Elian entendit une dispute à l’entrée du campement. Elle s’y rendit discrètement, curieuse de savoir ce qui créait cette animation.
Cachée derrière une caravane, elle vit le chef du clan refuser, encore et encore. Un marchandage était en cours mais visiblement, il n’était pas du tout du goût du forain.
Elian se demanda quel était le sujet du troc. Elle n’avait jamais vu le chef de famille aussi en colère. L’autre insista. Il augmenta la mise et soudain, Elian reconnut le changement, même de loin. Il ne s’agissait plus d’argent mais de menace.
La discussion vira à la bagarre. Les épées, dagues et couteaux furent tirés et le campement devint chaos. L’étranger avait prévu le coup. La conversation avait permis à ses hommes de se déployer. Les attaques venaient de toute part. Elian resta blottie, terrorisée, sous la caravane. Allongée sur l’herbe, elle vit la terre se couvrir de sang, celui de son clan.
Elle tremblait, pleurait, se retenait de crier. Toute sa famille se faisait massacrer. Pourquoi ? Qu’est-ce qui avait pu déchaîner une telle fureur ? Elle ferma les yeux et se boucha les oreilles. Tout pour s’éloigner de cette horreur.
Une main la happa fermement. Elle ouvrit les yeux pour se voir emmenée par les étrangers. Elle hurla et se débattit, en vain. Ces hommes adultes la manipulaient comme un roseau fragile. Elle ne pouvait rien. Elle voulait revenir vers les siens, au moins pour leur offrir une sépulture digne de ce nom. Une grande tristesse s’engouffra en elle : elle ne pourrait jamais enterrer quinze adultes. L’idée était ridicule.
Ils l’emmenèrent en ville. Personne ne s’intéressait à une enfant traînée par des hommes armés. Elian, terrorisée, se laissait emmener. Ils arrivèrent à un bâtiment où ils entrèrent. Dans une pièce meublée d’une table et de chaises, elle fut placée devant un homme à la peau sombre, aux cheveux et à la barbe noirs qui puait l’alcool et le tabac.
- Magnifique ! s’exclama-t-il. Des cheveux pareils au soleil, des yeux bleu turquoise, une peau blanche et fine.
Il lui caressa la joue et les hommes derrière elle l’empêchèrent de reculer.
- Douce, fraîche, appétissante, continua-t-il. Exactement ce qu’il me fallait pour regarnir un peu mon porte monnaie. Limon va t’adorer !
- Estev ! dit un homme en entrant.
Il portait des vêtements taillés dans des matières souples. Des broderies terminaient ses manches et ses bottes luisaient. Ses yeux marrons riaient. Il semblait d’excellente humeur.
- Quand on parle du loup, répondit l’homme barbu en riant. Comment fais-tu ? Tu les sens à des lieux !
- J’ai un flair imparable ! Voilà donc ta nouvelle recrue ? dit Limon en transperçant Elian du regard. Elle est magnifique ! Viens, petite, n’aie pas peur !
Les hommes poussèrent Elian vers le nouveau venu. Son visage carré, sa mâchoire forte, sa peau noire, ses grosses lèvres, il ressemblait à un dresseur de lynx. Elian les aimait bien même s’ils lui faisaient un peu peur. Celui-là la terrifiait carrément. Il souriait mais elle sentait que ses airs gentils cachaient quelque chose.
Limon s’assit sur une chaise et prit Elian sur ses genoux tandis qu’Estev lui servait à boire et à manger. Limon proposa à Elian de goûter au poulet rôti dont il se rassasiait. Elian avait toujours détesté la viande. Sa famille ne comprenait pas. D’habitude, les enfants appréciaient la viande ou les gâteaux, mais Elian réclamait des brocolis, des choux-fleurs, des carottes, des topinambours ou des épinards. Elle acceptait bien sûr de manger de la viande ou du poisson, mais à reculons.
Limon se mit à caresser le bras d’Elian. La petite fille trouva cela très désagréable. Elle aurait voulu être loin, ailleurs. Elle voulait disparaître. Limon caressa ses cheveux, les huma, enfouit son visage dedans. Il ne cachait pas son plaisir. Il mit une main sur sa cuisse et remonta. Elian commença à se tortiller pour tenter de lui échapper.
- Je te fais mal ? demanda Limon d’une voix chaleureuse et enveloppante.
Elian gémit. Non, sa caresse était gentille mais la petite fille ne voulait pas qu’il la touche. Elle refusait ce geste intime que nul n’aurait dû se permettre sans son accord. Alors que Limon se montrait de plus en plus insistant, Elian finit par repousser physiquement sa main. Limon lâcha sa cuisse de poulet pour la tenir de son autre main. Elian réagit d’instinct. Il hurla de douleur face à la morsure profonde.
Estev se leva, attrapa fermement Elian par le col et la plaça dans une malle de vêtements qu’il ferma à clé. Elian avait toujours vécu en extérieur, à courir, sauter, danser sous les étoiles et la lune. Sa famille vivait dans des caravanes, toujours en mouvement. Jamais elle n’avait connu l’enfermement ou la privation de liberté. La malle sombre semblait se rétrécir et l’enserrer pour l’étouffer. Elian hurla, cria, pleura, gémit toute la nuit.
Au petit matin, le couvercle se souleva.
- C’est l’ouverture, dit Estev. Tu as intérêt à être gentille sinon tu retournes là-dedans !
Elian ne comprenait pas. Elle suivit Estev, trop contente d’être enfin sortie de la malle. Limon n’était plus là. Estev mena la petite fille dans une alcôve en hauteur.
- Tu restes là, tu souris. C’est tout. Interdiction de sortir. Si tu sors, c’est la malle qui t’attend, pigé ?
Elian hocha frénétiquement la tête. Autour d’elle, d’autres alcôves. À sa droite, un homme de petite taille. À sa gauche, une femme à barbe. Plus loin, deux siamois, des perroquets multicolores, de gros chats tigrés dans des cages, un homme immensément grand, une femme à la tête difforme et au dos bossu. Une foire aux monstres. Elian en avait déjà entendu parler sans jamais en voir. Voilà ce qu’elle était : un monstre.
