Cela faisait une semaine que M.D et moi avons conclu un marché, aujourd'hui, j'emménage chez lui, même si cette idée ne m'enchante pas. Premièrement, parce que cela fait des années que je n'ai pas cohabité avec quelqu'un et, honnêtement, ça ne m'avait pas manqué. J'aime bien être seule, enfin j'ai Élisabeth avec moi, bien sûr, mais elle est plus agréable que les humains. Et la deuxième raison pour laquelle je n'ai pas forcément envie d'habiter avec Monsieur Dixon est que je ne le connais pas et que vu le croqueur de femmes qu'il est, je n'ai pas envie de voir plein de femmes se trimballer devant moi toute la journée.
Le chauffeur de mon patron est arrivé devant chez moi à huit heures pile, c'est qu'il était ponctuel. Monsieur Dixon voulait que je vienne tôt pour qu'on puisse partager un repas ensemble, bien que j'aurais préféré qu'il vienne me chercher un peu plus tard. Je ne sais même pas ce qu'on va faire de huit heures jusqu'à midi. Il peut s'en passer des choses en quatre heures et c'est vrai que cette idée me terrifie après tout, je ne sais pas à quoi m'attendre.
Pendant le trajet, j'étais assez silencieuse puisque je ne connaissais pas ce chauffeur et puis, je préférais regarder le magnifique paysage. Je n'avais que ça à faire puisque mon téléphone m'ennuyait en ce moment. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais c'est comme ça. J'ai sûrement trop passé de temps dessus et donc je ne trouve plus d'utilité à celui-ci. C'est fou comme chaque activité que nous pouvons aimer peut rapidement devenir d'un ennui sans nom. Dans ce cas, la meilleure chose à faire est de nous consacrer à nos passions tout en évitant de tomber dans l'excès.
Arrivée devant sa somptueuse maison, son chauffeur sortit mes bagages du coffre, tandis que moi, je sortis Élisabeth de sa caisse de transport. Je l'avais pris sans demander l'accord de mon directeur, car il était hors de question qu'elle soit seule à mon appartement. Vue de l'extérieur, sa maison avait l'air immense et un peu vieille, comme si elle sortait tout droit du Moyen Âge. J'en conclus donc que sa famille habitait ici depuis des années. À moins qu'il n'aime le style ancien, ce qui m'étonnerait venant de lui, mais après tout, je ne sais rien de lui. Peut-être qu'il regorge de surprises ; et, si c'est le cas, je ne veux pas le savoir.
Sa maison était beige et ses toits étaient dignes d'un château, je pouvais entendre les oiseaux chanter, ce n'était pas désagréable en réalité. Je passai ma main dans ma chevelure brune et saluai mon directeur qui venait d'arriver. Le jeune homme grimaça quand il vit Elisabeth. Il avait l'air de ne pas vouloir d'animaux, mais je m'en fichais, elle sera là qu'il le veuille ou non.
— Pourquoi il y a un putain de caniche dans ma cour ? se plaint-il..
Je fus abasourdie: premièrement, il devrait mieux parler, ce n'est qu'un chien, et puis Élisabeth est très sage, alors il ne devrait pas s'en faire, et deuxièmement, ce n'est pas un caniche, mais un bichon. Je savais qu'il n'avait pas la lumière à tous les étages, mais de là à confondre deux races de chiens, franchement, il faut vraiment avoir deux de quotient intellectuel. Je pris donc une grande inspiration pour me calmer, je n'avais pas envie d'en faire trop comme à mon habitude.
— Déjà, je ne peux pas la laisser seule et deuxièmement, c'est un bichon.
Monsieur Dixon souffla et me tourna le dos, je compris vite que j'avais gagné. Je n'avais d'abord jamais douté de ça, j'avais même préparé un discours pour le convaincre. Je suivis donc mon patron et il me montra un endroit où je pouvais poser ses gamelles et quelques jouets. La seule condition était qu'elle ne devrait pas faire trop de bruit, sinon je serais renvoyée chez moi. Après tout ça, l'homme d'affaire commença la visite en m'expliquant qu'ils n'avaient pas changé la décoration depuis des lustres. Sur les murs, se trouvaient des portraits de rois, sûrement ses ancêtres. La demeure sentait le Moyen Âge, ce qui confirmait mes dires : le château était ancien. Sa résidence était bien rangée, donnant l'impression que l'endroit n'était pas habité.
