Certaines journées ont le culot suprême d'exister. Pire, elles reviennent chaque année avec la régularité d'une horloge bien remontée. Vraiment, Aaron ne comprenait pas pourquoi il était nécessaire de s'imposer de tels tourments. Si on lui avait demandé son avis, il aurait milité pour l'éradication pure et simple de cette journée-là en particulier.
C'était le même manège chaque année depuis douze ans. Comme M. et Mme Feginn ignoraient tout du jour de sa naissance et que, pour être honnête, Aaron était incapable de s'en souvenir lui-même, il avait bien fallu prendre une décision. Ces braves aubergistes, qui l'avaient recueilli, étaient finalement parvenus à un compromis satisfaisant ; pour eux du moins. Il fut ainsi décidé que ce fameux soir d'automne où le garçon était arrivé serait une date tout à fait adaptée à leur calendrier. L'instauration de son anniversaire, combiné à une journée de mémoire solennelle, fut donc unanimement décrétée par les deux époux. Et par une coïncidence incroyable, celui-ci tombait en même temps que le jour des morts. Quoi de plus commode en vérité ? C'est ainsi, qu'année après année, ils faisaient subir à Aaron le supplice d'une longue marche ponctuée de chants sinistres. Cela dans le but d'aller déposer une couronne de fleurs séchées sur la tombe de celle à qui il devait sa naissance et qu'il n'avait que très peu connu. L'intégralité du spectacle se déroulait sous les regards larmoyants d'une troupe de villageois qui se complaisait à le prendre en pitié. Autant dire qu'il y avait des manières plus agréables de fêter son anniversaire.
Mais, encore une fois, personne ne lui avait jamais demandé son avis et ce n'était pas aujourd'hui que ça allait commencer. Il aurait d'abord fallu que l'ordre du monde se renverse complètement ou que quelque chose d'extraordinaire surgisse dans la paisible vie des habitants du comté de Kerlann.
*
L'aube glissait à l'horizon. Et elle marchait depuis des heures, traînant sa valise d'un bras lourd. Dix mètres encore et elle tomberait dans la tourbe, elle en était certaine.
Ressaisis-toi.
Elle ne se reconnaissait plus. Ses longs cheveux blonds étaient tout emmêlés, son jupon boueux jusqu'à la taille et ses bottines plus crottées que jamais.
Allez, ressaisis-toi.
Un rayon de soleil naissant l'aveugla. Une larme coula sur sa joue. Qu'avait-elle imaginé ? À quoi avait-elle pensé ? Mais il était trop tard pour faire machine arrière. Les dés étaient jetés.
Elle était seule désormais.
*
Le ciel ne parvenait pas à se décider ce matin-là. Les nuages hésitaient encore quand le cortège funèbre s'engagea enfin d'un pas décidé entre les bruyères, entonnant son chant mortuaire préféré.
Aaron traînait derrière avec Elouan, un garçonnet jovial à l'étonnante touffe couleur carotte. Il dut se mordre les lèvres plus d'une fois pour contenir le fou-rire qui menaçait d'éclater. Le petit garçon reproduisait avec désinvolture les mimiques larmoyantes des villageois de la manière la plus grotesque dont il était capable. De temps en temps, il faisait mine de joindre innocemment sa voix fluette aux autres, à grands renforts de battement de paupières. De sorte que, quand on se retournait vers lui, on ne trouvait rien d'autre à dire que : « Quel enfant adorable, quel ange ! » ou encore « Quel enfant bien élevé, qui respecte ses anciens ! » ; ce qui avait le don immédiat de provoquer chez Aaron une nouvelle vague de fou-rire.
Un biniou un peu enroué accompagnait la morne chanson, faisant bourdonner les oreilles de tout le monde, sans que quiconque n'ose s'opposer à ce rituel rassurant. Juste devant, Maïwenn, dont les boucles sauvageonnes roussissaient en écho à celles de son petit-frère, leur jetait des regards désapprobateurs. Elle prenait toujours un malin plaisir à materner les deux garçons, endossant avec le plus grand sérieux son rôle d'aînée. Mais derrière ses sourcils froncés elle ne parvenait guère à dissimuler l'ombre de son sourire.
Heureusement, les deux aubergistes, qui aimaient plus que tout se faire voir du beau monde, se trouvaient en tête du cortège. Ce qui satisfaisait pleinement Aaron. Les remarques furibondes de Mme Feginn étaient la dernière chose qu'il avait envie d'affronter, en particulier ce jour-là.
Les singeries d'Elouan le décontractèrent tant qu'il ne vit pas le temps passer. Tout le monde fut bientôt réuni autour des tombes grignotées par la végétation sauvage de la lande.
Alors que le prêtre faisait un geste pour signer l'arrêt de la mélodie macabre et s'apprêtait à entonner son oraison funèbre, dont chacun connaissait le contenu par cœur, une voix aigrelette retentit :
— Ben ça alors, r'gardez donc c'qui vient !
