CHAPITRE 1

Par ANGIE_K
Notes de l’auteur : Bonjour et merci d'avoir cliqué sur Amour et Célébrité !
J'espère que l'histoire que ce premier chapitre vous plaira !
Bonne lecture ! :)

 

Mélody

 

Je ne pleure jamais. Les gens disent de moi que je suis insensible. Même le plus triste des films sentimentaux de cette planète ne parviendrait pas à me faire verser une seule larme. Alors, pourquoi ma gorge me serre-t-elle autant depuis que nous avons franchi les portes de la gare ? Pourquoi un torrent d’eau menace-t-il de s’échapper de mes yeux dans la seconde qui suit ? Le passager-pianiste ne m’aide pas avec sa mélodie mélancolique à souhait.

Assise sur le sol à côté de mon petit ami, le dos contre le mur, je ne quitte pas des yeux le panneau d’affichage des voies. Le train d’Eythan et de son frère n’est pas encore annoncé. Une part de moi espère qu’il n’arrivera jamais.

— Regarde ! L’agence vient de m’envoyer des photos de l’appart ! T’en penses quoi, bébé ?

Je jette un œil sur l’écran du téléphone de mon copain, sans conviction. Je me concentre plutôt sur nos doigts entrelacés, juste sous l’appareil. Je crains le moment où ils se sépareront. Combien de temps vont-ils devoir attendre avant de se réunir ?

— Il déchire, prétends-je la voix cassée.

Eythan range son portable dans la poche de sa veste avant d’essuyer la goutte sauvage qui roule sur ma joue.

— Bébé, je ne m’engage pas dans l’armée.

— Je pleure de joie, crétin !

Mon mensonge sonne aussi faux que celui d’un meurtrier pris la main dans le sac et qui ose clamer son innocence.

— Je ne me rends pas sur la lune. On s’appellera tous les jours, d’accord ? Et si tu veux, on fera ce que je pense à travers une visio.

Ma main libre claque sur l’arrière de son crâne. Il n’en manque vraiment pas une ! Malgré tout, il a fini par me faire décrocher un sourire sincère. L’euphorie peinte sur son visage entraîne en moi un mélange d’émotions contradictoires. Mon mec s’apprête à devenir une célébrité que tout le monde idolâtrera. Toutes les filles me jalouseront. Je ne serai plus cette nana invisible au fond de la classe. Pourtant, le laisser quitter le pays ne me rassure pas. Il côtoiera des artistes féminines bien plus canons que moi. Ce monde de paillettes risque de l’envoûter et la crainte qu’il m’oublie s’accroît immuablement en moi.

Eythan m’invite à poser ma tête sur ses jambes. Je m’allonge, les genoux pliés. Mes paupières se ferment dès l’instant où je sens ses doigts me masser le cuir chevelu. Pendant qu’il m’énumère tous les endroits qu’il s’apprête à visiter, l’esprit déjà à New York, je m’empare de mon sac à main, placé non loin de moi, et le mets sur mon ventre qui s’arrondit au fil des heures. Grâce à mes vêtements d’hiver, ainsi qu’à mon manteau épais, je parviens à camoufler la vérité que je n’ai pas réussi à lui avouer ces deux derniers jours. Le connaissant, Eythan pourrait tout jeter à l’eau pour rester à mes côtés, et il en est hors de question. Son frère et lui ont sacrifié tant de nuits de sommeil pour atteindre leur objectif ! Je refuse catégoriquement qu’il revienne sur sa décision une fois que je lui aurai tout révélé. Je préfère le savoir à l’autre bout du monde, en train de vivre son rêve. Bien sûr, tôt ou tard, il l’apprendra, mais pas avant qu’il ait officiellement signé son contrat avec son agence. Je prévois de lui annoncer cet heureux événement lors de la nouvelle année, sans lui préciser que je l’ai découvert avant son départ. Ça me flingue de l’intérieur de lui mentir sur un sujet aussi majeur. On s’est toujours promis de ne rien se cacher. Je suis prête à tout sacrifier pour lui, même notre couple. Tant qu’il vit épanoui et sans regret, c’est tout ce qui m’importe.

— Voie A, éloignez-vous de la bordure du quai. Le TGV numéro 6821, à destination de Paris gare de Lyon, départ 13 h 17, entre en gare.

Mon corps se raidit à cette annonce, et Eythan le ressent. Sa main chaude se pose avec douceur sur ma joue droite, son pouce caresse ma bouche. Lorsque ses iris verts rencontrent les miens, le monde se fige. Il diminue la distance entre nos visages, puis retire son doigt pour le remplacer par ses lèvres. Nous n’échangeons qu’un baiser chétif, mais débordant d’amour.

— Bébé, tu es ma Mélody, celle qui me permet de tenir debout, ne l’oublie jamais. Peu importe les kilomètres qui nous séparent, mon cœur ne battra que pour toi, sois-en certaine.

Il va me faire chialer, ce con. J’enregistre tout de même ses paroles dans ma mémoire. Il me les répète chaque jour, mais j’ai peur qu’elles s’effacent. J’ai peur de ne plus me souvenir de sa voix, de son odeur. Ma fierté m’empêche de lui avouer qu’il va me manquer, qu’il me manque déjà.

— Bébé…

Eythan semble hésiter à poursuivre sa phrase. Son expression sérieuse me tétanise autant que le fameux « on doit parler ». Désire-t-il mettre fin à notre relation ici, dans cette gare, devant des dizaines de voyageurs ? Alors qu’il prend une grande inspiration pour terminer ce qu’il s'apprêtait à me déclarer, son ainé l’interrompt.