Les premiers visiteurs arrivèrent et tous s’arrêtèrent devant elle en s’extasiant sur la brillance de ses cheveux, la blancheur de sa peau, la profondeur de ses yeux bleus.
- C’est un ange ! s’exclamaient-ils.
Elian avait envie de pleurer. Jamais sa famille ne l’avait traitée de la sorte. Qu’est-ce que son apparence avait de particulière ? Une peau blanche, des yeux bleus et des cheveux blonds ? Cela n’était-il pas banal ? Elle faisait régulièrement des tours devant du public. Jamais personne ne l’avait regardée ainsi ou désignée comme ange. Les gens aimaient ses tours de magie de jonglerie et de domptage. Ils en redemandaient. Cela n’allait pas au-delà. Elle appréciait d’apporter la joie, le sourire et l’émerveillement sur le visage des gens mais pas de cette façon. Son talent aurait dû apporter cela. Pas sa simple apparence. Elle n’était pas un monstre de foire.
Toute la journée, elle dut se montrer et se faire admirer, jalouser, haïr par les passants. N’ayant que ça à faire, elle compta les gens qui passaient. Presque autant d’hommes que de femmes. Plus d’une centaine de bruns. Quelques blonds mais aucune chevelure ne brillait comme celle d’Elian. Les yeux étaient toujours marron ou noirs, pas comme les siens qui brillaient comme le ciel. Les peaux étaient hâlées voire noires, jamais aussi pâles que la sienne. À bien y réfléchir, aucun membre de sa famille de forains n’avait la même apparence qu’elle mais nul ne l’avait jamais mise à l’écart pour cette raison. Personne n’y prêtait attention. Elian ignorait que cela put être un motif suffisant pour s’en prendre à elle.
Le soir venu, Estev revint pour lui permettre de descendre de l’estrade et de le suivre. Un autre homme était assis autour de la table. Il proposait un visage rond barré d’une cicatrice. Quelques cheveux blancs pointaient sur son crâne presque entièrement chauve. Il lui manquait plusieurs dents. Son gros ventre l’obligeait à se tenir loin de la table. Elian trouva qu’il puait. Sa peau sombre, ses mains huileuses terminées d’ongles sales, tout la répugnait chez cet homme.
- J’espère pour toi que tu seras gentille, cette fois, gronda Estev. Si tu veux manger, boire et dormir loin de la malle, je te le conseille.
L’homme lui caressa les cheveux, la félicita pour leur brillance, leur douceur, leur beauté, leur soyance. Elian hésita à le mordre : ne risquait-elle pas de tomber malade en le faisant ? Le dégoût fut le plus fort. Ses dents claquèrent de nouveau. La nuit fut horrible. Elle ne dormit pas.
Au matin, Estev lui donna de l’eau et du pain avant de la remettre sur l’estrade. Elle s’éloigna pour aller faire ses besoins sous surveillance et revint. « Ange », ce mot revenait sans cesse. Les gens venaient de plus en plus loin pour la voir.
- Allez, mon ange, lança Estev le soir. Nouveau client. Combien de temps vas-tu tenir avant de craquer ? La malle te plaît tant que ça ?
Les cheveux de la petite fille furent respirés, caressés, embrassés, complimentés. Elian mordit encore. Estev l’attrapa. Elian se débattit en hurlant. Elle ne voulait pas y aller mais l’adulte était bien plus fort qu’elle. Elian comprit qu’elle allait devoir se laisser faire pour enfin échapper à cette torture nocturne.
La porte s’ouvrit à la volée et Estev la lâcha sous la surprise.
- Je fais ce que je veux sous mon toit ! se défendit-il aussitôt.
Elian reconnut la garde.
- On s’en fout de ce que tu fais subir à cette gamine, indiqua le soldat.
Elian baissa les yeux. Ces hommes-là ne l’aideraient pas, comprit-elle.
- En revanche, comment tu l’as obtenue nous regarde davantage, continua le soldat.
- Que veux-tu dire ? cracha Estev.
- Le massacre de la lune blanche ? Ça te parle, crevard ? Les forains étaient attendus. La seule animation valable, notre seule distraction. Tes monstres nous emmerdent et tu le sais, alors tu as éliminé la concurrence. Au passage, tu as récupéré un trésor blond. Tu es un meurtrier, Estev et ça, ça me regarde.
- Je n’ai tué personne, annonça Estev.
- Il a massacré toute ma famille, le contra Elian.
- La parole de cette gamine contre la mienne, siffla Estev. Je ne risque rien.
- Le tribunal en décidera, précisa le soldat. En attendant, elle sera placée à l’orphelinat afin de pouvoir témoigner devant notre bon châtelain.
- L’orphelinat ? répéta Estev. Oh le putain de salopard !
Les soldats attrapèrent Elian et l’emmenèrent. La petite fille n’en revenait pas. Elle venait d’échapper à la malle ! Elle suivit volontiers les soldats, heureuse de s’éloigner de la foire aux monstres. Elle venait d’être sauvée. Elle rayonnait de bonheur.
Ils marchèrent dans de nombreuses artères avant de sortir un peu et de se retrouver en périphérie de la petite ville. Des arbres dévoilèrent un immense bâtiment tout en pierre. L’arche d’entrée permettait de faire passer deux voitures côte à côte. Une muraille disparaissait à droite et à gauche dans la végétation. En mauvais état, elle était envahie de lierres et quelques pierres tombées formaient de petits tas de ci, de là. De l’autre côté, l’édifice de plusieurs étages rayonnait.
Elian n’avait jamais vécu que dans des caravanes, simples abris de toiles bas. Les jambes tremblantes, elle cessa d’avancer, les lèvres pincées, les yeux écarquillés. Un soldat lui mit une main sur l’épaule et lança :
- Ne t’inquiète pas. C’est le meilleur orphelinat de la région. Tu seras bien ici. Le directeur Limon est un homme admirable qui adore les enfants.
« Limon », répéta Elian dans sa tête. Voilà pourquoi Estev avait été aussi en colère en apprenant qu’elle serait amenée à l’orphelinat. Limon avait tout orchestré afin de récupérer Elian. Les soldats ne la délivraient pas. Ils la confiaient à bien pire que son tortionnaire précédent. Elian regarda autour d’elle, cherchant un moyen de fuir. Elle était déjà dans l’enceinte de l’orphelinat. Partout des murs. La porte était fermée. Le directeur arriverait d’un instant à l’autre.