La mère Corrigou, car tel était le nom de cette vieille éleveuse de poulets, tendait un doigt chevrotant derrière l'officiant. Celui-ci, vexé d'être coupé dans son élan d'une manière aussi grossière, suivit néanmoins le mouvement général et tourna la tête, prêt à réprimander ce qui osait venir troubler la paix des morts.
Une large troupe de cavaliers s'étalait sur une partie de l'horizon, affichant sur leurs uniformes la couleur de la milice officielle.
— Par tous les vents, qu'est-ce qu'y viennent traînasser là ? s'éleva une voix revêche.
— C'pas la milice d'État ? fit une autre.
Aaron et Elouan accoururent aussitôt au premier rang. Ils n'avaient pas l'occasion d'observer des militaires de près tous les jours. Les voyageurs de passage ne manquaient jamais de commenter qu'ils arrivaient à Kerlann en plein territoire sauvage. Les locaux ne s'en offusquaient pas plus que ça, car ils étaient fiers de la terre de leurs ancêtres et ravis qu'elle soit à l'abri des convoitises et des soucis du reste du monde. Ce dont ils se méfiaient comme de la peste, c'étaient ceux qui amenaient avec eux leurs problèmes.
— C'est qu'y viennent par ici, nom de nom ! piailla de nouveau la mère Corrigou.
Effectivement, les soldats se dirigeaient droit sur eux. Lorsqu'ils furent enfin à leur niveau, celui qui portait le chapeau le plus impressionnant les détailla d'un air supérieur. Sans dire un mot, il fit un geste de la tête et un cavalier plus modeste mit pied à terre avant de dérouler un bulletin d'allure officielle et de le lire à la foule.
— Par décret du Conseil d'état du Gwernorzh, le Pays vert du Nord et ses colonies, après approbation de la loi de recrutement pour la défense de la patrie par la Concertation et le Fédérateur, tous les hommes âgés de dix-huit ans et plus répondant aux critères d'exercice de la milice sont soumis à la conscription. Par conséquent...
— C'est quoi, conscription ? souffla Elouan à l'oreille d'Aaron tandis que la lecture continuait.
— Ça veut dire que tu dois aller dans l'armée pour apprendre à te battre.
— Pour quoi faire ?
— Pour protéger ton pays.
— Et si je veux pas ?
Aaron jeta un œil à Maïwenn dont le regard s'était soudain figé. L'ombre de son sourire avait disparu. Il ne fut pas difficile de comprendre ce qui la tourmentait ainsi. Elle fixait avec frayeur Erwan, le jeune forgeron du village. Ce n'était un secret pour personne qu'il y avait une amourette entre ces deux-là.
— Je crois pas qu'on ait le choix, Elouan, répondit finalement Aaron. Tu es obligé et c'est tout.
Un silence pesant accueillit la fin du monologue du soldat. Des regards inquiets s'échangeaient, mais personne n'osa parler ou poser la moindre question.
Le vent se leva soudain tandis que les cavaliers s'éloignaient sous les regards soucieux, comme s'il avait voulu débarrasser l'horizon de ces visiteurs déplaisants. Quelques chapeaux de villageois en profitèrent pour s'échapper des têtes. Si des grognements retentirent tout près, Aaron, lui, se délecta pourtant de cette bourrasque, respirant à pleins poumons l'air vivifiant pour oublier la scène qui lui avait laissé une impression désagréable. Le vent soufflait depuis toujours sur le comté de Kerlann, balayant les bruyères de ses rafales impétueuses. Capricieux, il allait et venait au gré de ses humeurs, à jamais insatiable, chuchotant des secrets aux plus curieux et surprenant la route des plus imprudents.
On reprit finalement la cérémonie où on l'avait laissée. Résigné, Aaron joua son rôle à contre-cœur et il fut bientôt temps de rentrer. La foule se dispersa et le garçon suivit les Feginn pour qui une longue journée commençait.
À mi-chemin entre deux mondes contraires, l'auberge du Vieux-Chêne s'enracinait depuis les temps jadis près de l'arbre centenaire qui lui avait donné son nom. Vers l'est où émergeait l'aurore, se dressait la forêt, redoutable et sublime. Vers l'ouest où les ténèbres engloutissaient le jour, commençait la lande, sauvage et abrupte.
C'était là qu'avait grandi Aaron, aussi loin qu'il pouvait se le rappeler. Le reste n'était que brouillard, écho voilé d'un passé dont il avait oublié la substance.
*
La journée n'aurait pas pu se dérouler plus mal. Aux douceurs pastelles de l'aube s'était substituée une pluie pernicieuse qui s'insinuait dans chaque recoin de ses vêtements. Bien entendu, le dernier croûton de pain qu'elle avait habilement dérobé aux cuisines s'était détrempé. Et voilà qu'elle était perdue au beau milieu de cette étendue sauvage où même le sentier qu'elle avait suivi la veille avait fini par s'effacer.
Elle n'avait même plus conscience de ses propres larmes. Coulaient-elles toujours ? Ou bien était-ce la pluie ? Elle ferma les yeux un instant, comme si en les rouvrant, elle pourrait être de retour chez elle.
En avait-elle vraiment envie pourtant ?
