questions, des petits pas précipités me firent sourire. Sans voir la personne en question, j'ouvris mes bras et la réceptionnai.
      — Salut, toi ! me dit-elle.
      — Salut, lui dis-je en lui rendant son étreinte.
      Je la relâchai et vis qu'elle portait le T-shirt de Jurassic Park que je lui avais acheté quelque mois auparavant.
      — Alors ces vacances ? lui ai-je demandé.
      — Ca aurait pu être mieux, je ne comprends pas le principe d'aller à la plage de nuit, me confia-t-elle en remettant une mèche de cheveux blonds qui lui tombaient devant les yeux derrière son oreille.
      — Pas plus qu'un camping en montagne avec toute une école de dépravés.
      Ariadne secoua la tête en étouffant un rire.
      — Sydney était là, non ? demanda-t-elle.
      — Et sa mononucléose aussi, lançai-je.
      Elle me donna une tape sur l'épaule.
      — Orh, arrête ! Elle est sympa à ce qu'il paraît.
      — D'après qui ? Ses partenaires sexuels ? demandai-je.
      — On ne doit jamais juger une personne sans la connaître, me sermonna-t-elle.
      Je fis une moue dubitative.
      — Mmh, et il ne faut jamais dire jamais.
      Elle leva les yeux au ciel et je poursuivis.
      — Notre Nonne ne l'aimait pas non plus, marmonnai-je.
      Ariadne me gratifia d'une tape sur l'épaule, mi-fâchée, mi-...très fâchée.
      — Il n'a jamais dit ça ! S'il ne restait pas avec elle c'est uniquement parce qu'il savait que tu n'irais pas vers eux.
      Notre « Nonne » comme je l'appelais était un ancien camarade, et ami qui n'était malheureusement plus parmi nous. Il était connu pour sa gentillesse alors évidemment, que quelqu'un comme lui évite quelqu'un...
      — Et il n'a jamais eu aussi raison de toute sa vie.
      Ariadne pouffa puis lâcha l'affaire. Elle décida qu'il était temps de souhaiter une bonne rentrée à notre chambre et qu'elle avait besoin d'être réconfortée. Bien que je ne comprenne pas en quoi une chambre qu'on malmenait serait déprimée de notre départ, je la suivis en lui racontant mes nombreuses péripéties de cet été.
      Elle me confia qu'elle sortait avec Adrien, un garçon de notre âge, famille royale, plein aux as, plutôt mignon. Elle insista sur le fait que je ne devais rien tenter qui le ferait fuir "Pas de menaces, de regards de travers, de coups bas, enfin, pas de... toi" me dit-elle mot pour mot. Je lui ai alors donné ma parole en lui expliquant qu'il était sans doute l'un des types les moins détestables de cet établissement.
      Elle éclata de rire en citant plusieurs garçons susceptibles de me plaire. Mes réactions devaient être exagérées puisqu'à chaque nom son hilarité redoublait d'intensité.
      Je laissai tomber mes pensées saugrenues. Tant pis pour ma conscience masculine bilingue.

 

 



