Malgré le casque, l'odeur de l'alcool étouffait Orn, qui tentait tant bien que mal de se frayer un passage dans la Cantina remplie. Des grains de sable se soulevaient du sol à chacun de ses pas, presque invisibles face aux murs jaunes et sales. La chaleur pesait sur le chasseur qui portait une capuche attachée à sa cape, qui trainait doucement derrière lui. La musique couvrait aisément les conversations bruyantes, et Orn ne captait que des bribes de mots. Sa cible ne devait pas tarder à arriver, ce qui lui laissait le temps de se distraire. Jouant des coudes, il se dirigea vers une table libre tout en saluant ses compères avec des mouvements secs de la tête. Le chasseur s’approcha d’une des trois chaises autour de la salle, avant de vérifier que cette dernière était bien propre - une leçon durement apprise - et s'y affala. Ses yeux se baladèrent dans la salle, observant les différents clients de la Cantina. Sans surprise, la majorité de ces personnes était des contrebandiers ou des chasseurs de primes comme lui. Les endroits comme celui-ci constituaient des sortes de repères pour tous les mercenaires de la Galaxie dont l'activité n'était pas tout le temps légale. Orn aperçut également le gérant à la peau bleue, un Toydarian. Il voletait au-dessus du comptoir, le regard mauvais, sa trompe s'agitant au rythme des battements de ses minuscules ailes. Taar-Y, puisque tel était son nom, était connu par tous les chasseurs de primes comme étant très dangereux : il s'amusait à mettre une prime attirant sur la tête de ceux qui osaient le provoquer. Le chasseur détourna donc rapidement les yeux, cherchant quelque chose d’autre à observer pour ne pas énerver le gérant et ne pas s’attirer ses foudres.
Son regard se posa finalement sur le groupe de chanteuses occupant la petite scène poussiéreuse. Habillées légèrement et dansant en même temps, leurs voix résonnaient dans toute la Cantina. Elles étaient probablement des esclaves de Taar-Y ; ce dernier avait un véritable couvent de Twi’leks et de Pantoriens. Orn n'appréciait pas beaucoup la musique sur laquelle les esclaves dansaient, mais elle suffisait à satisfaire son impatience. Les yeux fixés sur une belle chanteuse à la peau bleue, il ne remarqua pas la Twi'lek qui entoura ses bras autour de son cou, arrivant derrière lui discrètement.
"Ça fait longtemps que tu n'es pas venu ici..." fit-elle, d'une voix douce et espiègle.
Orn esquissa un sourire sous son casque.
"Crois-moi, je ne suis pas ici par choix, Nasha."
Il se redressa sur sa chaise, forçant la jeune Twi’lek à enlever ses bras de son cou. Cette dernière le contourna de sorte à se mettre devant lui et s'assit promptement sur les genoux du chasseur, qui soupira.
"Je travaille..."
Nasha le regarda en face, l'air enjoué, en ajustant ses lekkus, les deux excroissances typiques des Twi'leks se situant sur le dos du crâne.
"Et... ?" demanda-t-elle innocemment en posant une main légère sur la jambe d'Orn.
Le chasseur rit et chassa la main baladeuse.
"Bien que le concept ne me dérange pas, je préfère ne pas décevoir mes clients..."
"Oh, je sais, Chasseur Impérial," répondit Nasha d'un ton moqueur. "Mais ils n'ont pas à connaître tes moindres faits et gestes..."
"Je ne me vois pas expliquer à Vador que je n'ai pas son colis à cause d'un joli minois," répliqua Orn, souriant malgré lui sous son casque.
La belle Twi'lek soupira et le supplia de ses yeux vert-émeraudes, qui contrastaient avec sa peau d'un violet pâle, presque rose. Orn devait bien reconnaître qu’elle était d’une beauté extraordinaire, même s’il n’était pas attiré par elle.
"Allez… juste une fois !" s'exclama Nasha.
"À t'entendre, on croirait que tu veux absolument me voir sans mon casque," grommela le chasseur, dont la patience commençait à s’amenuiser.
"C'est vrai que ça ne me déplairait pas... j'aimerai bien savoir quel genre de tête tu as ! Tout ce que je sais, c'est que tu n'es pas un Twi'lek."