La triste réalité la rappela sur Terre d'un furieux coup de tonnerre. Le jour déclinait. L'orage avait fini par s'installer. Il fallait qu'elle s'abrite, et vite.
*
— Oh... je te préviens Elouan ! rugit la voix féroce de Mme Feginn. Si tu n'apprends pas les bonnes manières à cet animal, il finira par tomber accidentellement dans ma marmite !
Alors que le service battait son plein en cette heure crépusculaire, le déluge venait de s'abattre dans la cuisine du Vieux-Chêne. Des cris de protestation, mêlés à des jurons à demi étouffés, se confondaient en un concert assourdissant de casseroles dégringolant au sol.
Les bras chargés d'assiettes fumantes, Aaron jeta un coup d'œil intrigué par la porte entrebâillée. Une petite boule de poils bondissait d'un buffet à l'autre afin d'éviter les mains malhabiles qui tentaient en vain de l'attraper. Cette boule de poils, c'était Louenn, le lapin d'Elouan, tout aussi roux et espiègle que son équivalent humain.
— C'est toujours la même chanson ! fit Mme Feginn en se dandinant, poêle à la main, pour se protéger d'une éventuelle attaque de son ennemi. Quand il ne vient pas mettre le bazar dans ma cuisine, il dévore mes légumes !
Aaron se rappellerait toujours cette soirée, où, rentré de l'une de ses excursions, le vieux Ferrec, homme à tout faire de l'auberge, avait ramené au creux de son veston un petit lapereau abandonné qu'il avait trouvé dans la lande. Bien entendu, Elouan s'était immédiatement pris d'affection pour lui. Et les protestations de Mme Feginn comme quoi l'animal ne survivrait pas sans sa mère ne changèrent rien à l'attendrissement général. Aussi le petit animal trouva-t-il à l'auberge un nouveau foyer, au grand dam de la maîtresse de maison. Mais il fut évident à partir de ce jour que la guerre était déclarée entre eux.
— Ce fichu animal ne perd rien pour attendre !
Elouan fit une moue scandalisée.
— C'est pas un fichu animal !
Puis il se mit à froncer tant les sourcils qu'on ne distingua même plus ses yeux sur son visage. Profitant d'un envol spectaculaire du lapin, il l'attrapa et le serra avec fougue contre lui, si bien qu'il manqua de l'étouffer. En guise de protestation, Louenn lui mordilla les doigts et s'échappa. La course-poursuite se déplaça hors de la pièce. Dans la salle commune, les clients bondissaient de leurs chaises sous le choc, puis reprenaient leurs activités comme si rien ne s'était passé. Une journée comme une autre en somme.
Mme Feginn jeta un regard noir à Aaron qui n'arrivait pas à se remettre de son fou-rire.
— Pas le temps de rêvasser, mon garçon ! Nous sommes débordés ce soir, DÉ-BOR-DÉS ! conclut-elle d'un ton hystérique en claquant la porte avec une fureur telle que toute la carcasse de l'auberge se mit à trembler.
Après la cérémonie matinale il avait fallu se remonter les manches. Le jour des morts était une aubaine pour l'auberge du Vieux-Chêne. Nombre de villageois venaient profiter de l'ambiance festive qui s'y épanouissait au crépuscule. On s'y échangeait indifféremment nouvelles et ragots, et lorsque la nuit tombait tout à fait, les derniers rescapés se réfugiaient au coin du feu de la salle commune pour écouter quelque histoire de revenants aussi palpitante qu'effrayante. C'était la partie de la journée qu'Aaron préférait. En fin de compte, elle n'était pas si terrible que ça.
Il distribua toutes les assiettes, se réservant la dernière pour son client préféré. Après avoir satisfait la plupart des estomacs en attente, il longea la cheminée de pierre où crépitaient les résidus des bûchettes du début de journée. Près de l'âtre noirci de suie s'était couché Herbert, le vieux labrador de M. Ferrec dont la chaise à bascule était encore vide. Il s'arrêta un instant.
— Ton maître n'est toujours pas rentré ?
Dehors, le vent rugissait et une pluie battante jetait ses lames rageuses par intermittence contre les vitres.
Ferrec n'était sans doute pas la personne la plus causante qui soit, ni la plus affectueuse. C'était un vieillard voûté, à l'image de son chien. Il semblait perpétuellement las de tout, ne parlait que lorsque c'était absolument nécessaire et dormait seul dans une petite bicoque jouxtant l'auberge. Malgré ce caractère bourru et solitaire, Aaron et les Feginn l'appréciaient beaucoup et lorsqu'il disparaissait trop longtemps sous un temps déchaîné pour quelque commission, ils ne pouvaient s'empêcher de s'inquiéter. Mais le vieil homme finissait toujours par refaire surface, le visage dénué d'expression. Il portait à la cuisine les précieuses victuailles que Mme Feginn s'empressait de répartir entre le cellier et la cave. Puis il allait simplement s'installer au coin du feu et sombrait dans le même demi-sommeil que son chien.
