Chapitre 1- Aria

Notes de l’auteur : Ce chapitre, ainsi que tous les suivants, ne sont que des essais, donc je compte sur vous pour me donner vos avis sur certaines choses à améliorer. Bonne lecture !

Elle avançait dans un champ. De corps. Non, de cadavres. Déchiquetés, qui plus est. Mais Elle avançait, encore et toujours, indifférente à toutes les horreurs qui s'étendaient à l'infini autour d’Elle. Elle avait les yeux fermés, comme pour se préserver du carnage, pour ignorer toutes les victimes de toutes les guerres et de tous les crimes du monde. Juste Elle avançait. Elle trébuchait, parfois. Souvent même. Mais toujours, Elle se relevait et continuait à avancer. Jamais Elle ne se fatiguait. Jamais Elle ne renonçait à son étrange but secret.

Soudain, apparut devant Elle une créature humanoïde des plus repoussante. Le monstre, car c'en était bien un, arborait un corps squelettique et une sorte de voile noir lui couvrait le visage ; dans sa main gauche, il tenait quelque chose qui ressemblait à une faux et dont  l'utilisation semble évidente dans un endroit où s'entassent des cadavres. Sentant une présence, Elle ouvrit les yeux, les écarquilla et les referma aussitôt. Le monstre, ayant jusqu’à présent le dos tourné, fit volte face et Elle se trouva nez à nez avec lui. La créature brandit sa faux. Elle tremblait de peur et dans un élan instinctif, s'aplatit par terre, à même le sol jonché de cadavres. Quand Elle tenta de se redresser, un liquide chaud et poisseux l’en empêcha. Du sang. Du sang qui la retenait prisonnière, à la merci de la créature. Qui leva, pour la seconde fois son arme. Et qui cette fois, s'abattit violemment sur la tête de la jeune fille qui hurlait maintenant, tant d’impuissance que de douleur. Un rictus infâme apparut sur ce que l’on pourrait définir comme ses lèvres.


 

Je me réveille en sursaut, pleine de sueur et pas mécontente de sortir de ce cauchemar. Encore et toujours “ce” cauchemar. Depuis la Catastrophe, il n’arrête pas de s'immiscer dans mes rêves les plus fantastiques, romantiques, tristes. Toutes les nuits, mes songes se transforment en ce cauchemar. Et toujours, quand je me réveille, je me sens oppressée, observée, sous contrôle. Pourtant, je sais bien que la société qu’on est en train de construire est des plus idylliques, et surtout meilleure que celle d’avant, celle des adultes qui privilégiaient le pouvoir de l’argent, le capitalisme comme dit Lakos.C’est ce qu’on a décidé ensemble. On s’est aussi promis de ne plus évoquer la Catastrophe, de près ou de loin. Mais on a quand même le droit d’y penser, non ? Enfin, tout ça, c’est moi qui le pense, moi, Aria, passionnée de musique. Je me suis jurée de ne rien oublier de mon ancienne vie, mes anciens amis, tout ça. Mais bon, ça va être compliqué si je ne peux même pas y penser. Ah ! Mais j’entends des pas qui viennent, les autres se réveillent, étrange si tôt, je ne peux même pas jeter un coup d'œil à ma montre à cause de cette noirceur. Il faut vite que je réprime cet élan nostalgique avant que les autres Rescapés ne se rendent compte de cet accès de faiblesse. Ils vont me traiter de faible, lâche et de peureuse, mais je ne le suis pas… Enfin juste un peu, pas beaucoup. Je me frotte les yeux pour me réveiller et découvre avec stupeur qu’ils sont embués de larmes, merde ! Je tente vainement de les essuyer, avant qu’ils ne me voient, mais trop tard. Je distingue une silhouette qui s’avance vers moi, la main tendue. Je ferme les yeux et attends une gifle qui ne viendra jamais. Au lieu de celle-ci, une douce caresse balaye mes cheveux et un baiser se pose sur mon front. Je pousse un soupir de soulagement. Ce ne sont pas eux qui m’ont vu les premiers, mais c’est elle, tout danger est écarté, ce n’est que Liya qui s’est éveillée. Je rougis un peu, mais il fait noir, personne ne me verra. Liya et moi, on est amoureuses, mais on ne veut pas le montrer aux autres, pas après ce qui est arrivé à l’autre couple, Ariane et Louis. Ils se sont fait expulser. Lakos disait : “L’amour va altérer votre jugement, partez d’ici ! L’amour n’a pas sa place dans la construction d’un monde comme le nôtre !”

Donc, on a décidé de garder notre amour secret. Je jette un coup d'œil furtif à droite, puis à gauche, pour intercepter le regard d’une quelconque personne qui nous épierait. Rien, personne. Lakos, c’est le chef, le boss, le commandeur, enfin bref, celui qui prend les décisions. Ce sont nous qui l’avons élu, mais comment faire autrement : c’était le seul candidat. Il est un peu violent et pas très sympa avec nous, mais il dit que c’est pour “instaurer l’ordre et la discipline “, alors on se tait. De toute façon, c’est lui  le chef. Je sens le souffle régulier de Liya s’approcher lentement, très lentement, de mon visage et j’avance mes lèvres contre les siennes. Une douce chaleur m'envahit alors et j’entoure ses épaules de mes bras. Je sens ses mains se poser sur mes hanches avec délicatesse. Soudain, un bâillement se fait entendre de l’autre côté de la pièce. On s’écarte précipitamment l’une de l’autre et je me tourne vers l’origine de ce bâillement. Une goutte de sueur perle le long de ma tempe, heureusement qu’il fait nuit. Oh, mais j’y pense, il fait nuit ! Ce qui signifie que la personne qui a baillé ne peut pas nous voir. J'attends quand même un petit peu avant de me retourner vers Liya, au cas où, on ne sait jamais. Elle me glisse à l’oreille, doucement, aussi fort qu’une respiration : 

- Je t’aime.

Ce à quoi je réponds par un baiser et on s’enlace de nouveau. Normalement, il nous reste environ deux heures. Deux heures entières consacrées à nous. Deux heures durant lesquelles on pourra s’échanger baisers, caresses, tendresse. Deux heures de simplicité pure, deux heures sans peurs : peur de prononcer le mot de trop, de travers, peur d'offenser quelqu'un en donnant son avis sur un sujet. Juste deux heures, deux heures pour s’aimer.

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Arash
Posté le 02/11/2022
Essai, essai...pour moi c'est bien plus qu'un essai !
C'est très réussi en tous cas. Bravo ! J'ai hâte de découvrir le fonctionnement de cette "société idyllique" ou règne "l'ordre et la discipline"
J'ai aussi beaucoup aimé se passage "Ce sont nous qui l’avons élu, mais comment faire autrement : c’était le seul candidat"
Continue !
Saphir
Posté le 02/11/2022
Salut !!

Wow, bien glauque comme il faut ce cauchemar...
Je sais pas si c'est moi, mais j'ai l'impression que cette "société idyllique" ne l'est pas tellement, haha... Surtout si l'amour est interdit !

Bon, j'ai pas vraiment de remarques particulières, tout est très bien !
J'ai hâte de lire la suite :)
Plume de neige
Posté le 02/11/2022
Yo !
Merci pour ce commentaire qui me fait chaud au cœur. Quand au fait que tu commentes... Je prends ça comme un encouragement et je t'en remercie !
Au plaisir de te lire !
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