Le chasseur eut un mouvement de recul, que Nasha prit pour une confirmation de sa théorie. En réalité, Orn ne s'attendait pas à celle-ci, et ne savait que trop en penser. D'un côté, que ce soit inconcevable qu'il soit un Twi'lek éloignait les autres de sa véritable identité, de l'autre, c'était vexant de se voir exclu de sa propre espèce.
"Qu-Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
— Ton nom n'est pas composé. Mon nom entier, c'est Nash'Amersu, par exemple," expliqua Nasha. "Un Twi'lek a toujours un nom composé."
Il grinça des dents sous son casque. Elle avait raison, bien sûr, mais cette réalité n'était pas agréable à entendre, même s’il en avait parfaitement conscience.
"J'ai déjà rencontré des Twi'leks avec des noms simples," mentit Orn à moitié.
Sur le coup, feindre l'ignorance lui semblait judicieux : cela renforçait la théorie, certes fausse, de Nasha. Cette dernière fit d'ailleurs la moue à sa remarque, comme si elle méprisait ceux de son espèce qui n’avait pas un prénom composé.
"Si l'un des nôtres a un nom simple, c'est qu'il a été banni par son clan..."
— Et comment peux-tu savoir que je n'ai pas été banni ?"
— Oh, eh bien, pour être banni, il faut avoir fait quelque chose d'inimaginable pour nous, comme tuer l’un de ses semblables, ou un membre de sa famille. Mais tu es un chasseur de primes, pas un meurtrier," élabora-t-elle sans preuve aucune, mais avec une forte conviction.
Orn ne fit aucun commentaire, préférant laisser Nasha à ses illusions. Maintenant de mauvaise humeur, il décida de se mettre sérieusement au travail.
"Allez Nasha, laisse-moi faire mon boulot."
En disant cela, il se remit correctement sur sa chaise pour la forcer à se relever ; ce qu'elle fit, non sans un regard outré à Orn.
"D'accord, d'accord ! Je m'en vais. Mais reviens rapidement," dit-elle sans rancune, en s'éloignant à la recherche d'une autre personne à embêter.
Il soupira de nouveau, puis regarda avec attention les personnes présentes dans la Cantina, à la recherche de sa cible. À côté de lui, un Togruta à la peau rouge l'observait, l'ayant sans doute reconnu. Orn, qui ne voyait pas sa cible, l’avait remarqué, et garda un œil attentif sur lui. Ce dernier avait un regard sévère, presque menaçant, et les taches blanches autour de ses yeux renforçaient cette impression. Rester ici trop longtemps semblait être une mauvaise idée pour le chasseur, qui se fit une raison. Il ne pouvait pas partir sans sa cible.
"À ta place, je ne lui aurais pas dit non," commenta une voix légère derrière lui. Une voix qu'Orn connaissait : celle d'un collègue chasseur. Celle de son "colis".
Ne daignant pas se retourner, Orn lui répondit d'un ton égal, presque ennuyé.
"Tu ne dirais pas non à Jabba, Rusk..."
Le concerné rit à sa remarque et se plaça devant lui, comme s'il voulait discuter avec son collègue. Orn pencha la tête, et sourit sous son casque. C'était trop simple. Alors que Rusk prenait une chaise pour s'asseoir, le chasseur sortit son taser et lui tira dessus l'air de rien. La cible perdit conscience sous le choc de l'électrisation. Sa bruyante chute attira l'attention de toute la Cantina, et le Togruta se leva d'un coup, mettant la main à son côté, comme s'il s’apprêtait à prendre une arme. Même les chanteuses sur leur scène avaient arrêté de chanter, bien que les musiciens continuassent à jouer pour tenter d'apaiser l'ambiance devenue électrique de la salle. Avant que quiconque ne puisse dire ou faire quelque chose, Orn se leva à son tour et mit Rusk- étonnamment léger- sur son épaule gauche, regardant tout autour de lui.
"Si vous n'êtes pas d'accord, allez voir l'Empereur," lança-t-il d'un ton menaçant, espérant s’assurer une certaine sécurité.