Celui-ci regarda passer Aaron avec indifférence, la tête paresseusement posée sur ses pattes, puis replongea dans sa léthargie habituelle.
— Bonnes nouvelles, M. Morvan ? lança le garçon arrivé à destination.
Il déposa la dernière écuelle devant un homme âgé au crâne dégarni et aux yeux si enfoncés derrière ses lunettes qu'on aurait pu le prendre pour une taupe. Le vieillard s'était installé comme à son habitude près du portrait de l'austère arrière-grand-mère de M. Feginn, et s'était plongé avec le plus grand sérieux dans la lecture du Petit Chroniqueur, sa gazette du mercredi.
— Encore des rixes dans les colonies, grommela-t-il en guise de réponse, la pipe entre les dents.
Il tapota du bout des doigts le titre provocateur qui disait :
DU GRABUGE AU GOUVERNEMENT : DÉSACCORDS
ENTRE LA CONCERTATION ET LE FÉDÉRATEUR ?
Aaron ne put s'empêcher d'en lire les premières lignes : Si les derniers échos en provenance du comté d'Erenn faisaient part de présumées contestations de la part des natifs, sans doute sans gravité, c'est plutôt vers le Septentrion que les regards semblent désormais se braquer. Les ministres et le chef d'État entameraient-ils un bras de fer pour la politique de colonisation de cette région du bout du monde ? Quels impacts dans les relations diplomatiques avec nos voisins du Brünland ?
— J'ai entendu dire que le Brünland allait entrer dans le Septentrion, dit-il de son ton le plus sérieux possible.
Il aimait plus que tout que Morvan parle de politique avec lui. Il lui semblait qu'il faisait partie des rares adultes qui ne le prenaient pas pour un enfant incapable de comprendre ce qui se passait dans le monde ; ça changeait et ça n'était pas désagréable.
— Vous en pensez quoi, vous ? reprit-il. Vous croyez que c'est vrai ?
— C'que j'en pense ? ricana presque le vieillard. Qu'ça présage rien d'bon.
Morvan réajusta sa pipe.
— C'qui m'inquiète plus, fils, c'est c'que foutu journal n'dit pas. J'suis contraint d'lire d'plus en plus entre les lignes ces derniers temps. Et j'aime pas ça.
Son regard se perdit un instant, puis comme s'il prenait soudain conscience de la présence du garçon, il se redressa tout à fait en émettant un grognement ravi à la vue de son dîner.
— Toujours fidèle au poste, hein ? lança-t-il d'un ton bourru mais enjoué, en repliant la gazette.
— Toujours !
Morvan était un client régulier qu'Aaron appréciait beaucoup. Sous ses airs de rustre marchand qui allait et venait de bourg en bourg, se cachait un homme lettré qui avait voyagé aux quatre coins du monde. Enfant du pays, il avait fini par retourner à ses racines en regagnant cette terre à moitié sauvage et éloignée de la côte, mais qui lui convenait tout à fait pour finir ses vieux jours. Il avait vu grandir Aaron et s'était attaché à lui, tout comme Aaron s'était attaché à Morvan.
— Tiens, r'garde donc ce que j't'ai amené aujourd'hui, fit le vieux en repoussant le ragoût fumant et en déroulant un long document sur la table.
— C'est une carte du Gwernorzh ?
Fasciné, Aaron s'assit pour l'observer de plus près.
— Ouais, c'est ça, une carte du pays. Dessinée il y a cent-cinquante ans.
Replaçant sa pipe, Morvan farfouilla dans son veston et déposa devant son jeune interlocuteur un petit objet en cuivre.
— Alors, t'rappelles comment on fait ?
Aaron opina et s'exécuta. Il chercha la rose des vents qui indiquait la direction sur la carte, puis tint l'objet au-dessus, alignant l'aiguille rouge sur la graduation du Nord. Mais pour la première fois depuis que Morvan le laissait l'utiliser, une chose étrange se produisit. La boussole ne réagissait pas comme elle en avait l'habitude.
— M. Morvan, dit lentement Aaron, le Nord se trouve bien vers la cheminée ?
— Pour sûr, répondit celui-ci d'un air distrait, concentré à former des anneaux de fumée toujours plus gros avec sa pipe.
Aaron se leva, tourna trois fois sur lui-même, puis se rassit finalement.
— Je ne comprends pas... oh non, j'espère que je ne l'ai pas cassée !
— Mais non, grogna le vieillard qui abandonna son manège, montr'voir.
Il coinça sa pipe dans un coin de sa bouche et prit la boussole d'un geste un peu balourd. Aussitôt, son expression distraite habituelle déserta son visage. Ses sourcils montèrent si haut qu'on aurait pu les prendre pour des cheveux si son crâne n'avait pas été chauve. Il jeta un coup d'œil derrière lui, regarda la cheminée, puis la boussole, puis la cheminée, puis la boussole, puis la fenêtre à sa gauche. Ses sourcils entamèrent alors le chemin inverse et redescendirent avec lenteur pour se froncer dans une moue inquiète.
L'aiguille rouge ne pointait pas dans la bonne direction.