Elian se décida en deux battements de cœur. C’était maintenant ou jamais. Elle courut vers un mur de pierre biscornu et le grimpa aisément. Elle passait ses journées en forêt à escalader les rochers et les arbres. La chose fut aisée. Elle se retrouva au sommet tandis que les soldats en armure peinaient en bas. Elle entreprit la descente dans l’autre sens, plus compliquée. Une fois en bas, elle entendit Limon lancer depuis l’autre côté du mur : « Ouvrez la porte. Lâchez les chiens. Ils la retrouveront. »
Elian courut au milieu des arbres. La forêt était son terrain de jeu. Elle y était parfaitement à l’aise. Malgré la pénombre, elle courut sans trébucher, sans tomber, évitant les branches, les racines, les feuilles coupantes, les épines de ronces, suivant un murmure sinuant autour de son cœur.
Elle entendait les aboiements des chiens derrière elle. Malgré sa course, elle ne pourrait pas leur échapper. Elle le savait très bien. Elle ne voulait pas les semer eux, mais les hommes aux commandes. Lorsqu’elle s’estima assez loin, elle s’arrêta et attendit en se détendant que les animaux l’atteignent, ce qui fut très rapide.
Les chiens s’arrêtèrent et l’encerclèrent. Ils n’avaient pas reçu l’ordre de tuer, juste de trouver puis d’appeler. Avant qu’ils ne se mettent à aboyer, Elian leur parla. Le domptage était sa spécialité. En spectacle, elle proposait trois tours : magie, jonglerie et domptage. D’habitude, les oiseaux étaient ses proies privilégiées. Elle appelait ceux des alentours qui répondaient volontiers à son appel. Elle n’avait jamais dompté de chiens mais sa famille en possédaient de nombreux et Elian s’en occupait volontiers depuis toujours. Les chiens s’assirent et restèrent en position, silencieux, tandis qu’Elian repartait. Éreintée, elle grimpa dans un grand arbre et s’endormit dans ses hautes branches, à l’abri de ses feuilles.
Le lendemain matin, le chant des oiseaux la tira de son sommeil. Elle se sentait bien. Elle était libre. Soudain, une immense tristesse s’empara d’elle. Libre, oui, mais de quoi ? De rejoindre qui ? Tous les siens étaient morts. Où qu’elle aille, les gens ne verraient que cela, un ange tombé du ciel ? Une créature monstrueuse ? Elian pleura longuement, perdue.
Au milieu des larmes, le murmure devint audible. Elle essuya ses joues et suivit ce chant intérieur qui pulsait dans sa poitrine. Le fil insaisissable l’amena à une source d’eau fraîche et claire. Elle but longuement puis repéra un bosquet de baies dont elle s’emplit le ventre. Ses besoins primaires satisfaits, elle se permit un sourire. Après tout, pourquoi rejoindre les hommes ? La forêt lui suffisait amplement.
Elle revit son assertion à l’entrée de l’hiver. Plus de baies, des nuits froides, des vêtements en lambeaux. Des murs, un toit, un feu, tout cela commença à lui manquer sérieusement. Cependant, elle ne pouvait se résoudre à retourner près des hommes. S’ils la voyaient, elle le savait : elle ne serait à jamais qu’un ange, une monstruosité dont tous voudraient s’emparer pour l’exhiber.
Elian l’entendit pour la troisième fois, le murmure lointain et pourtant proche, violent et sourd, insaisissable et partout autour d’elle. Elle le suivit. Elle marcha longtemps. Il l’amena à du henné et de l’indigo. Elian connaissait ces plantes, une de ses tantes les utilisant souvent. Elle se confectionna un baume et le passa sur sa longue chevelure scintillante. Elle ternit, virant à l’ocre puis au brun profond. Puis, Elian attacha ses cheveux en chignon, utilisant tout ce qu’elle trouva pour le faire tenir.
Elle s’observa dans l’eau calme d’un ruisseau tranquille. La vie en forêt avait bruni sa peau. Les cheveux ne se voyaient plus. Restaient les yeux bleus. Elle acquiesça. Cela devrait suffire. Prudente, elle testa une route peu usitée. Les premiers hommes ne s’intéressèrent pas du tout à elle. Les suivants non plus. Elle suivit le chemin qui la mena à une ville. Elle sourit. Une nouvelle vie s’offrait à elle.
Elle dénigra les quartiers environnants le château pour s’éloigner un peu et préférer les quartiers marchands. Elle se remémora tous les conseils de sa famille : voler l’argent des riches, jamais les marchands. Si elle les mettait dans sa poche, ces derniers la soutiendraient en cas de litige avec les soldats.
Elian se proposa d’aider à la mise en place des étals. Elle obtint de la nourriture en contrepartie. Ses talents de prestidigitatrice lui permirent de dérober aisément quelques bourses, rapidement échangées contre des vêtements corrects, des chaussures confortables, de la nourriture et un couteau, pratique pour couper les aumônières bien garnies.
Elian s’était trouvée un coin sous un toit pour dormir. Elle y était protégée de la pluie et du vent. Bien nourrie et bien vêtue, elle passa l’hiver tranquillement. Elle ne fut jamais inquiétée par la garde. Les marchands l’adoraient et la cachaient si besoin. Au début de l’hiver suivant, Elian rayonnait : ceinture de cuir, fourreau, vêtements, chausses, bottes souples.
Alors qu’elle rejoignait Thourik, un marchand qu’elle adorait, celui-ci arbora une mine soucieuse.
- Qu’est-ce que tu as ? demanda-t-elle, prête à lui venir en aide.
- Je ne voulais pas t’attirer d’ennuis, précisa-t-il penaud. Je pensais… Enfin bref… Promets-moi de ne pas faire de bêtise… Accepte leur proposition…
Des hommes armés l’encerclèrent. Il ne s’agissait pas de gardes mais de hors la loi. Elian n’avait pas le choix. L’un d’eux la délesta de son couteau et elle suivit son escorte jusqu’à une ruelle inconnue. Une porte s’ouvrit, suivie d’un couloir, d’un escalier, encore un couloir percé de nombreuses portes closes. Au bout, une porte qui s’ouvrit. Son escorte resta dehors et la porte se referma sur elle.
