Pourquoi elle ?
C'est ce que je me dis tous les matins avant d'aller voir ma Tiff à l'hôpital. Tiffany est ma meilleure amie depuis ma naissance, puisque nous sommes nées le même jour. Nos mères sont meilleures amies depuis la fac, en réalité. Quand elles ont appris qu'elles étaient enceintes en même temps, elles ont sauté de joie, ce qui est compréhensible. Avec Tiffany, on se considère comme des sœurs jumelles bien qu'on ne se ressemble pas. Elle est rousse et moi brune, elle a les yeux verts et les miens sont bruns. Mais la ressemblance extérieure ne compte pas, c'est notre relation qui compte réellement.
Malheureusement j’ai appris il y a un an de cela que ma meilleure amie a une tumeur cérébrale. Dès lors, mon monde s’est écroulé. J'ai réalisé comment quelques lettres, mises bout à bout, peuvent changer toute une vie. Je savais qu'elle était plus forte que ça et qu'elle allait s'en sortir, mais au fond, je savais qu'il y avait de faibles possibilités qu'elle s'en sorte. J'allais perdre ma moitié, c'était comme si j'allais perdre mon deuxième poumon. Tiffany et moi ne faisons qu'un, comme des sœurs siamoises.
Sans elle, rien n'est pareil au travail : elle était toujours là pour me faire rire, même dans les moments les plus sérieux. Ce qui a failli me coûter mon emploi. Le midi, on mangeait ensemble. Maintenant, je suis seule dans le parc, imaginant qu'elle soit là. Chaque midi, je mange le même sandwich. Si avant ça ne me dérangeait pas, c'est différent dès à présent. Tiff n'est plus là pour me faire oublier le goût de ce plat. Et pour me faire rire aux éclats. Le directeur de l'entreprise essayait de trouver une remplaçante, mais c'était impossible. Personne n'égale Tiffany, qui est l'employée du mois depuis des années.
Alors me voilà devant le miteux hôpital dans lequel elle est enfermée. Sa famille n'avait pas les moyens de la faire hospitaliser dans un établissement plus correct. On faisait avec, bien que ça me faisait du mal de la voir la bas. La couleur grise de ce bâtiment reflète son atmosphère pesante, ill n'y avait aucun bruit, même pas un oiseau. Seulement mes pensées et moi. L'endroit reflétait la mort, comme si personne ne sortait de ce funèbre lieu vivant. Et j'avais bien peur que ce soit le cas pour ma meilleure amie.
J'entrai dans cet endroit lugubre, sépulcral, pour l’y trouver. Il n'y avait pas d'ascenseur, alors je devais monter cinq étages, chaque matin. Le point positif était que ça me faisait travailler mon cardio, mais il est vrai qu'un ascenseur ne serait pas de refus. Une fois arrivé à son étage, je soufflai un coup comme pour ordonner à mon corps de ne pas me faire pleurer. Je ne voulais pas que la fin de vie de ma sœur soit triste. Elle avait déjà son propre malheur à gérer, je ne voulais pas qu'elle me console.
Elle était là, allongée sur son lit, à regarder les flocons de neige par la fenêtre, signe que Noël arrivait à grands pas. J'ai toujours aimé cette fête, ma mère invitait toujours ma meilleure amie et Val, sa mère, à venir dîner à la maison. On offrait des cadeaux, chantait des champs de Noël et, quand on est devenu majeur, on buvait du vin ensemble. On formait une famille après tout, bien qu'on n'ait pas le même sang. C'est la famille qu'on s'était créée, car c'est ça le plus important : la famille que l’ont choisi et pas la famille héréditaire.
Après quelques instants à regarder les flocons de neige, je m'avançai pour remplacer les fleurs qu'elle avait par des nouvelles. Chaque lundi, je le faisais. Hors de question qu'elle ait des fleurs fanées. En plus, c'était des lilas, ses fleurs favorites. Ensuite, je lui embrasse le front, pour lui faire signe que j'étais là et que je serais toujours présente pour elle. Tiffany prit du temps avant de bouger sa tête dans ma direction, comme si elle avait un temps de réalisation assez important. Les yeux sombres et vides de Tiffany rencontrèrent les miens, ses yeux qui autrefois étaient si lumineux. J'étais assez nostalgique de l'ancienne Tiffany, bien que je l'aimais tout autant.
— Tu vas bien aujourd'hui ?
— Oui.
Menteuse. Je sais qu'elle va mal, ses yeux ont parlé pour elle. On a toujours favorisé le regard aux paroles. C'était plus simple pour nous, surtout quand nous étions en public.
— Pas de migraine ce matin ?
— Y’a eu pire.