Il reposa la boussole sur la table et en tapota son couvercle du bout des doigts, l'air grave, prenant quelques instants pour réfléchir. Son regard se perdit dans le lointain.
— Oh non, fils, tu l'as pas cassée. J'ai d'jà vu ça une fois, y'a des années d'ça. J'étais perdu dans le désert de Ketyb, nous avions eu une panne avec l'aéronef. Bien cru qu'on allait tous y rester. Alors qu'on survolait une zone peu fréquentée par les nomades. Eux, z'avaient bien essayé d'nous mettre en garde. Ils avaient peur d'un temple maudit, et disaient qu'aller là-bas nous attirerait l'mauvais œil. Évidemment, personne les a pris au sérieux. Mais quand on a volé, les instruments s'sont mis à s'affoler. C'te boussole, ajouta-t-il en la brandissant sous les yeux du garçon, c'te boussole j'l'avais d'jà avec moi à l'époque. Elle aussi est d'venue cinglée. Si on s'en est sorti c'est grâce au soleil et aux étoiles. Non, non, elle est pas cassée pour sûr.
Il prit un instant de pause pour expulser un anneau de fumée de sa pipe, l'air toujours songeur.
— La boussole, t'rappelles comment ça marche ?
— Je crois, répondit Aaron avec prudence. L'aiguille rouge est attirée par le Nord comme un aimant, c'est pour ça qu'elle ne bouge jamais. Et c'est grâce à ça qu'on peut être sûr de notre direction.
— Exact, or là, r'garde bien, elle est presque à l'Est.
Il fit un signe de tête en direction de la fenêtre. Le noir était presque complètement tombé et la pluie empêchait le regard de porter trop loin, mais Aaron devina la masse aux contours inégaux si familière.
— La forêt ? interrogea-t-il.
— En plein dans l'mille.
— Mais qu'est-ce qui pourrait la dérégler comme ça ? Pas les arbres quand même !
— Hm, non, grommela Morvan, non, que'que chose de plus puissant qu'un aimant. Je sais pas trop.
Il se turent tous les deux quelques instants, laissant les bavardages des autres clients couvrir leurs pensées. Morvan continua à former ses anneaux de fumée de son air soucieux.
— Et finalement, reprit Aaron. Vous avez su, après, ce qui avait provoqué ça ?
— À Ketyb ?
Morvan fit un signe de dénégation. Il considéra un instant l'instrument, puis, au bout de quelques secondes, le remit dans la main du garçon.
— Et si t'élucidais c'mystère, hein ? Ça tombe bien, j'voulais t'l'offrir aujourd'hui.
Aaron se leva soudain, pris au dépourvu.
— Me l'off... Mais, M. Morvan, votre... votre boussole, bafouilla-t-il d'un air interdit, vous ne pouvez pas me la donner, c'est trop...
— Trop pour un vioque comme moi ! le coupa Morvan en éclatant d'un rire puissant. J'n'en ai plus trop l'usage maintenant, tu sais. Je n'voyagerai plus jamais comme autrefois. Au moins, elle pourra servir à quelqu'un. Et puis, on n'a pas quinze ans tous les jours.
Il gratifia le garçon d'une tape dans le dos et disparut derrière son journal pour engloutir son repas. Il n'attendit même pas qu'il le remercie. Ce n'était pas son fort l'étalage de sentiments.
Déconcerté, Aaron ne bougea pas durant quelques instants. Pour une journée qui ne méritait pas d'exister, elle n'était pas si mal en fin de compte.
*
La nuit dévorait la lande. Le froid assenait des coups de poignards sur chaque parcelle de sa peau. Et comble de désespoir, elle ne voyait plus rien. La pluie, le vent et même le noir de la nuit : tout s'effaçait.
Un pas. Puis un autre.
Même si elle s'en sortait, elle mourrait sûrement d'une pneumonie ; elle avait marché trop longtemps sous la pluie glaciale.
Un pas. Et encore un.
Elle n'y arriverait pas. Ainsi, c'était comme ça que son escapade se terminerait. Si elle avait su. À bout de force, elle trébucha et vint s'écraser dans la boue. Ses yeux se fermèrent. Ses sensations l'abandonnaient. Elle ne sentait plus rien sinon la terre tourbeuse qui collait à sa peau. Et ses jambes... elles étaient si lourdes.
Elle rouvrit les paupières. Une silhouette voûtée se tenait devant elle, une lanterne à la main.
*
Un souffle. Un baiser sur sa joue. Une main tremblante passée dans ses cheveux. Aaron ne savait pas quoi faire. Des arbres immenses se dressaient devant lui. L'obscurité avait fini par le rattraper. Et il s'était perdu.
Il courut, trébucha et éclata en sanglots, le front et les paumes de ses mains douloureuses. Que pouvait-il faire ? Il n'était qu'un petit garçon après tout...
— Aaron !
Il sursauta. Lorsque ses yeux s'ouvrirent, le visage d'un Elouan affolé se dessina devant lui. Il mit quelques secondes à réaliser qu'il était de retour dans son lit et dans son corps d'adolescent, couvert de sueur.