- Je suis Narco, annonça un homme assis nonchalamment sur un bureau jonché de parchemins en tous genres.
Comme presque tous les habitants de Liennes, il proposait une peau chocolat et des yeux marrons. Elian détonait, avec ses yeux bleus, mais une capuche avait vite résolu le problème et nul ne la dévisageait plus. Le visage rond et symétrique de Narco affichait une totale neutralité : ni sourire, ni rictus haineux, ni curiosité. Juste rien. Indéchiffrable.
Elian supposa qu’il l’avait beaucoup travaillé. Il portait des vêtements simples, en lin et cuir, mais d’excellente qualité, qui tombaient à merveilles et sans le moindre accroc. Ses mains étaient propres et ses ongles courts et propres. Il possédait toutes ses dents.
- Je suis le maître de la guilde des voleurs de Liennes, poursuivit-il. Tu voles sans autorisation et sans verser ta part.
Elian garda le silence.
- Ceci dit, Thourik m’a dit qu’il te connaissait depuis l’hiver dernier, ce qui signifie que tu agis seule dans ma ville depuis plus de trois saisons sans qu’aucun de mes hommes ne s’en soit rendu compte.
Elian grimaça. Qu’y pouvait-elle si ses hommes étaient mauvais ?
- De ce fait, tu sembles extrêmement douée. Je n’ai donc pas envie de te punir mais plutôt te proposer de nous rejoindre. Naturellement, tu peux aussi simplement choisir de partir, de quitter la ville.
- Pourquoi est-ce que je vous rejoindrais ? demanda Elian en plissant les paupières.
Narco lui fit signe de le suivre. Il ouvrit la seconde porte du bureau pour dévoiler l’intérieur du bâtiment. De nombreux hommes riaient et échangeaient autour d’une table bien garnie. Ils étaient propres, portaient des vêtements confortables et une dague pendait à leur ceinture. Des cheminées fournissaient une chaleur douce et confortable. L’endroit sentait le pain et la viande rôtie, bien loin de la puanteur qu’Elian se serait attendue à trouver dans un tel endroit.
- Pour cesser d’avoir froid, commença Narco. Pour cesser d’avoir peur. Une protection, une entraide, une solidarité, un toit, de la nourriture, des amis, voilà ce qu’offre la guilde.
Elian frissonna. C’était tout ce qui lui manquait. Une larme coula sur sa joue. Une famille, elle en avait eu une, merveilleuse. Elle se sentit plus seule que jamais. Pour accepter celle-ci, elle allait devoir faire le deuil de la précédente, les oublier, les mettre de côté.
- Ton passé restera à jamais avec toi. Il ne te quittera jamais, promit Narco comme s’il lisait dans ses pensées. Ce que je t’offre, c’est un présent et un avenir. Je ne cherche pas à effacer tes souvenirs. Ils seront toujours là. Je te propose un nouveau chez toi, un endroit où tu puisses te sentir bien. Je vais te donner un exemple : j’imagine qu’au moindre grand rassemblement, tu te précipites dans la foule pour t’en mettre plein les poches.
- Non, je les évite le plus possible, répliqua Elian. Il y a trop de gardes. De plus, les gens s’attendent à la présence des pickpockets. Ils sont méfiants, surveillent leurs bourses. Je préfère les parcs peu remplis, les promenades en calèche ou l’essayage chez le tailleur. Les riches font moins attention. Ils sont dans la routine du quotidien.
Elian vit un sourire se peindre sur le visage de maître de guilde.
- Je commence à comprendre pourquoi mes gars ont mis autant de temps à se rendre compte de ta présence.
Elian rougit. Elle se sentit flattée du compliment.
- Bref, la plupart des voleurs se jettent sur l’évènement. La guilde organise tout ça. Seuls deux gars sont envoyés sur le terrain, d’autres jouent les guetteurs. J’ai des contacts hauts placés. Je connais les déplacements de certains hauts dignitaires. Je connais la vie privée d’autres. Cela me permet de connaître le meilleur endroit où se trouver au bon moment pour rafler la mise maximale à moindre coût.
Elian sourit. Elle commençait à comprendre le principe.
- Je reçois également des commandes.
- Des commandes ? répéta Elian.
- Quelqu’un veut un objet possédé par un autre et celui-ci en demande un prix bien trop élevé voire refuse obstinément de le céder. Nos tarifs sont plus attractifs. Ils passent par nous. Parfois, l’objet est facile d’accès : un bracelet par exemple. Parfois, c’est plus compliqué car il est caché et gardé. Actuellement, Steph et Jules sont mes deux montes en l’air. Devenir cambrioleur est un grand honneur et cela nécessite d’énormes connaissances.
Elian observa les deux hommes qui jouaient aux osselets. Les petits objets volaient. Les mains les rattrapaient avant qu’ils ne touchent le lourd plateau de la table en bois. Un, deux, trois, quatre, cinq. Les deux hommes défiaient la gravité.
- Car vois-tu, continua Narco, il faut être capable de grimper pour entrer par le toit. Il faut également connaître la ville sur le bout des doigts car certaines entrées de service sont très intéressantes à utiliser et des ruelles sombres pratiques en cas d’appel de la garde. Ensuite, il faut être en mesure de trouver l’objet et ce bien qu’il soit caché. Steph et Jules s’amusent à se cacher des choses et l’autre doit trouver. Il est impossible de trouver quelque chose qui leur appartient.
Elian sautilla d’un pied sur l’autre. Son cœur battait fort dans sa poitrine. Ses doigts bougeaient convulsivement. Elle n’avait qu’une envie : les défier… et gagner !
- Enfin, ils doivent savoir se battre car un simple garde ne doit pas poser problème. Ils manient la dague comme personne.
- Il leur arrive de tuer ?
- La discrétion et l’invisibilité sont notre credo mais parfois, un vol peut nécessiter une telle extrémité et on ne peut pas passer à côté d’une affaire en or à cause d’un ou deux gardes.