Tous, même le Togruta qui avait finalement laissé sa main glisser sur son flanc, retournèrent immédiatement à leurs occupations précédentes, préférant faire comme si de rien n'était pour éviter les problèmes. Orn ajusta Rusk sur son épaule, et sortit calmement de la Cantina d’un pas assuré, masquant sa nervosité. Les regards se détournèrent à son passage, comme si le chasseur n’existait pas pour les mercenaires présents. Il n'avait plus à craindre une attaque : celui qui l'attaquerait maintenant s'attirerait les foudres de l'Empire. Plus besoin de jouer des coudes. Tout le monde savait qui il était, ce qui lui conférait une certaine impunité et une protection décente. Une fois sorti de la Cantina par le rideau sale et déchiré faisant office de porte, il se dirigea vers son vaisseau, qui était gardé par Twik, son co-pilote. Il n'y avait pas beaucoup de vent, le sable ne se projetait donc pas partout, dansant simplement près du sol. Entouré par des dunes et des monticules rocailleux, tout en jaune et rouge, il était difficile de ne pas se sentir isolé du reste de la Galaxie. En temps normal, seul le son du vent était audible. Seulement, Orn entendit rapidement le dialecte particulier des Jawas, les petits êtres pillards qui habitaient la planète Tatooine. Lâchant un juron, il se pressa de rejoindre son vaisseau, avant de chasser les pillards qui l'entouraient. Les Jawas encapuchonnés prirent la fuite à son arrivée, pillant dans leur langue étrange.
Orn inspecta attentivement son vaisseau, un Nubien deux-cent-trente-sept de type J modifié fin et étroit, pour s'assurer que les petits êtres ne l'avaient pas endommagé. Certes, le starfighter rouge et noir avait connu de meilleurs jours, mais Orn y tenait beaucoup. Il n'avait jamais eu qu'un seul vaisseau, et ce dernier faisait partie intégrante de sa vie. Avec le symbole d'un vautour ayant une couronne peinte en rouge, le fier vaisseau, dénommé le "Vautour Couronné", avait contribué à la réputation du chasseur de primes. Il était impossible de penser l'un sans l'autre. Son allure étirée et élégante, typique des vaisseaux de Naboo, lui donnait un air implacable et redoutable, exactement à l’image de son propriétaire à l’armure noire et rouge et au casque sévère. Comme il n'y avait visiblement aucun dégât, mis à part des saletés causées par le sable, Orn rentra finalement dans son vaisseau étroit. L'intérieur, contrairement à l'extérieur, était propre, même s'il semblait vieux et fatigué. Comme le chasseur n’avait pas eu le courage de repeindre tout l'intérieur après avoir volé le Vautour Couronné, il se retrouva ébloui un court instant par le blanc presque immaculé des murs et du sol. Il se dirigea vers une petite salle dont la porte s'ouvrit automatiquement dans un petit bip. Cette pièce ne servait qu'à mettre les cibles en attendant de les donner aux clients ; de fait, il n’y avait que de la place pour deux, voire une seule personne. Un petit matelas à même le sol était présent, et Orn y déposa doucement Rusk, en prenant soin de ne pas le blesser. L’Empire le voulait en un seul morceau.
En sortant de la pièce étroite, il regarda à sa gauche, vers le cockpit.
"Twik, as-tu les coordonnées du Destroyer ?" demanda-t-il d’une voix forte.
Le droïde B1 reprogrammé se tourna vers la direction de la voix. De là où il était, Orn le voyait clairement. Le robot à la tête allongée était tout en noir, à l'exception du symbole rouge sur son torse mince, le même symbole que celui du Vautour Couronné. Des petits yeux inexpressifs observaient au loin son interlocuteur.
"Ils vont les envoyer bientôt, normalement," répondit-il de sa voix robotique et saccadée, d’un air désinvolte.
Orn hocha la tête. Il avait l’habitude de devoir attendre pour recevoir des coordonnées de la part de l’Empire ; les Destroyers avaient tendance à se déplacer d’un bout à l’autre de la Galaxie.
"Bien. Prépare le vaisseau pour que nous puissions partir rapidement. Je crois que quelqu'un ne m'aime pas trop, ici…"
Twik pencha la tête, comme s’il pensait que ce fait était quelque chose d’établie et de connue.