— Aaron ! Aaron ! suppliait le petit garçon en le secouant dans tous les sens.
— Que... qu... quoi ? Qu'est-ce qui t'arrive ?
— La... la Dame blanche ! Y'a la Dame blanche dans la lande !
L'enfant pointait un doigt tremblant vers la lucarne de la chambre. Aaron s'extirpa de ses couvertures et colla son visage à la vitre ruisselante d'eau. Malgré toutes les farces d'Elouan dont il était bien souvent la victime, il ne douta pas une seconde de sa sincérité, tant la terreur déformait ses traits. Il plissa les yeux et parvint, à grand peine, à distinguer un vague éclat de lumière blanchâtre se découpant au loin dans l'obscurité et la violence de la tempête. Une silhouette informe avançait vers l'auberge en titubant.
Aaron voulut se lever pour observer avec plus de minutie, mais ses jambes se dérobèrent sous son poids. Le cauchemar qu'il venait de faire l'avait laissé le cœur battant et les membres endoloris.
Un brouhaha leur parvint alors du couloir. Des portes s'ouvraient, des clients grognaient d'être réveillés si grossièrement au beau milieu de la nuit.
— Bon sang ! C'est pas une heure à tambouriner à la porte ça !
— Qu'est-ce qui se passe ? s'affola la voix de Maïwenn.
— Allez ouvrir, M. Feginn ! fit celle de son épouse. Ce doit être M. Ferrec ! Et moi qui me faisais un sang d'encre...
Les coups résonnèrent avec violence contre les murs de la vieille demeure. M. Feginn s'élança dans les escaliers, son bonnet de nuit rebondissant sur son crâne à chaque pas qu'il faisait. Aaron s'était ressaisi et glissé discrètement à sa suite. Lorsque la porte s'ouvrit, après les multiples cliquetis des cadenas, un vent furieux s'engouffra dans l'entrée, les aspergeant de la pluie torrentielle qui sévissait à l'extérieur.
Une ombre voûtée se tenait dans l'encadrement de la porte derrière la lueur incertaine d'une lanterne. Le visage de M. Ferrec apparut, puis celui de la jeune fille qu'il soutenait à bout de bras. Ses yeux noisette presque vides se posèrent sur M. Feginn et Aaron.
Puis, sans bruit, ses jambes lâchèrent sous le poids de son corps.
Ton pseudo commence par la même lettre que le mien et comme ton histoire attendait déjà dans ma PAL, ça m’arrange beaucoup pour le Bingo ! ^^
Ton premier chapitre se lit bien et je n’ai pas eu de difficultés à m’attacher à ton jeune héros. Son petit frère adoptif apporte un petit brin d’humour rafraichissant et il se passe de quoi nous donner envie de lire la suite.
Il y a l’arrivée des militaires et leur annonce, la boussole qui n’indique plus le nord et qu’il faudra penser à rendre a un certain Jack Sparrow ^^ (oui, j’ai un humour… dsl). Mais aussi cette jeune femme ou fille.
Dès le début, tu l’annonces comme élément perturbateur : Aaron veut du bouleversement, et la voici. J’ai été un peu perturbé par l’alternance très rapide et crains que ce rythme soit la règle, mais j’ai très vite compris pourquoi.
Ce petit garçon a décidément un drôle d’anniversaire. Et un drôle de rêve aussi qui pourrait ressembler à ce qu’à vécu la nouvelle arrivante…
J’ai pu noter les quelques petites broutilles que voici au cours de ma lecture :
« Il distribua toutes les assiettes, se réservant la dernière pour son client préféré. »
« Il déposa la dernière écuelle devant un homme âgé au crâne dégarni et aux yeux si enfoncés derrière ses lunettes qu'on aurait pu le prendre pour une taupe. »
Petite incohérence ici, ou mal dit car placé à cet endroit, ça laisse supposer que son client préféré est le chien ou son propriétaire.
Et puis, on n'a pas quinze ans tous les jours.
Plus haut il est dit douze, mais je suppose juste que s’est lui qui fait erreur. Si c’est le cas, cela dit, le préciser éviterait la confusion.
À bientôt ;)
Sinon j'ai beaucoup aimé ton histoire, on se laisse prendre très facilement à l'histoire, et à ses mystères
Son personnages sont également très vivants et déjà attachants !
Par contre je me pose la question de l'univers dans lequel ils évoluent. Cela semble être de la fantasy, mais il est fait mention d'aéronefs. Et les habitants ? Utilisent-ils de la technologie au quotidien ? Il n'en est pas fait mention, mais cela est peut-être dû au fait qu'Aaron semble vivre dans un village de campagne ?
Mis à part ça, je lirai la suite avec plaisir :)
Hé hé oui, je ne suis pas très gentille avec mon pauvre héros, c'est pas cool de fêter son anniversaire ce jour-là xD mais je trouvais ça assez cocasse (et même si on les aime, c'est toujours assez rigolo de bousculer un peu nos personnages).