M. D. me montra ma chambre, elle était lumineuse, telle un lever de soleil en été. Ses couleurs vives étaient une douceur pour les yeux. Bien que nous n'étions qu'en hiver, j'avais l'impression d'être en été. Cette pièce était faite pour moi, j'avais même l'impression qu'il l'avait fait exprès, dans le but de me faire sentir comme chez moi. Je savais que je me faisais des films, mais parfois, c'est beau de rêver.
— Et votre chambre ?
M.D me reluqua, je ne comprenais pas pourquoi, après tout, je n'avais pas d'arrière-pensée. C'était juste de la curiosité déplacée, certes, mais mon intention n'était pas mauvaise. Et puis, imaginons que malencontreusement, je me trompe de chambre. Je veux quand même savoir où je suis.
— Ça te regarde ? Tu veux te blottir contre moi ?
L'homme tourna les talons et me laissa seule. En attendant, je visitais ma chambre tout en pensant à Tiff, espérant qu'elle puisse voir cette chambre un jour., enfin techniquement, elle ne la verra jamais, jamais, car une fois qu'elle sera guérie, Monsieur Dixon et moi ne serons qu'une histoire ancienne. Enfin, je l'espère. Alors me voilà, en train de vider mes valises tout en écoutant ma playlist, enfin surtout, les chansons de Maggie Lindemann, ma chanteuse préférée. Peut-être que je l'aime parce qu'on me dit souvent que je lui ressemble. C'est d'ailleurs grâce à ça que je l'ai découverte.
Après avoir terminé de ranger mes affaires, je me mis à lire des livres. Je n'avais rien à faire et la lecture était ma safe place. J'aime changer d'univers et de personnalité. C'est d'ailleurs en lisant que j'ai forgé mon caractère. C'est sûrement pour cela que j'aime autant lire en réalité. Le temps passait sans que je m'en rende compte quand quelqu'un frappa à ma porte, brisant le silence que j'avais construit depuis plusieurs heures. J'indiquai à la personne derrière la porte qu'il pouvait entrer et et j'aperçus le majordome me prévenant aussitôt que le repas était prêt. Je fus étonnée. Pour moi, je ne lisais que depuis trente minutes.
Une fois que la majordome m'ait accompagné dans la salle à manger, je tombai nez à nez devant Monsieur Dixon, assis au bout de la table. Il semblait impatient que je goûte aux plats, comme s'il avait cuisiné lui-même, mais encore une fois, je le prenais pour l'homme qu'il n'était pas. Son majordome m'indiqua de me mettre à l'autre bout de la table, ce que je fis sans broncher.
Sur la table, se dressait une multitude de nourriture, il y en avait pour tous les goûts. La cuisinière avait dû cuisiner pendant des heures, ne sachant pas ce que j'aimais manger. Mais elle n'aurait pas dû en faire autant, je suis certaine que tout le reste ira à la poubelle, à moins que je demande à Monsieur Dixon de donner les restes à Élisabeth. C'est quand même pratique d'avoir un chien après tout, et puis je suis sûre que dans quelques jours il l'adorera.
Le majordome me demanda ce que je voulais manger après avoir regardé tous ces plats succulents. Je décidai d'opter pour le bœuf. Une fois que le majordome m'a servie, je regardai Monsieur Dixon afin de savoir si je pouvais manger, et quelle fut ma surprise quand je vis qu'il avait déjà entamé son assiette sans avoir attendu que je fusse servie. Décidément, il était vraiment impoli. Je fis donc de même, bien qu'à la première bouchée, je sentis que le repas était infect. Étant beaucoup trop polie, je fis comme si de rien n'était et continuai de manger, en silence. Ce silence qui m'oppressait, il fallait que je le brise, mais comment ?
— C'est toujours aussi silencieux ? Demandai-je avec mépris, bien que ce n'était pas ce que je voulais faire.