Tiffany était comme ça, elle préférait mentir plutôt que de nous voir s'inquiéter pour elle. Mais je ne force pas plus et la laisse se reposer, j'allais finir en retard si je traîne encore ici. Bien que l'idée de devoir la laisser dans cet endroit me faisait toujours du mal. Après avoir pris de longues inspirations, je pris mes affaires, le cœur gros, et l'embrassai une nouvelle fois pour lui dire au revoir.
Quand je fus sortie de la chambre, je m’efforçai de ne pas pleurer, je déteste la quitter, je ne sais jamais si c'est des au revoir ou des adieux et cela me ronge l'esprit. Chaque matin, je me réveillais en priant pour que Tiffany aille bien. Je n'étais pas croyante avant sa maladie, mais j'ai commencé peu à peu à l'être. J'en avais besoin en réalité.
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Une heure plus tard, j'étais au bureau, à une réunion avec le chef d'entreprise, Monsieur Dixon. Je ne le connais pas forcément, mais si on suit les rumeurs, il serait un croqueur de femme, ce qui justifie son absentéisme. Même si je crois en cette rumeur, je trouve cela vraiment pitoyable de la rependre. Nous ne sommes plus au collège, après tout, et dans tous les cas, à part nuire à sa réputation, il n'y a pas vraiment d'utilité.
La réunion était au sujet de son problème : son père l'oblige à épouser une femme pour qu'il puisse garder l'entreprise. C'est sûrement à cause des rumeurs, ça a dû arriver aux oreilles de la presse et pour redorer son blason, il fallait qu'il prouve au monde entier qu'il n'était pas un coureur de jupon. De ce fait, Monsieur Dixon nous a demandé de lui trouver des rencards pour vendredi soir. Il nous a expliqué que les employés se sont chargés de mettre une liste de contacts sur notre bureau et qu'on avait juste à appeler ces personnes. Je trouvais que c'était chiant. Habituellement, je ne fais pas ce genre de chose qui est plutôt le rôle de l'assistante. Moi, je suis web designer, je m'occupe du site internet, mais aussi du graphisme. Honnêtement, je pense qu'une petite promotion ne serait pas de refus. Je suis dans cette entreprise depuis 2 ans et on ne m'a jamais parlé de promotion. Soit je suis nulle, – bien qu'on me félicite souvent – soit on se fiche complètement de ma gueule.
Après être sortie de la salle de réunion, je me suis tout de suite assise à mon bureau, j'ai appelé de nombreuses femmes et presque toutes ont accepté. Je ne savais pas si c'était pour son physique ou pour sa richesse. Même si l'un est aussi horrible que l'autre. Je ne comprendrais jamais pourquoi les autres ne s'intéressaient qu'au physique et à la richesse plutôt qu'au cœur et à la personnalité d'autrui. On ne marie pas un corps, mais une personne, et personne ne le comprend à part Tiffany.
Au moment d'appeler une autre demoiselle, les parents de Tiff m'appelèrent. Mon cœur se serra ; en ce moment on s'appelait uniquement pour parler de l'état de ma meilleure amie qui se dégrade de jour en jour. Tiff étant plus importante que ce que je faisais actuellement, je décidai de me donner une pause afin de répondre à mon appel sans être précipitée .
– Salut Val.
Personne ne répondit, les seuls choses que j'entendais étaient les pleurs de Valérie. Mon cœur s'arrêta de battre, elle était morte. Je ne pourrais plus jamais la voir, ma routine du matin sera mise à néant. Je vais devoir trouver quelque chose pour combler ce manque, bien que je sais que ce sera impossible. Les larmes coulèrent le long de mes joues. Quelques collègues me regardaient avec insistance, certains me jugeaient et d'autres s'inquiétaient, mais je ne faisais pas attention à eux. La souffrance était trop grande.
– On n'a pas assez d'argent pour les frais médicaux de Tiffany, on va devoir abandonner et la laisser partir.
Mon cœur se remit à battre, elle était saine et sauve, pour l'instant. Il allait falloir que je trouve un moyen de gagner de l'argent pour elle. Elle s'en sortira grâce à tous les efforts que je vais faire pour elle. Impossible d'abandonner après tout ce qu'on a traversé ensemble.
– Je vais vous aider.
Je raccrochai pour ne pas qu'elle me dissuade et mes yeux se posèrent sur les numéros des femmes que je devais appeler pour le patron. L'idée me vient ; et si j'épousais mon patron en échange d'argent ?
Je sais, ce n'est pas vraiment une bonne idée, mais tout le monde sait à quel point la famille est importante dans la vie. Je serais prête à tout pour garder ma sœur près de moi.