Je suis très contente que ce premier chapitre t'ait plu :) Je note tes interrogations sur l'univers. C'est vrai que ce n'est pas évident quand on écrit dans l'imaginaire de poser le cadre. J'ai peur soit d'en dire trop et d'alourdir, soit de ne pas en dire assez. Il faudra que je trouve le juste milieu. Effectivement mon histoire se rattache, je pense (j'ai toujours du mal à catégoriser), au genre de la fantasy, mais prend place dans un univers inventé inspiré d'un mélange entre notre Bretagne et les îles anglo-saxonnes avec une teinte XIXe siècle. Dans ce monde-là, il y a des machines à vapeur (un peu de touche steampunk qu'on ne verra pas tout de suite) mais en principe pas de phénomène surnaturel qui soit communément reconnu (simplement des mythes, des légendes et du folklore). Les éléments qui se rattachent à la fantasy arriveront plus tard. Et comme tu le soulignes, ici on est vraiment dans l'un des comtés du fin fond du pays, du coup la technologie n'est pas présente comme elle peut l'être ailleurs.
Bref, je vais réfléchir à la manière dont je pourrais mieux introduire mon univers pour que ce soit moins perturbant. Un grand merci pour ta lecture et ton retour ! J'espère que la suite te plaira ! :D
C'est une idée comme une autre^, et si c'est bien maîtrisé ça fonctionne toujours^^
J'ai bien fait de commencer à te lire avec "Rêveries" avant de venir m'égarer par ici ! J'ai retrouvé avec plaisir la nature et les éléments qui encore une fois sont très présents dans ton histoire.
Ce premier chapitre installe bien ton protagoniste Aaron, son univers et de premières intrigues : le dérèglement de la boussole, l'agitation politique dans des contrées lointaines, l'apparition de cette jeune fille dont tu as astucieusement distillé l'arrivée.
C'est accrocheur sans être tapageur et ça donne bel et bien envie d'en savoir plus et de découvrir la suite ;)
Oh la la je suis gâtée avec tous tes commentaires ! Je te réponds très vite sur les autres, promis :) sache en tout cas que tu as illuminé mon week-end !
Je suis vraiment heureuse que ce premier chapitre t'ait plu et te donne envie de découvrir la suite de cette histoire qui m'est si chère. Ce premier chapitre, je l'ai tellement remanié que je ne compte plus le nombre de versions xD mais c'est sans doute le chapitre le plus difficile à écrire, quel que soit le roman. Ce n'est pas évident d'accrocher tout en posant les éléments clés de l'intrigue et en introduisant à la fois l'univers et les personnages. Alors si celui-ci fait son job, je suis soulagée :)
Effectivement j'ai une certaine obsession pour les éléments naturels. Je suis une fana de randonnées et de grands espaces quels qu'ils soient C'est rigolo car je ne me rendais pas compte que c'était si transparent dans mon écriture. Et en même temps c'est tellement logique !
Un grand merci pour ta lecture et ton retour Cliène ♥
Ce premier chapitre était prenant et passionnant. On en apprend déjà plein sur l'univers dans lequel vit Aaron. J'adore ce personnage, et même si j'ai trouvé ce chapitre un peu long, ta plume fluide et addictive m'a empêché de m'ennuyer ! Beaucoup de chose se passe en un jour, mais ce qui m'intrigue le plus, c'est cette histoire de boussole déréglée... une chose est sûre, ça promet d'être intéressant ! x)
C'est vrai que mes premiers chapitres sont un peu longs et condensés, c'est d'autant plus marquant quand on lit sur un écran (je rêve d'avoir une liseuse pour dévorer toutes les pépites de PA). Mais si tu ne t'es pas ennuyée, alors c'est déjà un soulagement ^^
Tu en apprendras plus sur la boussole dans le chapitre suivant, mais elle va accompagner l'intrigue durant tout le roman hé hé.
Encore merci pour ton retour :) j'espère que la suite te plaira tout autant !
Je commence à lire, et il me semble que j'avais déjà lu le premier chapitre de la version 1 de ton récit (ici ou sur Scribay) donc ton histoire me disait quelque chose x)
J'aime beaucoup, les passages du point de vue de la femme sont très intriguants et Aaron (et Morvan) est déjà très attachant.
Seul petit défaut à mon goût, je ne sais pas où va mener cette histoire de conscription, si elle est importante dans l'histoire ou pas, mais je trouve qu'elle arrive un peu tôt dans le chapitre, alors qu'on ne connaît aucun des personnages, donc l'annonce tombe un peu à plat je trouve.
Hâte de lire la suite en tout cas !
Effectivement l'arrivée de la milice est cruciale pour la suite. Cela dit, je note ta remarque concernant cette irruption un peu rapide. C'est vrai que ça n'a pas été évident de savoir comment la placer pour lancer dès le premier chapitre une partie des enjeux de l'histoire. Il faudra que j'y réfléchisse de nouveau du coup.