Elian hocha la tête. Elle comprenait. Elle observa la salle à manger, lieu de vie de la guilde.
- Il n’y a pas de femme ? demanda-t-elle.
- Parmi mes gars, non. Les femmes sont plus souvent happées par une autre guilde utilisant leur sexe d’une autre manière.
Elian frissonna. Malgré son jeune âge, elle comprenait très bien. Elle ne voulait pas que quiconque la touche comme Limon avait voulu le faire. Elle pensa à ses cheveux blonds, camouflés par le henné et l’indigo, sa protection.
- Je serai heureux d’avoir une fille dans mes rangs, précisa Narco. Ça me changera un peu.
Elian sourit. Cette vie-là lui plaisait beaucoup.
Ravie que ça te plaise. Crois-moi, le personnage sera approfondi et on reviendra sur son enfance. L'histoire s’étoffera. Pour le moment, en effet, ça va vite et le but est bien que le lecteur ne s'endorme pas. J'aurais pu introduire mon univers autrement mais je préfère le faire via de l'action, rapide et incisive. Je prendrai le temps de développer (promis) mais après, quand j'aurai bien capter mon lecteur.
Merci pour ton commentaire très encourageant !
Bonne lecture.
merci pour ta réponse! Je suis impatiente de lire la suite alors ;)
Le fait qu'elle aime les légumes détonne un peu dans cette ambiance "classique", c'est sympathique, ça m'a fait rire. J'espère que ça trouvera son importance (au-delà de "nan mais en fait c'est une créature surnaturelle pure végétarienne avec des cheveux magnifiques", mais plutôt comme caractéristique personnelle d'Elian)
La guilde des voleurs fait très "Oliver Twist", mais j'aime bien le patron, il a l'air honnête (enfin, aussi honnête que puisse être un voleur), ce n'est peut-être pas très crédible mais pourquoi pas, il faut voir la place de la guilde dans l'univers.
C'est sûr que le début d'Elian est assez classique. J'accepte totalement le fait que ça soit cliché.
De fait, elle n'est pas végétarienne. Elle préfère juste les légumes mais cela lui arrivera souvent par la suite de manger de la viande ou du poisson (bien que n'appréciant pas le goût). Elle consommera également du miel avec beaucoup de bonheur.
J'espère que la suite te plaira et que la cohérence te conviendra :)
Bonne lecture !
Et pour l'instant la cohérence me convient : )
Le texte dépeint avec habileté les émotions d'Elian, sa terreur face à la violence, sa répulsion envers l'homme barbu et le maître de la foire, Limon. Tu parviens à créer une atmosphère oppressante qui engendre une réelle tension émotionnelle chez le lecteur. La transformation d'Elian, passant de la curiosité à la terreur, puis à la résolution et finalement à la tentative de fuite, ajoute une dimension poignante à l'histoire.
Merci beaucoup pour ce commentaire très agréable. Si tu trouves ce chapitre poignant, alors accroche-toi pour la suite car il va y avoir bien pire niveau émotionnel !
J'espère que la suite te plaira !
Bonnes lectures !
Ce chapitre 1 va à une vitesse folle, j'ai été un peu déboussolé au début mais c'est un choix qui peut être vraiment intéressant. L'héroïne perd ses parents, est recueillie par un gars très étrange, emmenée à l'orphelinat, s'enfuit, se débrouille toute seule, se retrouve dans une guilde de voleurs. Finalement, on dirait plus un prologue qui résume le passé du protagoniste avant de commencer l'histoire. C'est en tout cas ce que semble suggérer le ralentissement à la fin de chapitre, qui semble indiquer que l'histoire va reprendre un rythme plus "classique". C'est inhabituel mais pourquoi pas, ça a l'avantage de nous permettre de très bien connaître l'héroïne. Le revers de la médaille c'est qu'il ne reste plus trop de mystère sur elle du coup mais il y a plein d'autres moyens d'en amener^^
L'idée d'une guilde de voleurs est plutôt sympathique, curieux de voir comment Elian va s'y intégrer...
Mes remarques :
"La discussion devint bagarre." -> vira en ? (répétition devint juste après)
"La vie en forêt avait brunie sa peau." -> bruni
Un plaisir,
A bientôt !
Au début, ce chapitre n’existait pas. On commençait directement par ce qui est maintenant le n°2. Plus tard, Elian se confiait à un autre perso et racontait cette partie en flashback. Sauf que cela entraînait deux écueils :
1) Dans ce (futur) dialogue, je souhaitais axer le lecteur sur les dires de l’autre personnage. Or il me semblait que le lecteur ressortait de cet échange davantage avec le passé d’Elian que les informations transmises par l’autre. De fait, Elian raconte toujours son passé mais déjà, de manière lapidaire, et ensuite, le lecteur y accorde moins d’importance vu qu’il le sait déjà. Tout ce qu’il peut tirer de l’échange, c’est de constater qu’Elian dit la vérité (ce qui est intéressant car avec moi, mieux vaut faire gaffe avec ce que les gens disent. Les menteurs sont nombreux).
2) Dans ce roman, la temporalité est centrale et complexe. Or ce flashback rajoutait encore inutilement de la difficulté. J’ai donc préféré un récit linéaire beaucoup plus fluide et compréhensible pour le lecteur.
Plus de mystère sur Elian ? Tu vas pouvoir constater à quel point tu te trompes.
Les sautes temporelles sont nombreuses (dans ce roman et dans d’autres). Il m’arrive souvent de passer dix ans en deux lignes. Mes lecteurs me disent être surpris mais s’y faire finalement.
Merci pour les remarques, que j’ai prises en compte.
J’espère que la suite te plaira tout autant.
"Plus de mystère sur Elian ? Tu vas pouvoir constater à quel point tu te trompes." Je me suis peut-être mal exprimé, je voulais dire moins de mystère sur ses origines, ses traumatismes etc
Curieux de découvrir la suite !
J'ai beaucoup aimé ce premier chapitre, tu as une plume lisible et tu ne surcharges pas le lecteur d'informations inutiles comme certains auteurs ont tendance à le faire pour remplir les pages.
Je trouve l'idée de guilde des voleurs très séduisante et me pose une question à son sujet. A un moment, tu dis qu'Elian aurait pu être punie par Narco. De quel genre de punition parles-tu ? Bannissement ?