        Quelques heures plus tard, durant la nuit un cliqueti me réveilla.
       Pendant un instant je songeai à me rendormir mais la perspective de vivre un cambriolage en pleine nuit dans un campus d'adolescents surnaturels ne me réjouissait pas trop. C'est alors que, non sans mal, je me débattis dans les couvertures pour m'en défaire. Dans un soupir, je posai mes pieds sur le sol froid de ma chambre tout en inspectant les lieux.
    L'un des points positifs d'être à moitié vampire, est qu'on a, en plus d'une ouïe aiguisée, une vue surdéveloppée. Ce qui faisait que je voyais parfaitement clair dans le noir.
    —J'arrive, inutile de vous acharner dans votre cambriolage, je viens vous aider, dis-je d'un ton las.
    Lorsque j'atteignis la porte, je vérifiai le lit d'Ariadne, avant de remarquer qu'il était vide.
    Etrange.
    Ariadne était la raisonnable de notre duo. Elle ne sortait donc jamais pendant la nuit.
    Je soupirai, je pris le peignoir qui était accroché à la porte de la salle de bain pour me couvrir. En général les chambres étaient chauffées, je dormais donc en débardeur et en culotte. Mais pour cette fois-ci j'avais pris la peine de mettre un short. Je baillai en enfilant mon peignoir et ouvris la porte.
    En inspectant le couloir je ne vis personne. Je m'enfonçai un peu plus jusqu'à atteindre la porte de sortie. Lorsque je l'ouvris, le vent frais me fouetta le visage. Je fermai les yeux pour profiter de l'air frais.
    Je me résignai finalement à chercher ce cambrioleur mystère qui n'était sûrement qu'Ariadne. Après tout, elle pouvait faire ce qu'elle voulait.
    —C'est mon coin. Tu peux pourrir ailleurs ?
    En ouvrant les yeux, je vis, adossé au mur à ma droite, un garçon aux cheveux ébouriffés et à la peau clair, qui me transperçai de son regard émeraude. Il était torse nu, ce qui me laissai entrevoir son tatouage en forme de "S" ou de serpent, peu importe. Il avait un torse parfaitement sculpté. Et un regard qui, sans vous en apercevoir, pourrait vous déshabiller. Tandis qu'il m'inspectai, il s'humecta les lèvres. Je suivi du regard la trajectoire de sa langue sur celles-ci tout en maudissant l'effet qu'il avait sur moi.
    Je ne sais pas combien de temps je restai là à le dévisager, mais c'est lorsqu'il claqua la langue que je sorti de ma léthargie.
    Je soupirai comme pour me donner du courage.
    — Ton coin ?
    — Ouais, mon coin, dit-il en appuyant sur le "mon". Je comptais me jeter d'ici, mais tu déranges mes plans. Alors, ça me ferait plaisir si tu me laissais faire.
    — Assistance au suicide, tu connais ? En Suisse ça se pratique dans les hôpitaux à ce qu'il paraît. Je pourrai t'aider.
    — Ils ont besoin d'aide pour se buter, on aura tout entendu, marmonna-t-il plus pour lui même. Je devrais m'en sortir.
     J'allai balancer une ânerie, lorsqu'il se mit à avancer vers moi, je l'observai se rapprocher tandis que ses muscles ondulaient. Il s'arrêta à quelques centimètres de moi, et sa beauté me coupa le souffle. Pendant une folle seconde lorsqu'il inclina le visage tout en m'observant, j'eus l'impression qu'il allait m'embrasser.
    J'étais suspendue à ses lèvres attendant qu'il me dise quelque chose
    Sans m'en rendre compte je me mordis l'intérieur de la joue, non pas que la situation me déplaisait, mais ce n'était pas mon genre de me vivre ce genre de moments.
    — Jess ? murmura une voix. Bon sang, où est ce qu'il est passé ?
    J'entendis une voix mais je ne pris pas la peine de regarder de qui il s'agissait, sur le moment je n'étais préoccupée que par ce regard émeraude qui me sondait.
    Sans crier garde et à mon plus grand désespoir, il se détacha de moi.
    — Par ici, dit-il.
    — Ah ! Tu peux arrêter de fuir sans cesse Bambi, j'en ai marre de jouer au chasseur avec... oh.
   Il s'interrompit en me voyant. Il s'agissait en fait du garçon que j'avais croisé en sortant du bureau de la directrice.
     Un sourire illumina son visage avant de lancer:
    — Je comprends maintenant ce qui t'a retardé.
    — La ferme.
    Jess se détourna de moi sans un regard de plus et descendit les escaliers. Ce n'est qu'après son départ que je retrouvai un brin de lucidité, je me jurai de me noyer en rentrant dans ma chambre pour avoir osé agir comme je l'ai fait.
    Je posai alors mon regard sur l'autre garçon qui s'esclaffait.
    — Vraiment susceptible, dit-il en le pointant du doigt en me regardant. Je te dis pas à quel point c'est dur.