"Tu veux dire moi ?" demanda-t-il d’un ton entièrement sérieux, fixant son co-pilote avec ses petits yeux noir.
Le mal-aimé soupira, habitué à ce genre de piques.
"Non, pas toi, imbécile. Quelqu'un dans la Cantina. Un Togruta rouge, avec des marques blanches autour des yeux. Je ne crois pas l'avoir vu avant…
— La dernière prime que tu as touchée était sur la tête d'un Togruta. C'est peut-être un membre de sa famille qui cherche à se venger," supposa Twik d’un ton désintéressé.
Orn réfléchit à cette possibilité tout en allant vers son siège dans le cockpit, à gauche du droïde. Une fois assis, il enleva son casque, faisant tomber sa capuche, et poussa un soupir de satisfaction. Il le posa sur un coin du poste de contrôle, et respira un grand coup. Bien qu'il aimât ce casque volé d'un clone du 501e Bataillon, il fallait admettre qu'il n'était pas adapté aux grandes chaleurs d'une planète-désert. Le casque peint en noir avait été modifié afin d'être compatible à la morphologie particulière d'un Twi'lek : le dos était ouvert, pour laisser passer les lekkus, les excroissances crâniales de cette espèce. Des petites attaches étaient sur les côtés pour fixer la capuche au casque, afin de s’assurer que cette dernière ne tombe pas. La visière était composée de deux petits triangles au niveau des yeux qui se rejoignaient au milieu, avant de former une pointe au niveau de la bouche. De là, deux traits partaient des deux côtés. De la peinture rouge ornait le haut de cette pièce d’armure, dessinant le même symbole que celui du Vautour et du droïde. Si la ressemblance avec les casques actuels des stormtroopers était flagrante, les variantes amenées par la peinture noire et les marques rouges le rendaient plus intimidant, plus impérial.
À l'instar des Mandaloriens, Orn ne l'enlevait jamais. En faisant cela, il pouvait tranquillement boire des verres dans des Cantinas sans se mettre en danger, s'il laissait son casque dans le vaisseau. Observant l’objet distraitement, il aperçut son reflet dans la visière. Ses yeux jaunes contrastant avec sa peau d'un rouge sang et, autour de ses yeux et de sa bouche, des traces de dépigmentation se propageaient, fruit du vitiligo dont il était atteint. Mais plus il voyait son visage, plus la vision de son reflet lui devenait insoutenable. Il détourna le regard en fermant les yeux, refoulant les vagues de souvenirs qui remontaient en lui. Voulant se changer les idées, il se pencha pour attraper un biscuit sur le poste de contrôle, lorsqu’un bip s’activa, prévenant d’une communication imminente.
"C'est l'Amiral Motti," prévint Twik en un souffle.
Lâchant un juron, Orn mit sa capuche et tourna le dos au projecteur. Le droïde attendit que son co-pilote soit bien caché avant de répondre à l'Amiral. Un hologramme apparut, montrant un homme aux cheveux courts qui semblait avoir la quarantaine. Son habit gris typique des officiers Impériaux montrait également son grade d'Amiral, brillant fièrement dans la lumière du Destroyer de l’Empire. À cause de l'hologramme, Motti leur apparaissait tout en bleu et sa silhouette se déformait de temps en temps face à l’instabilité légère du communicateur du Vautour Couronné.
"Désolé de vous déranger, Chasseur. Je vous envoie les coordonnées de la Station Impériale, ainsi que les codes. Ne tardez pas," dit-il d'un ton neutre et indifférent.
N'attendant pas de réponse, Motti coupa la communication et l'hologramme disparut en un grésillement. Quelques secondes après, une série de numéros et de lettres s'afficha sur un écran à droite du chasseur, suivie de plusieurs codes, nécessaires pour entrer dans la station.
"Je ne savais pas que l'Empire avait une station près de Scarif…" commenta Orn, qui avait enlevé sa capuche.