Sinon j'aime beaucoup le contexte et l'univers dans lequel se passe ton histoire et j'ai hâte de lire la suite !
La punition pourrait être d'avoir la main tranchée, par exemple.
Je suis heureuse que ça te plaise ! J'espère que la suite te plaira tout autant !
POUR EVITER TOUT SPOIL
Salut,
Comme dit dans mon commentaire sur le chapitre 66, je me suis dit que j'allais poster un commentaire à la fin de chaque chapitre.
Donc, comme dit dans mon premier commentaire, je trouve toujours ce premier chapitre bien amené, en nous présentant rapidement le passé d'Elian, qui, plus tard dans l'histoire si je ne m'abuse, nous aide à comprendre certaines de ses réactions.
J'imagine que le murmure qu'entend Elian dans la forêt est un avant-goût de sa nature elfe ? Non, parce que parler aux animaux et aux plantes (même très mal) est typiquement eldarin hmm ?
Cependant, il y a quelques petites choses que je ne comprends pas :
1, quand tu dis que la vie en forêt avait bruni son teint. Par quoi peut il être bruni à part le soleil ? Je ne vois pas. Or, en hiver, je trouve difficile de bronzer, surtout quand il est écrit qu'elle souffre du climat. De la saleté, je comprends, mais vu sa joie de se laver le visage dans un cours d'eau, je ne comprends pas qu'elle ne le fasse pas. Pour éviter l'hypothermie peut-être ? Bref, je trouve que la manière dont c'est dit est curieuse. Peut-être pourrais-tu reformuler ?
2, je ne sais plus quel membre de PA l'a dit dans un commentaire, mais je souhaiterais confirmer. Je trouve qu'on passe effectivement assez vite de l'été (où les forains dorment et discutent tranquillement dehors) à l'hiver où Elian souffre (vraiment) énormément du froid.
3, peut-être que l'emploi du verbe dénigrer dans la phrase "Elle dénigra les quartiers environnants le château pour s’éloigner un peu et préférer les quartiers marchands" n'est pas le meilleur ? Selon le littré, dénigrer se fait par des discours, et il me semble qu'Elian ne parle pas au premier paysan qu'elle rencontre ou au seigneur du coin pour leur affirmer que les quartiers environnants du château sont nuls. De plus, je trouve qu'utiliser un deuxième verbe dans cette phrase qui pourrait s'en passer alourdit un peu le paragraphe. Peut-être que " elle préféra les quartiers marchands à ceux environnants du château" serait d'un meilleur effet ?
4, Quand elle arrive en ville, tu dis qu'elle est désormais bien nourrie et bien vêtue. Pour le "bien nourrie", je comprends, vu qu'elle obtient de la nourriture en échange d'aide. Mais pour le "bien vêtue", je ne vois pas. Un des marchands l'a pris en pitié et lui a offert un bout de son toit en même temps que des vêtements ? Cela mérite quelques éclaircissements non ?
5, mais qu'a fait Thourik ? Il l'a signalé à la guilde des voleurs ? Ils s'entendent bien, eux ? Les voleurs ne volent les marchands ? Ils se mettent sur quoi voler pour que les riches viennent racheter leurs affaires chez les marchands ?
6, Mais on ne connaît jamais le nom de la ville ? Tout le monde en parle comme "la ville" mais elle doit bien avoir un nom, et je trouve qu'il serait important de le citer. C'est Tur-Anion, la capital ou une grande ville ou juste un trou paumé ? Ou peut-être que c'est dit dans le chapitre 2 quand on parle de Brian Eldwen, je ne sais plus. Si oui, je pense que tu pourrais le préciser dans ce chapitre.
Voilà, c'est tout pour ce chapitre ! Oui, je sais, je suis très pointilleuse et je chipote beaucoup ! Au moins, le texte sera (presque) parfait !
Rendez-vous au chapitre 2 :-)
J'imagine que le murmure qu'entend Elian dans la forêt est un avant-goût de sa nature elfe ? Non, parce que parler aux animaux et aux plantes (même très mal) est typiquement eldarin hmm ?
→ Cela vient en effet de sa nature elfique. Après, contrairement à ce qu’on peut penser à ce moment-là, ce n’est pas seulement de l’inné. Il y a beaucoup d’acquis mais l’enfant qu’est Elian à ce moment-là ne peut pas s’en rendre compte. Car même si Dolandar a été invisible, sa présence a été très bénéfique. C’est lui qui a fait en sorte, que « miraculeusement », les forains qui ont accueillis Elian soient systématiquement rejoints par des elfes lors de leurs déplacements. De ce fait, Elian a côtoyé énormément d’elfes des bois dans son enfance, lui permettant de « ressentir » la magie des elfes des bois (même s’ils diront qu’ils ne sont pas magiciens).
1) Il faudrait que je reformule en effet car si Elian passe l’été et le début de l’automne en forêt, dès que l’hiver pointe son nez, elle sort. Elle quitte les bois dès la disparition des baies (et ça arrive plutôt vite en fait, vers octobre en France). Mais je vais reformuler vu que tu n’es pas la première à m’en faire la remarque et 2) rajouter quelques phrases sur le passage de l’été et de l’automne.
3) Je vais modifier la phrase.
4) Elle est bien nourrie et bien vêtue parce qu’elle vole les riches et s’achète de quoi manger et s’habiller. Mais je vais revoir si ce n’est pas clair…
5) Thourik n’a rien fait du tout. Il a simplement été menacé par les voleurs. Il leur a balancé quand Elian vient le rejoindre. Je peux rajouter une phrase pour éclaircir ce moment.
6) Dans les nombreuses réécritures, le nom « Liennes » a fini par disparaître ? Zut, ce n’était pas spécialement désiré. Je vais relire et trouver un moyen pour l’introduire mine de rien.
Merci pour tes remarques, très pertinentes et qui vont me permettre de peaufiner mon texte. C’est exactement ce dont j’ai besoin !