Merci encore :D
Oh la la, quels changements ! Moi qui avais trouvé le début un peu lent, là, je sens que ça ne va pas être le même rythme ! Tu as ajouté plein d'éléments qui lancent d'entrée de jeu sur des pistes de développements. J'aime beaucoup la dimension politique d'ailleurs avec la conscription et le contexte de guerre. On le voyait de très loin dans la version précédente, mais là, on sent que c'est une réalité beaucoup plus présente. Et il y a aussi le mystère de la boussole "cassée". Il me semble que ça existait déjà, mais bien plus tard, non ?
Le ton est un peu plus mordant, aussi, et drôle (j'adore les premières phrases !).
Bref, je trouve que cette nouvelle version démarre très très bien !
La contrepartie, c'est qu'on a un peu moins cette ambiance chaleureuse et feutrée de l'auberge (avec les descriptions qui m'avaient tant séduite), mais on y gagne quand même ! Bravo. Je vais aller voir la suite :)
A très vite !
C'est adorable d'être passée si vite sur cette nouvelle version. Je suis ravie (et soulagée hihi) que tu y trouves tant de points positifs. Effectivement j'ai bien potassé l'histoire du fil rouge qui n'allait pas, le manque d'indices, et j'ai pris le parti d'y aller carrément pour deux raisons. D'une part, ça tombera, je l'espère, un peu moins comme un cheveu sur la soupe toute cette histoire de géopolitique (qui sera tout de même au premier plan dans les tomes 2 et 3) puisque avant je faisais débarquer ça bien plus tard dans l'histoire, ça avait l'air de sortir un peu d'un chapeau. D'autre part, le coup de la boussole, je me suis dit que ça permettrait à Aaron d'avoir un but à atteindre, quelque chose de concret qui va évoluer par la suite. J'ajouterais aussi que ça me semblait intéressant pour mettre un peu de tension dans ces premiers chapitres (qui étaient un peu mous du genou, disons les choses carrément !). Par contre, c'est vrai qu'il y aura peut-être moins de surprise par la suite dans les découvertes que feront Aaron et Evanna. Mais bon, disons que c'est un compromis, un pari que je me lance, on verra si ça fonctionne à la fin.... ^^
Ta remarque est très pertinente sur les pov, quelque chose me titillait encore un peu sans que j'arrive à mettre le doigt dessus sur ce début. C'est vrai que les premiers paragraphes et le début de la cérémonie constituent un ensemble finalement, ce serait plus logique que je les réunisse !
Une immense merci à toi pour ta lecture et ce retour si encourageant :)
J'aime la façon dont tu as amené l'arrivée de cette fille dans la vie d'Aaron, en l'introduisant par de courts passages, ce qui crée du suspens étant donné qu'on attend de savoir à quel moment elle va pas apparaître dans la vie d'Aaron. La fin du chapitre est donc superbe car elle répond à cette interrogation.
Je suis ravie que tu accroches à cette réécriture. Je devrais même dire ré-ré-ré-ré-réécriture xD depuis le temps que je la traîne. C'est chouette d'avoir ton retour positif sur l'alternance des points de vue. Dans mes anciennes versions, certains lecteurs trouvaient que ça cassait le rythme, alors que je l'avais justement fait pour créer un peu de tension. Et puis tu le verras si jamais tu as envie de découvrir la suite, c'est une histoire à deux voix, donc tu auras systématiquement cette alternance, bien que le rythme change selon les chapitres.
Merci beaucoup pour ta lecture et ton commentaire !
Personnellement, l'alternance de point de vue est quelque chose que j'aime beaucoup, et que j'utilise beaucoup moi même x) je trouve que ça permet à la fois de créer du suspens et de rendre le récit plus riche
J'ai hâte de découvrir la suite, je pense lire le second chapitre bientôt
J'ai vraiment apprécié te lire, ton style est vraiment agréable et entraînant, on a pas envi de s'arrêter de lire !
Le petit Aron est très attachant, mais je suis surprise de voir comme il s'exprime bien pour un garçon de trois ans...
Il y a beaudoup de personnages mais c'est plaisant car chacun est bien décrit !
Il se décrit une ambiance chaude et agréable :)
" Aaron était incapable de s'en souvenir lui-même (qui le pourrait à trois ans ?)" je pense qu'il faudrait trouver une autre formule car dit de la sorte on peu croire que le personne est âgé de trois ans ! Enfin après tu parle au début que cela fait douze ans que ça dure donc logiquement on se trompe pas, mais je suis la preuve vivante que c'est possible ^^'
Ta remarque est très pertinente, car c'est vrai que c'était un peu confus. C'est très sympa d'avoir investigué sur le pourquoi ça t'avait semblé bizarre, au moins je sais ce qui cloche ! Du coup, j'ai simplement enlevé cette parenthèse qui n'apportait pas grand chose au récit finalement. Je me dis qu'au fond le lecteur n'a peut-être pas besoin de savoir qu'Aaron avait trois ans pile poil au moment où il a été recueilli par les Feginn. D'autant plus qu'il ne connaît pas clairement sa date d'anniversaire. Bref, tu as plus que raison de me souligner tout ce qui te paraît flou, ça m'aide beaucoup à améliorer mon texte, merci ! N'hésite surtout pas à l'avenir ;)