Il espérait sincèrement que les coordonnées soient les bonnes, et que cette Station serait facile à trouver. Le chasseur fit un signe de tête à Twik, et tous deux préparèrent le vaisseau au décollage. Dans un vrombissement léger, le Vautour Couronné s'envola, soulevant au passage du sable tout autour de lui. Rapidement, les deux mercenaires quittèrent la planète poussiéreuse et, une fois les calculs effectués, se mirent en vitesse-lumière, direction Scarif, une planète tropicale et paradisiaque sous occupation Impériale. Le voyage dura à peine une semaine, puisque Scarif n’était pas loin de Tatooine. De fait, le chasseur eut le temps de manger et de boire, tout en se reposant quelque peu avant d’affronter les Impériaux.
Une fois arrivé près de Scarif, le vaisseau se remit à une vitesse normale, presque lente. De son siège, le Twi’lek se pencha à la recherche d'une quelconque station, avant de remarquer quelque chose d'anormal. Sans savoir pourquoi, son sang se glaça, et un vague sentiment de terreur s’empara discrètement de lui.
"Qu'est-ce qu'il s'est passé ici ?" demanda-t-il sous son souffle.
Scarif n'avait plus rien de la magnifique planète tropicale avec des océans à perte de vue. Elle était défigurée. Toute une zone de la planète était entièrement détruite. Les forêts verdoyantes et les grandes plages avaient laissé leurs places à une terre ravagée, brûlée et privée de toute vie. Au lieu d’une large étendue verte et bleu se trouvait une sorte de plaque rougeâtre, une véritable terre brûlée sur un monde qui avait été paradisiaque. Comme si Scarif avait été visée par un vaisseau d'une puissance inimaginable. Orn n'était pas au bout de ses surprises, cependant. Une lune sombre était sur l'orbite de Scarif. Une lune qui n'était pas censée être là. Elle était noire, et constellée de points lumineux. Tout autour, chose aussi étrange, différents vaisseaux Impériaux s'y affairaient, faisant des aller-retours incessants et rapides. C'était la lune la plus étrange que le chasseur n'ait jamais vue, et cela l’effrayait.
"Et c'est quoi, ce truc ?!
— Il semblerait que ce soit la Station Impériale, selon les coordonnées. D’ailleurs ; nous sommes attirés par son rayon tracteur depuis tout à l'heure," répondit Twik indifféremment.
Orn le regarda avec des yeux ronds, ne sachant s'il devait s'énerver ou être terrifié.
"Tu ne pouvais pas dire ça avant ?!"
À peine avait-il fini sa phrase que des chasseurs TIE Impériaux arrivèrent à toute allure. Les petits vaisseaux entourèrent le Vautour Couronné se mirent en position de combat avec une efficacité redoutable. Orn s'empara des commandes, sur le qui-vive et paniqué, alors qu’une voix posée s'éleva du poste de transmission.
"Ici la Station Impériale Orbitale. Veuillez annoncer votre nom et les raisons de votre présence, ou nous ouvrirons le feu.
— Ici le Vautour Couronné. Je suis Orn, le Chasseur Impérial. Je viens délivrer un Rebelle recherché par l'Empire. Nous sommes deux êtres vivants à bord, avec un droïde astromécanicien," répondit avec une rapidité incroyable le chasseur.
Il énonça ensuite les codes que l'Amiral Motti lui avait envoyés, pour prouver son identité et montrer qu’il était bel et bien du côté de l’Empire.
"Vous pouvez vous poser sur la plate-forme 66," dit finalement la voix.
Avec un soupir de soulagement, le Twi'lek vit partir les vaisseaux, et il se dirigea vers la plate-forme en question. Voulant tout préparer pour l’atterrissage, il se tourna vers son co-pilote.
"Twik, veux-tu bien vérifier que Rusk soit toujours endormi ?
— Non," répondit le concerné, d'un ton très sérieux.
"Cette fois, c'est ma faute. Twik, va vérifier que Rusk soit toujours endormi," se reprit Orn, ne laissant donc plus le choix à l'ancien droïde de combat.
Celui-ci sortit son meilleur soupir robotique, et alla vers la salle où le prisonnier se trouvait. Après un certain temps durant lequel Orn crut entendre une protestation, Twik ressortit et s'installa sur sa chaise, désinvolte et ennuyé.
"Il était réveillé… je l'ai rendormi avec un petit coup sur la tête," dit-il, avec une pointe de contentement dans la voix
"A-t-il dit quelque chose ?