4 jours plus tard
Ayant une amie possédant une entreprise, elle était sur la liste. Je lui ai expliqué le plan et elle a accepté de me donner sa place de toute façon. elle ne comptait pas y aller. Elle avait déjà un copain, bien qu'elle devait cacher cette relation à ses parents. Et puis, elle n'aimait pas l'idée d'épouser quelqu'un sans amour. Elle n'était pas d'accord avec moi, elle trouvait que mon idée était absurde, mais comme une bonne copine digne de ce nom, elle respectait mon choix.
Ce soir, j'irai à ce rendez-vous, mais avant tout, il allait me falloir des vêtements de luxe. C'est pour cela que mon amie Maddie m'a prêté des vêtements. J'espérais juste qu'il ne me reconnaisse pas. Dans tous les cas, je ne l'ai vu qu'en réunion et nous sommes tellement nombreux qu'il n'a pas dû faire attention à moi. Et puis, je n'ose jamais parler, j'étais invisible.
J'étais dans la queue, habillé d'une robe blanche avec un col roulé et d'un blazer beige. C'était élégant, mais pas à mon goût, je n'étais pas à l'aise. J'avais l'impression d'être un Clown. Il ne restait plus que trpersonnes avant que je puisse avoir mon rendez-vous. Quand fut mon tour, j'arrangai ma chevelure brune avant d'entrer : il fallait que je fasse une bonne impression.
– Bonsoir, dis-je, pleine d'assurance.
L'homme me reluqua avant de soupirer, il était déçu et ça se voyait. Je ne savais pas si c'était mon visage ou ma tenue qui le répugnait tant, mais ça m'a mise hors de moi. J’avais passé du temps à me préparer pour lui plaire et, au final, il n'osait même pas me regarder.
– Bordel. Elles se ressemblent toutes, sortez.
– Pardon ?
– J'ai dit, sortez, c'est clair, non ?
Je ne répondis pas, il fallait que je trouve un moyen de le convaincre qu'il fallait qu'il m'épouse, mais comment ? Peut-être que je devrais lui dire la vérité et croiser les doigts pour qu'il accepte. Après avoir cherché plusieurs alternatives, je me lançai.
– Bon, écoutez, je suis venue relookée pour ne pas me faire cramer.
L'homme fronça les sourcils, il était en pleine incompréhension. Il montra la chaise en face de lui pour que je m'y installe. Je fis un cri de joie intérieurement, je savais que l'honnêteté était la meilleure chose.
– Expliquez-moi.
Je me suis assise à la table et je l'ai regardé dans les yeux. Il avait de beaux yeux bruns qui pouvaient ensorceler quiconque qui croisait son chemin. Mais je devais faire attention, les beaux garçons sont souvent les pires.
– J'ai besoin d'argent, vous avez besoin d'une femme. Alors je vous épouse si vous me donnez 10 000 euros.
– Je veux épouser quelqu'un que j'aime.
Quand je lui demande cette somme, l'homme ne réagit pas, cependant il était réticent à l'idée de m'épouser. Il voulait épouser quelqu'un qu'il aime sans savoir qu'il fallait apprendre à aimer au lieu d'attendre le coup de foudre. Il était vraiment ignorant, je savais très bien qu'il finira par m'aimer tôt ou tard. Il n'y a pas de raison que ce ne soit pas le cas, je suis facile à aimer, mais difficile à garder.
– Aimez-moi si vous tenez à votre entreprise.
Après quelques secondes de silence, le soupir de mon patron brisa ce silence, je le regardai, prête à me mettre à genoux pour qu'il accepte. Bonne nouvelle, l'homme accepta, s'embarquant dans un grand périple rempli d'aventures et sûrement de haine.
Après ce marché, le jeune homme enregistra mon numéro et me raccompagna vers la sortie. Quand les autres jeunes femmes comprirent que j’avais été choisie, elles me reluquèrent toutes; le dégoût embomait la pièce. Elles ne comprenaient sûrement pas pourquoi une simple fille comme moi avait été choisie.
Après être sortie de l'établissement, j'ai pris un bus pour me rendre à l'hôpital pour annoncer la nouvelle à Tiff. J'espérais qu'elle comprenne, hors de question de lui mentir, j'allais lui dire la vérité et, si cela ne lui plait pas, je m'en fiche. Je n'ai pas besoin de son autorisation.
Une fois dans sa chambre, mon souffle se coupa. Ça me faisait toujours bizarre de la voir, elle avait totalement changé. Elle était faible et je ne reconnaisais plus son comportement. Elle n'était plus la Tiffany solaire que je connaissais. Elle était épuisée et n'arrivait même plus à faire une phrase.
– Tiff, tu vas être sauvé.
– Quoi ?