J'ai aimé ce premier chapitre. Il est rapide, beaucoup s'y passe. En même temps, cela permet de placer Elian. J'ai eu peur pour elle, avec tous ces hommes autour d'elle lorsqu'elle a été kidnappée. Peur aussi en voyant la case orphelinat arriver. Heureusement qu'elle s'est enfuie ;)
La guilde des voleurs: je me retrouvais un peu dans Pratchett :P Mais sympa comme idée. La seule femme - elle va en baver pour se faire respecter, je suppose...
Petite remarque:
- "Elle revit son assertion à l’entrée de l’hiver": J'ai été étonnée par le passage à l'hiver (peut-être parce que tout se passait à un moment, puis zou, hiver). Peut-être marquer cela avec un --- Mais c'est peut-être juste moi.
Au plaisir de te lire!
Merci beaucoup de ton commentaire. Je suis contente que ça te plaise. Ca va vite mais il y a tellement à faire derrière ! Les trois premiers chapitres ne sont que l'introduction d'Elian. Ce roman est très long mais j'espère qu'il te plaira assez pour le suivre jusqu'au bout.
Je note pour l'hiver qui arrive trop brusquement. Je pourrais en effet rajouter quelques phrases pour l'automne (sans trop insister mais juste pour le montrer).
Tu as un beau style d'écriture. C'est fluide et tu arrives à nous bercer avec tes mots. Les prémices de l'histoire sont intéressantes. Continue le gros travail et et n'abandonne pas! Hâte de découvrir la suite!
Merci pour tes encouragements. J'espère que la suite te plaira tout autant !
J'ai trouvé ce premier chapitre fluide, ça se lit facilement, on imagine bien les scènes. On a une vision assez clair des évènements et de où on nous emmène.
Mais j'ai beaucoup de mal avec l'héroïne : blanche très pâle, blonde, belle, végétarienne, qui parle aux animaux, un athlète de haut niveau, qui connait toute les plante, bonne magicienne, voleuse d'élite, avec une capacité de résilience formidable et ça en étant qu'une enfant... c'est trop pour moi.
Sinon, nous sommes dans un univers médiéval type européen donc climat océanique/continental, non? (vu qu'on nous parle d'un hiver rude...) On ne trouve pas d'indigo et de henné sous ces latitudes (ce sont des plantes tropicales). Du simple brou de noix aurait eu le même effet, ou de la gale de chêne, des plantes très facile à trouver en forêt dans ce type de climat, facile à manipuler et d'une couleur tenace(mais certes moins belle qu'une coloration végétale moderne à base de henné/indigo... quoique le henne/indigo sur cheveux blond il sera difficile d'avoir du brun foncé). (Par ailleurs, elle va devoir se teindre les cheveux très souvent, donc vaut mieux une coloration facile à trouver)...
Sinon, une question, dans le résumé, qu'entends-tu par «Il y a une quinzaine d'années, ce roman est arrivé 2ème chez Bragelonne.»?
(il y a 15 ans, les soumissions était fermée chez Bragelonne et je n'ai pas souvenir d'un concours...)
Je te souhaite bonne continuation et de trouver ton lectorat. :)
Ravie que tu aies trouvé ma plume fluide et facile à suivre.
Son apparence physique est la sienne. L’âge n’importe pas pour être pâle, avoir les cheveux blonds et les yeux bleus (cette apparence aura de l’importance plus tard), belle (les petites filles laides existent, d’accord, mais c’est plutôt banal, non ? Et puis, elle est belle selon certains critères qui seront remis en question plus tard, d’ailleurs). Végétarienne : quel rapport avec son âge ? Elle a le droit d’avoir des préférences alimentaires qui auront de l’importance plus tard. Parle aux animaux : très mal. Cela aura de l’importance plus tard et sera remis en question. Athlète de haut niveau : pas vraiment. Quand on vit toute sa vie en forêt, à grimper dans les arbres au milieu de gens du cirque, je ne pense pas qu’un simple mur en pierre puisse vous faire peur. Connaît les plantes : quelques unes, parce qu’elle a vécu dans la nature et a appris de ses aînés. Notre vie moderne nous a éloignés de tout ça mais je ne vois pas de grosse surprise ici. Bonne magicienne (je suppose que tu veux dire prestidigitatrice) : quelques tours oui. Regarde les enfants de la balle. Ce n’est pas extraordinaire de connaître quelques tours à 7 ou 8 ans. Voleuse d’élite : elle ne l’est pas. Elle se contente d’essayer d’appliquer quelques tours. Au début, elle vit surtout en aidant les marchands et en recevant en retour. Il lui faudra un an entier pour faire quelques tours. Le reste, elle l’apprendra à la guilde des voleurs. Résilience : la vie l’a mise face à des choses terribles. Elle va en souffrir et la suite ne sera pas mieux. Elle survit. Elle aurait pu craquer, en effet, et se laisser mourir mais alors, l’histoire n’aurait pas existé. Oui, les héros sont souvent des gens courageux mais n’est-ce pas le but, justement ?
Le climat est plus complexe que ça : si tu veux imaginer la carte de ce monde, alors il faut imaginer un continent de la forme de l’Afrique (mais pas forcément exactement son climat). Falathon se situerait globalement au Congo. Sauf qu’il ne jouit pas exactement du même climat à cause d’une géographie légèrement différente de celle de notre Afrique (tant en positionnement sur le globe que en terme de montagne et de plaine environnante). Les plantes sont un mélange assez exotique et plutôt africain, en fait. Quant aux quatre saisons, il y en a aussi dans l’hémisphère sud (en Afrique donc) et ce bien qu’ils n’aient pas les mêmes plantes que nous. Donc, non, plutôt africain qu’européen, avec des couleurs de peau très variées d’ailleurs. Ceci dit, je vais chercher le brou de noix et la gale de chêne pour ne pas gêner mes lecteurs. Merci pour la proposition intéressante que je note.
Je ne sais que te répondre. Il y a environ 15 ans (mais je n’ai plus la date exacte en tête), j’ai envoyé mon manuscrit tapé par lettre à Bragelonne. Ils m’ont répondue six mois plus tard que mon œuvre, arrivée deuxième, ne serait pas choisie car ils ne prenaient qu’un seul nouvel auteur par an. Honnêtement, à l’époque, je ne crois pas que je me souciais de savoir si les soumissions étaient ouvertes ou fermées. J’ai envoyé au culot. On m’a répondue. Voilà.