— Qu'il n'était pas un Rebelle, et que le livrer à l'Empire serait une très mauvaise idée. Il n'était pas très convaincant.
— Mais… tu ne lui a pas dit qu'on l'avait capturé parce qu'il était un Rebelle, si ?"
Face à la réponse négative de Twik, Orn rigola. Si Rusk tentait de leur faire croire qu'il ne faisait pas partie de la Rébellion, c'était raté, puisqu'il ne savait même pas pourquoi il était dans ce vaisseau. Décidément, les Rebelles n’étaient plus ce qu’ils étaient.
En s'approchant de l'étrange Station Orbitale, Orn remarqua un renfoncement sphérique sur la partie supérieure de la pseudo-lune. Se demandant à quoi ce renfoncement servait, il remit son casque pendant qu'ils se dirigèrent vers leur plate-forme, puis de se poser sans accroc et sans bruit, ou presque. À travers le pare-brise, le chasseur vit des stormtroopers dans leurs armures blanches s'avancer vers le vaisseau, accompagnés d'un Commandant, quant à lui vêtu de noir. Ce n'était pas l'Amiral Motti, mais sans doute un de ses hommes. Il semblait jeune, environ la trentaine, les cheveux blonds bien coiffés et une posture rigide et militaire. L’officier s'arrêta devant l'entrée du Vautour Couronné, croisant les mains derrière son dos, droit comme un piquet et le menton haut.
Twik appuya sur un bouton, et une partie d'un mur du Vautour se baissa devant le Commandant Impérial. De la fumée s'échappa des articulations de l'ouverture, ne suscitant aucune réaction de la part des soldats, habitués à ce genre de technicités de la part des vaisseaux. Laissant Twik seul dans le cockpit, Orn alla dans la petite pièce où Rusk se trouvait. Comme à la Cantina, il le mit sur son épaule gauche, et sortit de son vaisseau avec un pas assuré et déterminé.
"Voici le colis," annonça-t-il au Commandant, d’un ton sec et froid.
Ce dernier le remercia et fit signe aux deux stormtroopers l'entourant de prendre Rusk afin de l'emmener dans une prison spécialisée, où le Rebelle allait probablement être torturé, ou pire. En les observant partir, le chasseur remarqua de nouveau une chose étrange : le lieu semblait agité et troublé. Certains Commandants se pressaient d'un bout à l'autre des couloirs, d'autres transmettaient des informations l'air inquiet et effrayé. Quelques stormtroopers se mettaient à courir, tandis que des Death Troopers, les soldats d’élite à l’armure noire, discutaient de leur voix modulée et codée. Quelque chose de grave était arrivé à l’Empire, Orn était persuadé que cela avait un rapport avec l'état terrifiant de Scarif. Observer ce personnel impérial mena le chasseur à examiner la plate-forme 66 de cette mystérieuse station. Les murs, comme le sol, étaient d'un gris sombre mais propre, et plusieurs boutons de contrôle étaient fixés aux murs pour permettre l'ouverture des différents sas, brillant de couleurs différentes. Il ne prêtait pas attention aux Impériaux devant lui, mais la voix du Commandant mit rapidement fin à sa rêverie observatrice de cette Station si étrange.
"Suivez-moi pour recevoir votre paiement. Nous avons d'ailleurs quelque chose à vous dire," dit ce dernier, sans pour autant fournir plus d’informations.
Orn hocha la tête en guise d'approbation. Malgré la perspective du paiement, une petite appréhension lui serra le cœur lorsque le Commandant finit sa phrase. Ce "quelque chose" pouvait être n'importe quoi : une nouvelle mission comme son exécution, s'il avait fait quoi que ce soit pouvant potentiellement froisser l'Empereur. Bien que la deuxième option lui semblât peu probable, l'écarter complètement aurait été naïf, il le savait. Lorsque le chasseur était payé, c'était toujours sur place, ce qui rendait tout cela encore plus angoissant. Avec précaution et méfiance, Orn suivit le Commandant dans un couloir. L'agitation qu'il avait remarqué sur la plate-forme y était décuplée, devenant impressionnante. Des escadrons de Troopers en armure blanche couraient en ligne, forçant le Twi'lek à se décaler pour ne pas être percuté. Des Lieutenants, reconnaissables à leur grade, se dépêchaient d'un bout à l'autre du couloir pour faire passer de nouvelles informations, visiblement inquiétantes. En suivant le Commandant, Orn captait des bribes de ces discussions à voix basses.