Isaac me regarda, arquant un sourcil. Il avait l'air abasourdi, peut-être que j'aurais mieux fait de me taire, de tourner ma langue 7 fois dans ma bouche avant de l'ouvrir. Mais le mal était déjà fait, je ne pouvais pas changer ce qui avait déjà été dit.
— Si ça te dérange tant que ça, t'as qu'à partir, princesse.
Je fronçai les sourcils, réfléchissant à ce que je pourrais répondre. Je voulais bien sûr partir, mais si je le faisais, Tiffany mourra de ma faute. Après de longues minutes à réfléchir, je me lance. J'ai décidé d'y aller franco et puis, s'il n'aime pas ma façon d'être, il l'aimera plus tard, j'en suis certaine. Dans quelques mois, il rampera à mes pieds, me suppliant de ne pas partir.
— Et t'offrir ce plaisir ? Non, merci.
Comme la cuisine était horrible et que la compagnie l'était tout autant, je décidai de me lever pour aller dans ma chambre, le seul endroit où je pourrais potentiellement être tranquille. J'entendis Monsieur Dixon se lever, ça qui n'annonçait rien de bon. Étant trop fatigué pour me battre, je continuai ma route, mais à peine arrivé en bas de l'escalier, mon directeur me prit le bras et me plaqua contre le mur. Il me regardait dans les yeux, comme s'il était envoûté par ceux-ci.
— Tu comptes aller où comme ça ? Tu n'as même pas mangé.
Il était plus débile que je le pensais, où pourrais-je aller ? Il est le seul moyen de sauver Tiff. Et puis, que je mange ou non, c'est la même. Il devait se douter que je n'allais pas manger tout ce qui avait été préparé.
— Le repas est infect et tu me mets mal à l'aise.
— Tu restes ici.
Non, mais pour qui il se prend à me donner des ordres ? Même mon père ne m'en donne pas, enfin il est mort, donc il ne risque pas de m'en donner après tout. Mon père était un homme d'affaire, peut-être que c'est pour cela que j'ai du mépris pour lui. Le travail a toujours été plus important que moi. Ma mère m'élevait donc seule, j'ai toujours eu de la fascination pour elle, en réalité. Pour moi, les mères ou les pères qui assument le rôle pour deux ont un mental d'acier galvanisé.
— Laisse-moi aller dans ma chambre, s'il te plaît.
Monsieur Dixon me lacha, il avait sûrement compris qu'avec moi, il faut me laisser faire ce que je veux. Encore une fois, j'avais gagné. Dixon 0 / Elycia 2. J'allai donc dans ma chambre, aussi rapidement que je le pouvais. En arrivant, Elisabeth me fit la fête. La pauvre avait dû s'ennuyer. Pour mon occupation de l'après-midi, j'optai pour le dossier que m'avait donné mon directeur. Il contenait son histoire, je devais la connaître par cœur, car demain, j'ai un repas avec son père. En ouvrant le dossier, j'appris beaucoup de choses sur lui. Sa vie n'avait pas été facile, à vrai dire.
Il est né trois jours avant moi, le 12 mars 2003, c'est rigolo en réalité. Sa mère est morte d'un crash d'avion quand il avait 5 ans. Cela a été très dur pour lui, car il était très proche d'elle. Ça me fait presque de la peine pour lui. De plus, il a été 8 mois en détention pour mineur : il avait vendu de la drogue à ses voisins. Son père a arrangé le coup en disant aux médias qu'il était en voyage car à 15 ans, il était déjà connu. Cela ne m'étonne absolument pas quand on sait que son père détenait la plus grosse entreprise du pays. Je comprenais enfin pourquoi mon patron était aussi désagréable, il était tout simplement malheureux.
Après plusieurs heures à lire et relire ce dossier qui m'ennuyait, le majordome arriva avec un nouveau dossier : celui de notre rencontre. Apparemment, on se serait rencontré lors du fameux rendez-vous arrangé, ce qui n'est pas tellement faux en réalité. On serait tombé amoureux en un seul regard, pitoyable non ? Je ne tombe pas amoureuse si facilement, ça me fait passer pour une fille facile. Depuis, on serait inséparable, totalement absurde.