– J'ai trouvé un moyen d'avoir de l'argent pour la chimio.
- Oh...Ok
Tiff regardait la fenêtre, elle ne m'a même pas demandé comment j'allais le faire, j'en ai donc conclu qu'elle s'en fichait. Tiffany ne m'a d'ailleurs pas regardée une seule fois pendant les 10 minutes où j'étais près d'elle. Même quand je lui ai embrassé le front, habituellement elle me regardait, mais là, elle avait changé : elle n'était pas comme ce matin. Ma sœur était éteinte, elle était déjà morte et je ne l'ai remarqué que maintenant.
En rentrant chez moi, je n'ai pu m'empêcher de pleurer. Depuis le début, je m’abstenais de pleurer, mais la douleur était trop dure et l'état de Tiff ne s'améliore pas. Pour me changer les idées, j'optai pour un bon bain bien brûlant. Il n'y avait que ça pour me calmer et me remettre les idées en place.
J'entrai dans le bain après l'avoir rempli d'eau bouillante. J'attendis que mon corps s'habitue à la température pour me savonner, après quoi, je décidai de me relaxer. J'avais passé une dure journée et j'avais besoin d'un moment rien qu'à moi. Une fois détendu , je me suis lavé les cheveux avant de sortir du bain et de me mettre en pyjama.
En sortant du bain, je donnai à manger à Elisabeth, ma chienne. Je l'avais trouvé dans la rue et j’avais donc décidé de l'adopter. Depuis, elle ne m'a plus jamais quitté, c’était ma confidente. Après avoir joué un peu avec elle, je m'installai au lit, sans manger. Je n'étais pas d'humeur et puis j'étais crevée, cette journée a été épuisante jusqu'au bout.
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Le lendemain, M.D m'a convoqué dans son bureau. Je ne sais pas comment il sait que je travaille pour lui, mais passons ce détail. Je n'avais pas la tête à réfléchir, la seule chose que je voulais était que la journée passe vite pour que je puisse retrouver Élisabeth et surtout : retrouver mon lit bien douillé.
Arrivée à son bureau, il m'a parlé du fait que je devrais travailler ailleurs pour que le mariage puisse avoir lieu s'il tombe amoureux de moi. Cette nouvelle m'a refroidie, mais je préfère perdre mon travail plutôt que de perdre ma meilleure amie. Et puis, quand elle reviendra au travail, j'aurais sûrement divorcé avec Monsieur Dixon, alors je reviendrais sûrement dans cette entreprise.
M. D. m'a aussi dit que son chauffeur viendra me chercher dans 6 jours à 8 h pour qu'on puisse passer la journée ensemble. Je trouvais cela assez embêtant, mais il fallait bien qu'on passe du temps ensemble pour qu'il puisse tomber amoureux de moi. Honnêtement, j'étais un peu stressée à l'idée de voir comment est sa vie, et puis, c'est vrai qu'il me déstabilise. Je ne saurais pas dire pourquoi, c'est comme ça tout simplement. Peut-être était-ce parce qu'il était bel homme, ses tatouages qu'il essayait de cacher étaient plutôt sexy.
Puisque tu es là, et moi aussi, j'en profite pour te laisser un petit avis sur ce premier chapitre.
Déjà, je trouve que c'est plutôt bien écrit, tu as un style assez fluide et facile à lire. C'est un style assez simple sans pour autant être plat ou ennuyeux. Il y a très peu de fautes, quelques maladresses, mais rien qui gêne vraiment la lecture et la compréhension de l'histoire.
Pour l'histoire en elle-même, la relation entre Tiffany et la narratrice est bien présentée, on sent vraiment la force de l'amitié. En revanche, je trouve qu'il manque un peu développement sur la relation entre Tiffany et son patron, et la réputation du patron. Ça va un petit vite sur la fin, alors qu'on a un rythme plus posé au début. Présenter d'avantage le patron (et tous ses défauts) avant que la narratrice lui fasse son offre renforcerait les enjeux d'un tel contrat, et on comprendrait mieux la dimension "sacrifice" de la narratrice, et la dynamique "bad romance avec un bad boss".
Pour l'histoire en elle-même, ça c'est mon avis personnel, mais je trouve pour l'instant que c'est très cliché. C'est le type de personnages et d'intrigue vus et revus des centaines de fois dans toutes les romances new adult de ce genre (et même les K-drama). Donc à voir si tu arrives à rendre ça plus unique et original dans les chapitres à venir en proposant un scénario qui sort un peu des sentiers battus ou des personnages avec un développement particulier.
Dans tous les cas, je te souhaite bonne continuation pour l'écriture ! Je repasserai pour voir comment l'histoire évolue.