— Allez les amoureux ! Il est temps de se dire au revoir ! On a un train à prendre et il ne nous attendra pas si on ne se bouge pas le cul.

Je lui montre les dents tel un chihuahua enragé. Lewis me sort par les trous de nez. Il se croit déjà dans la peau d’une star alors qu’il n’a toujours pas posé le pied sur le sol américain. L’hiver vient de commencer, et il porte encore des lunettes de soleil sur sa tête. Je me demande même combien de temps il a passé dans la salle de bain pour lisser ses longs cheveux blonds qui atteignent ses épaules.

Je redonne la liberté à mon petit ami, à contrecœur. Eythan ne me laisse pas le temps de me lever. Il s’empare de ma main et écrase mes doigts sous les siens.

— Je te rejoins, informe-t-il à son frère.

— Bon, j’ai compris, je vous laisse vous bécoter encore un peu. Je t’attends dans le train, frangin. Mélo, prends bien soin de toi.

Lewis récupère sa valise qu’on devait surveiller, dépose une canette de soda sur celle de mon copain, avant de descendre les escalators qui mènent aux voies.

— Bébé, reprend Eythan après un soupir chevrotant, je ne veux pas que tu t’imagines n’importe quoi. Rappelle-toi, j’en ai bavé pour obtenir ton cœur, je ne balancerai pas tous ces efforts à la poubelle. Je ferai tout pour que tu sois fière de moi. Je sais que je ne suis pas le mec parfait, je chouine devant un film romantique, je n’ai aucun répondant, je fuis mes problèmes, et j’en passe. Je vais te prouver que je peux être plus que ça. Alors, s’il te plaît, bébé, attends-moi, et ne laisse aucun autre type prendre ma place.

Je suis partagée entre un éclat de rire et un sanglot interminable. Eythan dégage une beauté à couper le souffle. Ses cheveux blonds, coiffés en arrière sur le dessus et rasés sur le côté éblouissent son teint mat. Quand il ne les peigne pas, sa raie du milieu prend le contrôle de tout, et quelques mèches tombent devant ses yeux vert émeraude. Ses fines lèvres naturellement roses disparaissent lorsqu’il sourit. Ce beau gosse, qui dorénavant m’appartient, détient aussi une bonté qui dépasse toutes les limites. Pour notre premier rencard, il m’a invitée au cinéma. Son petit cœur d’artichaut n’a pas supporté la mort d’un des héros du film. J’ai dû le réconforter jusqu’à ce qu’il rentre chez lui.

Je me relève, avec une vive douleur dans le bas du dos que je dissimule par un étirement. Il m’imite, ses iris plongés dans les miens.

— Eythan Hess, sache que le gars qui t’arrivera à la cheville n’est pas encore né.

Un sourire se dessine sur son tendre visage, et ses lèvres rencontrent les miennes. Il entrelace à nouveau nos doigts, puis, sans que je m’y attende, attire mon corps contre lui. Par chance, mon ventre le frôle à peine. Notre baiser passe de sucré à salé. Est-ce ses larmes, ou les miennes ? Certainement un mélange des deux. Il s’écarte lentement, et nos mains se quittent.

— Je t’aime, la Mélody de mon cœur.

— Moi aussi, je t’aime, Eythan.

Tandis qu’il part pour rejoindre son frère, mes pieds restent cloués au sol. Eythan se retourne, ses iris verts m’interrogent.

— J’ai beau me montrer forte, te regarder monter dans ce fichu wagon est au-dessus de mes moyens, gémis-je. J’ai peur de vouloir te suivre. Je ne souhaite pas que la dernière image que je garde de toi soit ton train qui s’éloigne de moi. Alors, disons-nous au revoir ici, comme si nous allions nous revoir demain.

Eythan déglutit difficilement, avant d’effectuer un mouvement de tête.

— Dans ce cas, à demain, bébé.

Je lui tourne le dos et sors de la gare. Un flocon de neige chute sur mon nez, puis un autre sur ma paupière. Mes jambes ne trouvent plus la force de supporter le poids de mon corps. Je m’écroule, à genoux, en larmes, les mains serrant mon ventre, sur le goudron qui commence à se tapisser de blanc. Les passants s’écartent de moi, me prenant pour une gamine dégénérée qui souhaite attirer l’attention. Mes cheveux bruns tombent sur mon visage inondé. Sans le savoir, Eythan s’en va en me léguant un souvenir qui grandira avec nos gènes. Finalement, il ne me laisse pas seule. Le ciel m’envoie un cadeau pour atténuer la douleur de son absence. Ou alors, il me prévient que notre histoire d’amour se termine dans cette gare, et que le nouveau-né que je porte me sert uniquement de lot de consolation.

Peu importe. Je n’ai pas en ma possession une machine à remonter le temps. Je dois accepter mon destin, celui qui, actuellement, grandit dans mon ventre.

De l’extérieur du bâtiment, j’entends l’annonce du départ du train d’Eythan et Lewis.

Mon bébé, dis au revoir à ton papa.

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Lucie.G
Posté le 24/05/2021
Un premier chapitre qui donne envie de découvrir la suite ! L'intrigue promet d'être riche en rebondissements. Le personnage principal semble particulièrement attachant.
ANGIE_K
Posté le 24/05/2021
Merci ! :D
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