"Son vaisseau n'a émis aucune transmission !
— Ils y sont forcément, alors ! On devrait déjà les avoir retrouvés…"
Il entendit d'autres conversations similaires, sans jamais comprendre de quoi les soldats Impériaux parlaient. Visiblement, ils semblaient avoir perdu quelque chose de précieux, mais le chasseur n’arrivait pas à déterminer l’objet de leurs inquiétudes. En vérité, il ne voulait pas le savoir. Pour travailler de son plein gré pour l’Empire comme il le faisait, il valait mieux ne rien savoir. Suivant toujours le Commandant, Orn s’arrêta à ses côtés lorsque ce dernier s’immobilisa devant une porte, ayant toujours une démarche militaire et raide.
"Je vous laisse ici," dit-il en appuyant sur un bouton. "D'ailleurs, la prime de dix mille Crédits, pour le Rebelle, vient d'être versée sur votre compte."
La porte s'ouvrit dans un coulissement presque muet. Orn entra dans la salle ronde sans dire un mot au Commandant, et arriva directement à un poste de contrôle. La porte derrière lui se referma dès qu’il fut entièrement entré dans cette salle, le plongeant dans un noir qui aurait été total s’il n’y avait pas eu des lumières froides au plafond. Une petite panique commençait à naître en lui, tandis qu’il regardait tout autour pour tenter de comprendre où il se trouvait. Comme chaque élément de la pièce étrange était noir, le chasseur n'avait pas vu immédiatement le long couloir devant, qui ne donnait que sur un mur après s’étendre sur plusieurs mètres. Orn comprit rapidement que c'était une des prisons de la Station. Sa petite panique s'installa définitivement en lui, menaçant de grandir au fil des secondes. Il n'était jamais venu dans une prison impériale avant, et les cellules étaient rarement au programme des visites des Station. Le chasseur se mit à réfléchir à ce qu'il avait fait récemment, mais rien ne lui parut compromettant pour l'Empereur. Les deux soldats au poste ne semblaient pourtant pas hostiles, et ne le regardaient même pas, mais tapaient sur les différentes commandes, plutôt affairés. Son incompréhension grandissait en même temps que sa peur. Sa main se rapprocha imperceptiblement de son arme, lorsque soudain, Orn remarqua un bruit discret, presque inaudible sous le bruit incessant des commandes. Comme un sifflement… ou plutôt, comme une respiration lente et douloureuse.
Le chasseur se tourna vers la source du bruit d'un mouvement brusque, puis aperçut pour la première fois le grand homme casqué qui le fixait en silence. Habillé tout en noir et se tenant en retrait, il n'était pas facilement visible dans cette pièce également sombre. Il était immobile, à l'image d'une statue ancienne qui tenait la garde pour protéger un lieu des visiteurs indésirables. Même sa cape ne bougeait pas. Seule sa respiration, angoissante et pesante, le trahissait. Aussi invisible qu'il fût dans un tel décor obscur, il restait reconnaissable entre tous. Le sang d'Orn ne fit qu'un tour à sa vision. Rapidement, il baissa la tête, ne pouvant soutenir le regard de l’homme, et remercia intérieurement son casque de cacher son expression de sourde terreur qui animait son visage.
"Seigneur Vador… je ne vous avais pas vu," dit-il finalement d’une voix blanche et faible.
— Je vous attendais, Chasseur. J’ai une mission pour vous,” dit le bras droit de l’Empereur, qui tourna les talons et se dirigea d’un pas rapide vers une cellule, sans réellement porter une grande attention au Twi’lek.