Merci beaucoup pour ton commentaire très intéressant. J’espère que tu trouveras une lecture plus à ton goût :)
Je pense que tu n'a pas compris ce que j'ai essayé de dire quand j'ai listé toute les qualités de l'héroïne : trop, c'est trop! Personnellement j'ai juste envie de la gifler!
Sinon, vous côtoyez beaucoup d'enfant de 7 ans? Moi 25 tous les jours d'école, 6h par jour, et, non, ce qu'elle fait est anormale. Non, un fillette ne réagirait pas comme ça, non, ils ne grimpe pas à un mur si facilement ni ne courent en forêt sans tomber, même pour une enfant de la balle (d'ailleurs les enfants de la balle ne sont pas "libres", ils travaillent au cirque, aident leur parent, répètent des numéros, font des spectacles... ils ne courent pas par monts et par vaux en liberté. Il ne faut pas confondre avec des gens du voyage (qui donnent certes plus l'air d'être libre, mais c'est juste qu'ils ont d'autres contraintes, surtout les filles...))
Donc on est en Afrique? Alors là il y a un très gros problème d'écriture du texte du coup, car rien, absolument rien ne permet de le savoir, tout est décrit comme de la fantasy médiéval occidentale, de la description des lieux au nom des personnages et comme le seul personnage décrit physiquement est une fillette pâle et blonde...
Sinon, En république démocratique du Congo, c'est un climat équatoriale, il n'y a pas d'hiver, juste une saison des pluies et une saison sèche, il fait entre 25 et 30°C toute l'année. Donc Elian n'aura pas de souci avec l'hiver, le froid, le manque de nourriture lié à la diapause hivernal de la végétation...
J'avoue j'adorerais lire une fantasy qui se passerait dans un univers reprenant la culture Congolaise (je ne la connais pas, c'est bien pour ça, ça serait dépaysant.)
Concernant Bragelonne, j'ai le regret de t'informer que tu as juste reçu un refus type, ils envoyaient ça à tout le monde, les soumissions Bragelonne "tout public" n'ont ouvert qu'en 2011...
Oui, je côtoie des enfants de 7 ou 8 ans (je suis professeur). Et Elian n'est pas un "enfant de la balle" comme ceux d'aujourd'hui. Il s'agit bien d'un monde médiéval, avec des enfants vivant dehors, en contact avec la nature (contrairement aux nôtres élevés dans des boîtes et qui n'ont, pour la plupart, jamais été en forêt, et ceux qui ont été, des forêts travaillées par l'homme). Bien sûr qu’aucun des enfants d’aujourd’hui ne saurait faire ça. Très peu d’adultes le peuvent. Nombre de connaissances liées à la nature ont été perdues. Nos enfants ne sont pas bêtes : ils ont juste les compétences nécessaires à vivre dans notre société actuelle et elles sont autres. Je ne critique pas. Je dis juste que mon personnage vit dans un autre monde.
Non, mon univers n’est pas celui de l’Afrique ni de la culture congolaise. Mon histoire ne se passe pas sur Terre. Je vous dis juste que la carte de l’Afrique peut vous aider à vous représenter la forme des lieux. Cette histoire se passe sur un continent ayant la forme de l’Afrique (il y a peut-être d’autres continents sur cette planète, je n’en sais rien et je m’en fiche, mes personnages ne s’y intéressant pas spécialement). Sauf que cette Afrique est légèrement décentrée vers l’hémisphère nord, permettant au nord de ce continent de jouir d’un climat plutôt « européen » et le sud plutôt « équatorial ». Sauf qu’entre les deux, il n’y a pas de mer méditerranée et donc, les plantes et les animaux se déplacent plus facilement. De plus, des montagnes et de nombreux déserts déstabilisent beaucoup le climat. Ainsi, même si Falathon jouit d’un climat à quatre saisons, il propose des plantes en provenance de pays voisins plus « africains » à nos oreilles. Je ne peux pas inventer tous les noms des plantes et des animaux. Je n’ai pas envie de perdre mes lecteurs dans des gloums et de l’hempe (en lieu et place de vache et herbe).
Je ne cherche pas spécialement à décrire le Congo. Le fait qu’Elian soit très blanche, blonde aux yeux bleus n’est pas anormal à Falathon mais pas banal non plus. Ceci va d’ailleurs attirer l’attention.
Ce roman propose deux autres personnages principaux. Le deuxième, Narhem – dont le nom complet est Narhem Ibn Saïd- est un homme adulte de type nord-africain (mais aucune religion monothéiste n’est présente dans cet univers. Je présente plutôt de l’anémisme sans insister plus que ça, ne souhaitant pas développer ce volet-là). Le troisième personnage, Bintou, est une femme à la peau noire et aux cheveux noirs, typique africaine. Aucun des trois personnages n’est plus important que les autres. Vous pouvez sans problème lire les chapitres consacrés à Bintou ou à Narhem si vous avez aimé ma plume mais qu’Elian vous sort par les trous de nez. Les histoires des trois personnages sont lisibles en elle-même. Vous risquez simplement de moins bien comprendre les moments des rencontres entre les différents personnages.
Le dernier personnage (pas principal mais important à mes yeux quand même) n’est pas humain et propose une peau noire aussi. Ce roman ne se veut donc pas spécialement européen mais je ne cherche pas non plus à reproduire les cultures africaines. Je développe un univers différent, aux coutumes et cultures différentes. Afin de ne pas trop perdre mon lecteur, je commence par de la fantasy classique pour dévier doucement et amener mon lecteur à me suivre ailleurs. J’ai peut-être tort. Peut-être devrais-je au contraire commencer par Bintou. Je ne sais pas. Personne n’a relu ce roman depuis sa ré-écriture (personne qui m’ait donné son avis).
Pour Bragelonne : si tu le dis. Cela ne ressemblait pas aux lettres types que j’ai reçu d’autres maisons d’édition depuis mais je ne suis pas experte non plus.
Moi non plus je n’aime pas la petite fenêtre. J’écris sur un ordinateur en passant par un traitement de texte pour plus de facilité. Je comprends ta difficulté. Pas de souci.