Après avoir passé des heures à apprendre ce fichu dossier aussi ennuyeux que pitoyable, je décidai de faire une petite sieste. J'espérais ne pas me réveiller jusqu'au lendemain matin pour ne pas voir la tête de mon patron qui me désespère. La cohabitation va être dure, je le sens. Il allait falloir que je prenne sur moi pour pouvoir survivre avec lui.
🐝
Le lendemain, je fus réveillé par le bruit des oiseaux, c'était assez agréable comme réveille. Je savais que ça allait être une bonne journée, bien qu'elle soit stressante, étant donné que j'allais avoir un repas avec mon futur beau-père. La dernière fois que j'en ai eu un, ça s'est mal passé. Il était plutôt un alcoolique qui n'hésitait pas à me draguer quand il était sous alcool. J'espérais que ça se passe différemment avec le père de Dixon. En réalité, j'avais le sentiment que ça allait bien se passer.
Pendant que j'étais submergé par mes pensées, quelqu'un toqua à la porte, m'arrachant de celle-ci. Quand la porte s'ouvrit, je tombai nez à nez devant le majordome dont je ne connaissais pas le nom. Il fallait que je le lui demande, car je n'aime pas l'appeler le majordome. Il n'est pas qu'un simple majordome beau gosse, il est une personne quand même.
— Comment vous appelez-vous ? Dis-je, sans même lui dire bonjour.
— Anthone.
Anthone ? Bizarre comme un prénom, je connais des Antoine, mais pas des Anthone. Mais j'aime quand même ce prénom, c'est agréable à dire.
— Dis-moi Anthone, comment s'appelle ton patron ?
L'homme regarda la porte, pour vérifier si M.D était là. Visiblement, il n'a pas le droit de me parler. Pourquoi ? Je n'en ai aucune idée, mais je le découvrirais bientôt. Si je dois habiter ici, j'instaurerais mes règles. Dixon n'a qu'à bien se tenir.
— Isaac Dixon.
C'était un joli prénom, même si c'est peu original. Ses parents ne se sont pas foulés en réalité. J'aurais préféré me marier avec Anthone, lui, au moins, est beau gosse et poli. La seule chose que fait Isaac est de me courir sur le haricot. Sérieusement, cet homme est vraiment imbus de lui-même : je n'arrive pas à croire que je vais sûrement l'épouser.
Anthone partit après m'avoir dit de me doucher. Isaac avait mis une tenue dans la salle de bain. Quand je la vis, je fus déçu. C'était une robe Louis Vuitton, elle était beige, assez simple mais élégante. De plus, j'ai des talons noirs, la seule chose potable dans cette tenue. J'allais redevenir un clown. Je crains bien qu'en l'épousant, je serais obligé de changer de style, c'est décevant.
Après ma rapide douche, Isaac prit mon bras pour m'emmener dans sa Limousine noire. Décidément, il s'acharnait dessus. Si ça continue, je n'aurais plus de bras et c'est vraiment dommage. J'ai besoin de mon bras pour travailler, bien que je vais être sans emploi jusqu'au mariage, voire la fin du mariage. Cette idée m'énerve, j'ai toujours aimé travailler. C'est pour cela que mon premier boulot, je l'ai eu à 16 ans.
Dans la voiture, le chauffeur d'Isaac et lui parlaient ensemble pendant que moi, je stressais en silence. D'ailleurs, Isaac l'a très bien remarqué, étant donné que ma jambe n'arrêtait pas de bouger. De temps en temps, mon patron jetait un œil dans ma direction, comme pour voir si j'allais bien. Enfin, c'est encore quelque chose que j'ai inventé, il doit être saoulé d'avoir un vibro à côté de lui.
10 minutes plus tard, nous sommes arrivées chez le père d'Isaac. Je vais enfin pouvoir montrer mes talents d'actrice. Peut-être qu'il me laissera tranquille si je réussis le repas. Je n'aime pas vraiment les diners de riches, mais je vais essayer de faire un effort pour Tiffany. Il ne faut pas oublier que c'est pour elle que je fais ça, et surtout pas pour rendre service à Isaac.
Franchement, j'ai adoré ! Vivement que la suite sorte !
J'ai trouvé que ça se lisait rapidement et facilement. En plus j'ai trouvé que l'histoire était très logique
Continue comme ça
:)