Orn suivit Vador la tête basse, restant à une certaine distance du Seigneur Sith, plus par peur que par respect. Malgré sa terreur, il était rassuré. Il était simplement ici pour une mission. Ils avancèrent ainsi pendant quelques minutes, qui suffirent à ce qu'Orn remarque que Vador marchait avec raideur, presque comme un robot. Ce dernier s'arrêta sans rien dire, avant d’ouvrir une cellule. La porte noire coulissa vers le côté, se réfugiant dans le mur de même couleur. Intrigué, le chasseur se rapprocha et regarda à l'intérieur. Une jeune femme, avec des chignons plats entourant son visage gracieux, était assise sur un lit en métal. Elle se tenait droite, avec une dignité et un ennui flagrant. Habillée d'une simple robe blanche typique de la planète d’Alderaan, elle semblait l'opposé de Dark Vador, une sorte d’ange, qui affichait cependant un air redoutable.
"Si vous croyez me faire peur avec un chasseur de primes, vous êtes plus stupide que je pensais, Vador," dit-elle à l'intention du concerné, en levant un sourcil.
Malgré lui, Orn sourit sous son casque, bien qu'il en fût presque vexé. Cette jeune fille avait du cran ; jamais il n'avait entendu quelqu'un lui parler de cette façon. C'était si stupide que c'en devenait courageux. Pourtant, Vador ignora le commentaire, et se tourna vers le Twi'lek, comme si la prisonnière n’avait rien dit.
"La Princesse Organa est très importante pour la Rébellion, et nous avons des raisons de croire que son père l'est aussi. Je veux que vous alliez sur Alderaan et que vous me rameniez le roi Organa.
— Non !" s'écria la jeune Rebelle, soudain paniquée et brisant enfin son air ennuyé.
Elle s'était levée et rapprochée de Vador, qui demeurait impassible et immobile. Elle n'avait aucun moyen de s'échapper, il le savait autant qu'elle. De même, elle n'était pas en mesure de donner des conditions face à ces deux êtres dangereux et cruels.
"Vous ne pouvez pas faire ça ! Mon père n'a rien à voir avec cette Rébellion, rien !" continua-t-elle d’un ton frôlant le désespoir.
— Il nous le dira lui-même," répondit Vador, indifférent à sa détresse.
Il se tourna une nouvelle fois vers Orn, qui ne savait où se mettre. Ce dernier mit son poids sur son autre jambe, mal à l'aise face à la princesse. Le chasseur n’avait pas l’habitude d’affronter le regard de ses victimes. Il se tourna donc vers Vador, préférant faire face au Seigneur Sith, et attendit qu'il parle.
"Le ferez-vous ?" demanda le Seigneur Sith.
Ravi de savoir tu as aimé ce chapitre ! J'espère que tu vas apprécier la suite !
J’ai trouvé ce premier chapitre assez fluide et agréable à lire. On retrouve bien l’ambiance de Star Wars et les lieux / scènes du film. Tes descriptions sont vraiment très parlantes, on s’imagine parfaitement chaque détail, on pourrait s’y croire, donc ça c’était un bon point. En revanche, peut-être qu’elles sont un peu trop longues et détaillées par moment, mais c’est plus une question de goût personnel (je fais partie de celles qui ont tendance à sauter les descriptions quand c’est trop long parce que ça m’ennuie et je veux de l’action).
Certains paragraphes sont assez longs aussi, ça fait bloc, peut-être qu’on pourrait les diviser pour aérer un peu la lecture. Par contre, à l’inverse, je ne sais pas pourquoi il y a autant d’espace entre tes dialogues.
Il y a quelques petites fautes qui ont échappé à la relecture, mais on les compte sur les doigts d’une main et ça ne gêne pas la lecture.
Pour l’histoire, tu présentes bien ton personnage qu’on trouve tout de suite intrigant. J’aime aussi le fait qu’on suit plutôt un anti-héros, ou du mois un protagoniste qui est du côté des ennemis (pour le moment), mais on voit qu’il a des faiblesses (la peur, son passé troublé, le manque de confiance en soi, etc.) ce qui le rend assez humain finalement et on s’attache assez vite à lui.
Quand on connaît l’histoire originale, la fin du chapitre donne carrément envie de lire pour voir comment ça va se dérouler en suivant le point de vue d’Orn. Du coup, je serai au rendez-vous pour la suite !
Les futurs chapitres auront leur lot d'action, donc j'espère que ça équilibrera les descriptions !
Mais vraiment, ton commentaire me fait ultra plaisir, merci beaucoup !!