    Il déglutit avant de poursuivre.
    — On ne s'est pas présentés. Moi c'est Mason. Et lui là, c'est Jess.
    — Rachel, dis-je simplement.
    Il me regarda en étouffant un rire.
    Pas très loquace, hein ? Enfin, je dois y aller (il me fit un salut de la main) à plus Rachel.
    — Attends !
    Je ne sais pas pourquoi je l'interpelai, mais sur le coup ce fut spontané.
    Il s'arrêta et haussa un sourcil en me regardant.
    Je fis un mouvement de la tête dans sa direction.
    —Tu n'aurais pas essayé de rentrer par effraction dans ma chambre par hasard ?
    Il éclata d'un rire franc qui, encore une fois, me plut.
    — Alors qu'on vient de se rencontrer ? (il prit une mine outrée) Je ne suis pas un garçon facile.
    — Dans ce cas, qu'est ce que tu fais à une heure pareille ? (j'inspectai sa tenue du regard, prête à lui lancer une pique sur le fait qu'il rendait sûrement visite à une fille. Mais il ne portait qu'un T-shirt à manches courtes et un bermuda) Tu défis la sécurité ?
    Il se passa la main dans ses boucles en regardant le ciel.
    — Si on veut, oui. Et toi? dit-il en reportant son attention sur moi.
    — Je te l'ai dit. J'ai entendu quelqu'un et je suis sortie. Ni plus ni moins. Mais ça ne me dit pas ce que tu fais ici.
    — Je teste la sécurité comme tu l'as dit, dit-il d'un ton enjoué. C'est super fun, tu veux essayer ?
    Je fronçai les sourcils en pinçant les lèvres.
    — Je me réveille tôt demain et j'ai assez de problèmes ici. Donc (je secouai la tête) sans façons. Je vais retourner me morfondre dans ma misérable chambre sur ma pitoyable existence.
      Je feignis de m'en aller lorsqu'il me bloqua le passage.
     — Allez ! Jess est vraiment pas drôle. Et avoue que sortir la nuit, quand il n'y a personne c'est le pied ! Et c'est la dernière fois, on devra ensuite se conformer à nos horaires vampiriques, tu sais, vivre la nuit, dormir le jour. Alors viens en profiter !
     Il fallait avouer que l'idée me plaisait plutôt, surtout si on ajoutait ça au fait qu'il y aurait l'autre garçon. Je secouai la tête, mais qu'est-ce qui me prenait bon sang ? Je ne les connaissais ni l'un ni l'autre. Bon, après, s'ils tentaient quoique ce soit j'étais sûre de pouvoir les mettre au tapis. C'est à ce moment là qu'une question me brûla les lèvres.
     — Tu es un dhampir ?
     — Pardon ?
     — Tu as la peau plutôt foncée. Tu es donc un dhampir non ?
    Il parut surprit par ma question soudaine mais s'en remit facilement.
    — T'as l'œil, dis moi.
    —Et ton copain ?
    — Mon frère.
     — Ton frère ?
    Il haussa les sourcils, un sourire en coin, content de m'avoir prit de court.
    Alors qu'il fut sur le point de me répondre, je le pris de court.
    — Ne me dis pas que c'est un dhampir parce que c'est évident que c'est faux, et ne me dis pas non plus que c'est un vampire parce qu'alors ce serait tout bonnement impossible que vous soyez frères.
   Alors que je pensais l'avoir cerné, il avança vers moi en en m'appuyant sur le bras, m'incitant à le suivre et à descendre les escaliers. Puis, d'un ton enjoué, répliqua:
     — Notre mère est une vampire. Mais nous n'avons pas le même père. Mon père est humain, et celui de Jess, vampire. (il me regarda pour s'assurer que je le suivais) Du coup, c'est un peu le plus classe de nous deux.
    — Eh ben, si les parents font la classe, marmonnais-je.
    — Quoi ?
    — Non rien, je pensais à voix haute. (je haussai les épaules) Tant pis, je pensais t'avoir percé à jour.
    Il éclata de ce rire dont seul lui avait le secret puis déclara en me regardant.
    — Il faudra plus de temps que ça.
    — Sûrement, répondis-je dans un soupir.
    Je le regardai du coin de l'œil en me demandant pour qu'elle raison je l'avais suivi aussi facilement. Je poussai un autre soupir. Maintenant que je t'étais là, je pouvais bien faire un effort.

 

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A.W. Zephyrus
Posté le 17/10/2021
" — J'attends de vous une attitude exemplaire. En espérant que vous ne couvrirez pas, une fois encore, cet établissement et votre mère de honte, me récita-t-elle comme chaque année en croisant ses ongles parfaitement manucurés."

Me fume, jusqu'à ce que je comprenne le rapport, je croyais que c'était juste une insulte et j'avais envie de lui faire manger son chignon. 🤣
SybelRFox
Posté le 30/10/2021
xD
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